Perdre lui ? Jamais. Un genou à terre, le second prêt à bondir. Tant qu'il lui reste encore un soupçon de vivacité, lui, il se lance à l'assaut avec la férocité d'un barbare. Il ne pliera devant personne. Il ne se soumet pas, et encore moins devant un adversaire dont on prétend qu'il pourrait vous tuer d'un seul coup de poing. Encore pire, ça l'excite davantage. Il n'a jamais eu peur de qui que ce soit, les on dits et toutes les rumeurs chieuses, il s'en contrefout. Il est capable de gonfler n'importe qui n'importe quand, c'est ça sa puissance. Les vantards et autres grands guignols qui n'assurent que par leurs bouches, il les explose. Sa seule valeur c'est les poings, son seul respect, c'est celui de la rue, c'est le sien. Et rien que ça, cette envie rageuse, arrive à faire frémir ses opposants bien plus que la parole. C'est pourquoi il s'attire souvent des merdes partout où il passe avec les mauvaises personnes. N'en témoigne encore l'instant présent. Si c'était par un pur hasard qu'il en était arrivé là, on lui aurait répondu qu'il était vraiment malchanceux. Mais quand on connait le bonhomme, on se dit qu'il l'a bien mérité. L'appel de la rue, la violence.
Il savait qu'à cet instant précis, il l'aurait. Un bon gros crochet dans sa gueule, et l'autre grosse caisse serait tellement étourdi qu'il en viendrait à gerber son bon plateau repas offert par la maison du coin. Effet de surprise, il aurait la seconde armure avec un rapide high kick en pleine poire, au niveau de l'oreille, histoire de le faire vaciller un moment afin de s'occuper du gnome. Costard soigné, petite moustache taillée, la voix qui beugle et la main tremblante, Igawa le petit baron se tenait apeuré devant la bête enragée. Il était cloitré dans un coin du ring, attendant le K.O avec crainte et appréhension. Qu'est-ce qu'il pouvait faire là, hein ? Il avait provoqué la tempête, et tentant de se réfugier, il braquait un pauvre calibre en l'air. Bon sang petit gros, t'es dans une sale merde. Plus qu'une contastation, il allait apprendre à voler avec un bon plaquage qui le ferait passer à travers le carreau, la rambarde d'accès et goûter aux joies d'un vol nocturne. Aurait-il sûrement le temps de faire feu ? L'enfoiré il serait tellement sonné qu'il comprendra même pas ce qui lui arrive. Tout ce qui compterait c'est la peur et la douleur qu'il ressentirait.
Son corps le faisait mal, il se tordait de souffrance brassant l'air avec ses maigres bras cherchant une aide extérieure le soulageant de sa douleur. Le ciel noir était teinté de rouge, il semblait s'écraser de tout son poids sur l'individu perché sur ce qui semblait le reste d'un Rover cabossé. Le capot, accompagné du pare-brise s'étaient affalés à la chute du baron comme une maquette cartonné d'un véhicule de grande classe. Allait-il plus tard attaquer son concessionnaire ? C'était pas vraiment sa première question, dans l'immédiat, il désirait plus qu'autre chose faire taire sa douleur qui s'étirait dans son organisme. Elle partait du bas du dos et remontait jusque dans son crâne de façon à émettre des vagues lancinantes d'affliction piquantes. Étrangement, et ce fut là une constatation suprême de sa condition : il ne sentait plus ses jambes. Le bas de son corps n'existait plus. Relevant sa tête de dépit, il les voyait là, limpides et léthargiques couvertes de sang et autres restes atroces de verre brisé et d'essuis glaces pliés. Criant sa rage, déglutissant des perles d'hémoglobines à tout va, il brandissait ses poings dans le vent, frappant la tragédie à laquelle il avait contribué. Il pleurait à larmes déployés, hurlant à la mort plutôt qu'à la vie. Il sentait des bras forts l'agripper, le tirer vers le côté du véhicule. Il se laissait porter, continuant de vomir son plasma à outrance, il s'observait s'évanouir doucement de façon malheureuse. Le comble, fut de voir avant de se pâmer dans le coma, le visage malfaisant de son vice. Ses yeux vinrent directement croiser le corps de son agresseur se tenant à quelques centimètres de son lieu atterrissage, par-terre juste à côté de la voiture démolie.
Hide, le sourire aux lèvres, partait satisfait. Il avait certes raté son coup. C'était peut-être pas une si bonne idée de se défenestrer. Sur le coup, ça semblait être une bonne initiative. Il avait calculé le fait qu'il tomberait sur la voiture, ou au moins l'un des deux. Malheureusement, ce fut pas son cas, il s'écrasa juste à côté. Salopris de parking en épis, de loin on aurait juré une place en bataille (avant de surcroit). Toujours est-il, qu'ils s'étaient bien fracassés tous les deux même si lui n'avait pas survécu, l'autre devait être dans un bien sale état. Et c'est tout ce qui comptait. Sa mort sauverait les petits, il n'y aurait aucun retour, pas d'intervention du talion, rien.
Nada. Hideaki mort, tout rentrait dans l'ordre. Il avait vécu comme un rat, il mourrait comme tel. Ses emmerdes auraient raison de lui tôt ou tard. Autant partir dans un coup d'éclat, même si à la base, il comptait pas se donner la mort. Enfin, il avait pas pris par à toutes les éventualités de son saut dans le vide. Quel crétin.