Après que Murakawa fut projeté contre le mur, Aiken se précipita dans la pièce voisine, apeuré par la violence du bélier. Il se réfugia derrière l'établi de cuisine et resta planquer là un petit moment. En face de lui, la baie vitrée de la cuisine lui offrait une vue de l'extérieur. Une fois apaisé, il s'approcha de celle-ci avec l'envie de sentir à nouveau la fraîcheur du dehors.

Un jeune homme apparut dans l'ouverture de la porte. Il jeta un rapide coup d'œil à la configuration de la pièce sans vraiment faire attention au chiot avant de retourner vers là où il était venu. De jolis traits et une carrure svelte, un visage qui respirait le calme, de son corps Aiken reçut un affect positif. Contrairement aux hommes dont le cerveau traitent plus de données, celui des chiens, et des animaux en général, est plus centré sur leur sensibilité. Celle-ci est plus épurée et leur affectivité est immédiate, leur rapport avec les individus n'en demeurent que plus simples. Soit leur affect est joyeux et vous attirez leur sympathie, soit leur affect est triste et ils se méfieront de vous. Dans une confrontation naturelle, ressentir toutes les nuances de sentiment mettraient en péril la survie de l'individu. Dans la nature, pas de place au doute, tout se joue en une fraction de seconde, la communication doit être claire et simple pour que l'information soit comprise dans les premiers instants. Dans le cas de Yosuke, la première impression fut réussie et pouvait laisser place à une relation fructueuse.

Quand celui-ci se retira, Aiken décida de le suivre, tout enchanté. Étant encore bébé, sa naïveté était encore plus palpable que celle de ses congénères adultes.

Au moment où il allait réinvestir la pièce centrale, quelques instants après, la boule noire s'anima une fois encore et fit apparaître un nouveau colocataire. Bien qu'il s'attendait à voir surgir quelque chose, ce phénomène de génération l'apeurait un peu depuis l'apparition du bélier. Aussi, recula-t-il une fois de plus dans la cuisine. Voyant la bête s'allonger et qu'il se dégageait d'elle aucune hostilité, Aiken conserva tout de même quelques appréhension à l'égard des deux ovinés, et s'il se rapprocha à nouveau d'une démarche hésitante, il s'assit sur son arrière-train, à l'ouverture de la porte.

Il perçut alors Murakawa accolé au mur. L'homme en difficulté insufflait la sympathie d'Aiken par la pitié. Naturellement, le chiot s'approcha du monsieur et lui lécha, en signe d'affection, l'avant-bras sur lequel il se tenait.
Sous l'odeur du sang, Aiken sentait qu'il avait un bon fond, au-delà de tout ce que ce dernier ait pu faire de sa vie, car malgré sa blessure, l'homme gardait un contrôle de soi tout à fait honorable. Encore une fois, tout cela se donnait en un bloc à l'animal et résultait d'une intuition essentielle et brute de la réalité.

Du côté des ovidés, on ne peut guère voir d'avancées significatives, dans la manière de gérer le stress...





Dans sa lutte contre un ennemis invisible, le féroce Tido semblait prêt à rendre les armes, ou plutôt les cornes, frottant ces dernières contre le sol par dépit. Le corps tendu et la pose élancée, le souffle de l'animal n'avait pas de difficultés à se faire entendre, dans cette pièce étroite, face à une assemblée d'humains, aux sens les plus sollicités...




Quant à Biro, sa nonchalance ne laissait désormais planer plus aucuns doutes.

Dans la position où il se trouvait, le mouton avait su s'octroyer la tendresse de Morphée. Tandis que les autres occupants de la pièce cherchaient désespérément à comprendre ce qui leur arrivait, l'animal dormait déjà d'un sommeil profond...


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Comme pour briser la glace, un rayon lumineux se manifesta à nouveau. Une fois encore, un être nouveau occupait la pièce...

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Pour celui qui, au fil des crises et des beuverie perpétuelles, ne sait pas toujours au fond de lui ce qu'il est ou ce qu'il a fait, l'issue est pourtant la même, l'apparition dans ce lieu mortuaire et odorant...

Parmi l'assemblée se trouve désormais Ethan Thomas...

L'esprit de Murakawa commençait à flancher et il se retînt de tomber par un geste du bras.
Aiken ne put que gémir de compassion, impuissant.
La vie d'un chien comportera souvent de nombreuses frustrations. Alors que les êtres humains ont un champ d'action beaucoup plus conséquent qui leur permette de réaliser leurs désirs - voire parfois leurs rêves - ou d'agir avec ambition et in fine d'être satisfait de leur vie, les capacités des chiens sont plus limitées, ce qui leur vaut souvent de ne pouvoir satisfaire leur désir et d'être rongés par le manque comme aucun homme des temps modernes ne le connaît. De plus, avant d'entreprendre quoique ce soit, l'animal doit redoubler de vigilance. Un animal blessé survit difficilement. En maîtrisant de plus en plus les lois de son corps, l'homme peut se permettre de prendre des risques pour atteindre son objectif et de mépriser le danger tandis que l'animal ne peut que le craindre. Des conduites aux conséquences différentes et qui traduisent un rapport singulier d'envisager son action sur le monde.

Mitsuko Soma a écrit:

- Bon, c'est pas que les longs silences m'exaspérent mais il serait peut étre temps de briser la glace et d'essayer de comprendre notre situation. Donc je ne sais rien de tout ce qu'il nous arrive et je ne pense pas pouvoir le deviner mais au moins, je pense et j'espère, nous sommes tous les trois intriguès et persuadés que des réponses devraient venir de cette sphère. Alors, qui tentent de la toucher ou de la désosser ? Ha oui, moi c'est Mitsuko Soma

La jeune femme se mit à émettre des sons tout à fait incompréhensibles pour Aiken, c'était du charabia. On aurait cru que tout le monde vous parlait étranger sans que le moindre mot ne vous évoque quelque chose, mais pour Aiken, cela était généralisé à tous les êtres vivants. Dans le cas des sons articulés des japonais, il aurait pu assimilé cela à une cascade de sons incessants qui clappe contre la roche, si Aiken aurait su le bruit qu'une cascade faisait... Des sons liquides qui sont coupés secs.
Aiken était encore trop jeune pour avoir une once de conscience sur quelques tenants et aboutissant de la parole, en revanche il apprenait et commençait à comprendre la voix, ce qui peut se tramer sous les mots et par les effets de tonalité qui sont parfois occultés par les informations du discours humains. Plus tard, si il serait assez futé, il pourrait même comprendre avant l'expression vocale ce qu'un être vivant peut contenir.
Bien qu'il était incapable de comprendre le contenu du discours de Mitusko, parce que son contenant est d'un ennui mortel pour Aiken, il aurait pu ressentir son appétit sexuel dont la jeune femme faisait preuve si il en aurait eu la maturité. Sa mise au monde datant de quelques semaines, cette lecture ne lui était d'aucun intérêt.

Il était plus éveillé par la hargne du bélier à vouloir sortir. Ses sabots qui frappaient le parquet lui faisait peur et à la fois quelque chose en lui voulait les mordiller... Voir ces membres s'agiter à répétition excitait son esprit enfantin, tel un jeu. Malgré la supériorité de son « partenaire de jeu », Aiken allait l'approcher pour s'amuser quand un autre flash apparut et figea le chiot.

Le nouvel humain avait une carrure impressionnante et chose que Aiken remarqua directement, il puait l'alcool et la déchéance. Il connaissait cette odeur familière aux sans-abris. Grand, avec sa barbe de trois jours, il avait le don de faire peur au chiot par ses gesticulations d'ivrogne, mais cette armoire à glace aussi avait peur, Aiken pouvait le sentir. La tension dans la pièce montait d'un cran.

Ethan Thomas a écrit:

" SHUT THE FUCK UUUUP !!! "

L'homme cria d'effroi et glaça Aiken qui ne comprenait rien à ce qui se passait là. Il gémit d'une incompréhension mêlée de peur. Dans une situation tendue et à la communication déjà difficile pour Aiken, l'arrivée d'un individu aussi troublé ne l'encourageait guère. Les oreilles baissées, il tourna la tête autour de lui à la recherche d'un visage réconfortant, genre « hey, il est timbré celui-là, rassurez-moi !? ».

Ethan Thomas a écrit:

" SHUT THE FUCK UUUUP !!! "

Sur ces mots, le solide Tido tendit l'oreille, curieux.

La bête semblait avoir changé d'attitude.

Tourné désormais vers le nouvel arrivant, le bélier avait abandonné son premier centre d'attention...

Dans une attitude qui n'avait plus rien de menaçante, l'animal fixait l'ivrogne d'un regard dont lui seul pouvait connaître la signification.

Était-il fasciné, effrayé, attendrit, ou tout simplement curieux. Nul ne le savait...

Tandis que certains trouvaient bon de faire connaissance, un autre locataire venait peupler la pièce.

Quoiqu'il eut peut-être souhaité la mort, c'est une nouvelle vie que devra endurer Shugo Kuma.

Et on ne peut pas dire qu'elle commence bien...

Le Japon n'étant pourtant pas un pays réputé pour être cosmopolite, il n'y abrite pas moins quelques étrangers, de passage ou en séjour prolongé. Ce qui est vraisemblablement le cas des deux hommes qui apparaissent à ce moment précis.

Qu'il s'agisse de leur physionomie, de leur accent, leur tenu vestimentaire, ou même des slogans inscrits sur leur larges sacs à dos noirs, rien ne suggère une appartenance héréditaire à l'archipel nippon.


Abdul Amid El-Kimiavi et Najim Larzi Al-Hazred, nouveaux venus dans la chambre, semblent plutôt passer pour d'authentiques émissaires d'une lointaine nation du monde arabo-musulman.

Abdul Amid El-Kimiavi


Najim Larzi Al-Hazred


Et leur attitudes semblent bien confirmer cette différence culturelle _et cultuelle_ dès les premières minutes de leur séjour dans l'étroit appartement.

Ignorant pratiquement les autres occupants de la pièce, les deux hommes se disputent avec passion, dans un dialecte échappant à l'entendement de leurs compagnons d'infortune.

Haussant le ton à chacune de leur répliques, s'interrompant, joignant le geste à la parole, les deux étrangers, à défaut de se faire comprendre, ne laissent planer aucun doute sur le sérieux de leur conflit.


Un événement vient pourtant mettre fin à leur échanges.


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Un rayon traverse la pièce. Une autre créature se forme. Un mouton, encore. Pour certain, cela commence à devenir une habitude. Pour d'autres, c'est un spectacle tout simplement ahurissant.

A peine conscient des regards portés sur lui, Soto, nouveau représentant du monde ovidé, jette son dévolu sur un autre être, non moins intrigué, le brutal Tido.



Prêt à bondir à la moindre sollicitation, les deux animaux se regardent fixement...




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Abdul Amid et Najim Larzi, qui étaient si bruyant, quelques secondes auparavant, restent éberlués par cet évênement si singulier.

Observant le mouton avec circonspection, puis échangeant un regard, pour finalement scruter la salle et ses occupants, avec une expression reellement mal assurée...

Mitsuko Soma a écrit:

- Do you speak english ?

Abdul Amid El-Kimiavi



A la sollicitation de la jeune tokyoïte, Abdul Amid tourna le regard vers cette dernière, la scrutant de tout son long. Alors qu'il semblait s'apprêter à ouvrir la bouche, c'est Najim Larzi, son compagnon d'infortune, qui pris la parole, dans sa langue natale. Si on ne comprenait pas le propos, l'interrogation pouvait néanmoins se déceler.

Najim Larzi Al-Hazred


Le regard pointé vers celle qui les avait interpellé, les deux hommes reprirent leur conversation, pour finalement ne plus se préoccuper des autres occupants. Le ton remontait peu à peu, comme cela était le cas à leur arrivé...