GraphisteChristal Enver | |
Mar 12 Fév 2013, 00:43 |
| death sits in the seat next to me. We make a lovely couple ¶
ག.disease
Tu n’existes pas. Tu es dans ma tête. C’est ce que Geriko avait dit, avant que tout n’explose, tout autour d’eux.
***
Me perdre dans Paris, manger des glaces, apprendre à jouer du piano, chanter sous un pont, te prendre par la main, se baigner habillé dans une rivière, retourner au Bronx, dormir dans une couverture trouée, me réchauffer conte toi, râler parce que tu prends toute la place, sortir sous la Lune, écouter l’échos de nos pas, s’amuser avec nos ombres, rire, t’enlacer contre un mur, jouer à cache-cache dans un musée, attendre la fermeture, discuter toute la nuit avec Isis, t’embrasser devant la Joconde et s’endormir contre David, activer les alarmes, passer une journée en prison, boire pour oublier, te regarder dans les yeux, grandir, manger de la pizza, monter illégalement dans un ferry pour Saint Paul, me moquer de tes yeux, acheter un chapeau et des pansements multicolores, t’en mettre un sur le nez, monter au sommet de la grande roue, boire du thé, s’émerveiller du paysage, redescendre ivre, enfermer la brume de Londres dans un bocal et rencontrer Jack, lui offrir un verre, se perdre dans une ruelle trop sombre, respirer, marcher sans but, s’endormir sur un carton, te protéger, prendre l’avion, souffrir du décalage horaire, se retrouver à Viennes, en Irlande, en Pologne, en Inde, en Tasmanie, arriver une nuit à Tokyo et s’éblouir des lumières, manger des sushi et préférer ceux de Shin, passer la nuit à rêver et ne pas voir le jour se lever, partager un lit trop grand, regretter les lits trop petits, rester couché des heures à ne rien faire, discuter de tout et de rien dans le noir, louer des bicyclettes, ne pas s’en servir, se découvrir toute la nuit, te dévorer, et recommencer, s’endormir à une heure inconnue, laisser les jours s’écouler sans s’en soucier, penser aux frères, te regarder pendant des heures, effleurer ta peau, te faire la cuisine, tout faire brûler, courir sous la pluie, jouer à chat, me laisser attraper, te prendre toute la couverture, te réveiller parce que je n’arrive pas à dormir, et m’endormir dans tes bras, te laisser essuyer mes larmes, mentir un sourire, et sourire pour de vrai, t’acheter des tableaux que tu aimes mais que je n’aime pas, les afficher dans le salon, t’écouter me parler de ta mère, te vernir les ongles, panser tes blessures, les recouvrir avec les miennes, te chanter des chansons jusqu’à ce que tu t’endormes, t’embrasser le front et sortir vivre la nuit, goûter le vent, sourire, regarder des hirondelles, faire des grues de papier, apprendre à parler ukrainien, abandonner, donner des coups de pied dans des tas de feuilles, les regarder s’envoler, attraper des papillons, partir en expédition, découvrir un trésor, se perdre dans la jungle, découvrir une maison hantée, discuter avec un fantôme, danser sur un toit, frissonner, oublier l’heure et la date, dessiner, écouter les autres parler, fermer les yeux, me souvenir…
Mais, il est sans doute trop tard, maintenant.
***
Il la regarde, la demoiselle, juste posée sur le marbre froid. Il la regarde et il attend. Il ne sait quoi. A côté, un type est là aussi. Dem, c’est comme ça qu’il prétend s’appeler. C’est son tour aujourd’hui, c’est ce qu’il lui a dit. Il ne s’est pas posé plus de questions. Lui, il se nomme Geriko, et il ne vient pas d’ici, non, il vient d’ailleurs, de loin. Plus vers l’Est, dans ces pays où le vent est froid et fort. Il ne sait pas vraiment pourquoi il est là, mais il est là. Et, ici, il pleut. Il pleut et on est Lundi.
Prévisible.
Il fit sa rencontre, simplement, sans lui parler, sans vraiment comprendre, sans vraiment la voir. Elle, assise sur cette tombe, les jambes ballantes, le regard triste. C’était simple, comme un mirage, une fille en robe beige dans un cimetière, déchirée, sous la pluie, décolorée, seule. Situation banale. Il est resté là, parce qu’il ne savait pas quoi faire d’autre. Il demanda à l’homme s’il la connaissait. Il le regarda, souri, et se tu. Le bruit de la pluie frappait depuis une heure sur la toile de son parapluie. C’est ce moment que la demoiselle choisit pour se lever. Elle rejoignit l’homme, sa main fragile qui attrapa son bras, lui qui déposa sa veste sur ses épaules, et ensemble, ils partirent. En silence.
***
- Lie to me again. - I love you.
***
Il la regarde. Et ses yeux ont la couleur du thé. Elle fume ses cigarettes à la cerise, en silence, assise juste à côté. Le sol est froid, l’air est froid. Elle frisonne mais est à peine habillée. Ca ne la dérange pas. Il la regarde, sa lumière est trouble, apaisante.
- Comment en es-tu arrivé ici ? - Ce n’est que maintenant que tu t’en inquiètes ? - Tu es belle, tu mérites mieux. - Parce que les belles personnes méritent plus que les autres ? - Oui. - Vraiment ? - Oui, les belles personnes ont été touchées par la grâce du Seigneur. - Il s’est trompé alors. Je dois être une erreur. - Comment es-tu arrivé là ? - J’ai pris le même avion que toi, tu te souviens ? - Pourquoi Dem ? - Parce que c’est le seul à m’avoir retrouvé. Ton Dieu a l’air de m’avoir oublié. - Il n’oublie pas. C’est une épreuve. - Ma sœur est belle. Toutes les autres créatures sur Terre ne sont qu’horreurs à côté d’elle. Je ne compte plus. Plus personne ne compte face à tant de beauté. - C’est pour ça, que tu es partie ? - Non. C’est pour ça que je me mutile. - Je ne comprends pas. - Pour qu’il la remarque, un peu plus. C’est elle, qui mérite mieux. - Que cherches-tu ? - Sa colère. J’abîme une de ses créations. - Tu es partie. - Justement. - Tu ne voulais pas la sauver ? - Non. - Que désires-tu dans ce cas ? - Je voulais juste… arrêter de voir son sang. - Mh… - Je suis quelqu’un d’égoïste, Geriko. - Parce que tu cr/ - Non. Je ne crois rien. - Tu n’y es pour rien. - Personne ne sait. - Enver… - Dis-moi, qu’est-ce qu’il se passerait si les oiseaux ne chantaient pas, mais hurleraient parce qu’ils auraient peur des hauteurs ? - … Hm. Je ne sais pas Enver, je ne sais pas…
Ils ne bougent pas. La cendre au bout de ses doigts s’effrite à terre. Elle préfère la regarder se consumer plutôt que fumer. Elle respire, mais il n’y a pas d’oxygène dans ses poumons. Et puis, sa tête tombe sur les jambes de son hôte, ses yeux dans le vague, dans la fumée. Elle discerne à peine de rond rouge juste au dessus d’elle, mais elle a l’air de s’être perdu à l’intérieur.
- C’est dommage, c’est tellement beau, une cigarette. - Haha. Elle doit avoir été touchée par Dieu, elle aussi. - Hm. Oui. Sans doute. - Tu es tellement jolie. - Non. Non. Pas tant que ça. - Tes cheveux trop blancs. Ton odeur trop piquante. Tes yeux trop sombres. Tes lèvres trop lascives. Ta nuque trop douce. Ton dos. Tes mains. Tes seins. Tes jambes. Tes hanches irréelles. - Arrête Geriko, arrête. S’il te plait. Arrête. - Pourquoi maintenant ? Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi ce soir ? - Parce que, tu me l’as promis. Ne l’oublie pas. - … Je n’oublie pas. - Hum. Non, Geriko, s’il te plait. - Juste une dernière fois Christal, juste, une dernière fois…
Sa main était déjà perdue dans ses cheveux depuis de longues secondes. Il s’approcha. Et elle ferma les yeux.
***
- Je ne veux pas voir le soleil se lever. - Hum. - Je ne veux pas… voir cette journée se terminer. Je ne veux pas. - Enver… - Tu sais, tout ça, c’est beaucoup trop pour moi. Beaucoup trop. - Je peux encore/ - Je ne pourrais pas toujours être là. - … - Je suffoque. - S’il te plait. - Tu me l’as promis. - C’est trop tôt. - Mais tu ne vois pas que tout ça, c’est des conneries ? - … - Ce n’est pas réel Geriko. Alors, qu’est-ce que ça change ? - Ne dis pas de bêtises. - Je ne suis pas là. Je n’ai jamais été là. Je suis une ombre. Je veux exister. - Tu existes. - Tu crois ? - Tu existes. - Et si j’hurlais Geriko, et que tu ne le voyais pas ? Et si je criais en silence, chaque seconde ? - Je ne veux pas t’effacer. - Je suis un mensonge. - Non. - Une illusion. - Arrête, Christal. - Tu ne vois pas ? - Arrête. - Je ne veux plus de ces chaînes. - … - Libère-moi maintenant. C’est terminé. - Je ne voulais pas. - Tire Geriko. Tire. S’il te plait. Je suis fatiguée. - Je ne voulais pas. - Ne t’en fait pas. Je serais toujours là. Avec toi. - … - Quoi qu’il arrive. - … - Parce que je ne suis jamais vraiment partit. Jamais. - Tu mens. - Tire. - Tu mens. - Tire. S'il te plait. - Tu n’existes pas. Tu es dans ma tête. - Tire. C’est ce que Geriko avait dit, avant que tout n’explose, tout autour d’eux.
« It's time to leave this awfull place You can walk for miles and not see a smile And no one knows our different ways Cause its beign a while Just going through the tiles... »
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