Et la détresse de Sakyo fut plus grande encore, remarquant bien que Yarashin ne savait pas vraiment quoi faire. A cet instant, l'idéal aurait été tout simplement d'aller aider Oji-chan ou Kentaro qui était peut-être encore vivant. Mais il semblait accorder plus d'intérêts aux renseignements et à la récupération de ses clous. Et il fallait le dire: l'écrivain avait réagi vivement, et lancé cet "ordre" d'aider les autres principalement à la princesse. Mais elle était restée là...

Cependant, il y avait un problème... Lui-même était incapable de bouger. Et ce n'était pas à cause de la souffrance que lui procuraient ses blessures, non. Il était littéralement paralysé, ses mouvements ne répondaient pas. Mais il n'arrivait même pas à lutter, ce n'était pas comme si ses déplacements rencontraient une résistance, il était figé.

*Putain! Qu'est-ce qui se passe?*

Seuls ses yeux bougeaient lentement, il pouvait voir alors ses alliés dans la même situation que lui. Il tenta de voir aussi Oji-chan, mais ce dernier était dans un angle mort, et ne pouvant même pas tourner la tête, il ne pouvait que rester dans l'intrigue, ne sachant même pas si ce dernier allait pouvoir s'en sortir...

*Bougez! Bougez! Aidez le!*

[Désolé pour le post qui est très court, mais je n'ai pas vraiment trouvé beaucoup de choses à dire.]

L'otaque continuait à arracher des clous sur le cadavre, insensible aux tourments intérieurs de l'écrivain.
Lorsqu'il songeait aux agonisants, il n'envisageait qu'un transfert, déclenché par l'extermination de la cible masquée.
Pour les sauver, il fallait finir la mission.
Alors qu'il réfléchissait à cela, un clou attira son attention par sa résistance.
Peu importe la volonté qu'il y mettait, la pièce de métal ne bougeait pas d'un millimètre.
Il tenta d'ouvrir la bouche pour signifier son mécontentement, mais ses lèvres restèrent immobiles.
Il se rendit alors compte que ce n'était pas le clou qui lui résistait, mais tout son corps.
Un lent coup d'œil à ses compagnons lui fit comprendre, que ce n'était pas sa tentative d'arracher le clou qui provoquait cet état.
Le hall était une galerie de statues de cire ensanglantées.
En proie à la panique, Yarashin tenta désespérément de fermer les yeux pour ne pas voir la suite, qu'il supposait brutale et douloureuse.

Les humains ne réagissaient jamais vraiment de la même façon devant la même situation, c’est ce qui rendait l’humanité tellement imprévisible. Quand des gens voyaient une vague gigantesque déferler sur eux de très loin, certains fuyaient, d’autres observaient le phénomène comme s’ils n’étaient que les spectateurs du drame à venir. Quand deux apprentis motard faisaient tomber sa moto quasiment à l’arrêt et se brûlaient un peu la cheville, l’un restait inerte à se plaindre de sa douleur, alors que l’autre utilisait sa colère pour relever immédiatement l’engin motorisé.

Dans le cas d’Akane, la jeune femme ressentit un bref moment de stupeur lorsque tout son corps se figea , suivit d’un sentiment très fort de familiarité qu’il l’empêcha peut-être malgré elle d’éprouver de la panique. Il était possible qu’elle se trompe, mais quand elle était arrivée dans la chambre de la sphère noire, elle avait cru ressentir cette paralysie pendant une fraction de seconde, alors que son corps était presque totalement matérialisé. Dans l’absolu, personne ne devrait reprendre conscience avant une matérialisation complète, et pour rappel, Akane avait peut-être tord, sinon, elle pouvait être l’exception à cette règle. Toujours est-il que cette sensation de paralysie était de fait familière à la militaire qui en déduisit que cela ne devait pas provenir d’un ennemi, sinon il aurait utilisé ce pouvoir bien plus tôt.

Il était tout à fait possible que la source qui parasitait leur équipement soit étrangère aux martiens, et provienne par exemple d’un équipement expérimental de l’établissement médical. La mission pouvait être finie et les gantzers seraient alors dématérialisés pour rejoindre la chambre. Or, la source parasite pouvait fort bien interférer dans ce rappel et figer les humains. Dans ce cas, Gantz finirait par reprendre le contrôle et à les ramener.

Bien sur, il était aussi possible que tout cela soit faux, que des martiens surviennent et les massacre aisément en profitant de leur paralysie, mais Akane pensait sincèrement que sa première théorie était la plus crédible. Elle conservait donc son calme en attendant la suite des événements, et si elle mourrait une deuxième fois, elle pensait toujours qu’elle avait eu la chance d’avoir une deuxième vie, et somme toute que cela avait bien plu à sa tendance aventureuse.

Dans sa position, la jeune femme ne pouvait croiser le regard de personne, ce qui était dommage parce qu’elle aurait aimé réconforter éventuellement la noble Himiko, même si cette dernière n’en avait certainement pas besoin, ayant un moral d’acier de par sa nature divine même. Néanmoins, dans le pire des cas, il serait fortement regrettable de n’avoir pas pu la protéger. Le seul tort d’Akane serait alors de n’avoir pas pu emmener la noble en lieu sur, que ce soit de gré ou de force, et donc … manu militari. Ce serait une faute impardonnable, d’où son attachement à penser à une issue qui leur serait davantage favorable.

La princesse d'Inaba avait enlacé l'écrivain, le réconfortant à coût des classiques "c'est finit, tout va bien maintenant..." mais le goujat l'avait repoussée aussitôt qu'il avait reprit ses esprits. Que pouvait-il bien penser d'elle ? Qu'elle était une virago orgueilleuse, manipulatrice, sans coeur et narcissique ? Bon, ce n'était pas tout à fait faux non-plus. Mais tout de même, Himiko n'était pas chaste, à sa place d'autres seraient bien plus vaniteux, elle était loin d'égaler les vieux de la vielle du milieu politique en matière de coups tordus, et surtout, elle aimait son pays davantage qu'elle même.

Ne les avaient-elles pas protégés du mieux qu'elle le pouvait, au lieu d'aller chercher la gloire au plus fort du combat, tout en étant protéger par les plus expérimentés en matière de combat ? Comme le disait sa partisane de la police militaire, les équipes fonctionnaient mieux dans les étages supérieurs qu'en ces lieux où elle avait décidée de rester pour protéger les faibles. Malgré les pertes et le danger encouru, elle était restée rationnelle jusqu'au bout et avait privilégié sa vie, qui avait plus d'importance que celle des autres gantzers, dont elle pleurerait le second trépas en temps voulu. En tant que personne publique, elle n'avait pas le droit de prendre en compte ses sentiments personnels lors de prise de décisions.

*Quelle populace ingrate...*

Néanmoins, il avait raison. L'état de santé de Kentaro l'inquiétait, d'autant qu'elle l'avait laissée seul avec le vieil homme étranger. Elle prit la parole pour donnée une succession d'ordres rapides.

"Bien, nous devons faire vite. Il reste peut être encore dans les parages des ennemis qui nous guettent. Ueno-san, vous venez avec moi, je vais voir la situation de Kentaro. Les autres, sécurisez l'endroit, nous reviendront bientôt, il faut monter Kentaro dans les chambres supérieures."

Se souvenant de la civière, elle se leva pour aller la chercher quand la paralysie l'a saisie brusquement. Himiko se rendit vite compte qu'elle ne pouvait ni parler, ni se mouvoir, ni même bouger ses pupilles. Elle était paralysée, et se rendit vite compte que c'était aussi le cas des autres, car ses sens étaient toujours à l'affût. La sensation lui était étrangement familière, mais quelque chose ne collait pas, quelque chose n'allait pas.

Peu à peu, les gens autour d'elle disparurent. Et elle se retrouva seule. Le fardeau de tous les gens de pouvoir, et en particulier celui d'un monarque. Impuissante dans son immobilité, elle se tenait debout, trônant silencieuse, les deux mains appuyées sur la tsuka de son sabre, la lame légèrement planté dans le sol. Himiko luttait pour reprendre le contrôle de son corps. L'inaction lui pesait, mais elle n'avait pas encore commencé à paniquer. Profitant du temps imparti, elle réfléchissait aux derniers évènnements, et aux actes de Sakyo. Ce n'est, bien évidemment, que lorsqu'elle pensa qu'elle voulait vivre, et non rester en ces lieux macabres avec les restes du pompier et des nurses qu'elle avait tuée, que le dieu endormi exauça enfin son souhait.