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Shugo Kuma & Chojiro Togashi

Chojiro Togashi avait choisi d'attendre le lendemain après-midi pour se rendre au commissariat. Selon le survivant, cette option augmentait les chances de rencontrer le commissaire Magohachi Mutanaka, ayant récupéré de son intervention de la veille. Pour Chojiro, c'est lui l'objet de leur visite, et s'il devait être absent, autant revenir une autre fois. Pour Shugo Kuma, ce facteur n'était pas dénué d'importance, mais devenait vite accessoire comparé à l'ampleur de leur démarche.

En ce jour du 15 novembre 2009, ils allaient peut-être déterminer s'ils avaient des alliés dans cette guerre contre les aliens. Dans le meilleur des cas, la police avait peut-être déjà trouvé un moyen de le libérer de ces missions meurtrières. Dans le pire des cas, il passerait une nuit au poste pour avoir perturbé inutilement le fonctionnement des forces de l'ordre.

Face à ces questionnement, Shugo Kuma faisait tout son possible pour modérer ses espoirs, mais il ne pouvait s'empêcher d'être excité à l'idée d'un possible changement de situation. De son côté, Chojiro semblait lui aussi perturbé. L'homme n'avait presque pas adressé la parole à son accompagnateur, occupé à marmonner dans sa barbe, ressassant sans doute le récit qu'il allait faire aux agents de police. Alors qu'ils approchaient du bâtiment officiel des forces de l'ordre, Shugo se décida  interpeller son compagnon d'infortune.

- Tu pense vraiment qu'ils pourront nous aider ?

Sans se retourner, Chojiro lui répondit.

- Ça me semble très probable. Les forces de police disposent de moyens supérieurs à celles d'un simple citoyen. Et leur attitude d'hier me conduisent à penser qu'ils ont au moins une certaine conscience du phénomène. Ils ne pourront que nous être utiles.

- Et s'ils ne veulent pas nous aider ? Et S'ils nous enferment pour éviter qu'on parle ? Ils sont peut-être complices...

- Complices ? Les agents de police complices d'un système qui envoient des civils combattre à la place de l'armée d'auto-défense ? Ce serait une honte pour l'ensemble de l'institution si le public l'apprenait...

- Raison de plus pour le cacher au public !

- Écoute... Si tu tiens tant à prendre tes distances, rien ne t'empêche de partir. De mon côté, j'ai pris ma décision. Je vais tenter ma chance.

Sans un mot de plus, Chojiro pénétra d'un pas décidé dans l'établissement.

Chojiro pénétra d'un pas décidé dans l'établissement. Shugo le suivi machinalement. Il avait haussé le ton sans le vouloir, mais ne se considérait pas comme l’ennemi de Chojiro. Comme lui, il voulait savoir, tenter sa chance, mais il était aussi habité d'une crainte, celle d'échouer, d'être déçu. Il trouvait étrange que personne d'autre avant eux n'aient encore franchit les portes du commissariat. Personne à sa connaissance, du moins...

Mais si la police savait déjà, pourquoi Yakumo, Chojiro, lui et les autres étaient encore victimes de ce système ? Un système guère optimal compte tenu des différentes maladresses commises les missions précédentes...

Parvenu dans l'établissement, Chojiro avançait, déterminé, vers l'agent d'accueil. Tandis qu'il suivait son compagnon d'infortune, Shugo ne pouvait s'empêcher de remarquer la faible fréquentation de l'établissement. Il s'était imaginé un lieu en permanente effervescence, mais il ne parvenait pas à déterminer pour quelle raison. Comme on pouvait s'y attendre, Chojiro ne perdit pas de temps pour faire sa demande.

- Bonjour, Monsieur l'agent. Je souhaiterais rencontrer monsieur Magogachi Mutanaka. Je voudrais témoigner à propos des évènements d'hier, au Tokyo Grand Hôtel.

Peu perturbé, l'agent d'accueil regarda Chojiro & Shugo, d'un air faussement rassurant.

- Un témoignage à propos de l'affaire du Tokyo Grand Hôtel ? On peut dire que vous ayez bien fait d'attendre... L'équipe de nuit aurait probablement passé huit heures avant d'avoir enregistré votre témoignage. Je vous prie de remplir ces formulaires, un agent vous recevra probablement dans la demi-heure.  

L'agent remit un formulaire à chacun des deux gantzers. Shugo commença à jeter un œil au document. Il reconnu les mentions habituelles de nom, prénoms, adresses, et numéros de téléphones, mais n'eut pas le temps de chercher un stylo, que Chojiro eut déjà repris la parole.

- Vous ne m'avez pas compris. Je ne cherche pas à remplir un procès verbal, mais à rencontrer l'agent Magohachi Mutanaka. Nous devons nous entretenir au sujet de l'affaire...

- Mais monsieur... Avant d'obtenir un rendez-vous avec monsieur Mutanaka, nous devons attester de la crédibilité de votre témoignage...

- Mais par quel agent ? Cette affaire nécessite le regard d'un agent avisé, capable de comprendre la nature de la menace.

- La nature de la menace ? Êtes-vous liés à cette menace ?  

- J'ai pu voir de mes yeux, les coupables des dégradations commises hier. J'ai aussi vu ce qui a causé la mort de l'agent Toshiya Yamaguchi...

A l'écoute du nom de leur compagnon défunt, Shugo eut un mouvement de recul. Cela devenait trop sérieux... Si Chojiro avait trop d'informations factuelles, mais une histoire pas assez crédible, ils pouvaient facilement devenir les suspects dans cette affaire... Shugo voulu s'éloigner davantage, mais une main se posa sur son épaule, calmement, mais surement...

- Calmez-vous, messieurs. L'agent Subaru et moi-même ne demandons qu'à vous croire... Quels sont, selon-vous, les éléments qui demandent un regard particulièrement avisé ?

- Calmez-vous, messieurs. L'agent Subaru et moi-même ne demandons qu'à vous croire... Quels sont, selon-vous, les éléments qui demandent un regard particulièrement avisé ?

L'homme s'exprimait calmement, mais Shugo Kuma ne pouvait s'empêcher d'être mal à l'aise. En un instant, le nouveau venu semblait avoir pris le contrôle de la situation. Si Chojiro était encore plein d'assurance, sa force de persuasion semblait s'être envolée dans l'esprit du jeune Shugo...

- Je suis désolé, mais seul l'agent Mutanaka me parait  comprendre les enjeux de cette situations...

- Il se trouve justement que je suis l'agent Magohachi Mutanaka. On m'a effectivement chargé de résoudre l'affaire du Tokyo Grand Hôtel et j'entends bien mettre en œuvre tout les moyens à ma disposition pour y parvenir. Mais, par égard pour les victimes de cette affaire, et feu, l'agent Yamaguchi, je vous serais gré de ne pas faire perdre un temps précieux à nos agents et de vous en tenir aux faits...

Sur ces dernières paroles, Chojiro Togashi semblait hésiter. Il avait prévu de mettre l'agent au pieds du mur, de le forcer à voir la réalité en face. En quelques secondes, l'homme lui avait donné une autre perspective, celle d'un être qui tenait explicitement à lui montrer que chaque seconde passée avec lui était un cadeau qu'il lui faisait. Et que gaspiller ces secondes pouvait être lourd de conséquences. Pour autant, Chojiro ne pouvait être certains de la confiance qu'il pouvait accorder à son équipe.

- Monsieur Mutanaka. Il s'agit de la nature de la menace en présence. Ne devrions-nous pas en parler dans un endroit plus approprié ?

- Il n'y a pas d'endroit plus approprié que celui-ci. Et pour votre bien, je vous souhaite de ne pas en visiter d'autres. Quant à mes agents, ils travaillent sur la même affaire, ont accès aux mêmes informations...

- Vous dîtes qu'ils ont accès aux mêmes informations ? Savent-ils pourquoi votre périmètre de sécurité était si précis ? Savent-il pourquoi le toit de l'hôtel a subit autant de dommages, sans que la source des dégâts ne fut observée ?

Brusquement, l'agent lâcha l'épaule de Shugo, avant de s'avancer précipitamment vers son compagnon.

- Attendez une minute... Qui vous as-dis que le la source de dégâts n'a pas été observé ? Je n'en écouterais pas plus tant que vous ne serez pas enregistré. Suivez-moi.

Shugo était surpris par le changement d'attitude de l'agent Mutanaka, mais Chojiro, dans sa lancée, ne l'avait, apparemment pas remarqué...

- Ont-ils vu une bande de jeunes en combinaisons noires affronter des créatures aliens ? Ont-ils vu l'agent Yamaguchi se faire emporter par une créature volante ? Et qu'en est-il des vamp...

L'agent tenta d’attraper Chojiro par l'épaule, mais il lâcha prise aussitôt. Non seulement, l'homme s'était tù, mais toutes forces semblaient l'avoir abandonnées...

Il s'écroula, les yeux ensanglantés. Calmement, l'agent Mutanaka prit son pouls.


- Appelez tout de suite un médecin. J'ai bien peur que cet homme ne soit décédé...

Shugo était comme paralysé. Il essaya encore de reculer, mais ses forces l'avaient abandonné... Ils allaient passé non seulement pour des fous, mais pour des complices... Pire, on allait tout lui mettre sur son dos, maintenant que Chojiro l'avait abandonné....

-Je... Je... Pas...Avec...lui... Pas avec lui... Non...

Shugo Kuma était foutu... Il le savait...