*Nom de Dieu... Qu'est ce que je fous ici?*

Aucune envie. Mais alors vraiment aucune. Enfin, c'était une obligation. Et encore vivant, il se devait de la remplir. Tant pis, la mort serait pour une autre fois. Ou au contraire, aujourd'hui: un accident est si vite arrivé... Non, non... bien sûr que non, il avait quelque chose à accomplir. Un truc assez stupide, pas très intéressant, mais il jouerait les héros un autre jour. Pour l'instant, il n'avait qu'un petit quelque chose à faire que sa mère lui avait demandé. Enfin, pas sa mère, une amie de sa mère. Raison de plus pour ne pas le faire, vu qu'il ne la connaissait même pas... mais bon, la gentillesse est parfois un handicap. Et le pauvre n'avait que trop l'habitude d'accepter...
Récupérer son gamin à l'école, un certain Isao. Ce dernier le reconnaitrait, parait-il. Ben... pas Sakyo. Sans doute qu'il était déjà passé devant le gnome en question. Enfin, là n'était pas l'important. L'important, c'était que ce sale gamin allait bouffer son temps à l'écrivain. Enfin... l'ex-écrivain. Ou "l'écrivain râté", comme il se définissait si bien. Foutu pessimisme. Et pourtant, il comptait mourir. Le seul but qu'il s'était fixé, la seule conclusion de vie, bien qu'elle soit logique, c'était la mort. Il ne cherchait que cela depuis qu'il n'arrivait plus à aligner deux mots sur cette feuille blanche qui l'obsédait. Alors, du temps, il n'avait que ça. Pourquoi râler autant quand en sortant de cette manière, il pouvait s'épanouir... et se retrouver plus proche de la possibilité de mourir en héros. Vivent les meurtres et les accidents, ha ha ha. Mais c'est sur cette dernière réflexion qu'il fut coupé. Coupé par la venue cet horrible adolescent prépubère qui allait lui gâcher son après midi. Enfin, non, il ne fallait pas penser ça. Et puis, il n'était pas si horrible que ça.
Le gamin accourait vers lui. Il était plutôt grand pour ses douze ou treize ans. Il l'imaginait d'ailleurs comme étant le genre de type qui attirait les filles de l'école, tant elles étaient des groupies. Il avait vécue cette période il y a peu, seulement cinq ans, et pourtant, il se sentait déjà bien plus intelligent. Il était sorti de cette mentalité très tôt, en commençant à écrire. Ce n'étaient que des écrits de collégiens, mais ils plaisaient, et il évoluait vite, à l'époque... ah... que de souvenirs.
Puis son regard se porta vite sur une autre personne. Une jeune fille courait derrière Isao. Enfin... jeune fille? Pouvait-on vraiment dire cela d'elle? Elle semblait avoir trois ans de plus que le collégiens concerné, bien que sa taille ne soit pas très élevée. Elle était particulièrement bien formée, un bonnet impressionnant pour son âge, des cheveux roux, rare pour une japonaise, et courts. Sakyo avait une préférence pour les cheveux longs, mais il se sentit pourtant tout émoustillé. Bien sûr, il s'en rendait bien compte, qu'elle était trop jeune. Sans doute qu'elle était plus formée que pour son âge. Et même si elle avait réellement eu seize ans, il n'aurait pas été intéressé. A vrai dire, il ne s'était jamais vraiment tourné vers les filles. En fait, il les regardait, mais il n'avait jamais pensé à tomber amoureux. Donc ce genre de choses passait bien au dessus de lui. De toutes façons, il avait développé un regard très pessimiste sur cette jeune génération. Que des enfants tournés vers le sexe, la violence et la niaiserie. Bien sûr, ils n'étaient pas tous comme ça, mais la majorité l'était. C'était mal de juger Isao et cette fille aussi vite, mais il portait trop vite ce genre de regard. Il fallait espérer que ces enfants l'intéressent, au final.

Sakyo! Sakyo! C'est moi! Isao! cria le jeune collégien, affublant l'écrivain sa voix en pleine mutation.

Doucement lapin, soupira ce dernier. Je me doute bien que c'est toi. Bon, on y va? Cette fille t'accompagne?

Ouais, elle, c'est Mariko.

Un joli nom. Enfin, il fallait encore espérer qu'elle ne soit pas ce qu'elle laissait penser être. Qu'elle soit un minimum intéressante. De même pour Isao. Il appréhendait déjà le pénible voyage jusque chez eux. Elle, elle parlerait des dernières choses à la mode qui n'ont aucun intérêt. Et lui ferait des allusions bien crues par rapport au sexe. Sakyo aurait aimé parlé de fantastique, comme il en écrivait, il voyait ce genre de discussion comme étant vaine avec ces gamins là. Pour lui, Le Seigneur des Anneaux et Final Fantasy n'étaient pas que des jeux vidéos et des livres, c'étaient des épopées. Alors parler de ceci avec des gamins qui ne pourraient qu'acquiescer en disant "c'est fun de tuer le boss de fin", c'était comme un sacrilège...
*Bon dieu... ce voyage va être vraiment pénible... pourvu que ça se passe bien.*

Mariko était assise à la deuxième rangée, prés de la fenêtre. En cette journée qui s'annonçait pluvieuse, devoir être enfermée lui fendait le cœur. Heureusement le cour était intéressant, l'histoire japonaise était déjà en soi intéressante, mais en plus le professeur avait eu la bonne idée de faire cela de façon ludique, enfin pour elle. Sur un écran de mauvaise qualité, un film retraçait l'histoire des empereur les plus connus, un jeu d'acteur médiocre, des bruitages décalé et la voix narratrice aiguë et peu attractive. Dans la salle de classe seul trois élève regardé l'écran, et seule Mariko semblait intéressée. Le professeur, quand à lui, ce trouvais assis corrigeant des copies et baillant aux corneilles. La cloche sonna, les élèves ce levèrent tout en même temps, sauf Mariko et Isao, le seul garçon avait qui elle s'entendait assez bien. La jeune fille rangea ses affaires, tandis qu'Isao ramassé ses affaires jeter au sol par le chieur du coin, un certain Juzo. Mariko alla aidée son camarade, qui en rigolant la remercia. Ce jeune garçon ne semblait jamais affecté par quoique ce soit, toujours de bonne humeur, avec une conversation qui semblait sans borne. Il était assez attirant, et Mariko était contente d'être son amie, même si elle ne savait pourquoi cela ne lui suffisait pas.

- On fait la route ensemble?

- Si tu veux, mais quelqu'un vient me chercher aujourd'hui, tu sais comment est ma mére, toujours sur mon dos.

En disant cela, son sourire n'avait pas bougé, toute personne le connaissant pas, devait certainement pensée que ce sourire n'était qu'un masque cachant un malaise profond, mais on ne pouvait avoir plus tord, Isao était comme Mariko, simplement heureux de vivre. Ils sortirent de la classe en riant, et manquèrent de ce faire embarquer par une foule d'élève de leur age, qui braillaient à s'en faire péter les cordes vocales. Ils suivirent le mouvement, Mariko écoutant Isao qui plaisanté sur les émissions stupide que la plupart des personnes de leurs âges regardaient. C'est en imitant la voix de la présentatrice qu'Isao sortit du collège. Puis son visage s'illumina.

- A tient le voila.

Isao coura vers quelqu'un, Mariko sur ses talons.

- Sakyo! Sakyo! C'est moi! Isao!

-Doucement lapin, soupira ce dernier. Je me doute bien que c'est toi. Bon, on y va? Cette fille t'accompagne?

- Ouais, elle, c'est Mariko.

- Bonjour, s'expirma la jeune fille de sa voix timide.

Mariko, regarda l'homme, tout en évitant de le dévisager pour ne pas paraitre impolie. En le regardant, la scène du train lui revint en mémoire, même si ce jeune semblait indifférent. La jeune fille ce positionna discrètement de manière à toujours avoir Isao entre elle et le jeune homme, ce collant presque littéralement au collégien, qui connaissant Mariko, ne s'en formalisa pas. Pendant quelque pas un silence s'installa. Mais c'était sans compter sur Isao qui rompit rapidement la glace, parlant d'un film américain qu'il avait vu hier soir.

- Vous avez regardez le film hier vers 19h? Désolé je ne me rapelle plus ni le titre, ni la chaine, mais c'était pas mal, ça parler de robot. Attendez ça va me revenir, Robots...non..A.I..non ah oui I-Robot, oui c'est cela. Un homme dans le futur, ou les robots servent les hommes, une nouvelle série de robots est fabriqué et l'un d'entre eux est defectueux, puis à partir de la l'histoire commence.

Ce fut Mariko qui répondit la première d'une voix excitée, semblant presque sautée sur place.

- Ah oui je l'ai déjà vue, j'ai bien aimée l'histoire, j'aime beaucoup les films ou ça ce passe dans une période imaginaire. Il y a un film que je voulais voir hier, mais j'ai pas eu le droit, sois-disant parce que je suis trop, jeune et que c'est trop..euh..gor..euh violent.

- C'est quoi?

- Starships troopers, c'est une parodie de la société américaine et des séries ou tout est beau et mignon.

Les deux enfants, venaient d'enchainer les phrases sans vraiment prendre le temps de respirer.

*Bon, ça commence bien.*

Un silence. Presque un bonheur pour Sakyo, qui s'imaginait déjà devoir faire le voyage avec des enfants intenables. Finalement, il pensa même un instant qu'ils étaient peut-être un peu plus intelligents qu'il ne le croyait. Il fut même assez étonné par Mariko qui, finalement, n'était pas du tout comme il l'imaginait. Non, ce n'était une de ces filles groupies prêtes à sortir avec n'importe quel garçon. Elle paraissait timide, à tel point qu'elle avait même l'air d'avoir peur de se retrouver dans son champ de vision. Il avait bien remarqué cette initiative, de se cacher derrière son ami. Bref, ils commencèrent tout de même leur voyage silencieux vers le bureau de la mère d'Isao. Mais l'ange qui était passé fut raccourci de tête très vite, par les propos d'Isao. Et pourtant, contrairement à ce que l'écrivain aurait pu penser, c'était plutôt intéressant.

- Vous avez regardez le film hier vers 19h? Désolé je ne me rapelle plus ni le titre, ni la chaine, mais c'était pas mal, ça parler de robot. Attendez ça va me revenir, Robots...non..A.I..non ah oui I-Robot, oui c'est cela. Un homme dans le futur, ou les robots servent les hommes, une nouvelle série de robots est fabriqué et l'un d'entre eux est defectueux, puis à partir de la l'histoire commence.

Non pas qu'il aimait ce film. Mais ce qui l'avait impressionné, c'était que le collégien n'ait pas de suite porté ses mots vers les scènes violentes du film. Et puis, en fait, il n'était pas mal du tout. Will Smith était un plutôt bon acteur, et il avait trouvé intéressant de donner une conscience à des objets. Bien que toute la portée du film ne soit pas dessus, c'était un bonne initiative de la part du scénariste. Finalement, peut-être qu'ils étaient enfin du genre intéressant, ces enfants. Mais la suite fut encore plus impressionnante. Mariko avait répondu, et ce fut encore moins dénué d'intérêt.

- Ah oui je l'ai déjà vue, j'ai bien aimée l'histoire, j'aime beaucoup les films ou ça ce passe dans une période imaginaire. Il y a un film que je voulais voir hier, mais j'ai pas eu le droit, sois-disant parce que je suis trop, jeune et que c'est trop..euh..gor..euh violent.

- C'est quoi?

- Starships troopers, c'est une parodie de la société américaine et des séries ou tout est beau et mignon.

Oh! Elle était comme Sakyo! Elle aimait l'imaginaire, le fantastique! Et mieux encore, lorsqu'elle parlait de Starship Troopers, elle ne mettait pas en avant le caractère horrifique, et l'hémoglobine du film. Elle parlait de sa parodie! Impressionnant! N'importe quel adolescent aurait certainement aimé ce film pour toutes les scènes de combat et les plus gores. Et pourtant, elle, elle était intéressée par sa parodie. Mais alors vraiment, ces enfants étaient intéressants à écouter. Il n'aurait vraiment pas pensé à cela, mais il avait à présent envie de se joindre à eux. Et cette fois-ci, c'était lui qui était timide. Il n'était vraiment pas du genre sociable, et en plus, il ne les connaissait pas vraiment. Et puis, surtout, il n'avait pas l'habitude de parler avec des gamins de cet âge là. Mais au final, c'est au milieu de leur conversation axée sur la parodie qu'il se laissa porter par quelques mots.

- En ce qui concerne la société américaine, je pense que vous devriez jeter un oeil à Bowling for Columbine et Farhenheit 9/11, de Michael Moore. Ce sont des documentaire, l'un concernant le droit du port d'arme aux états-unis, et l'autre le régime de peur de George.W. Bush et la guerre en Irak. C'est vraiment sympa, et on apprend beaucoup de choses.

Un tout petit silence s'instaura. Il avait coupé la conversation. Il croyait une fraction de seconde les avoir gênés et devoir faire la fin du voyage avec eux, dans ce même silence. Mais au final, Isao rompit encore une fois la glace encore une fois. Vraiment, cette conversation promettait d'être plus intéressante que prévu.

- Ah! Ça devrait me plaire! J'ai toujours vu Bush comme étant un grand enfant qui joue à la guéguerre!

Mariko toujours agrippée au bras d'Isao, regarda Sakyo, celui-ci assez peu loquace, venait enfin de parler, apparemment la conversation, prenait une tournure qu'il appréciait.

- En ce qui concerne la société américaine, je pense que vous devriez jeter un œil à Bowling for Columbine et Farhenheit 9/11, de Michael Moore. Ce sont des
documentaire, l'un concernant le droit du port d'arme aux états-unis, et l'autre le régime de peur de George.W. Bush et la guerre en Irak. C'est vraiment sympa, et on apprend beaucoup de choses.

Columbine, ce nom ne lui était pas inconnue, elle ce remémora une émissions qui parlée du massacre qui avait lieu dans une lycée d'une petite ville des États-Unis. Selon Sakyo, Bowling for Columbine était un documentaire sur le port d'arme, il devait donc y avoir un rapport entre les deux, surement que le massacre servait de trame de fond au documentaire, elle qui n'aimait pas la violence, ce documentaire devrait surement lui plaire, elle irait surement demain soir, voir peut etre ce soir au vidéo club avec Annie, donc elle en profiterai pour le louer. L'autre documentaire, Farhenheit 9/11 parlé de la guerre de façon critique comme beaucoup, elle espérait qu'il serait lui aussi intéressant, mais elle le regarderait plus tard.

- Ah! Ça devrait me plaire! J'ai toujours vu Bush comme étant un grand enfant qui joue à la guéguerre!

Elle regarda Isao et ce serra un peu plus contre lui, sans savoir pourquoi. Isao lui fit un grand sourire et ce mit même à rougir.

- Je suis plus intéressée par le premier documentaire, il y a déjà beaucoup de critique sur les guerres et l'armée, mais bien peu à mon gout sur le port des armes, qu'elles soient à feu ou pas, et pas forcement qu'au Etats-Unis. Je vois déjà beaucoup trop de personne qui porte un couteau. Encore hier, j'en ai vu un dans le métro qui harcelait une fille de ma classe, en jouant avec son couteau. Il est vite partit, mais pendant le laps de temps ou il l'ennuyait, personne n'a bouger.

Mariko ce remémora à nouveau la scène du train, elle ce demandait comment aurait réagit les gens si le train n'avait pas était aussi vide. L'étudiant qui l'avait sauvée, aurait il entendu quelque chose? ce serait-elle fait violée devant tout le monde sans qu'aucun ne réagisse. Ou alors au contraire des personnes auraient réagis? Elle ce remémora aussi le jour ou le frère d'une amie avait utiliser sa naïveté pour essayer d'abuser d'elle, Mariko ressentit encore ses mains qui la parcourait, ainsi que son souffle chaud sur sa nuque, un frisson lui remonta le long du dos. Une larme coula le long de son visage, elle n'avait parlé à personne de ces deux scènes, le psy que la police lui avait demandée d'aller voir, s'était efforcée de lui faire racontée les deux scènes, mais en vain, la jeune fille gardée obstinément ses lèvres scellée. Une pluie fine commença à tombée, Mariko s'arrêta et sortie de son sac un grand parapluie blanc avec des lapins rose, prenant un peu son temps pour profité de ce temps qu'elle aimait particulièrement. Son visage de nouveaux radieux et épanoui.

- Tu à encore ce parapluie? dit Isao d'un ton narquois.

Mariko le regarda sourit, et lui tira la langue.

- Mhhhhhh! Comme tu le vois, c'est mon père qui me l'a offert, je ne le jetterais pour rien au monde.

- Comme le porte-clés sur ton sac!

La pluie augmenta d'un coup, la jeune fille eut du mal mais au final, déploya le parapluie et revint ce collée trempée à Isao, en tendant l'affreux parapluie à Sakyo.

- Tu est plus grand ça nous couvrira tous les trois. Quel est ton film préféré?

Le bureau de la mére d'Isao était de plus en plus proche.

Encore une fois, la jeune fille avait laissé échapper des propos intelligents. C'était vrai, ce qu'elle disait. Des critiques sur les guerres, tout le monde en voyait. Et c'était normal après tout. Personne n'aime les guerres, chose logique. C'est pourquoi énormément d'émissions sont créées à l'occasion. Et c'était vrai que les peuples en conflits étaient souvent critiqués. Mais concernant le port d'armes, c'était clair et net que les esprits débattaient bien moins sur le thème. Après tout, beaucoup de gens en avaient une pensée plus ou moins différentes. Le monde était partagé entre deux idées: porter des armes permettait une certaine protection, mais c'était aussi un chemin raccourci vers la violence. *Merci, Moore, de nous faire penser à tout cela.*
Lorsque Mariko commença à évoquer cette l'exemple du type au couteau dans le métro, il pensa encore un peu à "son but". Alors, comme ça, personne n'avait bougé? Lui, il l'aurait fait. Cela lui aurait donnée l'image du héros. Et mieux encore, cela lui aurait donnée l'image du héros qui donne sa vie pour les autres. Il serait mort dans une courte période de gloire. Une bonne chose? Carrément, pour lui.

Et c'était plutôt drôle. Mais sur cette pensée morbide qu'une pluie commença à tomber. Une de ces pluies toutes fines qu'il trouvait plus gênantes que les grosses. Il ne savait pas comment expliquer ça, mais il n'aimait la pluie que lorsqu'elle était violente. Les énormes gouttes qui s'éclatent sur son visage. Tout ça. En fait, c'était en rapport avec certaines périodes des romans qu'il écrivait. Souvent, lorsqu'il décidait qu'une pluie battante tombait, c'était quand le héros perdait un être cher. Étrange d'aimer ce genre de pluie avec une telle tragédie en rapport. Mais cela lui donnait un minimum d'inspiration. Une inspiration vite disparue à la vue d'un horrible parapluie blanc à motifs de lapins roses, sorti du sac de Mariko. Bien évidemment, Isao fit une réflexion légèrement narquoise, mais tout s'expliquait dans la suite. Sans doute qu'elle aimait son père et ce cadeau, tout comme elle adorait les lapins. Enfin, elle n'avait que treize ans. Lui aussi, à cet âge là, il avait une grosse préférence pour les dragons. Enfin... ce n'était pas le même registre... mais...

- Tu es plus grand, ça nous couvrira tous les trois. Quel est ton film préféré?

Elle avait dit ça d'un façon bien moins gênée. Sans doute que la courte conversation sur Michael Moore avait ôté un petit bout de méfiance à l'adolescente. Mais tout de même... quel horrible parapluie! Mais il ne s'en plaignit pas. Il se contenta de le prendre et se mit derrière eux, de façon à placer le parapluie au milieu et traverser les gouttes sans encombres. Puis il tenta de refaire une petite liste des films qu'il avait le plus apprécié... Beaucoup de films... Un préféré serait dur à trouver parmi eux. Puis il repensa à un film d'animation, du studio Gibli.

Mon film d'animation préféré, je crois... Ce doit être "Le Tombeau des Lucioles". Ça parle du bombardement de Kobé. Deux enfants deviennent orphelins mais ils sont obligés de vivre chez leur tante qui se trouve être légèrement tyrannique. Ils décident alors de vivre dans un abris, dans des marais où tous les soirs, des milliers de lucioles viennent se rassembler. D'où le titre du film. Je crois que c'est le plus triste que je n'ai jamais vu.

Il n'avait pas parlé longtemps, mais pourtant, ces quelques mots avaient suffit à capter sa propre attention. Il ne s'était pas rendu compte de la distance parcourue, et il remarquait qu'il était déjà devant le bureau de la mère d'Isao. Un bout étonnant de l'après midi, il avait pour la première fois envie de connaître les goûts de deux gamins. Dire qu'il y avait quelques minutes, il les jugeait pour leur âge et leur physique superficiel. Il avait eu tort. Bon, il ne referait plus la même erreur avant de mourir. Mais il voulait tout de même savoir, alors avant de laisser l'adolescent monter les escaliers qui menaient à la porte du bâtiment, il lui posa une dernière question.

Tiens donc, avant de partir, quel est ton film préféré à toi?

Il remarquait aussi que Mariko était encore là. Sans doute qu'elle habitait un peu plus loin. Il pourrait peut-être continuer cette petite conversation avec elle. Alors immédiatement après, il se proposa pour l'accompagner jusque chez elle.

Tu habites plus loin, non? Je peux t'accompagner si tu veux. Je dois passer par le même chemin de toutes façons.

Décidément, ces gamins aimaient les parodies. Dommage que la volonté d'Isao à lire le livre de la trilogie du Seigneur des anneaux était trop faible pour être effectuée. Enfin, ce n'était pas trop grave. Sakyo avait lui même déjà été dénué d'envie de lire durant certaines périodes. Par exemple, après avoir vu le film Eragon, il avait complètement été dégouté par l'idée même de lire le livre, même s'il savait déjà qu'il était mieux. Enfin... Shaun of the dead rattrapait un peu le tout. Un film britannique vraiment drôle selon l'écrivain.
Puis, la suite des évènements fut légèrement plus intéressante. Si l'on pouvait dire cela. Il ne s'intéressait pas aux amourettes de collège, mais il fut tout de même étonné de voir la réaction de Mariko après un simple baiser sur sa joue par le jeune Isao. C'était bien ce qu'il pensait au début: il attirait les jeunes filles cet enfant. Et Mariko en était l'exemple parfait. Heureusement qu'ils se démarquaient un peu plus par leur minimum de culture censée.

- Tu devrais accepter Mariko je n'aime pas quand tu rentre seule, et toi non plus tu n'aime pas être seule. Allez à demain.

Et un second baiser... sur la bouche? Encore une chose étonnante, tiens. Il ne les aurait pas imaginés ensembles. Sans doutes qu'ils l'étaient mais qu'ils étaient le genre d'enfant timide qui n'osait pas s'impliquer. Sakyo, lui même, avant d'écrire, en primaire, avait déjà vécu cela. Enfin, c'était beaucoup plus jeune, mais il comprenait un peu. Il n'eut pas de réaction. Il n'allait pas encore plus la gêner, elle qui ressemblait d'ores et déjà à une tomate ambulante. Une tomate ambulante sur le point de se ratatiner sur le sol en rêvant trop.

- Merci Sakyo d'être venu, à une prochaine fois, veille bien sur Mariko.

Il fit un signe de main, Mariko suivait son geste par un petit et bègue "à demain". Mais d'une vitesse assez fulgurante, elle reprit ses esprits. Sans doute qu'elle s'était rendue compte de la situation et qu'elle ne voulait pas avoir l'air aussi gênée devant Sakyo. Elle le remercia de l'accompagner et se mirent en route. Et un peu plus tard, suivi d'un frisson de froid, elle continua la conversation qui avait été engagée auparavant. Ce petit frisson avait d'ailleurs capté l'attention de l'écrivain. Il n'avait jamais compris. Cet intérêt de faire porter de tels uniformes à des étudiantes. Des jupes, des chemisiers. N'importe quoi pour de telles saisons. Il pensa un peu à la France à ce moment là.

- Brr,eh ben moi mon film préférée c'est Sacré Grall, j'ai rit durant tout le film, en particulier quand la scène du lapin arrive.

S'en suivit une petite imitation de la scène du lapin, suivie d'une remarque sur le film par Sakyo, qui l'avait d'ailleurs beaucoup aimé aussi: "On a perdu la moitié de nos hommes, mais heureusement, la grenade sainte est là pour nous sauver!" Et finalement, elle n'avait plus l'air gênée du tout. Ils parlèrent pendant un petit moment de choses et d'autres. Il s'était lui même étonné d'avoir acquéri une telle "sociabilité" avec des gens de cet âge ci. Mais c'est durant ce petit compliment intérieur que le regard de Mariko se porta sur une scène, à l'entrée d'un bar, pas vraiment loin d'ici. Et lui aussi, il commençait à porter un certain intérêt à la scène... Malheureusement, l'adolescente agit un peu trop vite, de façon presque impulsive. Immédiatement, elle les suivit en traversant la rue. L'inconsciente ne s'était même pas rendue compte qu'une voiture était passée juste derrière elle.

* Bon sang! A quoi elle pense!*

- Mariko! Nom de Dieu! Reviens!

Mais elle ne revint pas. Il dû traverser la route en prenant soin d'éviter la seconde voiture qui suivait. Non, il n'allait pas mourir en laissant cette gamine suivre ces types. Qui sait ce qu'ils comptaient faire à cette fille? Et qui savait encore mieux ce qu'ils allaient faire avec Mariko en prime? Sakyo imaginait déjà les pires scènes tandis qu'il arrivait à l'entrée d'une ruelle. L'adolescente était là, et il avait remarqué apparemment en même temps qu'elle le lieu où ils allaient. C'était un chantier abandonné, mais on en parlait déjà depuis un moment. C'était comme certains quartiers malfamés. Et bien ici, ce chantier n'était même plus fréquenté par les policiers. Lieu bien trop dangereux, mais qui sait ce qu'ils allaient faire à la fille qui les accompagnait? D'autant plus qu'elle n'avait absolument pas l'air de vouloir rester avec eux. C'était clair, il devait faire quelque chose... Mais en fait, il y avait deux choses à faire... Mariko devait rentrer chez elle... Non, non, il n'abandonnerait pas cette femme. Alors il élabora un bref plan... même s'il était complètement fou et dangereux.

Bon, Mariko, attends moi ici. Je vais voir si je peux aider cette fille. Ne me suis surtout pas, c'est trop dangereux.

Dans cette ruelle se trouvait quelques poubelles avec, à côté, des cageots vides en bois. Il en arracha une planche dont l'extrémité laissait dépasser quelques clous et adopta une posture de combat. Il traversa la ruelle, sans même se soucier de si Mariko le suivait et s'arrêta au coin de celle-ci. Il pouvait à présent voir le groupe des trois types entrer dans une de ces "cabanes" qui servaient certainement pour l'organisation du chantier. Il y avait déjà des gens à l'intérieur, mais heureusement, personne dehors. Il s'en approcha encore, à pas de loups. Il se trouvait alors à présent l'oreille collée au mur du "bâtiment", suffisamment fin pour laisser échapper quelques sons.

Dans le genre gagneuse, elle devrait être sympa, celle là.

C'était clair maintenant. Des types qui cherchaient à faire de la prostitution. Elle, c'était certainement une pauvre femme qui avait été kidnappée. Il tenta de regarder la scène par la fenêtre. Il vit les trois hommes derrière la femme, la dépassant de taille d'un peu plus d'une tête. Deux autres hommes étaient en face d'elle, l'un très bien habillé, un pistolet mis en évidence à sa taille. Les autres portaient des énormes couteaux et des matraques. Rien de comparable à la confrontation qu'il avait vécue avec Akira... Ah... si seulement il avait pu être là pour l'aider... Désormais, il devrait agir seul...

Le quatuor s'éloigna vers le chantier, la jeune fille, commença à ce sentir mal à l'aise, quelle folie, pourquoi les avoir suivit, maintenant elle ne pouvait plus reculée, que pouvait elle faire contre ces hommes. Mariko fut bien vite rattrapé par Sakyo, la jeune fille fut quelque peu heureuse que l'homme est décidé de la suivre, un profond sentiment de soulagement, ce déversa en elle comme un torrent d'eau dans une chute, ses craintes s'envolèrent rapidement. Elle sentit le jeune homme s'approcher d'elle, puis regardé dans la même direction, lui aussi devait avoir compris ce qui allait ce passé dans cet endroit isolé et mal famé. La jeune femme enlevée devait avoir à peu prés vingt deux ans, elle était habillé d'un débardeur blanc, allant parfaitement avec son court jean et ses chaussures beige, un gilet rouge sur les épaules. Une longue chevelure brune parfaitement entretenue, laissant deux mèches sur un visage de porcelaine, allait à merveille avec son rouge à lèvre noir. La femme au courbe agréable ce débattait tant bien que mal, pour échapper à ses trois ravisseurs. Mais à n'en point douter, on ne pouvait le fausser compagnie de cette manière, l'homme qui la tenait fermement devait avoir fait un séjour dans un stage de bodybuilder. Les deux autres hommes ne semblait pas aussi costaud, mais par contre, ils transpiraient de malveillance, surement déjà en train d'imaginer les sévices qu'ils allaient bientôt pouvoir offrir à cette jeune femme. Mariko vit des images horrible défilaient devant ses yeux dans un joyeux capharnaüm, ces images confuse et terrible lui mirent la larme à l'œil, la faisant tremblée comme une feuille, on ne pouvait pas laissé faire cela, il fallait faire quelque chose. L'adolescente ce tourna vers Sakyo, mais il la prit de vitesse.

-Bon, Mariko, attends moi ici. Je vais voir si je peux aider cette fille. Ne me suis surtout pas, c'est trop dangereux.

Le jeune homme ce dirigea vers des débris, il ramassa quelque chose et parti au coin de la ruelle sombre et crasseuse, pour finalement disparaitre quelques instant plus tard. Mariko tremblante s'approcha elle aussi du coin. Elle vit Sakyo s'approcher furtivement d'un des préfabriqués du chantier. Le jeune homme ce colla à la parois, puis regarda discrètement par la fenêtre, que voulait il faire avec ce vulgaire bout de bois, qu'il tenait fermement comme une épée de justice.

- Il..il est fou, il va ce faire massacrer.

De nouveau la scène du train, mais cette fois, le souvenir ne s'était pas arrêter sur la tentative de viol, mais comme chaque nuit, sur l'homme ensanglanté, qui avait donné sa vie pour lui éviter d'avoir à contenter les étudiants qui la convoitaient. La même scène allait elle ce reproduire, mais cette fois avec Sakyo dans le rôle du sauver, et cette jeune femme dans le rôle de la victime de la lubricité de certains? Un téléphone sonna, mais oui elle avait son portable, comment avait elle pu être aussi stupide, la jeune fille raccrocha et composa le numéro des urgences, bien que la police ne mettait jamais les pieds ici, ils ne pouvaient ne pas agir sur un appel à l'aide.

- Bonsoir, les urgences de Tokyo, quel service désirait vous?

- E...uhh..bo..n.s..o.ir, la..la po..police .s'il..vous plait!

- Veuillez patienter, nous allons donner suite à votre appel.

Mariko prit le temps d'attente pour s'efforcer de ce clamer quelque peu, mais l'attente et la possibilité de l'evénement tragique à venir, la fit taper du pied.

- Allez plus vite s'il vous plait......

- Allo, Akiko police de Tokyo à l'appareil, que puis-je faire pour vous?

- Vite dépêcher vous..mon..ami à suivit un group..qui kidnapper...une femme. Dépêchez vous, ils vont les tuer..s'il vous plait, venez vite!

- Veuillez vous clamer je vous prie, indiquer moi le lieu.

- Je...ne sais pas, il l'emmène au vieux chantier prés de la rue ou ce trouve le bar des cerisiers. Vite dépêchez vous.

La femme ou bout du fil lui confirma le lieu, et indiqua à notre Mariko apeuré, que des policiers était en chemin, et que la jeune fille ne devait surtout pas bougé. Mais la peur du drame, poussa notre jeune collégienne vers le chantier. Quelque instant plus tard, un cri retenti et Sakyo vit au loin un homme massif, venant vers lui, en essayant de tenir, une jeune femme qui ce débattait violemment. Le sac de Mariko, quand à lui, sonnait au loin dans un air joyeux.

Bon... Tout allait presque pour le mieux. D'accord, oui, Mariko était quelque part et risquait elle aussi sa vie. Il devait aussi sauver une deuxième fille. Et lui, il n'était qu'une espèce de petit lycéen, athlétique, mais chétif face à ces espèces de colosses. Il allait devoir agir non pas dans la violence, mais plus dans la fourberie. Il avait déjà une petite idée de ce qu'il allait faire. Il attendrait à l'entrée du bâtiment. Quand ils ressortiraient, il assommerait le dernier, prendrait son arme et s'attaquerait aux autres. Non... non, il y en avait un avec un pistolet. C'était dangereux non seulement pour lui, mais surtout pour la femme qui était à l'intérieur. Mais il devait se dépêcher. Sans doute qu'ils allaient la violer, ou pire encore.
Mais tandis qu'il cherchait à élaborer le meilleur des plans, il entendit un cri au loin. Un cri de femme. Encore une? Décidément, il n'allait pas être aidé, lui. Il regarda autour de lui et il vit une femme se débattre sous l'emprise de la poigne gigantesque d'une espèce de bodybuilder allaité aux anabolisants. Heureusement, l'homme ne semblait pas l'avoir encore vu. Sans doute qu'il se concentrait sur l'emprise qu'il devait avoir sur elle. Et ils allaient arriver dans le préfabriqué... Bon... Était-ce bien ou pas, qu'ils soient là? Pas vraiment, en fait. Mais ça lui apportait quelques éléments au plan qu'il tentait d'élaborer. Il fit un tour furtif du bâtiment pour se cacher derrière un gros tas de planches à l'abandon et guetter l'arrivée du monstre. Accessoirement, il pouvait encore écouter ce qu'il se passait dans l'espèce de "cabane". Et cela n'arrangea absolument rien. Il devait vraiment se dépêcher.

- Bon, on va tester tout ça.

- Non! Pitié! Non! Je trouverais de l'argent si vous me relâchez!

Toujours des cris. Des cris insoutenables. Et ils allaient être amplifiés si cette seconde femme arrivait. Oui, ils étaient là. Et elle même cessé de hurler, et son débattement s'était atténué. Il fallait croire que le désespoir avait pris possession d'elle. *Non! Ne désespère pas! Je serais là!* Enfin, il était à portée. Il fallait à présent agir de façon furtive. Sakyo se déplaça alors en passant sous la fenêtre du préfabriqué, tandis que le colosse, accompagné de son otage s'apprêtait à ouvrir la porte. Il ne fallait pas le laisser faire! Tout tomberait à l'eau sinon! Et s'il mourait, Mariko aurait aussi été en danger. Il ne pouvait pas se laisser mourir cette fois. Pas question de mourir en laissant des innocents en proie à des types comme eux. La main se rapprochait de la poignée. La femme était tétanisée. Juste quelques centimètres séparaient maintenant la chair musclée de la poignée de fer.
Sakyo, dans un grand élan, réussit tout de même à l'arrêter à temps. Il frappa de sa planche cloutée le mollet du colosse qui se rabaissa enfin plus bas que lui. Un grand râle s'en suivit. Certainement qu'il avait alerté les autres dans la cabane, mais il ne s'arrêta pas là. Il frappa trois fois derrière la tête du l'homme avant de s'emparer de la matraque en fer qu'il avait à sa ceinture. A présent, tout allait se passer dans l'impulsion, vue la folie qu'il avait certainement créée ici. Il fit signe à la fille de s'enfuir, chose qu'elle effectua bien sûr sans broncher. Puis il se posta encore une fois de l'autre côté du préfabriqué, en attendant l'ouverture de la porte. Finalement... peut-être que cette alerte n'était pas si mal que ça... Et la porte s'ouvrit dans la plus grand confusion suivit du plus grand fracas.

- Putain! Kazuo est au sol! Elle l'a frappé cette salope!

- On la rattrape!

Trois types se mirent alors à sa poursuite. Sakyo comprit tout de même, même dans l'impulsion, qu'il ne pouvait pas s'occuper d'eux tous en même temps. S'ils la ramenait ici, il pourrait peut-être faire quelque chose. Ou alors il pouvait espérer qu'elle réussisse à s'enfuir. Il en restait encore deux à l'intérieur... dont un avec un pistolet. *Putain! qu'est-ce que je peux faire? Merde! Qu'est ce que je vais faire?* Il regarda par la fenêtre. Ces deux étaient encore là... et ils s'apprêtaient encore à la violer, à la vue du déchirement de la veste rouge. Devant ce spectacle, Sakyo ne réfléchit même pas. Il savait qu'il ne pouvait pas les attaquer, mais il pouvait attirer leur attention. Il frappa alors violemment trois fois de suite contre la paroi fine du préfabriqué.

- Merde, c'est pas vrai! Y'a un type dehors!

Une chance? Ou pas? Toujours était-il que c'était l'homme à l'arme à feu qui s'apprêtait à sortir de la salle. Sakyo, lui, ne put qu'attendre à l'entrée... Il avait une petite idée de ce qu'il allait faire... Il attendit... Il attendit, serrant toujours un peu plus la matraque de fer, qui s'apparentait dans son esprit un peu plus à une branche d'arbre face à un glaive démoniaque. Il attendit. *Maintenant!* Il pistolet pointait son canon démoniaque à l'entrée du bâtiment. D'un bon, Sakyo se jeta sur le bras qui se présentait maintenant à lui pour le frapper plusieurs fois contre la paroi. Il fallait lui faire abandonner cette arme! Dans le débattement, trois coups de feu s'en suivirent. Mais il n'abandonnait toujours pas l'arme. Sakyo pressait de plus en plus sa matraque contre le poignet du présumé Yakuza, mais il la tenait encore.

- Merde! Lâche ça enfoiré! Je t'en prie! Lâche cette arme, merde!

Et voilà qu'il avait des propos incohérents maintenant. Du grand n'importe quoi... Maintenant, il ne se contentait plus seulement de presser le poignet, il frappait le visage de son adversaire de son poing gauche tout en mettant tout son poids sur son bâton de fer. Cela allait durer un moment comme ça, mais il vit venir le second homme de la cabane. Alors, dans cette venue, instinctivement, il essaya "d'organiser" le débattement de son adversaire. C'était pas plus mal, il était moins bâti que ces espèces de colosses. Il réussit à déplacer son corps sur une autre paroi de la "cabane" et réussit à pointer le pistolet vers le second homme.

- Tire enfoiré! TIRE!

Il ne tirait pas, bien entendu, mais son doigt était sur la gâchette. Sakyo n'eut qu'à frapper deux fois sur ce poing pour laisser échapper une balle qui atteint le second yakuza dans le jambe. Finalement, il s'en sortait bien, enfin! Cette femme, elle était libre maintenant! Il se battait encore, mais il réussit tout de même à entrevoir le visage de cette dernière. Elle était jolie, et surtout, elle entrevoyait bien sa liberté. Cela se voyait. L'écrivain n'eut qu'à crier "Fuis!" pour qu'elle s'exécute. Enfin, il avait réussi à agir comme un héros, et seul. Mais il ne put se féliciter. Le combat n'était pas terminé... et finalement, sa force quelque peu chétive, bien qu'il soit assez athlétique, n'eut pas raison de son adversaire qui, dans un grand élan, projeta Sakyo hors du bâtiment. Il tomba, déséquilibré par une telle poussée et se retrouva à présent en face du glaive démoniaque qu'il s'était représenté tout à l'heure.

- Alors? T'as fini de jouer les héros connard?

Il était un peu sonné, mais suffisamment conscient pour se rendre compte de ce qu'il se passait. Les femmes avaient fuit. Tout allait bien à ce niveau là. En fait, ça allait "plutôt" bien. Les trois hommes partis à la poursuite du second otage étaient revenu bredouille, mais dans une course. Il les voyait arriver alignés, brandissant leurs chaînes et leurs barres de fer.

- Boss! On a entendu des coups de feu!

- Évidemment! C'est cet enfoiré qui a frappé Kazuo! Pas la fille!

Un des trois colosse entra dans la bâtiment et constata avec horreur que son autre coéquipier avait été lui aussi blessé. Kazuo, quant à lui, gisait encore sur le sol.

- A lui seul, il a réussi à faire ça? remarqua le yakuza.

Le boss fit un signe de tête à l'un de ses deux autres sous-fifres. Ce dernier releva alors l'écrivain du sol et l'attrapa par le cou. C'est sans peine qu'il le souleva à une bonne vingtaine centimètres du sol et le colla violemment contre le mur de la cabane. Sakyo comprenait alors. C'était aujourd'hui qu'il allait mourir en héros, certainement. Il espérait que Mariko était rentrée...

- Crois moi, il va pas faire plus, ce connard.

Une véritable torture. Lui qui ne se battait jamais, il n'avait jamais ressentie une telle douleur. Sakyo, toujours suspendu par un étranglement, ses pieds à vingt centimètres du sol. Même dans son combat avec Akira, il n'avait pas souffert comme cela. C'était à peu près clair maintenant. Il allait mourir, et il ne savait toujours pas ce qui était arrivé à Mariko. En fait, peut-être que ce n'était pas plus mal. S'il l'avait vue en dernière image aux côtés de ces types, il serait mort dans le regret. Oui, en fait, il mourait à peu près comme il le souhaitait. Bien sûr, l'idéal aurait été de ne pas souffrir... mais on ne peut pas tout demander, hein. Mais finalement, il n'allait pas mourir immédiatement.

Crois moi, mon gars. On va bien s'amuser avec toi.

Ah. Pire, en fait. La poigne autour de son cou se déserra et le laissa tomber violemment sur le sol. Il passait de l'état de héros qu'il était il y'avait quelques minutes à un état de véritable loque. Un déchet se traînant sur le sol. Pas l'idéal comme mort. Il espérait plus glorieux, mais sans doute qu'il resterait dans l'esprit de ces femmes. Et peut-être même qu'il avait un ticket d'entrée au paradis, même s'il n'y croyait pas vraiment. En fait, il espérait qu'après la mort, il devienne ce qu'il avait toujours voulu être. En soit, lui voulait être un assassin dans un univers fantastique et médiéval. Mais il ne fallait pas rêver, non plus... C'était fichu pour lui. En fait, tandis qu'il endurait les coups de pieds alors qu'il était avachi sur le sol, il se faisait peu à peu une raison. Il allait mourir, car il l'avait cherché. L'inspiration pour ses romans l'avait quitté, il avait sauvé des innocents avant sa mort... En fait, il n'avait plus de raisons de vivre, mais tout allait bien en soit. Il allait laisser derrière lui la plus belle image qu'on pouvait avoir. Il serait un héros mort pour les autres.

- Eh, Kazuo se relève!

Et encore une fois, c'était pire. Voilà que celui qu'il avait assommé se relevait. Et bien évidemment, il allait vouloir se venger. Les coups de pieds dans les côtes de Sakyo s'atténuèrent. Il put enfin souffler. Mais immédiatement après, sous les ordres du Yakuza qu'il avait frappé, il fut relevé, tiré de ses bras par deux autres de ses assaillants. S'en suivirent alors des dizaines de coups de poings et de pieds. Cela n'avait jamais duré que cinq minutes. Mais aux yeux de Sakyo, c'était bien plus long. Beaucoup plus long. A présent, tout son corps était rempli de bleus et de coupures à cause du cuir des chaussures. Puis enfin, les coups cessèrent. Une nouvelle occasion pour l'écrivain de souffler. Mais juste quelques secondes. Le Boss yakuza était entré dans la cabane pour ressortir avec... une bouteille de soda? *Enfoiré, tu vas siroter un petit soda en regardant ma mort?* Et non. Une méthode de torture qui lui était jusque là inconnue. L'homme secoua la bouteille, d'un air plus ou moins je m'en foutiste. Puis il intima à ses sbires l'ordre de tenir la tête du romancier. Puis il décapsula la bouteille juste sous les narines de ce dernier. Pire que l'étranglement et les coups, cette douleur était particulièrement insoutenable. Et pour la première fois depuis le début de sa torture, il hurlait comme il n'avait jamais hurlé. Enfin, le flot s'arrêta, mais les coups recommencèrent. Bizarrement, il souffrait mais s'y était presque habitué. Mais il se sentit tomber une seconde fois. Cette fois, il ne fut pas frappé au sol, mais on lui attrapa le bras droit. Il traînait encore dans la terre, mais son bras seul était élevé, comme un pilier. Sakyo le sentit droit, tendu, puis la seconde d'après, c'est la sensation d'un horriblement coup suivi d'un craquement qui parcouru tout son corps. Il tourna la tête sous la douleur insoutenable et aperçut alors l'horrible réalité: son bras venait d'être brisé à l'aide de la matraque de Kazuo. La manche de son manteau descendue, il pouvait même voir les os sortir de sa chair. A cette vision, il perdit connaissance... mais c'était bien sûr sans compter sur la détermination des yakuzas à le faire souffrir au maximum.

- Réveille toi connard! Tu nous as fait perdre pas mal de pognon avec tes conneries. Va falloir payer!

- Eh Ike! Pas trop les boules d'avoir reçu une balle dans la jambe? Tu veux te venger?

Kazuo s'était vengé. Il paraissait presque normal que cet Ike, celui que Sakyo avait réussi à toucher avec le pistolet avec soin se venge lui aussi. Le boss avait donné son arme au sbire en question tandis que l'écrivain gisait encore sur le sol, ayant eu droit à un joyeux coup de pied au visage pour réveil. Pendant environ dix secondes, il put se réjouir de ne plus sentir de coups. Mais dans le rugissement de "l'arme démoniaque" qu'il fut touché par une balle au genou droit. Vint le tour du genou du gauche, avec toujours le cri de l'arme accompagné par ceux de celui rêvait tant de fantastique. Il avait déjà écrit une nouvelle qui parlait d'un torture. Et bien, il se sentait totalement à côté de la plaque après ça.
Et encore une fois, d'autres coups s'en suivirent. Mais cette fois-ci, tant la douleur qu'il avait ressentie était grande, il ne sentait presque plus rien. Sinon le raisonnement des coups jusque dans sa tête. Des sons graves et violents, des craquements et autres qui lui laissaient encore imaginer ce qu'on lui infligeait réellement. Puis, enfin, les sons graves s'arrêtèrent. Un long silence... très long. Il se croyait mort. Mais non, ce n'était pas encore fini. Il sentit encore une fois son corps relevé puis un choc dans son dos. Il était sur la paroi du bâtiment. Des claques sur son visage ensanglanté, il entrouvrit les yeux avec peine... il voyait le Boss... Il parlait fort, Sakyo tentait de comprendre... Puis enfin, il commença à comprendre clairement tous les mots.

- Dis donc, pourquoi tu n'implores pas notre pitié? Enfoiré.

Encore une fois, de nouveaux raisonnement au creux de son ventre. Des bruits de craquements, des encouragements... Il reposa encore une fois la question. Le romancier s'étonna lui même: il réussissait encore à parler.

- Je... je vois pas... pourquoi... Je devrais plutôt... vous remercier... C'est ce que je cherchais... depuis... le début...

Encore une fois, ces raisonnements et ces bruits de craquements. Mais cela ne dura pas. C'était un peu plus intense, mais ses yeux se fermèrent à ce moment là. Durant ces derniers instants qu'il passait sur terre, il fit comme un bref récapitulatif de sa vie. Il avait vécu normalement, mais en vérité, il était une allégorie du tragique. Il avait quitté le maison de ses parents pour vivre dans un appartement avant d'aller dans une faculté. Ce n'était pas pour raison pratique, c'était parce qu'il ne les intéressait pas. Toujours, il avait été gouverné par ce sentiment de toujours vouloir mieux écrire. Et cela l'avait tué. Il était mort en héros pour laisser un bon souvenir derrière lui. Mais il était surtout mort parce qu'il ne savait plus écrire comme il y arrivait avant... Et ses dernières pensées se conclurent, bizarrement, comme si toute sa vie se résumait juste à cet amour de la littérature, à quelques mots qui venaient de Roméo et Juliette. Ce n'était même pas son livre préféré. Mais ces mots l'avaient marqué...

Je veux... m'arracher au joug des étoiles contraires, ma chair lasse du monde...

Ce monde vil...

Mon contrat éternel... avec l'avide mort...