Malheureusement, peu de personnes avaient répondu à son appel. Le plus étonnant fut de voir que le vieillard avait été un des plus prompts à répondre. Les seules personnes qui avaient suivi avec Kentaro étaient le médecin et son assistante, dont Sakyo grava le nom peu commun et à consonance européenne dans sa mémoire. Seulement, les présentations s'arrêtèrent là. C'était prévisible, et pourtant l'écrivain ne put s'empêcher de sursauter, lorsque le colosse s'avança vers eux. Ce n'était pas une approche rapide, mais sa présence seule avait de quoi impressionner. Et ses paroles d'autant plus, puisqu'il exigeait des explications, portant clairement en dérision les présentations qui parurent certainement futiles à la majorité des personnes présentes ici. Encore une fois un échec, mais Sakyo ne s'écrasa pas. Certes, c'était un géant qui se tenait en face de lui. Et certes, c'était un regard noir qui était posé sur lui. Mais il y avait quelques jours, il avait démantelé tout un gang et s'était vengé de sa mort ainsi que de celle de Mariko... Aussi, il ne baissa pas les yeux. Il soutint ce même regard.

Il pensa un instant à prouver sa force en répondant par la provocation, en encaissant un très certain coup de poing, mais il se rappela que la combinaison avait un seuil de tolérance qu'il se devait de conserver. Et surtout, il ne fallait pas créer d'animosité au sein de la chambre. Créer un conflit avant même que la mission ne commence, c'était un mauvais plan. Et le colosse qu'il avait en face de lui pouvait être un allié précieux s'il pouvait seulement lui faire comprendre qu'un travail d'équipe était quasiment nécessaire pour s'en sortir. Alors, tout en soutenant ce regard, il répondit malgré tout. Tant pis, il répèterait lorsque d'autres arriveraient.

"Tout le monde veut savoir. C'est normal, alors laisse moi répondre au reste de la chambre."

Il ne le quitta pas des yeux. Il fallait que Sakyo garde un air ne serait-ce qu'un peu plus supérieur. S'il devait s'écraser face à l'homme, alors personne ne pourrait croire en lui. Il éleva la voix, de façon à ce que tout le monde puisse entendre. C'est alors qu'un autre personnage arriva. Un homme obèse, aux cheveux longs et noirs, équipé d'une... perceuse? A quoi avait-il pensé pour mourir dans une telle posture? En tout cas, cet homme, de part son air intellectuel et fragile, rappela la condition qu'avait longtemps connu le romancier (et qu'il connaissait encore). Et lorsque ce jeune homme posa la question de savoir quel était le nom de cette sphère, Sakyo ne put que se désoler de ne pouvoir lui répondre dans l'immédiat... Actuellement... il y avait malheureusement plus urgent.

"Tu arrives au bon moment. Je suis désolé, mais tu interviens dans un moment où je ne peux pas me permettre de privilégier ta réponse. Mais crois bien que je le ferais plus tard. Tu es... intéressant. (Il vissa de nouveau ses yeux sur le géant) Tant pis pour les nouveaux arrivants. Nous leur expliquerons plus tard. Ce qui s'est passé -je pense que vous l'avez plus ou moins tous compris- c'est que vous êtes morts. Ou plutôt... au moment de votre mort, vous êtes arrivés ici. Il faut que vous vous imaginiez comme étant un original et que votre copie serait morte à votre place."

Il avait dit cela en pensant à Reika. Même si le site de Nishi avait parlé de la chose en considérant les arrivants dans la chambre comme étant des copies, il préféra épargner cette idée là aux nouveaux venus. Ce n'était qu'une histoire d'appellation, mais la starlette elle-même avait très mal vécu le fait d'être une "copie". Aussi, cette appellation "d'original" devait pouvoir soulager quelques esprits, même si ce n'était qu'une invention de sa part. Il continua par la suite.

"Je sais, c'est incroyable. Mais je vous en prie, laissez donc votre esprit cartésien de côté et croyez moi. Parce que cela va se produire. La sphère va émettre une musique pour finalement afficher une photo. Un genre de photo assez étrange puisqu'elle affichera une créature. Un "martien". Des informations totalement inutiles seront à l'écran et on vous demandera de le tuer. Ensuite, la sphère s'ouvrira, vous livrant des combinaisons et des armes comme celles que je porte (il désigna son Y-gun à la main pour le pointer ensuite vers son holster). Mais avant cela, d'autres personnes doivent arriver. Et d'ailleurs, avant de décider que vous ne me croirez pas, vous n'avez qu'à vous toucher les uns les autres. Nous sommes tous arrivés par la téléportation, nous ne sommes pas des hologrammes et nous ne connaissons aucune technologie qui touche à ce genre de chose, d'ordinaire. Et si cela ne vous suffit pas... expliquez moi pourquoi il vous est impossible de toucher les murs, ou même les poignées de portes et de fenêtres."

Il reprit place en face de l'encadrement du couloir où étaient isolés les deux personnages nus, résolu à les laisser tranquilles pour le moment. Ce faisant, il gardait encore les yeux rivés vers son éventuel adversaire... ou allié. Tout dépendrait de sa réaction et de la crédibilité qu'il lui attribuerait s'il y était enclin. Puis il repensa encore à sa première mission... Certains n'y avaient pas vraiment cru, et même Mariko avait montré un caractère résolument humaniste. Peu de gens s'étaient préparés à cette "attaque" et beaucoup en étaient morts. Demander de croire en lui, malgré l'étrangeté de la situation, peut-être que cela ne marcherait pas...

"Je sais que malgré l'étrangeté de la situation, certains ne vont pas me croire, ce que je comprends. Mais à tous, je ne vous demanderais qu'une chose. Portez les combinaisons. Et si vous trouvez des individus qui ressemblent à ce fameux martien... Ne les prenez pas à la légère, aussi étranges qu'ils soient. Certains sont morts avant vous. Et... si vous n'y prêtez pas attention, alors sans doute que d'autres mourront ce soir..."

Finalement, il déporta son regard vers le seul pour faire une moue exprimant sans doute un certain regret. En effet, il pensait à Saki, Mariko et l'aveugle... Et puis toutes ces autres personnes... même les vétérans étaient morts. Il avait dit le maximum de ce qu'il pouvait expliquer dans un discours synthétique. En tout cas, il espérait avoir calmé le géant et avoir réussi à captiver son attention. C'était incroyable, oui, mais son seul crédit pour appuyer ses propos, pour l'instant, c'était les souvenirs des morts des nouveaux arrivants et les murs impalpables... Le reste n'appartenait qu'à eux... Mais cela dit, comme le chauve l'avait étonné en venant le menacer de la sorte, il serra le poing, prêt à répliquer si ce homme décidait de le frapper, pensant que son discours ne valait rien... Puis il éleva de nouveau la voix, à l'attention du jeune obèse, sans quitter les yeux du sol, comme si le regret s'était fait plus grand que tout le sérieux qui l'avait dominé durant son long discours.

"Quant à toi... Cette sphère, il paraît qu'elle s'appelle Gantz, même si je pense que ça désigne plutôt l'homme qu'il y a dedans."

Kuma fixe Sakyo avec une sorte de dédain. Plus il le regarde, plus l'envie de le briser devient forte. Pourquoi ? Son air supérieur, son langage un peu soutenu ou les choses qu'il révèle... C'est viscéral, il n'arrive pas à supporter ce genre d'individus, car ils lui rappellent une part de son passé.

Dans ses premières années de lycée, ces personnes étaient nombreuses, et prenaient plaisir à se moquer de lui, parce qu'il n'était pas très attirant ni très intelligent. Il en avait beaucoup souffert.

Heureusement pour Sakyo, Kuma est quelqu'un d'impulsif mais pas stupide. Il prend la peine d'écouter ce que son interlocuteur a à lui révéler, bien que le désir de lui coller un coup de poing dans l'abdomen le démange plus il débite ses salades. Tout ce qu'il dit paraît crédible, parce qu'il ne cherche pas ses mots et semble connaître son sujet, mais ça ne veut rien dire, que ce soit son monologue ou ce que leur présence implique. Une mort pas réelle, des copies de soi, une sphère qui ramène des gens, puis finalement un "martien" et un équipement de jeux vidéos. Aux yeux du géant, c'était n'importe quoi...

Un instant, son expression se durcit. La tension est palpable, presque angoissante. Finalement, suite à ses dernières paroles, Kuma laisse Sakyo tranquille pour aller vérifier cette impossibilité de toucher les parois extérieurs. Il bouscule quiconque se trouve sur son passage pour atteindre la baie vitrée et tente à plusieurs reprises de s'emparer des poignets. Il se rend bien vite compte que c'est inutile et que ce gamin a raison... Ca ne lui convient pas. Pas du tout. Il se sent utilisé, comme un jouet.

Pour le moment, il se replonge dans le silence, le regard rivé sur la ville. Comme un volcan qui s'est calmé, jusqu'à sa prochaine éruption.

Yarashin s'apprétait à grommeler lorsqu'il reconnut le discours.
Il tapota son clavier et pointa un doigt boudiné sur son écran.
Il semblait fébrile, cette impression s'accentuant à chaque mot.
De temps en temps il semblait perdu, comme si le discours du présumé leader ne semblait pas suivre sa logique, puis l'excitation revenait.
La réponse à sa question l'acheva.
Il replia son ordinateur, silencieux.
Il tremblait comme si la vérité était trop forte pour qu'il puisse la contenir.
Puis la barrière des ses lèvres craqua.
YATAAAAAAAAAA!!!
Il hurlait cette proclamation de victoire le poing en l'air, dans une pose tout droit sortie d'un sentaï.

Si les nombreuses conversations et tensions autour de lui ne furent pas capables de l'extirper de son état sélénien, le cri de satisfaction du garçon obèse s'en chargea.

Soudain réveillé, il pousse son onomatopée favorite, avant de s'élancer lui aussi dans cette danse de la joie ridicule, les bras en l'air et la gorge déployée, accompagnant à distance Zurui dans son délire.

" YATTAA !! "

Allez savoir pourquoi.

La situation était vraiment étrange, beaucoup d’individus l’avaient rejoins par le biais de ce laser. Une femme métisse de l’armée à l’attitude rebelle, un médecin et son assistante qui s’étaient présentés à la demande du dénommé Sakyo. D’ailleurs, Vargas avait remarqué que pas mal d’adolescents étaient présents dans l’appartement. Parmi ces jeunes, seul le garçon qui semblait connaître Sakyo avait daigné se présenter, Kentaro. Ces deux là avaient l’air d’en savoir beaucoup sur leur présence ici. Il y avait aussi deux hommes corpulents, un guitariste et un homme très âgé de petite taille qui s‘était aussi présenté. Enfin, il y avait ce géant à l’attitude peu réconfortante qui s’était approché des deux amis.

Vargas avait depuis l’apparition de la métisse abaissé son arme et s’était montré calme en observant l’attitude de chacun. Celui qui l’inquiétait le plus était le grand homme vis-à-vis de Sakyo. Ce dernier s’était montré très sympathique, notamment envers l’adolescente nue qui s’était réfugiée dans le couloir. A son apparition, le vieil homme avait détourné les yeux par politesse. Le jeune homme qui avait attiré l’attention sur lui par les déclarations qu’il venait de faire s’était montré généreux et s’était une qualité qu’affectionnait tout particulièrement Vargas.

Ces dernières déclarations étaient déconcertantes et incompréhensibles, mais il était prêt à le croire car il avait constaté qu’il manquait bien une balle au chargeur. Ces deux adolescents semblaient avoir déjà vécu cette expérience. Sakyo parlait de martiens, d’armes, de combinaisons, de morts, d’autres personnes devaient arrivées…
Vargas avait toujours été très ouvert et participer à des débats sur les extraterrestres, le futur, l’exploration spatiale ou encore le paranormal ne le dérangé absolument pas mais là, c’était vraiment difficile à croire. Même si la présence de cette sphère et d’eux même s’avéraient être des arguments très convaincants. Il s’approcha du trio.

« Je m’appelle Vargas Von Casteirn. Je suis prêt à vous croire mais cette histoire de martien à tuer est étrange. Savez-vous si c’est un projet de l’armée? »

Il voulut poser une autre question mais il fut coupé par les cries de l’adolescent qui regardait par le fenêtre et l’homme à l’ordinateur.

Tout le long de son discours, l'écrivain s'était préparé à contre attaquer au cas où un poing viendrait cueillir son visage. Mais finalement, ses paroles semblèrent avoir eu raison de la conscience du géant qui, même s'il le laissait transparaître au premier abord, était bien loin des grandes brigands stupides, compensant avec leur tour de bras. Sakyo l'avait remarqué en soutenant son regard: ce dernier n'était pas vide, et ce n'était pas le genre à ne posséder ni intelligence, ni jugeote. Aussi, il s'écarta pour constater cette impossibilité de toucher les parois. Et alors que le romancier se soulageait de ne pas avoir eu à se protéger d'une attaque, un autre homme s'approcha de lui.
C'était le vieil homme aux traits européens. Une assez grosse bedaine et une énorme moustache, surmontée d'un regard clairement bienveillant. Une approche bien différente que celle du colosse. Et cela dit, même s'il le dépassait de par sa grande taille, Sakyo ne put s'empêcher de sourire à son approche, voyant comme un nouvel allié, pour le moins inattendu. Après tout, les personnes âgées n'étaient pas toujours partisans d'une idée adoptant la science fiction. Souvent, elles étaient archaïques, du moins, parmi les personnes qu'avait pu connaître l'écrivain. Alors il se prépara malgré tout à quelques critiques, ou plutôt qu'on lui réclame d'autres explications.

Et en effet, on lui en demanda. Un ton pacifique, amical, la volonté de croire en lui... Cela lui fit vraiment plaisir. Mais pourtant, cette présentation marqua comme une pause. Pendant presque une minute, il ne répondit pas à la question du vieil homme, à savoir si cette chambre concernait l'armée. Il se contenta penser un bon moment, répétant juste un instant, presqu'imperceptiblement "Von Casteirn..." avant de se remettre à parler. Mais des cris avaient retenti dans la pièce: le jeune obèse et le type totalement absent avaient commencé à faire une danse de la victoire, hurlant un "yataa" assez étrange compte tenu du fait qu'un moment plus tôt, Sakyo avait énoncé des possibilités de mourir. Une seconde fois.
Il fit alors un signe de tête à Vargas, tentant de lui faire comprendre qu'il répondrait à sa question, puis se dirigea vers le duo loufoque. Un temps passa, durant lequel l'écrivain commençait à accumuler une colère qui ne lui ressemblait pas. Puis d'un coup, il attrapa les deux personnages par le col, les soulevant alors du sol. Lui qui était tellement mince arbora alors une musculature exagérée, conférée par le pouvoir de la combinaison. On pouvait à présent voir un nouvel aspect de l'univers dans lequel se trouvaient maintenant les nouveaux venus. Puis Sakyo hurla alors.

"Arrêtez de rire! C'est grave! Des gens sont morts! C'est très grave! Vous n'avez donc pas écouté?"

C'est seulement après avoir évacué sa colère que Sakyo les reposa au sol. Il réalisa alors que son action était de trop. Il avait mal fait en décidant d'agir de la sorte. Lui qui voulait qu'on lui attribue encore l'espace d'un moment un certain respect, il se retrouvait comme dépassé par des enfants. Alors, aussi étrange que cela fût, il s'excusa, réalisant alors que ce nouveau venu ne devait connaître la chambre qu'à travers le site de Nishi. Ce jeune homme ne connaissait pas encore le danger qui l'attendait, et c'était malheureux. Alors il fallait qu'il l'écoute, ne serait-ce que dans la chambre.

"Désolé... Je n'aurais pas dû agir comme ça. Mais si tu connais cet endroit grâce à des sites internet, tu dois comprendre que la vie de tous, ici, est en danger. Tu ne peux pas avoir le luxe de te réjouir... Pas encore."

Il s'était uniquement adressé au jeune obèse, puisque l'autre semblait absent en permanence. C'était un personnage assez étrange et difficile à cerner. Encore fallait-il espérer tirer quelque chose de lui. Et surtout, voir s'il était capable de survivre... Après cela, il se tourna vers le vieil homme à qui il avait promis une réponse. Il s'excusa de nouveau avant de lui apporter ce qu'il attendait.

"Je m'excuse encore pour cet incident... Pour ce qui est de l'armée, on en sait rien. Vous savez, moi et Kentaro n'avons effectué qu'une seule mission et nous n'avons pas vraiment d'informations. On sait seulement qu'il y a d'autres chambres comme celles-ci, avec ce genre de sphère, et ce à travers le monde entier. Après, s'il y a un grand patron derrière... je l'imagine, mais je doute encore que nous puissions savoir qui il est. L'armée ce serait plausible, mais pourquoi utiliser des citoyens plutôt que des soldats dans ce cas? Ce n'est pas ce qui manque, dans les guerres qui gouvernent le monde... Alors même si la mort devait être nécessaire pour venir ici, ce serait plus logique d'envoyer des soldats, des gens expérimentés plutôt que nous."

Le jeune homme au manteau dénommé Sakyo répondit à la place de Kentaro dans un premier temps, assurant de façon calme que ce n’était pas une farce. Le problème initial, c’était qu’Akane n’avait pas pensé que ces deux-là étaient victimes de la farce, mais qu’ils pouvaient en être les complices et se jouer d’eux. Du moins, l’avait-elle envisagé comme une éventualité avant que Sakyo aille aider la jeune femme dénudée, pour qu’elle revête son manteau. Non, ça ne collait pas. La perception humaine, tout était dans la perception humaine, et Akane avait pour ainsi dire vingt-cinq ans d’expérience dans ce domaine. Quand des petits boulets prétentieux donneurs de leçon auraient vu quelque chose d’anormal dans les réactions de la jeune femme, quelqu’un ayant au minimum deux neurones en état de marche aurait compris que c’était l’instinct, et le métier. Akane n’avait pas besoin d’être une commissaire près de la retraite pour être douée, d’autant qu’à cet âge-là, des neurones, il n’en restait plus beaucoup … néanmoins, la militaire n’était pas infaillible, contrairement à son héros absolu, le grand Chuck Norris. Kentaro prit alors la parole et avertit Akane de ne pas croire à la farce, sinon elle pouvait se préparer à mourir. Cette dernière en prit note, se détendant un peu, observant les diverses réactions autour d’elle. Le vieillard était sans intérêt, le pervers nu à surveiller même s’il semblait peu dangereux. Le rêveur semblait drogué à la colle, vraiment bénin lui. Le docteur et la jeune femme avec lui étaient de toute évidence encore à coté de leurs chaussures mais qui pouvait leur en vouloir pour ça. Ce n’était pas encore le moment de se ressaisir. La tolérance, l’indulgence d’Akane remontaient comme une ancre de bateau, sauf que par moment, elle considérait ces deux aspects de sa personne comme des défauts, et non comme l’image libératrice de l’ancre remontée pour hisser les voiles et voguer vers de nouveaux horizons …

Akane ne remarqua pas la réaction d’autres femmes mais ne manqua évidemment pas l’arrivée d’un jeune homme de forte corpulence et qui semblait prendre son pied à respirer à priori l’air comprimé d’une sorte de perceuse portable. Pourquoi pas, après tout, c’était sa vie, ou sa mort. De quoi s’y perdre … quant à la surcharge pondérale, il pouvait fort bien souffrir d’un souffle au cœur qui l’empêcherait de se livrer à un minimum d’effort physique, et de toute façon, ce n’étaient pas les affaires de la japonaise. Bien sur, s’il avait été dans son service, elle lui aurait fait cracher ses poumons, pour son bien, certes, mais ce n’était pas le cas. En tout cas, il avait du sang-froid, et du bon sens, demandant comment la sphère noire s’appelait. De la tolérance, Akane en eut même pour l’espèce de brute qui avait menacé Sakyo, lequel lui répondit avec l’assurance de quelqu’un qui ne se sentait nullement intimidé, et même, qui avait de quoi répondre à une éventuelle menace. La jeune femme sentait ce genre de chose, si le chauve avait attaqué, Sakyo aurait riposté. De fait, la militaire avait de quoi retourner le poids et la force même du colosse contre lui, mais elle lui aurait simplement tiré une balle dans le genou, ça l’aurait calmé davantage. Or, la brute montra alors qu’elle savait utiliser sa cervelle, se calmant avant de s’éloigner un petit peu. C’était un bon point pour lui, et un mauvais pour la pensée hostile initiale de la japonaise, alors un peu plus sur la défensive, il est vrai.

Akane notait que Sakyo était vêtu de cette combinaison étrange, même si on n’en voyait alors que le haut. Elle lui allait bien, mais devait bien avoir une fonction importante pour être portée même en dehors de cette salle … après tout, Takeshi la portait ce soir-là, au restaurant, alors qu’il se détendait … peut-être la portait-il dés qu’il sortait … et Kentaro avait une moitié de combinaison en arrivant, même que Sakyo lui avait dit de faire attention, de rester invisible … la jeune femme en déduisit que s’ils étaient téléportés en ce lieu sans leur tenue, ils n’en auraient probablement pas d’autre, et sans elle, ils seraient en danger de mort. Ce bout de tissu fournirait-il une protection ? Dans ce cas, elle serait vraiment issue d’une technologie inconnue, vraiment étrange … quant aux explications de Sakyo, alors là … Akane n’avait pas spécialement un esprit cartésien, mais le choc était quand même brutal. Elle demeurait calme mais elle avait du mal à digérer en quelque sorte de telles informations. Mort … copie … original … déjà, qu’est ce qui prouvait qu’ils n’étaient pas un alias de leur ancienne existence, qu’ils n’étaient pas des clones ? Sakyo était-il sur de lui, ou avançait-il là une théorie pour les rassurer, et se rassurer ? Ensuite, ils devaient éliminer un martien ? Tout ça n’avait aucun sens, ce serait donc une sorte de jeu cruel ? De chasse au … monstre ? Sakyo et Kentaro avaient l’air de revenir ici, alors ce n’était pas la première fois que cet événement avait lieu, peut-être des gens revivaient-ils dans cette ville depuis des semaines, peut-être même depuis des mois, voire des années. Dans cette ville ? Et s’il y avait une autre salle dans le pays, et pourquoi pas d’autres lieux identiques dans le monde entier ? Une chasse au monstre, mais qui chassait qui ? La frontière entre le prédateur et sa proie était si fine. Des gens se voyaient visiblement une deuxième vie après la mort, pourquoi pas, mais pour subir une mort encore plus atroce dans les griffes de monstres terrifiants ? De fait, en toute logique, la jeune femme n’imaginait pas qu’on leur demanderait de chasser des pokemon, quoique, ça pouvait être retors un pokemon, mais une entité plus proche de la créature difforme dans le film « Alien ». Non, pas Arnold … quoique, il pouvait être retors, Arnold, avec sa façon de revenir, même s’il n’aurait rien pu faire contre Chuck Norris.

Après toutes ces réflexions, Akane en déduisit qu’elle n’était pas plus avancée, et que rien ne valait l’expérience sur le terrain pour se faire une meilleure idée de la situation. Jusque-là, autant jouer le jeu en évitant de s’étriper, sauf en cas de légitime défense … à ce moment-là, le vieux monsieur s’avança et se présenta avant de demander s’ils étaient inclus dans un projet de l’armée, gardant son calme malgré le fait que deux des nouveaux faisaient preuve d’une joie assez insolite. Il semblait à Akane que l’homme corpulent avait commencé à s’agiter dès qu’il avait entendu comment la sphère noire s’appelait, avant d’exploser de joie. Il avait l’air d’avoir reconnu Gantz … la jeune femme se serait alors exprimée mais Sakyo s’était mis en colère, une réaction surprenante chez une personne qui semblait plutôt calme. Il hurla que des gens étaient morts, que c’était grave, et souleva les deux gus à bout de bras comme si c’étaient des fétus de paille ! D’ailleurs, sa tenue avait réagi, lui fournissant visiblement un apport musculaire proprement surnaturel ! Akane ouvrit de grands yeux stupéfaits en voyant un tel prodige, et les garda encore écarquillés quelques instants après que le jeune homme ait déposé au sol ses proies avant de présenter ses excuses. La militaire l’écouta parler d’une mission, de sa théorie sur l’armée, avant de s’exprimer à son tour, plus amicalement cette fois :

"Je suis Akane Ueno, je bosse pour notre armée d’autodéfense mais là, je ne suis pas en service, alors si quelqu’un a quelque chose à se reprocher, je ne le mettrai pas en taule, en tout cas, pas ce soir. Et puis si je suis morte, je ne vais pas faire du zèle, hein. Ou morte vivante, ou revenue à la vie, ou dupliquée. J’ai entendu vos explications, Sakyo, vos théories, et je vous concède le bénéfice du doute. Je vois mal l’armée utiliser une technologie extra-terrestre tombée du ciel pou enlever des civils issus de toutes catégories et tester leurs réactions en vue d’une invasion martienne, où on demanderait à la population de traquer du martien dans les rues de leur banlieue. Il me semble qu’ils emploieraient en effet l’élite militaire, mais je ne suis peut-être pas objective. Comme tout cela est peu flou, plutôt que de choper une migraine à chercher la vérité sans avoir assez d’indices pour ça, on va plutôt voir comment ça se passe sur le terrain. Vous avez dit, une mission, une chose à éliminer, il faut survivre donc. Dis comme ça, ça a l’air simple mais en voyant votre réaction musclée, ça ressemble plutôt à un Enfer sur terre, dans ce goût-là. J’ai juste quelques questions pour vous, Sakyo, ou vous, Kentaro. Ce gun, là, ça crache des balles spéciales, du laser, des ondes explosives, de l’acide sulfurique ? Ca se recharge ? Vous pouvez m’en passer une, un instant ? Je ne m’en servirai pas, c’est pour voir son équilibre, son poids."

Zurui et Sakurai font déjà la paire, mais ils sont aussitôt calmés par Sakyo qui surprend l'assemblée en ayant recours à sa fameuse combinaison. Sans mal, il saisit les deux hommes par leur col, faisant une démonstration de force inattendue qui ne laisse pas grand monde indifférent. Une nouvelle onomatopée interrogative se fait entendre.

Une fois relâché, Sakurai fixe Sakyo sans animosité, conservant ce faciès impassible et presque inanimé. Il semble plus attentif aux propos qui se tiennent, mais est-ce seulement une apparence ?

Toujours positionné face à la baie vitrée, Kuma assiste à l'intervention de ce Sakyo sur les deux énergumènes qui lui chauffaient déjà les oreilles. Son initiative fut remarquable, et au delà de la prouesse physique que cela représentait, le géant accorda un point à l'intellectuel, car si il ne s'était pas chargé de ces deux-là, il ne serait pas resté bien longtemps immobile pour sa part.

Désormais, il s'intéresse de près à la combinaison. Lui qui a pratiqué beaucoup la musculation, il sait pertinemment que ce que vient de faire Sakyo n'est pas réalisable étant donné son gabarit et sa musculature apparente. De ce fait, comme il l'avait vaguement mentionné auparavant, c'était donc que cette tenue noire offrait de nouvelles capacités, ou plutôt, les décuplaient. Cette réalité collait bien à la situation évoquée.

Une telle tenue... Il en a toujours rêvé, depuis le jour ou il fut un martyr au primaire. Peut-être que la chambre vient d'accueillir un soldat qui se sentirait comme un poisson dans l'eau au sein de cet univers.

Pour l'ancêtre, c'est une autre paire de manches. Déjà que ses tympans lui font défaut, voilà que les explications du jeune homme deviennent de plus en plus excentriques. Avec l'agitation et les tensions qui se créent, il ne sait plus trop où donner de la tête, et lorsque le garçon poli calme les ardeurs des deux chiens fous à l'air ahuri, Oji Chan ne peut s'empêcher de pousser un cri de surprise en se redressant, les yeux exorbités.

Bien vite, le calme revient et les paroles insensées aussi. Malgré tout, le vieux monsieur comprend rapidement qu'on parle de guerre, de violence, de choses désagréables qu'il n'a que trop souvent traversé. Devant l'enjeu ridicule d'un nouveau conflit, il pousse un long soupire et marmonne dans sa barbe blanche, les yeux rivés sur le plancher.

" De la guerre... encore de la guerre... Ce n'est qu'un non-sens. "

La déception se lit dans son regard fatigué. Il est bien de ceux qui ne croient plus en l'humanité, depuis qu'il a vu toutes les horreurs que l'homme est capable d'engendrer. La déception s'accroît, surtout parce qu'il se dit que ces demoiselles ne sont pas là pour servir sa vieille âme.

" Alors, ces belles femmes dénudées ne sont qu'éphémères, ce n'est pas le ciel... " dit-il plein de désarroi.

Yarashin ne semblait pas vraiment choqué par le comportement du "leader".
Il comprenait l'utilité de la démonstration ainsi que le mal que son comportement faisait à l'état d'esprit de l'"équipe".
Aussi réprima-t-il (péniblement) la fierté qui brulait ses tripes.
Il ne put toutefois s'empêcher d'étaler sa science devant la militaire métissée.
Vous aurez votre propre DelayedLocalPulseGun bien assez tôt.
Le CreepyHumanControlledSphere est surement en train de charger la mission et l'équipement.

Les nouveaux arrivant ce montrer réticents à se présenter, certain même ce montrer violent, on aurait put s’y attendre bien sur, la première chose qui lui vint à l’esprit fut qu’il y aurai des morts, qui ? Quand ? Aucune certitude pour le moment.
Le yankee semblait tout aussi perdu que les autres et voulait des réponses mais plus vite que les autres, la encore quelques vagues avant que le pire soi repoussé, mais jusqu'à quand ? Plus tard des moyens de faire pire que maintenant s’offrirait a lui était-ce raisonnable de le laisser attendre cela ?
Docteur, assistante, vieillards le tour des adultes à proprement parler été faits. Suite à quoi il eu des cris de joie, anormal dans ses circonstances ou alors était-ce la joie d’être encore en vie ? Bref à ce moment là il ne s’attendait pas non plus à un étalage de force de la part de Sakyo, geste complètement exagéré,un simple rappel aurait suffit d’après lui… Enfin il n’allait pas discuter de ce geste avec lui de toute manière.

Nouveau soupire de sa part, il aurait tellement préféré se balader par cette nuit, au lieu de ça il se retrouvais enfermés dans cette chambre avec toutes les implications que ça donnais. Les questions posé par Akane, a présent présenté pour le dire, allait toutes dans un très bon sens et il fut étonné qu’elle soi si juste dans ses réflexions.

- " Eh bien pour faire simple… pas de munitions tir illimité, l’arme est plutôt légère et il y en a trois type en tout dont un fusil pour l’actionner il faut maintenir les deux gâchettes, quand à l’effet… et bien, ça ressemble a une explosion provoqués de l’intérieur, après quelques secondes d’attente, c’est suffisamment efficace pour faire un trou dans un mur en béton je pense… Voila ... "

Les mots était sorti simplement, le sujet il avait eu à le comprendre lui aussi il y a pas si longtemps, il avait parlé sans discontinués appuyant de certains gestes c’est propos, à la fin il en fut même gêner de s’être exprimer de cette façon. Mais avant que ça n’ai pus ce voir sur son visage L’une des personnes que Sakyo avait « agrippés » ce mit a nouveau a s'exclamer , il ne comprenait pas du tout ce qu’il disait et n’y prêta là non plus pas beaucoup d’attention.
Mentalement il se calma et parti sa combinaison en main dans la cuisine, la contre l’embrasure de la porte se tenait l’homme nue au cheveux long, il n’y prêta pas attention et allas directement dans un coin et se changea aussi vite et du mieux qu’il put avec sa moitié.
En revenant il donna son jean et son T-shirt a l’homme.

- "Mets ça ou certaine de ces dames finiront par être choqué… "

Sans plus y prêté attention il s’appuya les bras croisé contre l’embrasure de la porte regardant tout ce beau monde.

La réaction musclée de Sakyo avait eu de quoi étonner la gallerie, c'était certain. Et de toute évidence, le vieillard s'était montré d'autant plus surpris, puisqu'il avait laisser jaillir comme un jappement. Mais heureusement pour le romancier, personne n'avait tenté d'aider les deux personnages, pensant qu'il aurait été une menace. En vérité, tout le monde avait gardé son calme, et à présent, il semblait que certains l'écoutaient bien plus qu'il y avait quelques instants. Le vieillard laissa échapper d'ailleurs quelques paroles, marquant comme un certain regret. Sans doute qu'il aurait préféré un paradis plutôt qu'une sphère meurtrière. Ce qui était tout à son honneur, à vrai dire.
Mais ce fut la militaire qui sembla montrer un intérêt tout particulier à ses paroles. Cela le conforta dans l'idée que cette fois-ci, il allait certainement avoir un bon élément dans son équipe. Le statut de militaire, c'était déjà quelque chose. Mais en plus, elle cherchait à connaître la situation, et ce n'était pas le cas de tous. Même si elle ne semblait pas adopter les théories de Sakyo, elle avait de toute évidence envie de se familiariser avec l'équipement. Aussi, Kentaro lui expliqua les choses brièvement... mais en oubliant quelques points. Sakyo avait pu compter notamment sur l'effet rayon X de l'arme et aussi sur le X-gun. Mais pourtant, ce ne fut pas ces oublis qui choquèrent l'écrivain... ce fut l'intervention du jeune obèse, certainement prompt à montrer sa connaissance de l'univers. Il allait être intéressant de lui toucher deux mots... Mais pour l'heure, Sakyo allait devoir apporter quelques plus à l'explication de son comparse, qui n'était pas complète à son goût. Lorsque ce dernier alla s'habiller, il s'approcha de la jeune femme pour continuer ses précisions.

"Si je puis me permettre, Kentaro, tu as oublié quelques détails qui m'ont beaucoup aidé (Il s'avança vers la métisse pour sortir son X-Gun du holster et le lui tendre, comme elle voulait manipuler l'objet). Tu vois, la gâchette du haut sert à activer un rayon X. Ça peut aider à trouver le point faible d'un ennemi, ou à voir à travers une brume, de la fumée... Au bout d'un moment, elle peut verrouiller un ennemi. Après, les deux gâchettes en même temps, c'est le tir, avec un temps de latence de cinq secondes je crois. Il y a la même version avec un fusil qui a une lunette et une mollette pour réguler les tirs. Quant à ce pistolet (il montra le Y-Gun, sans le donner), il reste utile mais n'est pas vraiment offensif. Il y a encore l'utilité du rayon X et du verrouillage, mais il tire des filets qui immobilisent l'ennemi. La seconde gâchette sert à "envoyer" la cible. En fait on ne sait pas vraiment où elle va... Elle est téléportée quelque part, à la manière dont on arrive devant la sphère avec cet étrange filet."

Ses précisions terminée, il fit un signe de tête à son interlocutrice, lui faisant comprendre qu'il allait toucher un mot au jeune homme à la perceuse. Elle pouvait garder l'arme un moment si elle le souhaitait. De toute façon, il allait certainement y avoir assez d'armes pour tout le monde.

"Dis moi... Tu as l'air d'en savoir pas mal sur cet endroit, sans être jamais venu ici... Tu peux m'expliquer ce que tu sais globalement de cette sphère? De cette chambre? Ou même des missions? On dirait que tu sais déjà de quoi tu parles et tu emploies des termes que je n'ai jamais entendu jusqu'ici. (Il jeta ensuite un coup d'oeil à l'étrange équipement du garçon) Et... ahem... Pourquoi tu as cette perceuse entre tes mains, au juste?"

Yarashin savourait l'intérêt qu'il suscitait.
Le pouvoir de la connaissance était une des bases du petit univers que lui et ses comparses constituaient.
Et maintenant, il en savait plus qu'eux sur le monde.
La dernière question de Sakyo le ramena à la réalité.
Tentant de se constituer une attitude froide et déterminée(que ses précédents agissements rendaient ridicule), il répondit d'un ton posé en ramassant l'outil de bricolage.
A vrai dire, il s'agit d'un lance-clou à air comprimé. Il me fallait une arme pour me tuer durant la fenêtre de sélection des morts sans que quiconque ne le sache. J'ai donc bricolé avec une cartouche de gaz surcomprimé.
Pour le reste, j'ai eu une semaine pour compiler et potasser le contenu de plusieurs sites traitant des sphères noires.
Rangeant l'outil dans une grande poche, il sorti son ordinateur, faisant défiler une fenêtre.
Si je me fie au terme que vous employez pour désigner celle-ci, vous devez être dans l'équipe de Nishi Joichiro, collégien de la zone de Mita. Où est-il, d'ailleurs?

Ainsi, cet adolescent s'était suicidé... Et cela, exprès pour rejoindre Gantz... Pendant un instant, Sakyo eut encore plus envie de le sermonner qu'avant. S'il n'avait pas eu la combinaison, peut-être même qu'il l'aurait giflé. Mais il se contenta simplement de lui adresser un regard plus que noir. Vraisemblablement, ce jeune homme ne savait pas ce qui l'attendait... Et pourtant, il le comprenait. L'écrivain avait voulu mourir en héros, mais son acte revenait tout de même à un suicide. Et en réfléchissant un peu plus, il se rendit compte que s'il avait pu apprendre l'existence de cette chambre plus tôt, lui qui rêvait de combats épiques où il serait le héros... et bien sans doute qu'il aurait imité ce geste.
Alors au final, il transforma progressivement son regard. Il passa des yeux sombres à l'air désolé, puis enfin à l'air intéressé. Car en effet, le jeune homme ventru avait ajouté des propos qui montraient une connaissance en commun. Ce fameux Nishi. De ce collégien, il n'avait mémorisé que le fait qu'il était vétéran et fondateur de ce site. Il n'avait pas pu lui adresser la parole plus que dans la chambre, puisque leur groupe s'était dissous rapidement par l'attaque surprise des martiens skulls.

"Nishi est mort à la dernière mission. Nous étions seize et nous sommes revenus cinq. Et entre temps, deux d'entre nous ont été appelés à une période différente. Je les ai vus être téléportés mais je ne les ai jamais vus revenir. Et c'était pendant une période d'entre-mission... Si tu peux m'expliquer ça, je preneur. Dans tous les cas, au final nous ne sommes plus que trois. Kentaro, moi et Antonio, un européen qui devrait venir bientôt. Il est fort mais... mais... disons que... Enfin peu importe, je n'aime pas sa manière d'agir."

Ce nouveau venu n'avait que pour sources différents sites sur les sphères noires, de tout évidence. Mais ce qui était alarmant, c'était de savoir qu'il avant recensé et mémoriser TOUTES ces informations. Il allait être un allié précieux, rien que pour ses connaissances. Oh, il n'avait pas l'air très fort, c'était certain, mais il était averti. Et c'était quelque chose qui comptait presque autant, voire bien plus que la puissance d'un colosse ou bien celle d'un combattant passé maître en arts martiaux. Dans tous les cas, s'il pouvait expliquer pourquoi Kyou et Reika avaient disparu, cela enlèverait une épine du pied du romancier...

"Moi, c'est Sakyo. Écoute, j'ai déjà vécu une mission mais je ne sais pas si j'ai les mêmes connaissances que toi. Si tu penses pouvoir apporter une aide à quiconque ici, qui soit autre que l'explication des armes basiques, je te laisse le faire."

Yarashin laissa Sakyo parler, le sentant assez énervé pour le frapper. Sauf qu'il savait que la combinaison lui arracherait la machoire. Il pianota à nouveau pour retrouver les informations.
Je m'appelle Yarashin Zurui. L'anomalie dont tu parles est recensée dans un certain nombre de sites, mais aucun n'a pu fournir d'explication plus réaliste qu'un bug système. Ils ne sont jamais sur le tableau des pertes, donc le système ne les considère pas comme morts. Par contre est-ce que-Ah!-oui il y a un uruguayen qui a fini par revenir, mais impossible de savoir depuis quand il était "parti". Lui-même ne semblait pas s'en être rendu compte.
Sinon, il me semble que vous n'avez pas parlé des CranianExplosiveTranponder.
Il avait dit la dernière phrase en tapotant sa tête de l'index, désignant une zone sur le côté gauche de son crâne.

Alors que la période des transferts semblait terminée, Gantz décida de grossir ses rangs en amenant une nouvelle personne. Ou plutôt, en ramenant.

Le rayon scintillant commença par le sol, matérialisant des pieds. Un autre rayon se chargea du bassin, un troisième du torse. En quelques instants, un corps de grande taille et relativement musclé fut entièrement matérialisé. Cette fois, ce corps-là revêtait la combinaison de la Sphère Noire. C'était donc cet Antonio qui devait logiquement apparaître selon les dires de l'écrivain. Ainsi, il gagnerait en crédibilité puisque sa supposition s'avérait exact... mais il n'en fut rien.

Ce n'est pas un Européen qui entra en scène, mais un ancien combattant de cette chambre-là. Un combattant qui avait mystérieusement disparu du jour au lendemain, un peu de la même manière que Kyou et Reika s'étaient volatilisés. Un nom et un prénom.


Kazuo Kuwabara.


Bien que droit et le torse bombé, exhibant un corps bien entretenu, il avait les yeux clos, comme placé dans un état de sommeil. Il était encore armé, possédait deux Holsters. L'un deux supportait le poids léger du X-Gun, reconnaissable par sa forme, et l'autre comportait un sorte de manche que les vétérans ici n'avaient pas encore vu. Une fumée grise l'entourait déjà, la cigarette sur ses lèvres était encore allumée.

Soudain, les paupières du jeune homme s'ouvrirent lentement dans un battement de cils. Il redressa la tête, le regard légèrement caché par sa chevelure bouclée. D'entrée de jeu, il sentit un vide immense en lui. En regardant tout droit devant lui, il aperçut Gantz et comprit immédiatement où il était. Cependant, sa mémoire s'était transformée en trou noir, encore plus noir que la matière de la Sphère. Il ne se souvenait de rien, l'inconnu total. Le plus loin qu'il était capable de se rappeler était sa deuxième mission, sur l'autoroute de Tokyo contre ces martiens motards. Il se rappela du viol de la martienne, alors une montée incroyable d'adrénaline le gagna subitement et le réveilla pour de bon.

Subséquemment, il se mit à chercher des visages connus, tournant la tête de droite à gauche en espérant retrouver Onizuka, Nishi, ou même ce militaire casse-couille. Mais il ne les vit pas, s'intrigua. Il fit l'inventaire des gens présents en silence. Tout au fond de la pièce, il y avait un espèce de colosse chauve qui le fixait et à quelques pas à peine, une adolescente semblant apeurée prenait ses distances vis à vis du géant. Elle était partiellement cachée par un couple de médecins, encore en tenue de travail. Les personnes les plus proches de lui étaient un groupe constitué d'une fille métisse dénudée qui attira tout particulièrement son attention et sa sympathie, ensuite il y avait un vieil homme avec un sacré ventre et moustache, puis un autre vieillard tout fripé qui concurrençait largement le premier par sa barbe et son âge avancé.

* Après l'animalerie, l'hospice... *

Il continua pour trouver un type à l'air paumé, sans intérêt, à côté d'un petit gros. Les deux personnages les plus intéressants étaient les deux garçons qui portaient la combinaison. Il les repéra de suite, et se posa une bonne dizaine de questions à la suite. Il était certain de ne jamais les avoir vu durant la deuxième mission, hors cette mission là n'avait pas encore commencé, il n'y avait pas de cibles affichée et les compartiments étaient encore fermés. Donc ils appartenaient à une mission antérieure, logiquement.

* Et moi, merde ?! Je me souviens de rien... où sont les autres ? *

Il passa une main sur sa nuque, étrangement douloureuse.

Kuwabara poursuivit son inspection de l'autre côté de la chambre. Il remarqua un européen avec une guitare, bien à l'écart. Demi-tour par dessus son épaule vers la cuisine, il aperçut une forme aussi dégoûtante qu'un alien et ne préféra même pas s'attarder sur ce gros lard à poil, portant après un regard désintéressé sur le gosse terrorisé qui se tenait recroquevillé derrière lui. Enfin, le couloir. Il ne voyait rien d'ici. Le plus beau cadeau de la chambre lui était donc pour le moment inconnu.

Il sentit l'odeur de tabac qui émanait de lui et se rappela alors qu'une clope ornait ses lèvres. De plus en plus bizarre. Il tira une latte, puis laissa filtrer un nuage de fumée de sa bouche. Il recouvrait peu à peu ses sens, mais la situation lui était bien étrangère, alors qu'il avait déjà deux missions à son actif.
L'idée d'une autre chambre lui traversa bien l'esprit mais un unique coup d'oeil du côté de la baie vitrée lui fit comprendre qu'il était resté à Tokyo, grâce à la tour lumineuse. Alors ce n'était pas ça non plus.

 " Yo...  " fut le seul mot qu'il prononça, avec une nonchalance extrême.

Il reporta par la suite son regard sur ses nouveaux coéquipiers.



Et si Gantz, n'avait rien à voir avec son retour, ou même sa disparition... ? Pourquoi Kuwabara revenait-il maintenant ? C'était un mystère complet. La possibilité d'un bug était envisageable, mais dans ce cas, qu'est-ce qui justifierait la suite des événements... ?

Les événements s'étaient passés à une vitesse hallucinante.
Après l'arrivé de la superbe créature à la peau mate et aux seins à l'air, que Jérôme identifia comme une stripteaseuse. Beaucoup d'autres personnes étaient apparus de façon similaire. Matérialisés dans l'air, comme dessinés par un spot laser, utilisés lors de ses concerts.
Il était resté assis et silencieux dans un coin de l'appartement. Il avait gratté quelques cordes de sa chère "Laura" pour vérifier que le "transfert" ne l'avait désaccordé. Il n'en était rien.
Il était, malgré tout, resté conscient et alerte, comme toujours. Il avait écouté et analysé chaque personne depuis leur arrivé. Et il continuerait de le faire jusqu'à ce qu'"ils" soient tous arrivés, d'après le jeune homme.

Ce défilé d'arrivés avait quelque peut balayé son dégout premier d'être encore de se monde. Sa curiosité lui dictait de résoudre ce mystère. La jolie pépé arrivée juste après lui, avait captée son attention en particulier, organes mammaires oblige. Bruyante et dynamique, elle cherchait des réponses à ses questions.

**Patience poupée, observe plutôt!**

Ensuite était arrivé un furio, un gamin stressé qui semblait en savoir un peu plus que les autres, des médecins, et un jeune homme qui, lui, semblait avoir des réponses. Manifestement la boule portait un nom, étrange. "Gantz"! Le mot, aux sonorités germaniques, ne lui disait rien.

"Bon... ça ira, Kentaro. Pense à prendre un contrôleur, reste invisible et évite tout danger... Kyou a eu de la chance mais ça n'arrive pas à tout le monde..."

Avait dit le jeune homme au gamin." Contrôleur"," invisibilité"," danger". Ces mots n'étaient pas tombés dans l'oreille d'un sourd.

**On nous envois au casse pipe? On nous fournit du matériel, manifestement. Le jeune Kentarou devra rester invisible à cause de ce bout de plastique. Peut être une protection défectueuse.**

Le jeune homme inspecta une série de flingues sortis tout droit d'une saga galactique.

**Nous allons donc au combat! J'ai jamais vu des flingues comme ça.**

Arriva ensuite un autre gosse, chargé de sacs de courses.

**Mon thé au lait préféré. J'ai vraiment soif, moi!**

Il afficha un air incrédule, mais ça semblait être une habitude chez lui. S'en suivie d'une masse suintante de graisse, de sueur et de foutre. Une parodie d'être humain, caractérisé par un manque de dignité abyssal. Ce pourceau se réfugia dans la cuisine, impossible de dire si sa fuite fut motivé, par sa propre pudeur ou par la domination mentale de l'incarnation même de la classe et du bon goût, pour préserver nos yeux de ce spectacle gerbatoire.

**j'ai plus soif, là!**

S'en suivie de l'apparition d'un vieille homme. L'air endormie, notre présence le fit sursauter au bord de la crise cardiaque.

**Reste avec nous, grand père**

Il regardait autour de lui, l'air fébrile, quand apparu à nouveau, le corps superbe d'une jeune femme. Entièrement nue et occidentale, cette fois ci. Elle semblait aussi paumée que les autres. Et, s'apercevant ou se souvenant de sa nudité, s'enfuie vers le vestibule pour se cacher.

Ensuite, la bombe du début fit encore parler d'elle, elle toucha le bout de plastique de kentarou, s'exclamât qu'elle connaissait cette matière et prononçât un nom: Takeshi.

**J'espère le voir celui là.**

Elle menaça ensuite l'assemblé de représailles physiques, si on ne lui expliquait pas ce qu'on faisait là. Bien que Jérôme voulut la même chose, l'idée qu'une fille de sa corpulence puisse "botter" les fesses du colosse le fit sourire en roulant des yeux. Le ton qu'elle employa sonna si faux, que Jérôme ne lui portât plus d'attention. Il préférait observer le jeune homme qui s'était adressé à Kentarou avec flegme. Il se dirigeait vers la porte où la jeune fille nue s'était réfugiée, s'arrêtant en travers de celle ci, il semblait faire rempart de son corps. Il invalida ensuite la théorie de la Call girl et tendit sa veste en signe d'altruisme à la nudiste forcée.

**Voilà qui est mignon!**

Il annonça ensuite que les explications devraient attendre encore, qu'un européen devait arriver. Et que tous auraient droit à leur part de se tissus.

**Voila qui confirme mes déductions. La logistique de cette chambre est impressionnante. Des moyens immenses semblent investies. Nos ennemis doivent être redoutables. Si tout cela est bel et bien vrai!**

Je m'appelle Sakyo Jinnai. Je suis étudiant et écrivain.

Enfin un nom pour cet intéressant jeune homme. Sakyo.

Si tu crois que tout cela n’est qu’une vaste farce, alors prépare toi a mourir.

Le gamin avait dit cela avec le sérieux d'un hémophile dans un magasin de rasoir.

**Je te crois moi, gamin**

Après avoir fantasmé sur l'arrivé de la jeune occidentale, le petit vieux se présenta à son tour.

Je suis Oji Chan.

Jérôme pensa d'abord à une blague. Oji Chan signifiait affectueusement "le vieux" ou "l'ancêtre" en japonais. Ce nom parodique lui dessina un rictus au coin des lèvres.

** Prénom: Oji Nom de famille: Chan. Grand père Cino-japonais de Jacky Chan! hehe**

Malgré ses efforts, Jérôme ne parvenait pas à effacer de sa mémoire la vomitive vision de l'apparition du pervers masturbateur. Il savait combien les japonais pouvaient être dérangés dans leurs délires d'otakus.

**Le contexte qui se prépare va nécessiter du sérieux et de la cohésion. Ce gros porc pourrait nous poser des problèmes.**

Mais, il préféra reléguer cette idée au second plan. Il y avait mieux à faire dans l'immédiat.

Ensuite, ce fut au tour des médecins de se présenter.

Je suis le Docteur Kakuzawa Yu
Ah... je... je suis l'assistante du Docteur Kakuzawa, Shirokawa Elisa...

Jérôme aimait bien les médecins. Enfin, ceux qui étaient prêt à écluser comme des barriques après leurs services. Ceux là semblaient stressés et déboussolés, on comprend pourquoi.

C'est à ce moment que le furio, s'approcha de Sakyo l'air menaçant. Il exigeait des réponses, sans laisser de doutes sur les conséquences si ses attentes n'étaient pas satisfaites.

Avant que Sakyo n'ait le temps de répondre à ce grossier personnage. Apparu un autre gros tas.

**Au moins, il est habillé celui là.**

Laissant tomber un objet rafistolé, il scrutât la sphère noir, puis l'ordinateur qu'il avait accroché autour du cou. Comme si rien d'autre n'existait dans la pièce, Il demanda alors le nom de la sphère.

**Les objets ont des noms, mais pourquoi les personnes autours de toi, susceptiblement arrivés de la même façon, sauraient comment elle se nomme?**

Elle s'appelait Gantz. Ce fait était des plus troublant. Mais plus troublant encore, ce nouveau venu semblait en savoir plus que la plupart des "débutants" de cette pièce. Il faudra soit surveiller, soit interroger ce gros lard.

Sans vraiment lui prêter attention, Sakyo faisait face au furio sans baisser le regard. Courageux, mais peut être téméraire. Il fournit ensuite des explications. Dont la précision, semblât calmer le géant.

**Pas si con le grand, faudra qu'on sympathise.**

Sakyo avait confirmé les déductions de Jérôme. Ils partaient au combat, matériel fournit. Comme il l'avait supposé plus tôt, les ennemis étaient mortellement dangereux. Mais le plus incroyable, c'est qu'il y avait, soit disant, un homme dans la sphère.

**Alors ça, je demande à voir, mon chère Sakyo!**

Ses explications avait arrachées une exclamations de victoire du gros pas tout nue, suivie immédiatement pas le benêt, trop content manifestement d'avoir une occasion de suivre quelqu'un dans une impulsion limbique.

YATAAAAAAAAAA!!!
YATTAA !!

Mais la surprise de voir ces deux là, fou de joie, alors que tous le monde était nerveux, n'empêcha pas le vieux rupin de se présenter à Sakyo.

Je m’appelle Vargas Von Casteirn.

**On y arrive!**

Encore un nom. Européen celui là. Avec celui qui doit arriver, ça fait 4 occidentaux, au moins Jérôme ne se sentira pas trop seul. Le ton employé par Vargas était calme et bienveillant. Un homme sage, Jérôme le respectait déjà.

Mais, le tintamarre des deux couillons finit d'agacer Sakyo, tant ils juraient avec la bonne volonté de Vargas. Il les attrapa par le colbac, pour les chapitrer sur le sérieux de la situation. Avant de s'excuser d'avoir été trop brutal.

**T'excuse pas, ces deux là l'on bien chercher!**

Mais la force avec laquelle il les souleva et la déformation de ses muscles sous ses vêtements, surprirent énormément Jérôme.

**Il est bien trop menu pour y parvenir seul. Il doit porter ce fameux bout de tissus. Peut être une sorte de combinaison.**

Elle protège et décuple la force. Un "contrôleur" permet de se rendre invisible. Ces armes aux allures futuristes. Ils étaient manifestement bien équipés. Ou peut être, tous juste assez bien.

Sakyo continua son explication. Lui et Kentarou avaient accomplis des "missions". Ce terme militaire jura avec la suite ce son monologue. Car, il avait été "choisies", eux, plutôt qu'une bande de soldats aptent au combat. Ils accomplissaient malgré tout des "missions". L'aspect coercitif de leur présence, mit Jérôme très en colère après ceux qui l'avait amenés ici. Mais, l'avait aussi rendu très résolu.

**Je m'en sortirais vivant. Personne ne me volera ma mort.**

Il y aurait aussi d'autres sphères comme celle ci à travers le monde. Jérôme ne se sentie qu'a moitié rassuré par l'idée que d'autres partageaient sa peine ailleurs. Mais cela confirmait que la logistique de tout cela était immense. Au delà de l'humainement possible.

Puis, parla la gogo danseuse, qui n'en était pas une. Akane Ueno. Soldate. Un nom bien mignon, qu'on entendait dans bien des mangas. Mais ce qui surpris Jérôme, c'est qu'une japonaise métisse fasse partie des 100 000 soldats de la force d'auto-défense du Japon, un pays aussi sexiste et nationaliste. Sur une population de 125 millions de japonais, les chances pour qu'une femme, métisse, puisse entrer dans les forces d'auto-défense étaient menues. C'est pourquoi, Jérôme avait d'abord pensé à une prostitué spécialisée dans le fétichisme de l'uniforme. Son attitude légère et inconséquente ne l'en avait pas dissuadée.

Elle posait malgré tout des questions pertinentes, même si frénétiques.

**On dirait l'héroïne d'"Excel saga".**

La suite des événements continua de confirmer ce que Jérôme avait déjà commencé à deviner. On parle encore de l'européen que Sakyo ne semble pas porter dans son cœur.

**Antonio, hein? Je t'attend le pied ferme!**

Et Nishi. Mort, manifestement. Dommage.

Alors que Sakyo et Yarashin, conversaient de choses les concernant, Jérôme vit apparaitre encore un nouveau venu, qui lui le subjugua. Il était en tenue et ne portait que ses "armes", Jérôme contemplait enfin la combinaison entière. Elle était cool.

Jérôme en avait appris beaucoup. Suffisamment? Non, définitivement non! Il ne savait toujours pas à qui faire confiance. Il refusait de se faire avoir par un nouveau système. Il refusait de se laisser voler sa fin. il refusait de baisser la tête. Sur ces pensés, il joua machinalement les notes du riff de "2 A.M" de Iron Maiden, doucement, chargé de l'énergie du désespoir.


2 A.M - Iron maiden 1995

Akane écouta attentivement les explications de Kentaro, puis celles de Sakyo, sans oublier celui qui s’était donc suicidé pour rejoindre cette espèce de jeu cruel. Seize participants, cinq survivants pour la mission précédente, c’était un taux de perte élevé, et peut-être bien beaucoup trop bas pour celui qui les avait emmenés en ce lieu. Quel serait le taux de perte la prochaine fois ? 100% ? L’équipement était puissant, cela signifiait que l’adversaire l’était au moins tout autant, voire même encore plus. Ce qui surprenait davantage Akane, c’était le fait que manifestement, les organisateurs de cet événement avaient laissé les survivants de la mission précédente rentrer chez eux avec leur armement, avec leur tenue. S’ils s’en étaient servis, ça aurait fait du ramdam, même si ça ne semblait pas le genre de Sakyo, de Kentaro et même de Takeshi, mais le comploteur, que la jeune femme décida de désigner sous le terme générique de Gantz, Gantz donc savait-il cela ? L’instinct de la jeune femme lui soufflait que Gantz devait avoir à coup sur un dispositif d’urgence. Si un participant au Gantz, disons un Gantzilla parlait de ce secret, montrait son équipement pour prouver sa bonne foi. Peut-être un poison dans le corps, telle une capsule de cyanure qui s’ouvrirait à distance et tuerait instantanément le fautif, ou un système de combustion spontanée pour le réduire en cendres. Etaient-ils observés en ce moment même ? Pas de caméra visible bien sur, mais ça ne voulait rien dire.

Inexorablement, la jeune femme, se sentant somme toute humaine à ce moment-là, encaissait le choc de ces révélations. De ce fait, elle ne voua qu'un regard fort bref au dernier arrivant, pourtant à la tenue spéciale entièrement visible, pour sa part.

Akane s’était manifestement trompée avec Sakyo, aux accents indubitablement sincères, même s’il pouvait être manipulé à son insu, en même temps, il avait l’air d’avoir cherché consciencieusement au sujet de Gantz. En tout cas, il était amical, tout comme Kentaro, tout comme l’ancêtre dénommé Vargas et comme le suicidé qui ne s’était toujours pas présenté. De fait, Akane se sentait moins en terrain hostile, du moins le danger n’était-il pas immédiat. Quand on est en péril, on ne cogite pas, on survit, l’adrénaline poussant à accomplir parfois des exploits, même si le corps peut en payer le contrecoup par la suite. Or, là, Akane commençait à mesurer les implications de ces événements, tout son coté irréversible. Elle s’était aussi trompée avec le jeune au lance clou. S’il s’était suicidé, s’il était venu ici en connaissant ce jeu cruel, c’est qu’il ne devait par aimer sa vie précédente, car il n’avait certainement pas espéré être matérialisé en ce lieu avec le corps de Brad Pitt, par exemple. Akane était morte, elle aimait sa vie, une autre commençait et une émotion s’insinuait dans chaque pore de sa peau. La jeune femme n’arrivait alors pas à cerner ce que c’était, de la peur, de l’angoisse, autre chose ? Elle ne savait pas. Elle ne savait qu’une chose à ce moment-là, il fallait qu’elle s’isole un peu, et ce n’était pas évident en ce lieu où tout le monde voyait tout le monde, sans porte à fermer. Quoique, il demeurait la porte de son esprit.

"Comme il n’y a pas de danger immédiat, comme rien ne se passe encore, je vais réfléchir à tout ça à tête reposée."

Dit-elle plus pour elle-même que pour les autres en reculant. Un pas, deux pas, son dos heurta le mur et elle glissa tout le long, jusqu’à être assise sur le sol, adossée au mur donc, ramenant les jambes vers elle avant d’y appuyer son visage, les yeux fermés. Elle ne tremblait pas, son souffle était juste beaucoup plus poussé : une longues inspiration suivie d’une longue expiration. Ca ne calmait pas son cœur qui battait bien plus vite dans sa poitrine, mais ce n’était pas de la peur. Son instinct la guida alors vers la source de cette émotion jusque-là inconnue, et sur le moment, Akane regretta de ne pas être restée dans l’ignorance. C’était horrible, c’était inhumain, comme si à un certain moment, les combattants, ceux qui avaient ça dans le sang, cessaient effectivement d’être humains. Le corps d’Akane lui disait avant son esprit que toute sa vie n’avait été qu’un prélude pour ce moment précis où elle allait combattre vraiment au péril de sa vie. Elle était au sommet de sa forme, de sa combativité, y avait-il un hasard à cela ? Etait-ce le destin ? Serait-elle totalement dans son élément pendant ce jeu cruel ? Elle redoutait d’aimer ça et préférait faire le vide dans son esprit, du moins faire comme si, en attendant le signal du commencement de tout ceci, peut-être. Lentement, les battements de son cœur reprenaient un rythme plus calme.

Un bug... La seule explication plausible à ce départ inattendu. Ainsi donc, ils étaient sans doute en vie. Et peut-être même qu'ils reviendraient à un moment. Cela soulagea Sakyo, qui s'imaginait devoir accumuler plusieurs centaines de points pour sauver ses amis... Oh, il comptait bien sauver Mariko et Saki, peut-être même d'autres... Mais il se devait d'acquérir un meilleur arsenal avant. Un soupir de soulagement se fit largement entendre, puis l'écrivain comprit, grâce à son nouvel acolyte (car il le considérait déjà ainsi) qu'il avait oublié d'autres explications. Le terme lui était inconnu, mais ce tapotement sur la tempe le lui fit très bien comprendre. De plus, comme il avait repensé aux points à accumuler pour sauver ses amis, il vit qu'il avait encore des explications à apporter.

Mais alors qu'il s'apprêtait à élever la voix de nouveau, un autre arrivant fit son entrée dans la chambre. Ce visage, cette chevelure, cela lui était inconnu... Mais un détail alarmant vint alors: des pastilles sous le menton. Et petit à petit, la combinaison se recréait devant lui. Ce n'était pas Antonio, c'était certain, mais très certainement un ancien combattant. Était-il victime d'un nouveau bug? Comme Kyou et Reika? Cet homme viendrait-il d'une autre salle? En tout cas c'était une étrange coïncidence que de voir un tel arrivant au moment même où il parlait de cette théorie de l'anomalie informatique avec ce Yarashin.

*Voilà autre chose... Un second bug j'imagine...*

Sakyo comptait bien parler à ce drôle d'arrivant. Mais actuellement, il avait encore des explications à apporter aux autres. Et c'était le principal. Il aurait aimé attendre que tout le monde soit là, mais bon... Puisque le géant l'avait décidé, autant aller jusqu'au bout. Il fit un signe de tête à l'homme à la combinaison pour lui faire comprendre qu'il l'avait remarqué et qu'il comptait bien lui toucher deux mots. Puis il éleva de nouveau la voix, à l'attention de tous.

"Ce n'est pas tout pour les explications. Quand la mission commencera, une zone sera délimitée. Elle est visible sur les contrôleurs (il montra le dispositif à son avant-bras) mais si vous n'en avez pas, ne vous inquiétez pas, une sonnerie retentira pour vous montrer que vous vous trompez de chemin. Elle devient de plus en plus forte à mesure que vous vous éloignez de la zone. Mais surtout, ne sortez jamais, sinon, c'est simple: votre tête explosera. De toute évidence -je ne sais pas comment c'est possible- nous avons des bombes dans la tête..."

Il croisa les bras et s'adossa à l'encadrement de la porte qui menait au couloir. Cette fois-ci, il commençait à appuyer ses explications par des gestes. Le dialogue se faisait un peu plus simple et à mesure qu'il parlait, il gagnait un peu plus confiance en lui. On lui portait bien plus d'attention depuis qu'il avait réagi violemment envers Yarashin et "l'absent". Cette fois-ci il allait commencer à parler des points. Cela n'allait pas lui donner vraiment de crédit par contre. Désormais, il le comprenait, même si la situation était étrange, cette histoire de points allait donner une dimension ludique à la mission, alors que ce n'était clairement pas le cas...

"Un autre point important. Je ne sais pas pourquoi on combat ces aliens, mais si vous me croyez et si vous voulez rester en vie et quitter ce "jeu absurde" il va falloir vous battre. Si je vous parle de jeu, c'est parce qu'à la fin de la mission, vous gagnez des points. Lorsque vous tuez un monstre ou "l'envoyez" avec le Y-Gun (il montra de nouveau l'arme concernée) vous gagnez des points. On ne sait pas combien, mais c'est proportionnel à la puissance de la cible."

Comprenant que cette précision était bien plus étrange que tout ce qu'il avait pu dire avant, il implora leur confiance avant de continuer.

"Je sais, ça ressemble à un jeu, peut-être même à une télé réalité et nous forcer à tuer pour des points est affreux... Mais je vous en prie il faut me croire... Enfin... Si vous voulez sortir de ce jeu, il faut accumuler 100 points et survivre. Une fois ces cent points atteints, vous aurez trois choix: Acquérir une arme plus puissante, ressusciter quelqu'un qui se serait battu à cause de cette sphère, ou bien sortir du jeu et ne plus en avoir aucun souvenir."

Cette explication terminée, il balaya la salle du regard, espérant voir si tout le monde l'avait écouté. Mais en vérité, il s'attarda un peu plus sur le guitariste. Il l'avait presque oublié, tant il était resté effacé. Peut-être était-il comme l'allemand de la dernière mission et qu'il ne parlait pas leur langue... Si c'était le cas, il allait falloir lui apporter des explications plus simplement... Il demanda alors service à Vargas.

"Excusez moi, monsieur Von Casteirn... Vous avez l'air européen, j'imagine donc que vous pourriez être bilingue. Ce guitariste, là bas, n'a pas parlé depuis qu'on est arrivé. J'imagine qu'il ne parle peut-être pas notre langue, c'est déjà arrivé. Est-ce vous pourriez lui donner des explications si c'est bien le cas? Je dois parler à ce nouvel arrivant... Ce... n'est pas Antonio."

Il se décolla de l'encadrement de la porte pour finalement se poster devant le combattant. Le romancier remarqua alors qu'une arme qui lui était inconnue trônait fièrement sur l'un des holsters. Une arme assez étrange... Cela ressemblait à un manche. Peut-être même un pommeau. Une grenade? Un chargeur? Un pommeau d'un sabre? Sakyo ne put apporter plus d'explications à cela. Et pour l'instant, c'était un détail sommaire. Il lui fallait d'abord connaître ce nouveau coéquipier.

"Excuse moi mais... Tu viens d'où? Je ne t'ai jamais vu dans la chambre."

Yarashin contemplait le nouveau venu, interloqué, car il était incontestablement japonais donc incapable d'être le fameux européen.
Soit Gantz avait décidé d'appuyer ses propos, soit il avait l'occasion de récolter de nouvelle données.
Mais il ne se sentait pas capable de lui parler, d'autant plus que Sakyo semblait avoir l'intention de le faire.
Il attendit donc patiemment qu'il ait fini les compléments, notant au passage des lacunes qui lui paraissaient essentielles, et donné ses ordres avant de l'accompagner au devant du nouveau.
Celui-ci semblait légèrement perdu, mais ce que remarqua d'abord Yarashin fût le manche à sa cuisse.
Il a un BladeExtensibleKatana!!
Cette pensée filtrait dans ses yeux brillants d'otaku.
Puis Sakyo posa sa question et Yarashin ne put s'empêcher d'y une interrogation qui lui paraissait cruciale.
Quel jour sommes-nous?

On avait remarqué sa présence, Kuwabara était devenu pendant un instant une nouvelle source d'attention pour eux, ainsi qu'une source d'interrogations supplémentaires. Cela n'empêcha pas Sakyo de fournir d'autres réponses aux questions incessantes qui lui étaient posées.

Kuwabara l'écouta sans broncher. Ce garçon connaissait beaucoup de choses, peut-être même plus que lui en fait. Il attendit patiemment que le discours soit terminé, tirant sur sa clope par petites bouffées. Finalement, le jeune Gantzer l'interpella pour tenter de lever le voile mystérieux qui l'entourait.

Sakyo : "Excuse moi mais... Tu viens d'où? Je ne t'ai jamais vu dans la chambre."

* Je t'ai jamais vu non plus... *

Il s'apprêta à lui répondre, mais le petit gros posa immédiatement une question surprenante et très maligne.

Zurui : Quel jour sommes-nous?

La date, évidemment. Ce gars était gros mais futé avant tout. Un sourire discret naquit sur les lèvres du revenant. Il mit un moment avant de se souvenir du jour exact qui marquait sa deuxième mission. La voix ténue par la présence de la cigarette entre ses lèvres, il répondit.

" J'étais dans cette chambre auparavant. C'est bien la chambre de Tokyo, pas vrai ? J'ai participé à deux missions, et je ne me souviens seulement de la dernière qui doit remonter au 15 ou 16 Août 2009. "

* Et j'espère que ça fait pas dix ans que je me suis volatilisé, putain... *

Kuwabara ne put s'empêcher de repenser à la course poursuite déchaînée en Gantz Bike, ainsi que le viol terriblement excitant de la martienne. Il ajouta une information supplémentaire pour les aiguiller au mieux.

" Ca a fait un beau bordel sur le périph'. "

Lui-même s'était encastré dans un magasin à l'entrée de l'autoroute...
Inévitablement, il pensa à Onizuka et Nishi. Si ils étaient absents actuellement, ils devaient être morts. Afin de s'en assurer, il posa une question en retour.

" Il y avait un grand black, un gosse assez sournois et bien barré : Nishi. Je me souviens d'un militaire et d'un flic. Ils y sont passés, pas vrai ? "

Au ton de sa voix monocorde, on pouvait deviner qu'il n'entretenait aucune relation particulière avec ces derniers. Personne ne se méfierait ainsi de quel genre d'individu il pouvait être. L'occasion de faire peau neuve. Discrètement, il jeta un coup d'oeil en direction de la métisse. Cette dernière semblait mal vivre son arrivée dans Gantz, recroquevillée de la sorte comme l'autre gosse. Kuwabara prévoyait déjà d'aller la réconforter. Mais pour l'instant, il se concentrait sur ses deux interlocuteurs.

Dans la chambre déjà animée, un nouveau faisceau laser s'agita matérialisant un individu de grande stature, extrêmement musclé et svelte, aux traits européens. Vêtu d'un pantalon à pince et d'une veste noirs visiblement hors de prix, d'un débardeur léger et de chaussures pointues en python blanc, symboles de son changement de statut ; le gantzer français, auparavant annoncé par Sakyo se dévoilait enfin au sein de la chambre.

Une petite sacoche en cuir marron sous le bras gauche, il était en train de feuilleter le magazine tabloïd duquel il faisait l'un des gros titres (" Quand les modèles s'encanaillent avec les loubards "), alors que la partie inférieure de son corps était en train matérialiser progressivement.

Ayant perçu une question posée au début de son transfert, par un combattant nouveau au sein de la chambre mais déjà équipé, il ne releva pas encore l'interrogation et se contenta de lever un sourcil en remarquant les conneries écrites par les journalistes à son sujet.

Se parlant à lui-même, il maugréa en français.
" Enculés de journalistes... "

Laissant le magazine toujours ouvert à la page le concernant, il le jeta négligemment sur le côté avant de répondre d'une voix calme mais assurée :

" Exact, ils sont tous morts en mission. J'étais présent. "

Son timbre avait changé depuis la dernière mission, sa voix devenant ainsi plus grave, profonde et posée, en raison des hormones qu'il avait surconsommé le mois durant.

Suite à quoi, son attention revint sur lui-même.
Il posa doucement la sacoche sur le sol, puis se redressant de toute sa hauteur, se fit craquer le cou de gauche à droite, en roulant des épaules vers l'arrière pour se détendre. Ceci amplifia un effet qu'il avait déjà commença à ressentir dans la chambre : une sensation de légèreté, de bien être et de force.

* Incroyable, Gantz a intégralement réparé les faiblesses que j'ai accumulé. *

Son corps avait été nettoyé des toxines qu'il contenait, ainsi que des nombreuses lésions musculaires et vasculaires qui avaient rongées Rossa. Son esprit aussi était plus clair, désormais il faisant jour dans sa perception de son environnement, le voile brumeux du PCP s'était levé, emportant sa rage bestiale avec lui. Du moins, pour l'instant.

* Je respire mieux, je vois mieux, je pense mieux, et mon attention est plus facile à canaliser. Quel sentiment agréable... *

Tranquillement il retira les straps contenseurs de son arcade désormais guérie, puis retira sa veste pour examiner ses bras, et son épaule anciennement blessée par le Martien Stoned. Se parlant une fois de plus à lui même, mais en japonais.

" Voyons un peu le reste... "

Alors qu'il inspectait son épaule, sa nouvelle musculature dévoilait aussi une évolution phénoménale dans son esthétique. Les 8 kilos de muscles acquis lui avaient donné un corps semblant trempé dans l'acier tant il était sec et dur. Chacun de ses muscles, se distinguant dorénavant de ses semblables.
Un mangaphile aurait tout de suite pensé aux personnages de la célèbre série Baki (de Keisuke Itagaki), tant la ressemblance des corps était proche.

Il s'en félicita.
" Impeccable. Bon travail Tomonobu... "

Puis il releva le menton, balayant la pièce du regard. Un regard froid et détaché, témoin de l'endurcissement mental qu'il avait subit durant son entrainement.

Il nota la présence de nombreux arrivants aux genres variés, remarquant au passage plusieurs étrangers, ainsi que les survivants Sakyo et Kentaro.
Certains individus l'avaient peut-être vu dans l'article le concernant, mais malgré tout, c'était un homme changé qui se présentait devant les gantzers survivants, tranchant nettement, par sa stature nouvelle, avec le reste de la pièce.

Non pas qu'il s'en soucia réellement, mais des questions lui vinrent à l'esprit : Kyou et Reika n'était-ils pas encore arrivés ? Que faisait ce gantzer inconnu dans cet appartement ?

Il s'adressa alors à Sakyo.
" Sakyo, tu me fais un topos ? "

Quelqu’un jouait de la musique, Akane ne reconnaissait pas cet air mais c’était un geste humain qui la rassurait, ce fut le facteur qui l’empêcha de ne plus rien percevoir la discussion devant elle. Bien que les yeux fermés, la jeune femme écouta donc toujours les paroles avisées de Sakyo, lequel les informa d’une zone délimitée, d’une bombe dans leur corps … ainsi, la jeune femme était en danger en ce moment même. Elle releva donc la tête et soupira paradoxalement de soulagement, préférant se trouver avec une épée de Damoclès au dessus de la tête que cogiter vainement, à en péter un plomb. Il lui fallait donc assurer sa survie, la jeune femme verrait bien ses réactions sur le terrain, même si dans son for intérieur, elle savait pertinemment que ce ne serait qu’une confirmation de ce qu’elle avait ressenti. Au final, le pire dans la vie, ce n’était pas de mentir aux autres, sans mensonge, la société se serait écroulée, non, le pire, c’était de se sentir à soi-même. Et pour ça, elle n’aurait aucune tolérance. Aucune indulgence.

La militaire balaya la pièce d’un regard tranquille, s’attardant un peu plus sur le musicien, au demeurant beau gosse, avant de passer aux autres. Si elle bossait pour l’armée, ce n’était pas pour la paie ou le prestige de l’uniforme, mais pour protéger cette société qu’elle appréciait malgré quelques rigidités, par moments, mais hélas pour un humain, on passait trop souvent d’un extrême à l’autre, et il valait encore mieux une conscience collective solide que l’anarchie, que la loi du plus fort. Elle devrait donc aider les bonnes volontés ici présentes pour que tout le monde survive. Ca n’allait pas être du cake, mais au moins ce serait un défi suffisant pour la garder combative en permanence. Ce serait difficile parce qu’elle ne connaissait pas ces gens, ce n’était pas comme si elle était dans son unité. Il pouvait y avoir une brebis galleuse, le ou la fourbe qui par amusement pouvait compromettre sa survie même pour se payer du bon temps avec une japonaise à la peau noire. Oui, une femme pourrait faire ça aussi, pas de sexisme. Une femme pouvait aussi violer. Faire un minimum confiance tout en étant vigilante, ça allait être pimenté, tout ça, voire …

Excitant ?

A ce moment précis, un autre individu apparut, lui aussi déjà prêt pour le combat. Un européen de toute évidence, avec ce petit air particulier qui faisait penser à la japonaise qu’il était soit italien, soit français. Les premiers mots qu’il utilisa étaient moins chantés que l’Italien mais la jeune femme n’était pas une experte en langues étrangères. Elle en parlait deux couramment avec l’américain, même si elle pensait surtout en japonais, ce n’était déjà pas mal. Italien ou français, ça ne ferait à priori aucune différence mais sans doute contaminée par le coté fleur bleue de ses amis, Akane avait un faible certain pour les français. On disait des italiens qu’ils étaient doués pour séduire, et des français qu’ils étaient des dieux au lit. Ca faisait peut-être cliché, mais après tout, beaucoup de japonais continuaient à penser que les femmes à la peau noire étaient de nature perverse. La japonaise noire était un peu perverse, certes, mais certainement pas de nature, ça aussi, elle le devait à une société qui pouvait avoir l’air coincée sur le plan sexuel, mais dans l’intimité, la réalité était toute autre. Au demeurant, la jeune femme n’avait pas la tête à la sociologie.

*Holy shit, quel homme*

Akane voyait en l’apparition du dernier gantzilla un combattant sur de sa force, avec un corps musclé, vif, parfait pour assumer son esprit de guerrier. Ce n’était au demeurant pas un coup de foudre mais la jeune femme referma sa bouche, ayant eu la sensation que sa mâchoire inférieure allait se décrocher et tomber par terre. Façon de penser, évidemment, pour symboliser le fait que l’apparition de l’européen l’avait pour le moins impressionnée. Ne ressentant alors plus le moindre trouble, Akane s’assit cette fois de façon plus décontractée, écoutant toujours les autres gantzillas, peut-être avaient-ils un meilleur terme pour se désigner. C’était sûrement inutile mais elle entreprit de passer lentement ses mains dans sa chevelure, cherchant sur son crâne harmonieux une éventuelle cicatrice qui aurait pu être laissée par l’insertion d’une bombe corticale. Ce geste était peut-être en fait motivé pour cesser d’observer le dernier arrivant.

Les pupilles orientées très haut dans ses yeux, comme si elle aurait pu voir son crâne, un réflexe somme toute humain, la jeune femme avait donc aussi les bras levés, ce geste soulevant sa veste et comme elle ne portait rien en dessous, cela rendait visible sa taille fine, son ventre plat, ses tablettes de chocolat naissantes. Tout en faisant cela, donnant l'impression aux moins perspicaces qu'elle se massait le cuir chevelu, Akane se remémorait les paroles de Sakyo concernant la récompense. Les militaires donnaient des médailles, là, c’étaient des points. Cent points. Pour le moment, ça ne voulait rien dire. Tuer un ennemi donnerait-il un point, cent point ? Ca devait être en fonction de la puissance de l’ennemi, il ne fallait pas être sorti du génie militaire pour le comprendre. Quant à la récompense … gagner sa liberté, ranimer un ami à la vie, avoir une arme plus puissante … instinctivement, Akane ne croyait pas à la liberté, où alors, elle n’y croyait plus. Si elle gagnait sa prétendue liberté, Gantz continuerait à n’en pas douter. C’était ce coté irréversible qui avait aussi un peu amené la jeune femme à se replier sur elle-même, mais ça ne lui faisait pas peur. Non, Akane ne demanderait pas sa liberté, elle aurait préféré gagner dix mille points et demander la liberté de tous, l’arrêt de ce jeu, mais de toute évidence, l’option n’existait pas. Restaient deux récompenses, la dernière étant séduisante mais dangereuse. Dans l’esprit de la militaire, quand on permettait à un soldat d’avoir une arme plus puissante, c’était en vue d’affronter un ennemi encore plus puissant. Restait la récompense la plus humaine, ramener un compagnon à la vie. Akane était particulièrement bien placée pour savoir ce qu’on ressentait quand on perdait un frère d’arme. Dans tous les cas, c’était un peu tôt pour faire des plans sur la comète. Un soldat pensait-il à sa cuite du soir en débarquant sur une plage, sous un déluge de feu, alors que son ami était taillé en pièces avant même d’avoir posé le pied sur le sable ? Hmmm. Oui, mû par l’espoir, la source de leur plus grande faiblesse mais aussi de leur plus grande force.

Dans cette pièce mystérieuse, le temps ne semblait pas arrêté. Réfugiée dans son impasse, Eileen écoutait d’une oreille discrète mais attentive la suite des évènements dans la pièce principales. De nouvelles voix, s’élevèrent, de nouvelles personnes semblaient intégrer la pièce subitement, et tout ce petit monde commençait à se poser de très sérieuses questions. Visiblement, il y avait des paumés comme elle, et d’autre beaucoup plus renseigné sur le bordel actuel. La demoiselle haussa un sourcil, lorsqu’elle entendit parler de « guerre », ou de « combat ». Parfois, on pouvait entendre certains mécanismes qui lui rappelait le dernier son qu’elle avait entendu avant de se suicider involontairement.
Un homme s’avança prudemment vers elle, sans trop la regarder, et lui légua sa veste, dans un geste de bonté, pour essayer de redonner un peu d’intimité à la jeune femme. Dans un sourire en coin, elle s’empara du vêtement et remercia ce gentleman d’une voix sulfureuse et chaude.

« Merci, c’est bien aimable à vous … »

Elle enfila la veste, qui bien que possédant une coupe purement masculine, ne lui allait pas trop mal. Elle cachait à peine ses fesses, et le col donnait une vue imparable sur sa poitrine bombée. On pouvait se demander si elle n’était pas plus discrète nue, à présent.
Mais ne perdant pas le nord, Eileen fouilla hâtivement les poches du vêtement, et n’en ressorti que poussière ou quelques pièces de centimes.

* Fauché l’écrivain … *

Car, entre temps, elle avait eu écho des présentations de la troupe. L’homme semblait être écrivain de métier. Il fallait croire que ça ne rapporte pas temps que ça. Visiblement, il semblait aussi y avoir des médecins, et un musicien, si on écoutait la petite mélodie acoustique couverte par le brouhaha sonore. Apparemment tout le monde avait rivé son attention sur un nouvel arrivé, à bien écouter les réactions, dont il semblait émaner une forte odeur de tabac. Au taquet, Eileen se redressa subitement, éprouvant une déchirante envie de s’en griller une, rien qu’une toute petite cigarette. Elle se mordit la lèvre, puis, éleva la voix en direction du séjour.

« Euhm, excusez moi, quelqu’un n’aurait-il pas une cigarette ? »

Elle ne s’attendait pas vraiment à un retour, car ici la plupart des individus étaient préoccupés par eux-même. Puis, à part la précédente âme charitable, qui bien irait l’aider alors qu’elle fuit la foule depuis le début ?
Dans un silence pesant, Eileen fixa le mur blanc devant elle, lâchant un soupir à n’en plus finir. Elle ignorait ce qu’elle foutait dans ce merdier, mais elle avait déjà envie de retrouver sa chambre d’hôtel.