Minaro Roshi

Minaro Roshi avait reçu un appel de l'agent Mutanaka dès la capture du suspect. Cette prise représentait un progrès significatif d'après l'agent Mutanaka. Mais pour le consultant Roshi, la mention de progrès significatif était quelque chose qu'il entendait régulièrement ces derniers mois. Bien souvent, il ne s'agissait que d'avancées mineures, telles que l'apparition d'un nouveau suspect ou l'ajout d'indices autour d'un individu connu. Il avait entendu en boucle les témoignages de civils impliqués dans les différents incidents suspects survenus dans la capitale nippone et au delà. Il connaissait par cœur les rapports d'enquêtes de ses équipes sur le terrain.

De toute évidence, la technologie permettant de se rendre invisible existait, mais ils n'avait, jusqu'à présent, pas établit la preuve de son existence, ni le mobile de ses utilisateurs, bien que la thèse de l’espionnage justifiait à elle-seule les efforts entrepris. Il doutait de pouvoir parvenir à détruire cette technologie, mais il était certain que le savoir-faire combiné des scientifiques japonais serait suffisant pour mettre en place des mesures de détection appropriées. Mettre la main sur ne serait-ce que sur un seul exemplaire de cette technologie suffirait à améliorer grandement les efforts entrepris en direction de contre-mesures.

Mais les "résultats" de ses agents devenaient beaucoup trop lents et répétitifs, ce qui commençait à ronger le moral du Serpent de Nagoya. Il savait que la moindre erreur pouvait être fatale à l’ennemi et que chaque adversaire finit toujours par en commettre au moins une. Mais sera-t-il prêt quand cette erreur sera commise ? Le consultant l'espérait, tandis qu'il entrait dans le bureau de l'agent Mutanaka.

Magohachi Mutakana

Confortablement installé dans son bureau, l'agent Magohachi Mutanaka consultait les rapports de son équipe scientifique, tout en fumant une cigarette. Officiellement, la consommation de tabac était prohibée dans les locaux de la police nippone. Mais au fur et à mesure que l'on montait en grade, on pouvait se permettre de faire fi de certaines régulations. Magohachi le savait et en tirait profit pour assoir son autorité. Une manière de rappeler à ses subalternes qu'ils ne jouaient pas dans la même cour et qu'il ne tenait pas compte de leur approbation. Vis à vis de ses supérieurs, il affirmait qu'il ne craignait pas leur courroux, que ses compétences le sauveraient toujours de l'embarras.

A l'approche du Serpent de Nagoya, il l'éteignit toutefois. Non pas qu'il craignait sa réaction, mais il savait que l'homme pouvait être pesant quand il le voulait.

- Monsieur le consultant Roshi...

- Magohachi... J'ai entendu dire que la pêche avait été bonne.

- On peut dire ça... On peut aussi dire que mère nature aura été généreuse, bien que je ne crois pas vraiment au hasard...

- Sur ce point, nous sommes d'accords.

- J'imagine que vous devez avoir un tas de questions...

- Certes... Mais je ne refuserai pas un rappel des faits...

- Certainement. Ça a commencé avec l'arrivée de deux civils au poste de police. Ceux-ci ont d'abord apostrophés l'agent Subaru. Ils voulaient me voir en personne, prtextant avoir des informations sur l'affaire du Tokyo Grand Hotel

- S'agit-il d'occupants de l'hôtel ?

- Ils ne figuraient pas sur les listes des personnes évacuées...

- Figuraient-ils sur des listes de suspects potentiels ?

- Non... Il semble que ce soit la première fois que nos services entendent parler de Chojiro Togashi et Shugo Kuma...

- Que vous-ont-ils dit ?

- C'est davantage Togashi qui s'est exprimé. L'autre est resté silencieux. Pour ce qui est des informations, c'est plutôt maigre, mais suffisant pour attirer notre curiosité...

-Je vous écoute...

- Ce dernier a insisté sur le fait que nous faisions face à une menace invisible, sur notre incapacité à déterminer l'origine de la menace... Mais il s'est également lancé dans des élucubrations sur une menace alien...

-Ridicule... Je crois que vous avez affaire à un affabulateur bien informé ou très chanceux...

- Il a aussi évoqué la disparition de l'agent Toshiya Yamaguchi. Ce nom m'étant inconnu, je n'avais pas fais le rapprochement sur le moment. Il s'avère que ce dernier avait littéralement disparu lors de l'incident de Shibuya, qui s'était déroulé le même soir.

-L'incident de Shibuya ? Aucune information n'était parvenu à la presse !

- En effet, cette menace invisible avait été confinée à un périmètre restreint, si bien que notre contrôle de l'information fur total. Et le mystère ne s'arrête pas là. Après un examen plus approfondis des abords du Tokyo Grand Hotel, nous avons retrouvé des traces de sang correspondant à l'ADN de l'agent Toshiya Yamaguchi.

-De quand datent ces traces ?

-Nous attendons une confirmation du labo, mais il semblerait bien que ce soit le même soir...

-Si j'ai bien compris, notre homme aurait disparu de Shibuya, en pleine intervention, pour se retrouver au Tokyo Grand Hotel, traverser nos barrages, verser quelques gouttes de sang et repartir ? On dirait bien qu'Akira Muto n'est pas notre seul agent mouillé dans cette affaire... Décidément, je ne prendrai jamais ma retraite...

- Quel que soit le niveau de culpabilité de l'agent Yamaguchi et la santé mentale de Chojiro Togashi, ce dernier avait accès à une source d'information qui nous aurait bien été utile...

-Avait ? Vous voulez dire que c'est Togashi qui est mort ? De quoi est-il mort ? Et l'autre ? Que vous a-t-il apprit ?

- On ignore ce qui l'a causé, mais il semblerait que le cerveau de Togashi aie subit une minuscule déflagration. Quant à Shugo Kuma, je n'ai pas encore eut l'opportunité d'entendre une phrase cohérente de sa part. Quand il ne balbutie pas des propos incompréhensibles, c'est le grand silence...

-Vous avez essayé de le bousculer un peu ?

- Compte-tenu de son état de choc, nous avons optés pour une approche en douceur. Un soutien psychologique lui est régulièrement apporté, mais sans succès pour l'instant...

-Je comprends... Mais nous devons obtenir des résultats sans plus tarder. Pendant que l'on tâtonne, l'ennemi se renforce...

- C'est évident... Mais je vous rappelle que les deux hommes sont venu ici de leur plein-gré, certainement pour nous aider.

-Ou tout simplement pour nous occuper sur des pistes infructueuses. Quoi d'autres ? Vous avez parlé de technologies intéressantes...

-En effet... Nos deux énergumènes portaient sous leur vêtements, une tenue plutôt étrange... Il a fallut un certain temps avant d'obtenir celle de Kuma, mais nos experts ont déjà pu analyser celle du défunt Togashi.

-Un lien avec l'invisibilité ?

-Cela, nous n'avons pas pu le déterminer, mais ce qui est sûr, c'est que tissu est très résistant et que la matière utilisée est inconnue de nos services...

-Il semblerait que leur technologies aillent au delà de nos pronostics. Vous allez transférez ces tenues au laboratoire de Sakibana. Mais avant, j'aimerais y jeter un coup d’œil...

-Certainement... Et s'agissant du suspect ?

-Il est également temps de lui rendre une petite visite...

Shugo Kuma

Depuis qu'il était enfermé dans sa cellule, Shugo Kuma avait perdu la nition du temps. On l'avait placé en isolement et les visites étaient plutôt rares. Le jeune homme n'était pas parvenu à déterminer précisément les intentions des agents de police, s'ils voulaient le piéger, ou effectivement l'aider, comme ils le prétendaient. Ce qu'il savait, en revanche, c'est que chojiro avait parlé et qu'il était mort, que la réaction de l'agent Mutanaka, au derniers instants de son compagnon, s'apparentaient davantage à de la peur qu'à de l'empathie. Avait-il peur de ses révélations ? Ou bien savait-il que Chojiro risquait sa peau ? En tout cas, Shugo ne se risquerait pas à ouvrir sa bouche.

De temps en temps, il se surprenait à parler à voix haute, mais il s'empressait aussitôt d'enchaîner des mots vides de sens, afin qu'on l'assimile à de la folie. Il préférait passer pour un fou, plutôt que d'être interrogé davantage. En outre, la sensation que ses geôliers avaient quelque chose à cacher était de plus en plus palpable. Ils l'avaient isolés, ils l'interrogeaient chaque jour. Ils l'avaient identifiés, mais ne semblaient pas avoir contacté sa famille. Autre fait troublant, ils se sont empressés de lui retirer sa combinaison lors de sa première nuit de sommeil, alors même que le reste de ses vêtements étaient toujours à sa disposition. De toute évidence, on accordait du crédit à l'histoire de Chojiro, mais dans quel but ? Voulait-on éradiquer le problème, ou bien s'assurer qu'il n'y ait pas de témoins ?

Pour la première fois depuis que le cauchemar avait commencé, Shugo se prenait à espérer être rappelé par la sphère noire et opaque. Certes, cela signifiait de nouveaux dangers, mais au moins, il pourrait s'évader et prévenir Yakumo du danger... Enfin, il sortirait d'ici... Il n'avait qu'à faire preuve de patience...

- Monsieur Kuma ? Je ne vous aie pas réveillé ?

Shugo avait remarqué l'ouverture de la porte de sa cellule, mais il n'y faisait plus tellement attention. Les visites se ressemblaient toutes, à peu de choses près. On voulait soir le nourrir, soit le faire parler. Et l'inconnu qui venait d'entrer appartenait définitivement à la seconde catégorie.

Il était accompagné des agents Mutanaka, Subaru et Miyabe, qui demeuraient silencieux. Sans attendre, l'homme s'asseya sur le seul tabouret qui se trouvait au milieu de la cellule...

- Vous nous excuserez pour le confort spartiate. Sachez que notre priorité est d'assurer votre sécurité. Ce qui vous ont impliqués dans cette affaire ont des capacité d'action malheureusement très importantes...

Le discours du vieil homme avait un côté factice, préparé, qui n'inspirait guère confiance à Shugo.


- Pardon. Je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Minaro Roshi. J'ai été détaché par le ministre Harada pour assister la police dans cette affaire. Vous pouvez me faire confiance...

L'homme tendis sa main vers shugo, qui l'ignora volontairement.

- Je crois que les circonstances ne sont pas très heureuses, mais de toutes évidences, vous et votre amis avez fais preuve d'un grand courage en venant jusqu'ici. Ce courage, je le respecte et l'admire, mais si vous souhaitez que nous progressions, il faudrait nous en dire plus... Votre ami a parle de menace invisible ? De créatures mystérieuses ? Pouvez-vous nous aider à reconstituer ce puzzle ? Nous souhaiterions beaucoup retrouver l'agent Yamaguchi. Sa famille est très inquiète, de même que ses collègues...

Aussitôt que le nom de l'agent fut prononcé, Shugo Kuma s'allongea et ferma les yeux, faisant mine de s'endormir. Ils ne pouvait en dire plus, tant qu'il n'était pas sûr que ce n'était pas ce qui avait causé la mort de Chojiro. Et l'évocation du nom de l'agent Yamaguchi était précisément ce qui avait donné à Shugo l'envie de fuir, lors de leur arrivée au poste. Et c'était peut-être ce qui avait causé son arrestation. Détenir des informations sur la mort d'un agent de police, c'était suffisant pour ne plus être relâché, par le reste de la profession. D'un autre côté, il s'en voulait de ne pas pouvoir informer la famille de cette homme, à propros de ce qu'il savait. Il l'avait peu connu, mais il le savait très courageux, comme beaucoup de ceux qui avaient déjà péris. Peut-être contactera-t-il ses proche quand il se sera évadé ? Mais cela, il n'y croyait qu'à moitié. Ce qui était sûr, c'est qu'il était déjà las de ces nouveaux visiteurs...

- Monsieur Kuma ? Nous voulons vous aider. Mais pour cela, il faut que vous fassiez le premier pas...

Le Serpent de Nagoya avait choisi d'aborder le suspect en douceur, mais voilà que celui-ci l'ignorait royalement. S'il ignorait ce que le jeune homme pouvait cacher, il avait clairement ressenti la lassitude l'emporter sur ses éventuelles craintes. Les approches de Magohachi avaient été suffisamment répétitives et systématiques, pour qu'une routine s'installe et que le suspect s'y habitue...

Sans attendre, le consultant se tourna vers l'agent Mutanaka...

- Tu vas me changer d'approche fissa...