Araï regardait son adversaire, effondré sur le ring, la mâchoire déboitée.
Pour la cinquième fois de la soirée, il était vainqueur.
Comme le lui avait demandé Mr Furin.
Il se rassit dans l'angle du ring se réhydratant pendant que le nouveau participant se faisait présenter par le beugleur au micro.
Araï se fichait du nom, de l'âge ou de l'activité de la mère du type en face de lui.
Tout ce qui importait, c'était de faire comme le lui avait demandé Mr Furin.
Il se releva donc et commença le combat.
Il encaissait quelque coups, en rendait quelques uns, parait la plupart.
La crevette en face était rapide, mais il ne pourrait pas l'avoir si sa garde n'était pas baissée.
Au troisième round il cessa donc de se protéger, comme le lui avait demandé Mr Furin.
Il fouetta l'air, laissa l'autre le frapper.
Mais l'autre n'avait pas reçu d'instructions et frappa de toutes ses forces.
Un pied heurta violemment sa tempe, résonnant dans sa tête.
La réaction ne se fit pas attendre : Un poing s'abattit sur la garde de la crevette, qui grogna quand les os de son poignet se brisèrent.
Araï enchaina en enfonçant un genou dans sa hanche qui se déboita immédiatement, puis fit voler le combattant d'un coup d'épaule.
Le sixième et dernier adversaire gisait, brisé et vaincu.
Mr Furin ne sera pas content.
Tout en retournant aux vestiaires, Arai essayait de cogiter sur les conséquences de son acte, gêné dans ses réflexions par le bourdonnement croissant qui envahissait sa tête.
Soudains pris de vertiges, il s'appuya contre un casier, qui plia sous son poids.
Il saisit sa tête entre ses mains, en proie à une violente migraine, puis s'écroula au sol dans un bruit sourd.
La masse imposante s'étalait sur le béton, insensible au froid du carrelage alors que le cerveau noyé dans son propre sang tentait de se rappeler les menaces de Mr Furin.
Puis le peu de lueur qui reposait dans les yeux du géant s'évanouit.
Il n'avait plus rien à craindre de Mr Furin.