HRP : Si quelqu'un souhaite une/des interactions avec mon personnage durant l'inter-mission cela pourra se faire sur ce topic. Veuillez juste me prévenir avant par message privé qu'on s'organise.

Partie 1 : - Isao

Le taxi arriva, Antonio grimpa dedans. Le véhicule se dirigeait maintenant vers le Naughty Club, à Shinjuku. Cet hostess club appartenait à Isao Togo, le fils ainé du chef d’un des plus gros clans de yakuza de Tokyo : la famille Togo.

Il se trouvait qu’Isao, jeune chef en puissance du clan était un adepte d’arts martiaux et de combat à main nues. Ayant pratiqué plusieurs année le Karate Kyokushin il avait finalement arrêté n’étant pas très doué. Cependant cela avait grandement aiguisé son intérêt pour les techniques de combat, leur aspect spectaculaire et lucratif. Ceci l’amena à vouloir s’insérer dans le business des compétitions et fédérations.

Le français arriva quelques dizaines de minutes plus tard à Shinjuku. La nuit était tombée depuis un moment et le quartier était en ébullition. Puis il fut enfin face au club où il entra. Alors qu’il venait de rentrer dans le hall il fut accueillit par une séduisante hôtesse en robe de soirée, attifée telle une princesse, comme le voulait la coutume de ce genre d’établissements…

« Bonsoir Monsieur Rossa. Bienvenue au Naughty Club. »

« Bonsoir. »

« Veuillez me suivre s’il vous plait, Monsieur Togo vous attends dans son salon. »

La décoration du club était dans les couleurs rouge, noir et argent. A l’aspect moderne et proche du design d’intérieur italien moderne. L’européen arriva dans un salon fermé à l’écart réservé aux invités. Togo s’y trouvait déjà, en compagnie d’une hôtesse.

« Bonsoir Antonio, comment vas tu ? »

« Plutôt bien. »

« Super, je sens que cette soirée va être intéressante, viens donc prends place à côté d’Hitomi (l’hôtesse déjà assise), elle est charmante. S’il te plait Maki, ramène-nous une bouteille de champagne. »
L’hôtesse qui avait guidé Antonio s’éclipsa alors.
« Je suppose que tu préfère en venir tout de suite au fait. »

« En effet je te recontacte suite à ta proposition, celle que tu m’avais faite suite à mon exclusion des fédérations. Je dois dire que j’y ai pas mal réfléchi, et tout compte fait je suis partant... »

Lorsqu’Antonio avait été banni des fédérations suite à la mort accidentelle d’un de ses adversaires il avait attiré l’attention du yakuza de 28 ans, à la recherche de vrais combattants. Togo fasciné par la profondeur et la puissance originelle du combat à main nues avait été déçu par la tournure des événements dans le monde des sports de combat. Le karaté avait perdu de sa splendeur à cause des trop nombreuses écoles de Shotokan prônant l’olympisme avant les doctrines traditionnelles. Et les fédérations de free fight encore un temps soi peu libres s’étaient tournées vers une standardisation des combattants, l’introduction de trop nombreuses règles, et la promotion du spectacle au détriment du combat réel. Togo méprisait les JO, l’UFC et le K-1.

« Très bien. Bon comme je te l’avais dis les vrais combats ont disparut de cette planète, ou du moins ils sont illégaux et les combattants sont décadents. Je cherche des experts en techniques de combat dans le but d’agrandir les rangs de mon projet. En effet il a déjà été lancé il y a quelques mois. »

Togo avait initié la représentation de combats libres légaux au sein d’une boite de nuit qui lui appartenait, le « DOHYOU NIGHT». Ces combats étaient presque dépourvus de règles, les blessures fréquentes, et les catégories de poids absentes. Mais malgré leur violence ils n’étaient pas considérés comme underground puisque le père d’Isao avait pu (grâce à ses relations) s’arranger avec les autorités et les fédérations.

« Voilà comment ça se passe. J’ai pas mal de combattants qui tournent, mais j’aimerai des têtes d’affiche. Des types qui sorte du lot, qui deviendraient les représentants, via leurs performances, de ce que j’essai de promouvoir. Les combats sont réels, pas de simulation, de spectacle, de corruption. Je veux m’opposer au monde du spectacle et proposer une expérience réelle. Qui soit proche de l’esprit de Ooyama-sama, sans pitié ni fioriture, un vrai combat entre deux guerriers. C’est ce que les gens veulent voir. Et toi tu me semble être ce genre de guerrier. En plus tu plais énormément aux filles, ça fera une publicité d’enfer. Et pour toi tu auras une avance si tu accepte. »

« Tu peux m’assurer que j’aurai affaire à de vrais pratiquants et non pas à des guignols ? »

« Tu sais jusqu’à présent j’ai réussi à organiser pas mal de belles rencontres, l’établissement a déjà une bonne renommée qui ne demande qu’à croitre. Enfin désolé de te dire ça comme ça mais si tu as des doutes me concernant, j’en ai aussi te concernant. Je n’ai vu que les combats qui ont été diffusés à l’époque, et j’ai aucune idée de ce que tu vaux face aux gars qui tournent généralement au Dohyou. Vas falloir se faire confiance si on veut démarrer pertinemment notre collaboration. »

« Tu marque un point. »

« Je vais conclure en te parlant de la rémunération. Il y a les entrées qui rapportent, les consommations, certains services comme les carrés VIP et enfin les paris. Ils sont taxés ce qui les rend légaux. Les combattants sont payés un cachet fixe pour la présence, ensuite un cachet suivant leurs victoires et enfin une prime de popularité. »

« Ok j’accepte. »

« J’en attendait pas moins de toi. Dit-il avec un grand sourire. Buvons à notre collaboration. »

L’hôtesse qui était revenue les servit et ils portèrent un toast.
La soirée se prolongea par la signature d’un contrat, des discussions amicales, et quelques flutes de champagnes. Togo mit le soir même Antonio en relation avec un vieux médecin de sa connaissance qui le coacherait sur le plan sanitaire. Antonio participerait à sa première rencontre le lendemain soir à 1h du matin.

Le français rentra chez lui deux heures après être arrivé au club. La première étape de son programme avait été un succès, le baptême du feu aurait lieu demain soir...

Partie 2 : - La Préparation

Isao Togo était différent d’un commun des yakuzas ; ce n’était pas un gangster mais un business man. Il préférait toujours une entente cordiale à l’intimidation et accordait bien plus d’importance à l’argent, l’intelligence et aux mondanités. Il s’avait s’entourer de gens malins et utiles et le leur rendait bien. Son but n’était pas de participer à la pérennité du clan (même s’il y contribuait financièrement) mais de divertir les gens. Antonio se servirait de lui pour devenir plus fort et lui avait besoin de personnes comme Antonio pour accroitre la notoriété de ses combats organisés…

Le français émergeait dans son lit après une grosse nuit de sommeil. Il se leva la tête dans le cirage et alla se passer de l’eau froide sur le visage pour se réveiller. Déambulant en boxer dans son studio il tomba sur les affaires de Saki. Son esprit s’absenta alors quelques secondes…

Il s’était bien entendu avec la fille au caractère vindicatif, car d’une certaine manière elle lui ressemblait. Des sentiments pour elle ? Il se remémora les jours qu’elle avait passé à loger chez lui et après coup il se rendit compte qu’il avait peut-être perdu une amie. Mais ni les pleurs ni les regrets n’avaient leur place dans le système de Gantz, encore moins la naïveté. Pour survivre il fallait devenir fort, dur tel l’acier, et impitoyable. Seul celui qui pouvait regarder avec suffisamment de recul le champ de bataille pouvait s’y imposer en maître. Cette maxime avait perdu tout son sens dans le monde actuel, les arts martiaux et les combattants s’étaient ramollis, tablant sur leurs acquis et la sécurité offerte par la société moderne… Et Isao l’avait vu reprendre substance quand il avait vu Antonio à la télévision.

Le premier combat de l’européen se déroulerait le soir même et le français n’appréhendait plus ce genre de confrontation. Il s’était ardemment entrainé durant des jours et la chasse de la veille l’avait aidé à s’éveiller. Il ressembla donc ses affaires de sport et sortit faire un jogging… Il était trop tard pour un entrainement intensif, son corps n’aurait pas le temps de récupérer avant les combats, il décida alors de se cantonner à du cardio et des exercices d’assouplissement / gainage. En milieu d’après-midi il alla rencontrer Tomonobu, le médecin dont lui avait parlé Isao. Il créchait à Shinjuku dans une petite ruelle isolé et sombre, travaillant depuis longtemps dans l’illégalité pour le compte des Togo.

Quand Antonio rentra dans le « cabinet » il tomba alors avec un vieil homme grisonnant ayant au bas mot 65 ans passés, mais au regard toujours vif et alerte. Et c’est sans faire de manières qu’il s’adressa au jeune homme…

« Alors voici le poulain d’Isao. T’as plutôt une belle gueule pour quelqu’un qui veut se faire castagner… »

« Qui a dit que j’allais prendre des coups ? » Répondit le français avec un air désinvolte.

« Haha ! Arrogant, confiant et calme. La personnalité d’un guerrier. Enchanté mon nom est Tomonobu. »

« Antonio. »

« Isao m’a parlé de toi, je pensais pas te rencontrer avant demain soir. Que puis-je donc faire pour toi ? »

Le visage du français se montra soudain beaucoup plus sérieux et déterminé.
« J’ai besoin de devenir fort. Vite, très vite même. »

« Hum… Tu veux des conseils d’aliments et une cure de protéines + créatine ? »

« Pas seulement. Ca sera pas suffisant… »

Le vieil homme se massa alors la barbe en tournant autour d’Antonio pour l’inspecter…
« Mets toi en caleçon je vais devoir t’examiner. »

Tomonubu inspecta soigneusement sa morphologie. Le faisant aussi passer sur la balance, prenant sa tension, mesurant sa taille et la circonférence de ses muscles.
« Tes muscles sont souples et denses, parfaitement symétriques, équilibrés et de plus tu as des os épais. Un corps de parfait combattant martial, taillé pour la vitesse et la puissance. Mais tu veux des stéroïdes pour amplifier tout ça et ce, rapidement. Voir même du PCP*… »

« C’est ce à quoi je pensais, tu peux m’en trouver ? »

« Je peux tout te trouver, mais c’est dangereux mon garçon. Tu es robuste donc tu peux t’en servir, mais sache que tu mets ta santé en danger. »

« Peu importe, je veux les prescriptions maximales quotidiennes compte tenu de la résistance de mon corps. »

« Qui que tu soi tu ne pourras tenir ce rythme que quelques semaines, au-delà il faudra énormément ralentir sinon tu risque d’en crever. Si du moins tu arrive à tenir un mois entier, car il te falloir du courage et beaucoup de chance… »

« Je prends le risque. »

« Très bien je vais te faire une prise de sang, repasse après demain pour que je te donne les quantités appropriées de stéroïdes et PCP. En attendant voilà ce que tu va manger à partir d’aujourd’hui. » Il se mit à écrire sur une feuille de papier A4 tout un régime alimentaire avec les quantités à respecter. Ainsi que les produits boostant légaux qu’il pouvait se procurer dans le commerce.
« Achète les protéines et compagnie dés demain. Tous ces aliments vont favoriser le travail de tes muscles et la prise de masse tout en séchant. Mais inutile de préciser que c’est pas un régime à maintenir trop longtemps sinon tu va dérégler ton métabolisme. Dans tous les cas oublie pas de beaucoup te reposer, et mets ton corps au repos au moins deux jours par semaine. »

« Merci papi. »

« De rien ptit con, Isao me paye pour ça. Tâche de rester en vie surtout. »

Antonio rentra chez lui. La nuit tombait sur Tokyo, le temps était doux. Il s’acheta de quoi faire son premier repas suivant les prescriptions du médecin et dîna tranquillement dans son studio. Seul…



* PCP, aussi appelé poussière d’ange. Composé chimique utilisé principalement comme tranquillisant très puissant. Utilisé par des combattants il a la particularité d’inhiber la peur, la douleur et de pousser le corps dans ses derniers retranchements, permettant d’en utiliser le quasi plein-potentiel. Cependant les effets secondaires sont nombreux, physiques comme psychologiques (syndrome de surpuissance, agressivité, paranoïa, douleurs, paralysie temporaires, tension grimpant en flèche, accoutumance…).

On toqua deux fois à la porte. Qui cela pouvait-il bien être ? Un ami ? Antonio n’attendait personne. Il s’agissait peut-être d’une erreur ou d’un voisin dans le besoin. Pas très enclin à ouvrir il se leva quand même, enfila un pantalon de jogging, un T-shirt et s’approcha de l’entrée pour saisir la poignée…

Lorsque la porte s’ouvrit ce ne fut ni un voisin ni même un humain. Il s’agissait de l’ancien opposant ultime du gantzer, le fameux martien Stoned. Et il se trouvait là, sur son pallier, sous un grand imperméable. La surprise fut telle que le français ne put s’empêcher de rire nerveusement à gorge déployée…

« Haha ! Hahaha ! Non merci monsieur je ne suis pas intéressé ! »

Puis par réflexes il claqua violemment la porte. Il savait pertinemment que cela n’arrêterait pas le martien, mais il s’agissait d’une porte blindée, ce qui le ralentirait au moins quelques secondes s’il voulait l’enfoncer. Antonio en profita pour se jeter sur son portefeuille l’enfournant et son téléphone posés sur sa table base les enfournant dans ses poches. A partir de ce moment là il aurait surement put s’échapper par la baie vitrée, mais il n’en fit rien. Pourquoi ? La curiosité, il voulait savoir comment la créature pouvait intervenir dans cette réalité et peut-être pourrait-il en apprendre un peu plus sur Gantz et les martiens.

Il bondit vers son sac de sport en cuir. Dans celui-ci se trouvait un souvenir de la chambre, le seul. S’il avait fait le choix de laisser sa combinaison pour s’éviter des soucis logistiques il avait en revanche embarqué discrètement un X-Gun lorsqu’il avait rangé celle-ci ; mesure préventive. Il en sortit l’engin et un briquet Zippo, verrouilla alors la cuisinière à gaz et la baie vitrée sans appuyer la deuxième gâchette puis se tint en joue face à la porte, posté juste devant la fenêtre pour s’assurer une certaine distance…

Grondant à voie haute Antonio s’adressa au martien.
« QU’EST-CE QUE TU VEUX ? »

Son sourire de satisfaction s'élargit au moment ou les délicieux pas de sa victime se dirigèrent vers la porte d'entrée. Sa proie venait directement l'accueillir, sans soupçons. Sa réaction cependant fut inattendue, car il rigola de sa présence, sans doute par nervosité, avant de refermer violemment la porte sans que le Martien n'ait pu articuler la moindre chansonnette.
Pourtant, son infâme rictus ne fit que s'accentuer à cet instant, bien qu'il ne céda pas à l'hilarité. Planté devant la porte, il resta là un moment sans bouger, semblant guetter les allées et venues du vermisseau en proie à une tension qu'il venait d'instaurer avec délice. Contre toute attente, le Martien fit volte-face, et d'un pas lent et monotone il gagna l'autre bout du couloir, comme pour partir. Mais il s'arrêta bien vite, laissant vulgairement tomber son chapeau ainsi que son anorak alors qu'il se manifestait sous sa vraie forme. Au moment même où les paroles de la proie inquiète se firent entendre, les bras tendus de la créature s'étirèrent violemment, enfin débarrassés de leur inconfortable position. Désormais libérés, ils n'avaient plus qu'une envie, goûter de nouveau au sang, au précieux sang...

Déployés à une vitesse fulgurante, les deux membres paumes déployées éjectèrent littéralement et en un seul coup surpuissant, la porte de ses gonds. Simultanément, ses mains s'agrippèrent à l'encadrement de la porte et l'alien utilisa ses membres comme s'il s'agissait du caoutchouc. En un bond, ses bras se rétractèrent et l'emmenèrent en deux secondes au seuil du studio. Désormais, genoux fléchis et bras ballants, la créature répugnante fixait Antonio de ses yeux jaunes et vicieux, comme s'ils étaient en mesure de le transpercer. Un souffle rauque, une sorte de rire coupé détestable jaillit de sa gorge pestilentielle, alors que de l'écume dégoulinait de ses lèvres verdâtres, débordant sur sa barbe rousse.

Finalement, la voix chantante il répondit par amusement à sa victime, le regardant avec envie, comme un homme pourrait regarder une femme en émoi. Lui se régalait de la vie de l'étranger. Il semblait si juteux, si ferme...


" Je suis venu pour toi, à trois, tu mourras... ou PAS ! "


Plutôt que d'utiliser ses deux membres visibles, à savoir ses bras, le Martien Stoned usa de son habituelle ruse pour tromper sa proie. De ses tétons jaillirent simultanément deux immondes bras visqueux qui tourbillonnèrent dans l'air tandis qu'ils fonçaient sur le combattant équipé de ses bagages.

L’arrivée du martien ne se fit pas attendre. Il enfonça la porte puis déboula dans l’appartement. Il prit cependant le temps de répondre à la question du français par une de ses phrases rhétorique, semblable à celles prononcées durant leur rencontre en mission.

" Je suis venu pour toi, à trois, tu mourras... ou PAS ! "

Puis des bras jaillirent de ses tétons pour fondre vers Antonio et l’agresser. Ce stratagème avait déjà servit la veille, et l’européen, qui avait été le plus en contact avec la créature l’avait vu à l’œuvre, ce n’était donc plus une surprise malgré son efficacité… Il fit une rapide demi-foulée en avant et mit un violent coup de pied dans sa petite table basse ; la projetant en l’air sur la trajectoire des membres. Les baguettes ainsi que les assiettes posées dessus tombèrent éparpillées sur le sol...
Antonio se mit au même moment en position basse de garde, prêt à esquiver les membres, si du moins la table basse de déviait pas suffisamment leur trajectoire.

« C’est tout ce que t’as à proposer ?! »

La présence du martien ne l'effrayait guère, l'ennemi était familier et Antonio avait acquis assez de sang-froid pour ne pas laisser ses talents de combattant se faire parasiter par trop d'émotions inutiles. Certes la surprise était là, mais cette surprise était plus une résultante de la situation inopinée qui prenait place dans le studio. Avant toute chose le français voulait comprendre et l'alien ici présent aurait peut-être des réponses concernant leurs origines et le système Gantz. Encore fallait-il réussir à nouer le dialogue...

Pendant son attaque repoussante, le Martien Stoned laissa échapper un de ses rires caractériels, crispants et malsains, son regard anormalement coloré figé sur le petit amuse-gueule à quelques mètres de là, puis la table qui s'était interposée. Une simple table basse, qu'il ne s'était pas imaginé voir s'élever mais qu'importe, ce n'était qu'un infime obstacle pour ses mains habiles ! Toutefois, la propulsion de ses membres était légèrement insuffisante pour lui permettre de faire voler en milles éclats le meuble boisé.

Ses doigts tendus et griffus s'enfoncèrent littéralement dans la matière, la transperçant sur un axe parallèle. Prise entre ses mains en plein vol, il la fractura en deux d'un coup sec et bruyant, des copeaux virevoltant à travers le studio. Ce qui restait du meuble d'appoint tomba en bordel sur le sol. Les bras désormais ballants au sol, il les fit revenir comme si de rien était, les membres gluants se réfractant peu à peu dans son immonde torse rachitique. Tout sourire, il baissa la tête sans quitter des yeux l'étranger.


" Acceptes cette offrande, Gaïjin, deviens esclave de mon ventre !! OH OUI !! "


Phrase sans grande signification, qui témoignait juste qu'il comptait bien faire usage de ses talents d'anthropophage pour se repaître de cet humain. Sa langue hideuse jaillit de sa bouche fétide et alla rencontrer ses lèvres qu'il mouilla abondamment, déversant un flot d'écume baveuse et mousseuse, voire acide, sur le sol qui se mit à fulminer en dessous de la créature. Lâchant une sorte d'immonde flatulence vaseuse, il se projeta en avant, un nectar brun jaillissant entre ses jambes tandis qu'il semblait se dégonfler comme une vulgaire baudruche. L'odeur qu'il dégageait était répugnante. Avec une voix teintée par l'excitation, il articula quelques mots haletants, sur ce même ton chantant. C'était comme si l'excitation le faisait déféquer cette glu odorante et innommable.


" Gaah... aah... tu es... A MOI... gan... gan ! GAN !! "


Dangereusement, il se rapprochait, marchant les jambes écartées au maximum, comme déboîtées, laissant ses quatre bras visibles traîner dans sa gerbe, ses excréments... Un spectacle peu ragoûtant.

Antonio se souvenait bien de la grande capacité de perforation des membres du martien. En une seconde ils avaient tués instantanément la majorité des compagnons entourant le français, juste avant à la fin de la mission. La table basse vola en morceaux, c’était prévisible… Mais efficace, car cela freina grandement l’attaque du martien, qui rétracta ses bras. Il proféra alors de nouvelles inepties et se mit avancer bras ballant vers le gantzer, déversant le contenu de ses intestins sur le sol du studio.

« Enculé ! Tu ruine mes tatamis ! »

Il alluma son briquet et appuya alors sur la gâchette du X-gun qui détruisit la vitre et la gazinière qui se trouvait à côté de la porte d’entrée, libérant intégralement le contenu de sa bonbonne dans ses environs proches. Juste à côté du martien…

« Bouffe ça ! »

Il jeta le briquet dans la direction des émanations plongeant à travers l’encadrement vide de la vitre brisée, sans prendre garde aux tessons de verres éparpillés sur le sol, roulant et se réceptionnant contre la balustrade du balcon. Le gaz s’enflamma instantanément et un nuage et feu enveloppa le martien dans une détonation.

« BOOM ! »

La vague de chaleur causée par la combustion s’engouffra par la baie vitrée pour sortir dans la rue, déstabilisant le français qui se protégea les yeux pour ne pas être complètement désorienté. Le studio allait être ruiné, et Antonio avait les bras et les pieds en sang à cause du verre. Il se releva la vue temporairement floue, le visage crispé par la douleur, tendit le bras et pressa à répétitions la gâchette du X-Gun sans s’arrêter dans la direction de l’ennemi qu’il ne distinguait pas vraiment.

Sa vicieuse hilarité ne cessa pas, au contraire. Plus il se rapprochait, plus il semblait saisi de cette incontrôlable pulsion meurtrière, comme un enfant à deux doigts d'ouvrir ses cadeaux d'anniversaire. Jubilant intérieurement, focalisé sur la chair fraîche qui était désormais à sa portée, il ne s'aperçut que trop tard du plan de sa proie qui avait eut le temps de se préparer avant qu'il n'entre.

En quelques tirs bien placés, le Martien se retrouva submergé par les flammes, balayé par un important souffle infernal. Entouré par le feu, il ne vacilla pas pourtant, demeurant dans l'élément le plus destructeur engendré par l'homme. La cible avait filé, il se retrouvait accaparé par cette chaleur ardente et cette souffrance tailladant son être, dont il se délecta, lâchant à travers les flammes un rire effroyable, sorte de gargouillement orgasmique étouffé par le carbone. Le studio brûlait, et lui restait là, droit, étiré dans toute sa longueur, squelettique et malveillant.

Autour de lui, les explosions des tirs de sa proie déboussolée par sa propre attaque, se diffusaient dangereusement. Il ne semblait pas le moins du monde inquiété toutefois, certaines explosions déchiquetant des morceaux de sa chair brûlée. La silhouette fumante et carbonisée de l'extraterrestre anorexique s'avança d'un pas lent, les bras de son torse tombant en charpie par terre. Il traversa la baie vitrée, se mouvant vivement de droite à gauche, comme un fantôme en train de se consumer. Aucune flamme ne se manifestait sur son corps d'apparence frêle, mais l'odeur de peau brûlée était insupportable et des lambeaux de chair se décrochaient pour fondre par terre, sur le bitume.



Il s'arrêta, le visage balafré par l'explosion, dévoilant les muscles de son visage. Immobile un instant, il vociféra entre ses crocs brûlants, sa barbe rousse en train de frétiller à cause des braises répandues sur sa pilosité faciale.

" Enculé ! Tu as ruiné mon beau visage ! Hi hi hi hi hi ! " dit-il ironiquement en imitant d'une voix artificielle celle de sa victime.

En un instant, il se jeta sur lui. Il n'eut qu'à se pencher pour planter violemment ses dents chaudes et aiguisées dans l'épaule droite du combattant, enfonçant profondément ses dents dans sa succulente chair. Sans lui laisser le temps de répliquer, il le souleva avec la force de sa mâchoire et secoua sa proie de gauche à droite, puis de haut en bas, ne lâchant pas sa prise qui faisait gicler tout son délicieux nectar en lui. Finalement, il lâcha son étreinte en donnant un dernier coup de langue. L'étranger s'envola pour retomber plus loin.

Sa langue pleine de pustules immondes se mirent à récolter le sang laissé sur ses lèvres rongées, puis il s'adressa au blessé en jouissant de son sadisme incommensurable.

" Ton sang... miaham ! Délicieux... j'en veux plus ! Ha ha ! Oh, te couper l'aine, t'arracher les orteils ? Huuum ? Oh !!! Je reviendrais pour toi... tu n'as plus rien ! Et je continuerais à te hanter, pauvre petite chose ! "

Sur ces dernières paroles toujours de si mauvaise augure, il disparut en se déboîtant os par os pour se glisser comme une vilaine araignée à travers la plaque d'égouts située juste à côté de lui. Dans un rire glauque, il s'éteignit dans les ténèbres et la puanteur. Au loin, des cris paniqués d'autres humains alertés par l'explosion résonnaient dans la rue, tandis que certains appelaient des secours...

Partie 3 : - La nuit ne fait que commencer.

La martien avait pâti des attaques d’Antonio ; la combustion l’avait grandement brulé, et les attaques répétées au X-Gun l’avait salement amoché. Mais cela ne l’avait pas arrêté, il avait continué à avancer vers le jeune homme à moitié aveugle et assommé, pour se jeter dessus et le mordre violemment à l’épaule. Puis il l’avait secoué jusqu’à le soulever de terre pour le jeter plus loin. Le combat s’était terminé dans la rue sur le bitume…

" Ton sang... miaham ! Délicieux... j'en veux plus ! Ha ha ! Oh, te couper l'aine, t'arracher les orteils ? Huuum ? Oh !!! Je reviendrais pour toi... tu n'as plus rien ! Et je continuerais à te hanter, pauvre petite chose ! "

Le français gisait à terre sur le dos les bras écartés lorsque le mot de la fin du martien atteignit ses oreilles. Il se redressa légèrement le buste en s’appuyant sur son coude gauche. Le Stoned était en train de démanteler les articulations son corps…

« Héhé connard, finalement t’as bien pris cher toi aussi ! Reviens quand tu veux y aura toujours quelque chose que je pourrais te balancer à la gueule ! »

Et le martien s’échappa par une bouche d’égouts alors que les secours et le voisinage accouraient. Antonio se laissa retomber sur le dos, son t-shirt et son jogging étaient en lambeaux, tachés de sang, et noircis en divers endroit à cause des émanations résultantes de la combustion du gaz. Deux jeunes amoureux qui se baladaient à proximité avait été les premiers à arriver sur les lieux, ils avaient entendus les bruits d’explosions au croisement et avaient accourus à la hâte…

« C’est l’appartement là bas ! Il brule ! » (La fille)

« Regarde un homme, il a l’air inconscient. » (Son copain)

Ils s’approchèrent du français, le garçon redressa les épaules du français à moitié conscient tandis que sa copine lui couvrit les épaules avec une veste.

« Vous m’entendez monsieur ?! »

« ……… * tousse *……… * tousse * ………. »

« Il respire pas bien. Mikan (le nom de la fille) donne lui un peu de ta boisson. »

La fille acquiesça sortit une bouteille d’eau aromatisée au citron de son sac, l’ouvrit et l’approcha doucement de la bouche d’Antonio. Des gens des alentours sortaient sur leur pallier pour voir ce qu’il se passait, et les bruits de gyrophares se faisaient de plus en plus audibles… Soudain avant que la moindre goutte ne soit tombée dans sa bouche, l’européen rouvrit brusquement les yeux, attrapa sèchement la bouteille en se redressant d’un seul coup.

« Ah ! »

Il bu à grandes gorgées la contenu de la bouteille devant les regards du couple déboussolé. Il posa le manteau sur le sol à côté de lui, jeta la bouteille et se releva en faisant rouler son épaule blessée tout en la massant. Il termina en retirant non sans grimaces et grognements les tessons qui étaient incrustés dans ses bras.

« Merci pour l’eau. »

Il tâtonna ses poches cherchant son téléphone. Quand il le sortit il constata que le clapet écrabouillé pendouillait depuis le clavier, suspendu par un fil… Il regarda d’un air hagard les deux jeunes qui ne savaient plus quoi penser.

« Euh......... Est ce que je pourrai appeler un taxi ?........ »

________________________


Quelques dizaines de minutes plus tard il se retrouvait dans le local de Tomonobu, allongé sur le billot pendant que le vieux médecin le soignait et appliquait des bandes de contention sur les plaies.

« Tu veux toujours pas me raconter ce qu’il t’est arrivé ce soir ? »

« Non vaut mieux que tu n’en sache rien, ça évitera des soucis à tout le monde. »

« T’es sûr que tu veux combattre ce soir ? T’as de la chance d’être aussi robuste mais c’est pas conseillé de t’entêter autant. »

« Bien sûr que je vais combattre. Faudra juste que je les expédie vite fait…… Aoutch !!! … Fais un peut attention bordel ! ……»

« Je ne te connais pas bien, mais tu m’amuse beaucoup mon garçon. Rien ne semble pouvoir entamer ta détermination. » dit-il avec un sourire bienveillant.

Après avoir mangé et prit plusieurs médicaments il dormit quelques temps. Isao vint ensuite le chercher pour l’emmener au Dohyou Night de Shibuya. Il était soucieux mais heureux qu’Antonio ait décidé de venir, il avait d’ailleurs commencé par lui assurer qu’il l’aiderait à régler ces problèmes. Car il était vrai qu’à l’heure actuelle la seule chose que possédait le français, c’était son portefeuille avec ses papiers, ainsi que ses bandages.

Il était 23h passés, la file d’attente pour rentrer dans la boite était énorme ; majoritairement des jeunes qui venait profiter de la qualité de l’établissement mais aussi du spectacle, mais aussi des bourgeois qui aimaient jouer de l’argent.
Des affiches avaient été placardées, le matin même, dans Shibuya et Shinjuku (les quartiers nocturnes par excellence) et dans les stations de la Yamanote (la ligne de train qui borde le centre de Tokyo), des prospectus distribués, et des tonnes de mails de pub envoyés. Le public avait répondu.
La boite de nuit faisait trois étages : un sous-sol sans plafond sur lequel donnaient les balcons du rez-de-chaussée et du premier étage. Au milieu du sous-sol trônait une piste de combat octogonale, qui, servant souvent d’estrade, était dédiée avant tout aux affrontements. L’accès y était interdit et une bâche de ring blanche portant le logo de la boite était fixé dessus.

Ce soir il y aurait quatre combattants, trois combats et un seul vainqueur.

00h50, le local était plein, l’ambiance à son paroxysme. Les combats allaient commencer comme prévus et Antonio participerait au premier d’entre eux.

01h00, la musique électronique stoppa progressivement, les lumières redevinrent crus et un présentateur annonça la suite du programme. Les nom et prénom de Rossa Antonio retentirent alors au micro et il se dirigea vers la plateforme, sous les applaudissements du public qui l’accueillait, tandis que le présentateur finissait d’introduire le combattant. Il en gravit les marches et se retrouva face à son opposant : un thaïlandais athlétique. Les deux adversaires portaient des gants rouges aux doigts séparés et ouverts, ainsi qu’un short de boxe de couleur vive. Sauf qu’Antonio avait une épaule et les avant bras couverts de bandages, le public parut d’ailleurs étonné de cette tenue et des réflexions reflétant l’inquiétude se firent entendre.

Ses blessures l’handicapaient et il le savait. Il ne pouvait pas laisser le premier combat durer, auquel cas il risquerait sa santé mais aussi sa capacité à vaincre son prochain adversaire. Le français allait devoir écraser le boxer-thaï, vite fait, bien fait et sans pitié aucune. Isao prit la parole au micro à l’attention des clients…

« Mesdames, Messieurs, bienvenue au Dohyou Night pour la 11ème édition de combat-libres nocturnes. Nous accueillons ce soir quatre artistes de différentes origines, tous experts dans leur technique. Ne vous inquiétez pas pour notre Monsieur Rossa qui malgré des blessures superficielles il a tenu à participer à l’édition de ce soir, nous lui souhaitons bonne chance et bon rétablissement. Que les combats commencent ! »

Les samples électroniques reprirent à volume modéré pour rythmer l’événement. L’arbitre chargé de surveiller le bon déroulement s’approcha du centre de la piste de combat et des deux combattants qui s’y trouvaient.

« Très bien Messieurs je vous rappelle les règles des combats : pas de morsures, pas de coups dans les yeux. La victoire se fait par KO, T-KO* ou soumission**, tous les autres coups sont permis. Maintenant saluez vous. »

Le thaïlandais et le français se saluèrent à la manière des boxers, se touchant leurs poings joints. Puis ils s’écartèrent en reculant chacun de deux pas pour se faire face, prêts. Antonio avait opté pour une garde haute simple, elle lui permettrait d’esquiver ou bloquer plus facilement. La situation stimulant l’agressivité du jeune homme, il provoqua alors le boxer avec un beau doigt d’honneur en lui faisant signe de se rapprocher, pour le pousser à venir et s’assurer une contre attaque plutôt qu’une offensive directe.

Le thaï ne cilla pas face à l’insulte facile. En revanche il rua brusquement en avant, envoyant un violent coup de pied direct de son membre gauche en direction de la tête d’Antonio (d’une certaine manière l’insulte l’avait poussé à prendre les devants, grossière erreur…). Ce dernier l’esquiva en se décalant légèrement sur la gauche. Le thaïlandais perçu très vite la manœuvre et tenta un crochet du poing droit, que le français esquiva cette fois en reculant d’un demi-pas. Cela était dangereux, car l’assaillant propulsa rageusement son poing gauche en direct pour cueillir l’européen à la tête ; mais la manœuvre d’esquive était calculée…

* Il est temps de changer le climat. *

Antonio fit jaillir son poing droit à une vitesse fulgurante, venant frapper le milieu des phalanges de la main gauche du boxer qui n’avait pas terminé son mouvement. Un léger bruit sourd caractéristique se fit entendre…

« CRAC ! »

L’ensemble des spectateurs se turent sous l’effet de surprise. Écarquillant les yeux et tendant le menton pour essayer de comprendre ce qu’il s’était produit. Les quatre os du thaïlandais avaient été brisés en deux à l’horizontale par le coup destructeur d’Antonio. La douleur se fit sentir immédiatement et le combattant désarmé tituba en arrière pour prendre ses distances. Il avait le souffle court et le regard terrifié par ce qu’il venait de se passer, l’incompréhension était telle qu’il en fut grandement secoué. Préoccupé par son poing cassé qu’il tenait par le poignet avec son autre main, il laissa son regard s’attarder une seconde de trop sur son membre, au lieu de déclarer forfait…

L’européen en profita pour attaquer à nouveau ; avec la même violence. Son pied gauche parti dans un mouvement circulaire ascendant puis descendant, venant heurter sèchement la jonction du cou du boxer, au dessus de la clavicule droite.

« BAM ! »

Il balaya l’homme, qui foudroyé, s’effondra sur le côté sous l’impact ; KO. Le silence qui se prolongeait dans la salle dura bien 5 secondes, le combat avait été si brutal et expéditif que le public n’avait pas encore prit conscience de la fin de celui-ci. Antonio se relâcha et expira longuement pour calmer le rush d’adrénaline.

« Ffffffiiiiiuuuuuuuuuuuuuu………… »


« Rossa Antonio vainqueur ! »

A ce moment retentirent les applaudissements et les cris enthousiastes du public, mêlant les voix aigües des japonaises échaudées par la violence de l’action, aux sonorités masculines plus rauques typiques des événements sportifs. Le français leva les bras en faisant le tour de la piste de combat octogonale pour saluer. Mais ses traits étaient tendus, cela ne lui convenait pas. Puis il en descendit pour se diriger vers les vestiaires. Les cris continuaient et les gens placés derrière les barrières, qui bordaient le chemin vers les vestiaires, tendirent les bras pour essayer les toucher les épaules de leur nouvelle coqueluche. Le jeune Togo attendait Antonio au milieu du couloir qui menait aux vestiaires. Lorsqu’il arriva à sa hauteur Isao prit la parole.

« Je dois dire que je suis très impressionné, et le combat a duré moins d’une minute. Ca n‘a pas été très long et à ce compte là certains pourraient me taxer de voleur… Mais le public est conquis, ils ont pu voir un vrai combat : implacable. T’es vraiment un sacré personnage mon ami. »

« Ce gars là était une merde ! »
Le français était visiblement énervé. Les humains qu’il avait affronté jusque là étaient faibles, Gantz était-il la seule entité à pouvoir lui proposer un défi authentique ?!
« Tu m’avais promis de vrais combattants de je me retrouve face à ce pauvre con ramolli… »

« Du calme, Antonio, tu étais juste beaucoup plus fort que lui, je ne savais pas que tu étais susceptible de l’écraser ainsi, ce type a remporté pas mal de titres dans son pays. Le prochain challenger sera forcément plus fort, ça devrait satisfaire ton appétit. Vas te reposer dans les vestiaires, le prochain combat va avoir lieu dans quelques minutes. Puis après il y aura un léger entracte et la finale de la soirée. »

Le yakuza parti rejoindre son balcon VIP, l’européen partait lui rejoindre Tomonobu qui l’attendait pour l’examiner.


* T-KO : technical knockout, cela ne signifie pas que le combattant est inconscient mais inapte à poursuivre le combat. Ceci par exemple pour cause de blessure trop handicapante ou faiblesse trop évidente vis-à-vis de son challenger.

** Soumission : immobilisation de l’adversaire dans une position de faiblesse à laquelle il ne peut se soustraire.

Le prochain combat vit s’affronter les deux autres combattants, pour élire celui qui irait affronter Antonio en « finale ». Il s’agissait d’un pratiquant de MMA* japonais et d’un samboïste** russe. Visiblement le japonais appréhendait le russe qui était bien plus âgé et calme. A vue d’œil et d’un point de vue occidental il devait avoir dans les 35-40 ans, et étant donné ses tatouages, sa coupe de cheveux et cicatrices c’était peut-être un ancien militaire reconverti. Dans tous les cas c’était un type qui avait de la bouteille.

Le coup de départ fut marqué et le combat démarra tranquillement, les deux opposants se jaugeant par des feintes et assauts légers pour éviter de se faire saisir. Finalement le contact physique arriva et ils luttèrent en force et en souplesse pendant de longues minutes, jusqu’à ce que le russe immobilise son cadet par une redoutable prise de soumission à la gorge. Pendant ce temps Antonio avait suivi la scène depuis un écran LCD fixé au mur de ses vestiaires, tout en s’étirant.

« Voilà un gars un peu plus intéressant. » Dit-il au médecin qui était assit sur un tabouret.

« C’est un type de la vieille école ça se voit à sa façon de bouger et de se comporter, il ne fait rien au hasard. Un peu comme toi… »

Quelques dizaines de minutes plus tard les challengers montaient à nouveau sur la piste, prêts à en découdre pour le dernier affrontement de la soirée. Les combattants furent à nouveau acclamés car leur performance avait su gagner le cœur du public. Le russe et le français se faisaient face, se jaugeant mutuellement pour essayer de déceler la moindre tension chez l’adversaire.

Le russe prit la parole avant que l’arbitre ne lance le combat. Il parla en anglais pour se faire comprendre, son accent était typique de ses origines.
« So frenchy boy, are you ready ? I saw you on the screen, you’re tough but don’t expect me to be as weak as yours first opponent.»

Antonio lui répondit par un clin d’œil alors que leurs poings se touchaient pour le salut. Enfin l’arbitre lança le top… Les combattants s’écartèrent rapidement l’un de l’autre : le français voulant éviter une chope du russe, et le russe ne souhaitant pas se prendre une violente attaque dés le début. Ils se tournèrent autour pendant un moment, puis ils se rapprochèrent doucement, le pratiquant de Kung-Fu en profita alors pour attaquer rapidement et légèrement, évitant les coups trop tendus de crainte de se faire attraper un membre.

Ce test permit de confirmer la vivacité du samboïste qui esquiva tout en gardant les mains ouvertes, pour saisir le moindre membre qui dépasserait, il feinta alors un coup de pied direct ainsi qu’un coup de point et fit un déplacement rapide sur sa diagonale passant légèrement sur la droite du français. Antonio envoya son genou droit en avant pour le cueillir au menton, mais l’homme bloqua avec ses deux avant bras joints, vacillant à peine. Il se prit juste après un coup de pieds circulaire gauche dans les côtes, mais il se baissa juste à temps pour que ce coup heurte le bord de son dos ; encaissant l’impact.

* Quoi ?! Comment a-t-il …..*

Rossa se fit saisir la jambe gauche comprenant à la dernière seconde que tout avait été pensé pour se dérouler ainsi. Il se fit renverser sur le dos par le russe qui, lui maintenant la jambe gauche, essaya de le frapper du poing gauche à la tête, Antonio anticipa in-extremis, frappant du plat du pied droit pour éjecter son adversaire en arrière. L’impact fut lourd et violent sur le torse de l’homme, il fut forcer de reculer pour reprendre son souffle pendant que le français roulait en arrière pour se relever.

Les deux attaquants se tournaient à autour à nouveau, la tension et la concentration se distinguait clairement sur les muscles tendus de leur menton et de leur front. Le public savourait ce prélude à une nouvelle joute intrépide entre les deux hommes blancs. Antonio était en pleine réflexion tactique, comment cet homme avait-il pu aussi bien anticiper ses mouvements ? Aucun humain à part son maitre n’avait eut la vivacité pour le faire auparavant. Alors qu’Antonio possédait un corps élancé et une musculature puissante taillée pour infliger des coups précis et fulgurants, le russe lui se servait de ses muscles épais comme d’une armure. Avec eux il pouvait amortir partiellement les attaques subies si son placement était bon, de plus ses bras et jambes devenaient un terrible étau pour tout ce qu’ils attrapaient. La partie serait plus difficile que le français l’avait anticipé…

Le russe de son côté analysait lui aussi l’opposant ; un jeune homme, très vif, aux coups destructeurs mais qui voyait les combats essentiellement sous un angle expéditif. Il devrait avoir le français à l’usure, en jouant sur l’endurance et le fait qu’il semblait blessé à l’épaule et au bras…

Le combat reprit de plus belle, le samboïste se faisant de plus en plus présent, Antonio se retrouvait petit à petit sur la défensive, perdant du terrain. Plusieurs fois il se fit saisir, réussissant toujours à se dégager à temps, mais ça ne suffisait pas, il n’arrivait pas à trouver de méthode d’approche. C’est alors qu’il se fit attraper à l’épaule droite, suite à une offensive trop audacieuse. Le russe lui immobilisait toute l’articulation exerçant une forte pression sur le membre blessé.

« rrrrrrrraaaaa…………… »

Penché en avant, Antonio tenait sur ses genoux fléchis, refusant de se laisser amener au sol malgré la douleur. Le samboïste sur son flan droit essayait de le plaquer par la force, progressivement, mais il n’avait pas pu prendre le contrôle complet de l’articulation et ne pouvait pas complètement faire jouer celle-ci. En effet le français avait réussit à se placer en position de « l’homme de bronze » (position centrale du Pak-Mei) lors de la chope. Ses genoux fléchis à 90°, concentrant l’essentiel de sa force dans ses cuisses et son bassin il était devenu impossible de le déséquilibrer. C’est alors qu’Antonio plia brusquement son genou gauche, pivotant à l’horizontale son buste vers la droit ; le russe emporté par le vif mouvement bascula par-dessus le dos du français, passant sur sa gauche et lâchant son bras.

Les deux hommes étaient à terre à quelques dizaines de centimètres l’un de l’autre. Ils se relevèrent pour se jeter directement l’un sur l’autre, ce serait le dernier assaut… Le russe bondit les bras en avant, pour saisir son cadet ; trop tard…

Antonio avait été plus rapide, percutant son adversaire il était passé sous sa chope, pour le frapper sous l’aisselle gauche. Raidissant les doigts de sa main gauche il avait violemment frappé du bout de ceux-ci le nerf passant juste sous l’aisselle de l’homme… Le résultat fut immédiat, le samboïste s’effondra à genoux, sur place, le souffle coupé et le corps momentanément paralysé.

« Rossa Antonio vainqueur ! »

Le public scanda alors le nom de Rossa, accompagné de nouveaux cris de félicitation. Le français avait remporté la rencontre et acquis les faveurs du public, il quitta calmement l’aire de combat, saluant de la main droite, un léger sourire aux lèvres ; le combat avait exalté le jeune homme.



La musique reprit peu après qu’il fut de retour dans les vestiaires, Tomonobu l’attendait avec de nouveaux bandages et sa trousse de médecin, prêt à lui changer ses bandages défais.

« Je vois un nouvel éclat dans ton regard, gamin. Quelque chose me dit que ce combat n'était pas inutile. »

« Nous verrons bien, j’ai encore pas mal de choses à faire. Le fait est qu’il était fort ce type, le plus fort que j’ai affronté ; après mon maitre. »

« Je serai curieux de voir à quoi il ressemble. »

« Il fait un peu penser aux chinois dans les films de kung-fu à clichés, en plus dur et plus fort, nous nous sommes quittés en mauvais termes. Bon papy assez parlé de combat pour aujourd’hui, changeons ces bandages… »


* MMA : Mixed Martial Arts, nom inventé qui est inexacte (puisque ça n’a pas de base martiale) utilisé pour désigner la discipline pratiquée officiellement dans les championnats de free-fight type UFC. C’est un mélange entre du kick-boxing et du grappling (technique de grab dérivée du Pancrace grec). C’est assez efficace et polyvalent.

** Sambo : technique de combat / auto-défense / neutralisation inventée par les militaires russes. Très efficace et létal, cette technique mélange des coups redoutables proches de ceux du jujitsu avec des techniques de neutralisation / chope.

Partie 4 : Début du « rêve »

Le soir même Antonio prit place dans un nouvel appartement, celui-ci appartenait personnellement à Togo, mais le français pouvait en faire ce qu’il en souhaitait. Le yakuza avait eut le bon goût de choisir un quartier central et animé : Shibuya, une décoration traditionnelle (à base de boiseries et de tatamis) et une superficie plus que satisfaisante, avoisinant les 45m².

Il s’agissait maintenant de se reposer ; les combats s’étaient succédés dans la soirée, Antonio avait d’abord été attaqué par le martien Stoned et combattu au Dohyou Night juste après. Le russe ne s’était d’ailleurs pas privé pour enfoncer ses doigts là où ça faisait mal (dans les blessures fraiches du français)…
Le jeune homme tomba donc comme une pierre sur son lit, dans un sommeil profond et sans rêves.

Il fut réveillé le lendemain matin à 11h30 par un bruit de sonnette.

« tiiiiii-duuuuu……….. tiiiiiii-duuuuu…………. »

Encore dans le cirage il tituba en caleçon jusqu’à la porte, les cheveux et la mine en vrac.
Il parla d’une voix trainante à travers celle-ci, nétant pas encore bien réveillé.

« Ouééé….. Qui est lààààà ?........ »

« Monsieur Rossa. C’est Monsieur Togo qui m’envoie. »

« Ouééé…. Et c’est pour quoi ?........ » -baille-

« Il m’a demandé de vous apporter des vêtements neufs. »

« Très bien entrez…. »

C’était un des hommes de main d’Isao, il avait les bras chargé de sacs de fringues et chaussures neuves, mais aussi de sacs de courses alimentaires qu’il déposa dans l’entrée.

« Monsieur m’a dit de vous apporter des vêtements de qualité et de quoi manger pour plusieurs jours. Il tient à ce que vous vous sentiez bien dans votre nouveau logi. Il a aussi émit le souhait que vous passiez le voir en début de soirée au Naughty Club de Shinjuku, il souhaiterait s’entretenir avec vous. »

« Remerciez-le de ma part. »

« Comptez sur moi monsieur. Passez une bonne journée. »

« Merci de même. » -baille-

Togo était un homme de goût, aussi avait-il fait venir, vestes, costumes, chemises et derby (des chaussures de ville en cuir) pour le français, ainsi que des vêtements de sport adaptés à l’entrainement.

Ainsi reprit l’entrainement d’Antonio, qui se contenta pour éviter de rouvrir ses blessures, d’un jogging sur les hauteurs des Shibuya et de repos.

__________________________


La nuit tombait à nouveau sur Tokyo, Antonio buvait un verre d’eau en compagnie de Togo dans le salon privé du Naughty Club.

« Rooooo…. Tu es sûr que tu ne veux pas prendre au moins un verre ? »

L’hôtesse assise à côté du yakuza tenait à deux mains la coupe de champagne destinée au français, attendant que celui-l’accepte.

« Non vraiment pas, j’apprécie beaucoup le geste mais je dois m’entrainner plus dur. Plus question de consommer de l’alcool. »

D’un signe de la main, Isao intima l’hôtesse de poser la coupe. Puis il se calla plus profondément dans le canapé, écartant les bras pour les étendre sur le dessus du dossier.

L’objet du rendez vous allait être exposé

« J’aimerai savoir, tu as apprécié les combats d’hier soir. »

Le jeune homme répondit franchement, sur un ton posé.
« Ça dépend. Le premier type était minable et lent, le second en revanche… Ça a été une lutte intéressante, mais sans ma blessure je l’aurais peut-être étalé. Plus de challenge ; ça ne serait pas un mal… »

Le japonais se pencha en avant, joignant le bout de ses doigts en appuyant ses coudes sur ses genoux…
« Bien, rentrons dans le vif du sujet. Tout d’abord considère les services que tu as reçus comme paiement de ta performance et avancement sur la suite. » Il marqua une petite pause.

« J’aimerai que tu continue à combattre pour moi, et ce de manière très régulière, le but c’est d’augmenter la fréquence des combats pour augmenter plus rapidement le gain de popularité de l’événement. Dés que des jeunes issus du star-system y porteront un réel intérêt, nous aurons gagné et notre côte grimpera en flèche, ainsi que les bénéfices. »

« Ça semble intéressant, mais ne risque tu pas de tomber dans les travers du spectacle si cela devient trop médiatique. »

Togo répondit sur le ton de la plaisanterie.
« Ooooh mais ne t’inquiète pas. Il y aura toujours des fractures et des combats de 30secondes. »

Antonio, amusé par l’anecdote du yakuza, rigola à gorge déployée.
« Hahaha ! »

La soirée ne s'éternisa pas, le français rentra tôt. Le lendemain il irait voir ce que le vieux médecin s'était engagé à lui procurer...

Le premier jour d'entrainement sérieux arrivait enfin, début d'une nouvelle philosophie de pratique pour Antonio.
Levé aux aurores il était allé jogger tranquillement autour du quartier, pour finir par des exercices de cardio (travail cardiaque et souffle). Enfin, il avait prit le chemin du Dohyou Night là où l'attendaient Tomonobu ainsi qu'Isao et l'équipe sportive de l'établissement.

Le complexe du club contenait, en plus des bureaux et de la boite de nuit, une grande salle d'entrainement dans les étages supérieurs. La salle en question, ressemblant à un club de boxe bénéficiait d'un ring carré, de machines et supports de musculation divers, ainsi que d’une zone avec tatamis.

Agréablement surprit par toute cette logistique, le français ne put s’empêcher de faire partager son enthousiasme, quand il entra dans la salle.

« Fiuuuuuu…. Bel équipement. Je pensais pas que tu cachais un endroit pareil au dessus du club. »

«Héhé, et oui, il en faut du matériel pour mes combattants. Dorénavant c’est ta seconde maison, tu peux venir ici tant que tu le souhaite.»

Satisfait Antonio se tourna en du staff présent…
« Bien, commençons. »

Tomonobu avait amené ce qu’il avait promit au jeune homme : du PCP modifié. Le but étant de tester son impact sur Antonio. Assis à une table, il préparait l’injection destiné au combattant, pendant que ce dernier finissait de s’échauffer…

« Bien c’est prêt, compte tenu de ton métabolisme, la dose sera assez élevée, je ne suis pas partisan de prescrire ce genre de substance, mais tu as fais ton choix. »

« Et rien ne me fera revenir en arrière. »

« Je sais bien, bon je dois te rappeler certains principes ; tout d’abord cette drogue est un anesthésiant non soporifique hyper puissant, tu seras presque voir totalement insensible à la douleur. Ce qui veut dire que tu n’auras plus conscience de tes faiblesses, fais attention à ce que cela implique. Les effets durent de 4 à 6 heures en moyenne.»

Tomonobu expliqua ensuite en détail comment il fallait consommer la drogue, l’idéal étant une injection intraveineuse (ce qui serait utilisé pour le français). Après s’être fait déchargé la seringue dans le bras Antonio recommença un échauffement, le temps que la drogue commence à faire effet.

Isao vint s’asseoir à côté du médecin, pour observer avec lui l’entrainement.
« Inhibition de la peur, de la douleur, agressivité accrue, plus de régulation des barrières physiques ce qui implique plus de vitesse et de force, globalement un éveil supérieur pour le combat. Mais en contrepartie une forte addiction, une accoutumance, des problèmes cardiaques, musculaires dû au sur-ménage, syndrome de surpuissance***, troubles psychologiques… Es-tu certain de pouvoir accepter ça pour un de tes combattants.»

« Antonio veut devenir un démon, ce sont ses méthodes pas les miennes, je veux juste le voir gagner, s’il souhaite accélérer les choses via du PCP modifié c’est son choix. J’espère que les choses ne tourneront toujours aussi bien qu’elles ont commencées. »

« Non Isao. Ça tournera forcément mal à un moment ou à un autre, et à ce moment là faudra pas se mettre en travers de sa route... »

__________________________________________

Le français s'entrainait depuis plus de trois heures déjà. Il se sentait bien, plus aguerri et puissant alors qu’il frappait à grande vitesse les protection du sparring-partner. Petit à petit il sentait sentiment de chaleur grossir dans son corps et englober ses muscles, comme si une nouvelle énergie venait les alimenter, le rendant plus puissant, plus puissant, encore plus puissant.

« BAM ! BAM-BAM-BAM ! BAM ! BAM !............ »

Il accélérait sa vitesse et la puissance qu’il mettait dans ses coups ; ce qui était au départ un entrainement de vitesse et de précision devenait un vrai combat. Et le sparring-partner, n’arrivant plus à amortir correctement les coups ravageurs ni à tous les arrêter, commençait à morfler.

« Hé Antonio du calme ! »

Le combattant était ailleurs.
* La ferme. *

Il perpétua ses attaques, le partner était en train de se faire lyncher et luttait pour articuler ses mots.
« Calme toi merde ! »
* La ferme ! *

Rien n’y faisait, il n’était plus qu’une proie.
« ARRETE PUTAIN TU VAS ME TUER ! »
* Mais LA FERME PUTAIN ! *

Son crochet droit vint frapper le casque du partner, un coup de pied gauche circulaire dans son genoux droit le fit chuter, pour mieux être rattraper par un uppercut au flan gauche…

L’homme fut soulevé de terre par le coup, puis s’écroula sur lui-même, sur place. KO.

Les trois coups terrifiant d’Antonio avaient enfoncés les énormes protections du sparring-partner, lui coupant le souffle tout en lui brisant plusieurs côtes.

Isao se releva d’un coup.
« Antonio ARRETE ! »

Le français se tenait debout, transpirant et respirant avec difficulté, son « adversaire » gisant à ses pieds. A ce moment là le staff de la salle se mit en branle pour secourir le sparring-partner blessé.
Isao se pressa vers le ring.

Antonio, toujours ailleurs recula pour s’appuyer dans un coin et reprendre pied dans la réalité.
Ses jambes lâchèrent soudainement, il tomba sur place, sur le sol du ring et prit de convulsions violentes se mit à hyperventiler pour tenter de respirer, tandis que sa vue se troublait…

« Merde ! TOMONOBU ! »

*Chiottes.*

…





*** Syndrome de surpuissance : État second où la personne n’a plus conscience de ses limites, ce qui peut engendrer des risques corporels dû à une appréciation biaisée de la réalité.

Partie 5 : La prophétie du médecin

L’accident de la salle d’entrainement avait été anticipé par le vieux médecin japonais. C’était chose courante avec le PCP à usage combatif ; une fois revenu au repos, les muscles ayant été surexploités durant l’exercice pouvaient tomber dans un état de faiblesse et ne plus répondre correctement. Chose d'autant plus vraie quand le consommateur n'était pas accommodé au produit, du moins physiquement parlant...

La réaction d’agressivité à l’écart du sparring-partner était-elle aussi conséquence du PCP. Antonio avait mit la main sur une arme aussi dangereuse pour ses ennemis que pour lui-même, mais de son point de vu il n’avait pas le choix.

La sphère pouvait à tout moment le rappeler, s’il voulait survivre il devrait être fort, seul.
Compter sur l’aide des autres « rescapés » ? Impossible.
Le français, qui déjà au dessus de la masse en termes de capacités restait potentiellement faible face aux créatures monstrueuses qu’il avait par deux fois affronté. Si ses coéquipiers se faisaient tuer en combat, il se retrouverait seul pour finir le travail, seul comme quand il l’avait été lors de l’attaque de son studio par le Martien Stoned.

L’objectif se situait alors delà de ce qu’un être humain pouvait atteindre, pour vaincre des démons, Antonio se devait de devenir l'un d'eux, voir pire…
Ainsi jusqu’au prochain appel, le jeune homme auparavant paisible deviendrait le prédateur, celui qui se repaitrait de la force de ses adversaires, les détruirait, et transcenderait sa condition d’humain.

Chaque jours le français s’entrainait de l’aurore au soir dans la salle du Dohyou, consommant stéroïdes pour accroître sa densité musculaire, forgeant son corps et son esprit à résister aux influences négatives du PCP et aux coups de ses adversaires.

Deux semaines s’écoulèrent ainsi depuis la première soirée de combat où il avait affronté le redoutable samboïste. Durant celles-ci, trois nouvelles rencontres eurent lieu dans le night-club du yakuza Isao Togo. A chaque fois, Antonio s’était imposé comme le meilleur, piétinant ses opposants, sans retenue aucune malgré les coups qu’il recevait en retour.

Ils n'étaient que de la viande qu'il dévorait, sapant leur résistance, leur moral et esprit de compétition, nourrissant son obsession de puissance.

Ces deux semaines avaient permises à l’affaire nocturne de se faire rapidement connaître, grâce à ses combats réels et implacables, propulsés dans d'autres hauteurs par le français qui se moquait bien du côté sportif de l'événement. Les gens se bousculaient de plus en plus pour assister aux soirées d’affrontement, l’étranger devenait connu des habitués, mais aussi des combattants qui tournaient dans l’arène.

Isao Togo, pressé de voire son divertissement martial prendre de l'ampleur ; avait alors décidé d'élargir le line-up de combattants résidents pour rallonger la durée des soirées de combat. Passant ainsi de 4 personnes initialement (Antonio inclus) à une dizaine d'individus. Recrutés parmi des combattants free-lance, instructeurs martiaux dans le besoin, rebus de fédération ou personnes simplement curieuses d'aborder le combat sous un angle plus authentique.

_________________________


La troisième semaine d’inter-mission arrivait et Antonio commençait à accuser de la surenchère qu’il déployait dans sa course accélérée à la transcendance…

Il ne s'entrainait pas seulement physiquement, mais aussi stratégiquement. A sa demande, il s'était fait livré des livres d'anatomie en anglais. Ainsi quand son corps ne travaillait pas, son esprit lui étudiait le fonctionnement mécanique du corps humain.
Ganglions, nerfs, os, axes des articulations, organes... Tout était potentiellement une cible, connaître ces cibles c'était connaître le moyen de vaincre avec d'autant plus d'efficacité.

C'est alors que les choses commencèrent à dégénérer...

________________________


01h00 du matin, Antonio montait une nouvelle fois sur le ring octogonale. Sous influence de PCP.

Cette fois l'ennemi était une pièce de choix, un instructeur japonais de judo traditionnel. Médaillé en championnat.
S'il ne mettait pas de coups direct était-il pour autant à craindre ? Bien entendu, en combinant vitesse et esquive il pouvait à tout moment retourner une attaque contre son responsable, le projeter au sol et l'y immobiliser, déclenchant une victoire par soumission... Par soumission ?

Le combat fut d'une rare violence, une première dans l'histoire du Dohyou Night...

Le judoka tenta une projection par l'épaule sur un crochet du gauche venant du français. Pendant la manœuvre, Antonio qui avait feinté passa son droit devant la gorge de son adversaire, profitant de sa propre hauteur, se dégageant latéralement, légèrement sur la gauche. Bloquant ainsi temporairement la projection.

S'en suivi une exécution sommaire.

Simultanément à son mouvement précédent il frappa du genoux droit dans le dos du japonais. Lui arrachant un râle de douleur à moitié étouffé.

" Aarrrglll.... "

Puis sous une impulsion il se fit chuter sur le dos, entrainant avec lui sa proie.

Allongé au sol, sous le judoka, il crocheta ses jambes autour de sa ceinture, l'immobilisant.

Via son bras droit, Antonio bloqua la tête, en lui coinçant la gorge dans le creux de son coude. A partir de là le ventre et les flans de la victime étaient à découvert...

Le français frappa alors à répétition le flan gauche, jusqu'à ce que le japonais ne puisse plus encaisser, et commence à morfler.

Relâchant alors sa prise, qui tenta de se relever en se mettant à quatre pattes ; il lui asséna un coup de poing droit, plongeant, qui lui éclata l'arcade gauche, le clouant à nouveau au sol.

" Ah les sportifs, pas très solides..."

Il cueillit l'homme KO d'un coup de pied, l'envoyant rouler-bouler hors du ring. La tête en sang.

...

Quelques minutes plus tard, il était dans le salon VIP d'Isao Togo en compagnie de Tomonobu...

" Mais qu'est ce qu'il t'as prit ?! "

Le yakuza était visiblement bouleversé voir scandalisé.

" Pourquoi tu l'as déglingué de la sorte ce judoka ? C'était un challenger comme un autre ! Pourquoi tu l'as traité ainsi ?! Tu perds la boule !
Les combattants de notre line-up commencent à jaser dans ton dos, ils te prennent pour un fêlé, personne ne veut avoir à faire à toi, les sparring-partners ne viennent plus pendant que tu t'entraine à la salle !

A ce rythme on va avoir des putain d'EMMERDES !!! "

Les muscles de la mâchoire d'Antonio se crispèrent, signe de tension et d'énervement.

Il se releva brusquement de son fauteuil, et le tranchant de sa main droite frappa violemment la table basse en bois qui séparait les interlocuteurs, la brisant en deux.

" LA FERME !!!!!! "

CRAAAAACCCCC !

" QU'EST CE QUE TU CROIS PUTAIN ?!!!!!!! "

La voix d'Antonio gronda.

" JE N'EN AI RIEN A FOUTRE DES HUMAINS !!! ET ENCORE MOINS DES PÉDALES FAISANT DE LA GYM !!!

ET JE NE ME PLIE A AUCUNE AUTORITÉ !!!

JE SUIS ICI POUR ME BATTRE, ET A DÉFAUT DE TUER MES ADVERSAIRES JE LES ÉCRASERAI COMME DES INSECTES !!! "

Isao était sidéré et intimidé à la fois. Pour la première fois il craignait le français, sentant le danger émaner de sa personne.

" TU VOULAIS DU SPECTACLE ? DE L'INÉDIT ? ET BEN VOILA, TU L'AS ! TU VOULAIS ÉVITER LE SPORT, JE TE SERS DU COMBAT PUBLIQUE COMME SEULS LES ROMAINS ONT SU EN FAIRE !

TU VEUX CRÉER UNE VRAI FÉDÉRATION DE COMBATTANTS, TU VEUX DU COMBAT RÉEL, VOILA TA CHANCE !

BIENTÔT LES CHALLENGERS AFFLUERONT, TOUS CEUX DONT L'ÂME N'A PAS ÉTÉ SOUILLÉE PAR L'OLYMPISME ET LE SPORT, VIENDRONT SE BATTRE POUR ÊTRE AU SOMMET DE LA MONTAGNE, QUELQUE SOI LE RISQUE !

ET JUSQU'À CE QUE JE SOI RÉDUIT EN CENDRE JE BROIERAI CHACUN DE MES OPPOSANTS !!! "

Suite à quoi il se dirigea vers la porte.
Au moment où il s'apprêtait à sortir un homme de main déboula dans la pièce, se jetant sur le français...

" Qu'est ce que t'as fais au bo... "

Alors qu'il saisissait le combattant par l'épaule, Antonio lui attrapa le pouce, le brisant pour dégager l'étreinte.

" HA ! "


" Dégage. "

Et sans sourciller il guida par sa prise le yakuza jusqu'à ce que celui-ci percute le mur à côté de la porte, en même temps qu'il passait le pallier.

VLAM !

Togo resta interdit sur son fauteuil, le regard abasourdi jonglant entre la sortie et le médecin.

" Mais....... "

Le vieil homme avait conservé son calme.

" Je t'avais prévenu. Antonio a brisé ses chaines, rien ni personne ne pourra entamer sa volonté. Ca n'est pas un simple homme, son instinct est celui d'une bête sauvage. Il ne combat pas pour la gloire, ni pour l'argent ou les femmes, il doit avoir quelque chose de plus profond en tête, sinon il n'adopterai pas une attitude aussi suicidaire...

Il comprend et apprend plus vite, son corps ne fait que lui obéir.
S'il a déjà eu une vie auparavant, alors ce devait être un tigre ou un champion de l'Antiquité, tel Achille.

Et si tu cherche a changer sa direction, il te tuera très certainement sur un coup de sang si tu es à sa portée. Sans tenir compte des conséquences, car il s'en contrefout tout simplement..."

Le yakuza n'en revenait pas.

" Comment ose tu ?! ... "

Mais le médecin ne changea pas son propos.

" Pousse le combat à son maximum, fonde une fédération de combat no-limit.

Les fans n'en seront que plus nombreux, oubli le fair-play, seuls les plus forts avanceront, et les adversaires ne manqueront pas de venir affronter tes combattants.

Et la responsabilité des dommages n'en reviendra qu'aux perdants. "


Ainsi débuta la nouvelle voie du Dohyou Tournament.

Partie 6 : "Unchained"

Quelques jours plus tard.

01h00.

Nouvelle apparition dans l'arène, mais l'ambiance avait changée dans le Dohyou. Des écrans LCD géants diffusaient tous un classement de type "ladder" avec un score pour chacun des combattants de la line-up Dohyou.

Sur ces même écrans revenait toujours le même mot : UNCHAINED
Associé à des images un trailer montrant le français en train de lyncher ses adversaires.

Sur le ring, l'équipement de combat d'Antonio Rossa avait changé, arborant fièrement une couleur rouge sang. Sur son short était cousu des kanjis couleur or : " Ni autorité, ni loi, ni entraves " aux côté du mot anglais UNCHAINED.

Il s'agissait du titre de combattant du français, suite à la discorde Isao avait fini par accepter de passer à une vitesse supérieure, d'autant plus que le PCP rongeait de plus en plus le combattant favori, devenu extrêmement irascible ce qui rendait impossible la demi-mesure dans sa façon de se battre.

En quelques semaines il était passé d'un Kung-Fu traditionnel, très formel, à une méthode de combat plus épurée, directe et violente. Le français n'envoyait plus que des coups fulgurant, tout en puissance, précision et vitesse, dépouillé d'influence esthétique chinoise. Dans le but de détruire os, articulations et organes, ne conservant ainsi que le côté purement létal des arts martiaux chinois...

En face se trouvait un jeune boxeur professionnel poids lourd. 1m89 pour 112kg.
Il s'agissait d'un noir américain, très robuste, à la musculature massive.

...

Ses jambes furent la cible des low-kick d'Antonio, faute de savoir protéger ses jambes le boxeur commença à perdre du terrain sous les attaques incessantes.

Sa garde baissée il se attraper l'arrière de la tête, pour mieux se faire démolir le plexus et la mâchoire par des coups de genoux rapprochés auxquels il ne pouvait échapper.

Le corps de l'européen était consumé par la fureur du combat, mais aucune pensé ne traversait sa tête, bizarrement ses coups partaient sans appel, il n'était plus conscient de lui même, obéissant seulement à l'influence destructrice du PCP.

...

Le boxeur à terre, Antonio gagnait encore en popularité, icône d'une nouvelle vision du combat moderne.

Popularité qui monterait d'autant plus avec la prochaine et dernière rencontre du mois : un combattant du K-1.

Si le français réussissait à le vaincre, le projet d'Isao pourrait prendre assez d'ampleur pour aboutir sur la création d'une petite fédération, financée par le clan Togo.
L'événement serait couvert par des journalistes, car la presse commençait à s'intéresser à cette nouvelle distraction, rappelant l'ère des gladiateurs et des grandes écoles de bretteurs japonais.

Pour Rossa, ce n'était qu'une occasion de trouver des combattants plus dangereux, pour mieux se rapprocher de son idéal.

____________________________


La fameuse rencontre arriva, le staff du Dohyou avait décidé de revoir à la hausse le quota maximum de places disponibles, le club s'était alors transformé en une rame de métro aux heures de pointes.
Même la rue étaient bondée de gens curieux de connaître le déroulement de l'affrontement.

Le combat pouvait commencer.

Le challenger du K-1 était un américain blanc, grand et athlétique, d'une carrure plus volumineuse et graisseuse que celle d'Antonio. Il était tatoué et avait le crâne rasé. Au final il ressemblait surtout à un molosse qui souhaitait en découdre.

Il provoqua Rossa, l'insultant en anglais.

" Alors fils de pute, on veut jouer les durs ?! P'tit connard, j'vais t'apprendre ce que c'est le vrai combat ! Si je suis venu ce soir c'est seulement pour te casser ta p'tite gueule de français et t'éjecter des rings ! "

L'insulte ne fut pas relevée. Le français n'était plus au mieux de sa forme, les stéroïdes augmentaient sa tension de manière alarmante, et le PCP posait un voile blanc sur son cerveau. Son corps aussi arrivait à ses limites au bout d'un presque plein mois d'entrainement intensif sous dopage.

Tout comme sa première soirée au Dohyou, celle-ci se devrait d'être courte, ou bien Antonio ne tiendrait pas la longueur...

Quand le coup d'envoi retenti l'américain fonça sur Antonio Unchained. Feintant un coup de pied direct pour mieux enchainer à la tête. Le coup frappa à l'arcade, le français dans sa condition n'avait pas esquivé suffisamment.

S'en suivi un crochet dans le sens inverse qui vint lui heurter la mâchoire. Une fois encore l'esquive avait échouée.

Conscient de l'avantage prit, l'américain tenta un coup de poing droit direct au visage.

Cette fois-ci, l'esquive fut un succès...

Rossa esquiva déviant de la paume le coup, en pivotant d'arrière en avant le long de l'extérieur du bras ennemi. Et c'est le plus naturellement du monde que son coude droit frappa le crâne du kick-boxeur.

Désorienté il ne vit pas venir le second coup. Le français pivota dans l'autre sens de 180°, et abattit le tranchant de sa main droite à l'horizontale, sur la gorge de l'américain.

" bARgllll........."

Il tomba sur dos, les yeux révulsés, de l'écume sortant de la bouche, KO.

" Antonio UNCHAINED Rossa vainqueur ! "

Le lendemain 14h16

Réveillé par le soleil qui frappait ses yeux, le français, encore dans le cirage, se redressa péniblement dans son lit essayant de se remémorer la soirée qu'il avait passé.

Son visage le lançait, lui rappelant son combat du Dohyou.
L'américain lui avait ouvert une arcade, dont la cicatrisation avait laissée son lot de sang coagulé sur l'oreiller. Sa mâchoire aussi avait morflée, manquant d'être brisée ou déboité. Il en résultait un gros hématome qu'Antonio palpa, non sans en éprouver une certaine douleur...

" Aie... "

" Je dois avoir une belle gueule maintenant... "

Ces paroles en français réveillèrent à leur tour, dans un gémissement caractéristique de lendemain difficile, une jeune japonaise qui était allongée à la droite du combattant.

" Hmmmm....... "

" Qu'est ce qu'il y a..............."

Il s'agissait d'une modèle pour magazine de mode qui était présente la veille, durant le combat.
Yuka, 21 ans, nouvelle mannequin chez EGG ; s'était, comme beaucoup de jeune tokyoïtes branchés, intéressée au nouveau phénomène naissant dans ce club de Shibuya.

Profitant, elle et ses copines de boulot, d'invitations, elle avait demandé à rencontrer Rossa après son combat. Antonio avait, à contrecœur, accepté la rencontre pour faire plaisir à Isao.
L'alcool, le mystère entourant le français, et le charme naturel de la jeune fille avaient conduits les deux individus à passer la nuit ensemble.

Le garçon regarda Yuka et lui répondit.

" Rien, tu peux te rendormir. "

Il se leva, déambula jusqu'à une porte fenêtre qu'il ouvrit pour aller s'accouder sur la balustrade de son balcon, l'air vague.
Il ne se souvenait pas d'avoir fait l'amour à la jeune modèle, ou du moins pas d'en avoir tiré un réel plaisir. La surconsommation PCP avait émoussé la clarté de ses pensées, et ses récepteurs nerveux étaient en bonne partie déréglés. La seule chose qu'il éprouvait physiquement, c'était une irrésistible envie d'expulser son énergie dans un adversaire, ce que son corps, trop fatigué, ne pouvait lui accorder.

La fille, en petite culotte, ayant enfilé une des chemises d'Antonio, vint se blottir contre son dos, le serrant par la taille avec ses bras fins.

" J'aime te prendre dans mes bras. Tu me plais... "

" Yuka. "

" Oui ? "

" Rentre chez toi. "

Les mots étaient prononcés avec calme et détachement. Rossa était usé, fatigué, cela se sentit au ton de sa voix.

" Mais ... Pourquoi ? "

" Je dois rester seul. N'insiste pas... S'il te plait. "

C'est la mine triste et sans se retourner que la modèle quitta l'appartement.

Antonio "Unchained" Rossa était à nouveau seul, fac e à ses objectifs irrationnels, qui avaient prit le pas sur l'humain qu'il était. Se faire des amis ? Aucun intérêt. Encore moins pour les mondanité et les copines.

* Mes stéroïdes. *

Machinalement il alla s'emparer du kit d'injection, et des doses qui allaient de paire.
Après plusieurs piqures Antonio massa tranquillement ses muscles, aucun problème à noter, jusqu'à ce qu'il tente de se relever...

Alors qu'il marchait en direction de la cuisine, dans le but de se préparer un énième repas hyper-protéiné, ses jambes se mirent à flageoler. Victime d'une baisse de tension soudaine il fut sur le point de s'évanouir.
Se rattrapant de justesse à un dossier de siège, il se rata alors qu'il tentait de s'asseoir dessus, pour ainsi tomber à genoux. Une terrible douleur succéda alors à la faiblesse, déchirant son cœur et ses jambes, le contraignant à s'affaler sur le sol, agrippant sa poitrine bien que cela soit inutile.

" aaaaaaaahh...... "

Sa voix était étouffée et faible.

" le téléphone........ putain ....."

Rampant et se tortillant, la main gauche toujours sur la poitrine, il se dirigeait en direction de sa chambre...
Des hallucinations vinrent alors se superposer à la vue du jeune homme, et des voix, souvenirs de son passé en France...

Des images de son maitre, un homme sage et modéré. Ses entrainement avec lui, tandis qu'il découvrait son potentiel naissant d'artiste martial. La philosophie et la sagesse dispensée mais aussi les sermons qui pleuvaient, gardiens d'un avenir martial radieux et droit...

" Le Kung-Fu n'est pas une arme pour se comparer à autrui. Il s'agit d'atteindre l'équilibre. "

" Le Pak-Mei ne doit pas être utilisé à la légère, et encore moins dans un contexte sportif. C'est une technique trop dangereuse, alors évite les affrontement, conserve ton sang-froid et ta maitrise. "

" Ne te laisse pas aveugler par tes performances passagères, c'est ton être que tu forge, car tôt ou tard ton corps faiblira. "

" Etre fort n'est pas un but égoïste. Etre fort pour être utile! "

" Remballe tes conneries vieux con ! J'ai pas besoin de toi ! "

Ce pique d'agressivité et d'envie de revanche, relança la force passablement perdue d'Antonio.
Et, bien que cela se fit dans la souffrance, il finit par atteindre son lit ; pour saisir le mobile qui se trouvait sur la table de nuit.

Après quelques tonalités, un interlocuteur décrocha.

" hé Tomonobu..............j'vais avoir besoin d'aideeee ......."

Partie 7 : La fin de la souffrance

Quelques jours plus tard.

La nuit tombait sur Tokyo, Antonio alité se reposait en regardant une émission de télévision rétrospective sur le réalisateur Takeshi Kitano, et plus particulièrement sur son passé en tant que comique.

Et il s'ennuyait...

Cela faisait un peu plus de 24h qu'il ne pouvait plus s'entrainer. Depuis sa crise remontant à plusieurs jours son état s'était détérioré, faute de pouvoir reposer correctement ses muscles et de rattraper la fatigue accumulée.

Une perfusion était fixée à son poignet ; Tomonobu lui avait prescrit un cocktail de compléments à s'injecter par intraveineuse pour limiter la casse et la fréquence d'apparition des crises. Ce qui forçait le français à demeurer passif.

" Raz le bol... "

Il se redressa, s'asseyant sur le côté du lit, et retira soigneusement la seringue de son bras, prenant soin de nettoyer le membre et l'ustensile. Puis, il se dirigea vers son armoire et commença à choisir les vêtements qu'il mettrait, pour aller faire un tour en ville.

Il voulait un café, et aller devoir passer par un konbini ou autre...

Regardant son corps partiellement découvert dans un grand miroir vertical, il constatait les effets de son mois de souffrance : son corps actuel, n'avait plus rien à voir avec le précédent. Sur la balance, la différence de poids s'élevait à 8kilos.

8kilos de muscles supplémentaires, pourvoyés par ses abus. 8kilos qui avaient été travaillés, sculptés, endurcis, pour rajouter aux propriétés déjà létales du corps d'Antonio. Le travail accomplit avait été colossal et pour ainsi dire suicidaire, mais le résultat était là.

Il enfila des vêtements de luxe européens, aux lignes élégantes mais décontractées, et sortit...

_________________________


Il flâna tranquillement, dans les rues animés des alentours du carrefour de Shibuya, profitant de la douce fraicheur nocturne, qui apaisait son corps meurtri. Régulièrement des regards se tournaient vers lui, probablement des spectateurs du Dohyou, ou qui tout simplement étaient intrigués par le grand gaijin à l'air absent.

Arrivant dans un konbini, il se dirigea vers le rayon boisson, pour s'emparer du café en canette qu'il désirait.

Au moment de passer à la caisse, son regard fut attiré par la couverture de l'un des derniers tabloïds (cqfd : magazines à sensation, comme Entrevu, VSD, Closer...) en rayon. On pouvait lire en grosses lettres le nom du Dohyou Night de Shibuya, et la tête tuméfiée d'Antonio apparaissait en bas à droite de la couverture, entourée de plein d'autres clichés qui n'avaient rien à voir.

Il jura en français.
" Putain ! Mais c'est quoi ces conneries. "

Il feuilleta frénétiquement ledit magazine, pour tomber sur l'article qui était consacré au tournoi et à lui-même. Une grande photo le montrait en compagnie de modèles de EGG posant à ses côtés, dont la charmante Yuka avec qui il avait passé une nuit. Un sous-titre mettait en évidence la mention suivante :

- Quand les modèles s'encanaillent avec les loubards -

D'autres clichés montraient les mêmes filles toujours en sa compagnie. Accompagnés de commentaires et d'informations sur le tournoi et son combattant star.

" Super... Et je m'en souviens à peine... "

Le caissier, un homme ayant dépassé la quarantaine s'adressa au français.

" Excusez moi champion, mais accepteriez vous de me signer mon magazine ? "

Visiblement l'homme avait pour lui-même un exemplaire du magazine, dans lequel il avait reconnu le combattant.

" Ok filez moi ça... "

_____________________________


Sur le chemin du retour, le téléphone d'Antonio vibra par deux fois.
Il s'agissait de Yuka qui lui envoyait un mail (cqfd : car le sms au Japon a été remplacé par le mail) :

" Je n'ai aucune idée de ce que tu pense de moi, je suis certaine que tu mène une vie compliquée et que tu cache bon nombre de choses, et il est fort possible que tu ne puisse pas te permettre de t'encombrer d'une fille superficielle dans mon genre qui se contente d'être jolie et de sourire.

Mais voilà, tu me plais, beaucoup.
J'ai envie de te revoir, de te comprendre, de te découvrir.
Je sais pas si tu me répondra, mais je l'espère un peu... Quand même... Et même si ça doit prendre du temps...

Yuka"

Le français esquissa un sourire, dont il ne se rendit même pas compte. Malgré sa bestialité, sa rage et son dédain pour ses semblables, quelqu'un pensait à lui.

* Peut-être... Un jour... *

...

________________________


De retour dans son appartement, il sentit un froid l'envahir, la chambre l'appelait à nouveau.
Il attrapa une petite sacoche en cuir, son magazine toujours à la main, et se détendit pendant que le transfert l'amenait de l'autre côté du décor.

Enfin ses souffrances physiques allaient pouvoir s'arrêter.