Pour bien des célibataires, le confort du matin se traduit par un relâchement musculaire fourbe et salace capable de produire des émanations impropres que l’homme, bercé par les mœurs appropriées, n’oserait partager avec la plèbe sociale et éduquée. Ces petits effluves cachottières ne reflètent en rien l’hygiène de l’individu, mais trahissent avec tonnerre la véritable nature animale de l’homme. Eeichi, comme bien d’autre, constata d’une main engourdie la célébration du songe grâce à l’expression physique de son membre dressé qui, comme le mât d’un voilier, le guida quotidiennement à travers l’océan de femme qu’abritait la capitale.

Ce cerveau secondaire maintenant abreuvé de son exercice pathétiquement quotidien, le jeune homme se leva de son lit pour apprécier le confort du trône où, posé délicatement sur un muret de ciment blanc, un magazine de cuisine s’apprêtait à instruire la véritable cervelle d’un cuisinier possédant trop de temps sur les mains. Le surplus culinaire de la veille à présent délesté, Eeichi se glissa sous la douche pour nettoyer les souillures précédentes qu'il s’empressa d’oublier afin de déambuler fièrement parmi ses pairs, eux-mêmes baignant avec avidités dans le déni.

Eeichi enfila ses vêtements, chargea son uniforme de cuisinier dans son sac à dos et s’apprêta à sortir de son appartement lorsqu’il réalisa l’importance de cette journée. Un an plus tôt, sa copine l’avait quitté pour un homme plus âgé. Afin d’honorer sa promise, Eeichi prépara le terrain pour la soirée. Il plaça un mouchoir sur sa table de nuit ainsi qu’une lotion adoucissante, entra un DVD particulier dans le lecteu, et fit son lit avec une attention particulière. L’autel de Gomorrhe à présent terminé, il sortit de son logement et commença son chemin. Il s’arrêta à un carrefour en attendant que le feu de signalisation lui accorde le passage.

L’attente lui paru aussi éphémère que l’esprit d’une vieille acariâtre. Le nombre limité de jeune fille dans les environs suffit à lui faire perdre l’intérêt de la foule et seul un regard insistant posé sur lui parvint à éveiller son intérêt. Une sorte d’amas de graisses dévisageait Eeichi sans aucune retenue, ce genre d’offense impalpable, que l’on parvenait pourtant à ressentir malgré l’immensité de la foule, pouvait rapidement se montrer irritante pour celui désireux de rester insignifiant. Dans cette outrecuidance pupillaire, le jeune ne parvenait pas à ignorer ce jugement constant que s’accordât une immondice pondérale pourvue de binocles intemporels.

Lorsque le feu passa au vert, Eeichi regarda la boule presser le pas pour avoir son bus. Esquissant un sourire moqueur, il s’accorda quelques secondes d’appréciations devant ce spectacle grotesque où la masse défiait avec véhémence l’inévitable champion qu’était la gravité. Afin d’oublier cet incident, Eeichi enfonça ses écouteurs dans ses oreilles et se laissa emporter par sa musique.