Le matin était passé. Au Japon, il était quatorze heures, le 29 Octobre. Kuwabara avait dormi jusque midi. Il s'était couché avec un porno, et était réveillé par de la télé-poubelle : l'E-MISSION. Quelque chose le mettait mal à l'aise chez cet Eikichi... c'était viscéral. Plus important, ils passaient en boucle le reportage spectaculaire montrant leur bataille explosive sur ce toit. Sacré bordel médiatique. Nu, il s'en était grillé une devant sa fenêtre. Il se sentait particulièrement triste, particulièrement anxieux. Etait-ce à cause de la mort de cette fille, Eileen ? Car il n'avait pas pu assouvir ses pulsions comme il l'avait espéré ? Peut-être.
Sa journée était déjà décidée.
Dans un appartement classique, pas loin du centre, une fille se levait elle aussi, plongée dans l'obscurité. Il était quatorze heures et demi. Elle semblait dans le gaz. Elle ne portait qu'un débardeur noir et un boxer blanc. Elle devait avoir la vingtaine, peut-être moins.
Se frottant les yeux, elle se dirigea vers sa cuisine. On toqua à la porte. Trois coups lents. Intriguée, elle s'arrêta à plusieurs mètres dans le champ de l'entrée.
" Oui ? "
Aucune réponse. Elle alla tout de même ouvrir. Doucement, elle tourna le loquet. La lumière du couloir éclaira une partie de sa chambre. Elle était perplexe. Personne.
" C'est vraiment stupide comme blague... "
Elle s'apprêta à refermer, mais fut violemment stoppée, saisie à la gorge par une force invisible qui la souleva à plusieurs centimètres du sol. Tétanisée et le souffle coupé, la jeune femme se débattait fébrilement, en vain. Dans un nuage de petits éclairs, Kuwabara apparut. L'air inquisiteur, il se délecta du regard complètement horrifié qu'elle avait. Un animal. Ils n'étaient que des bêtes...
" Surprise. "
L'expression de démence qu'il avait la terrorisa. Elle s'était uriné dessus.
" K... Kazuo... "
Un mélange de désespoir, de souffrance, de peur et de rage dans sa voix. Délicieux. Kuwabara serra d'avantage son étreinte, faisant virer au rouge écarlate son visage qu'il avait toujours aimé caresser. Tous ses souvenirs affluaient, et les émotions amères qui y étaient liées aussi. Il fallait qu'il mette fin à ses souffrances. Il se sauverait. Il savait quoi faire.
" Je suis rentré... chérie. "
Et derrière lui, il ferma la porte de l'appartement...