Yarashin entra en classe comme à son habitude : dans la plus totale indifférence.
Même les sarcasmes semblaient l'éviter.
Peu lui importait après tout de ne pas exister pour ces gens.
Il tirait assez de fierté de ses exploits informatiques.
Et ces exploits justifiaient à eux seuls de ne pas chercher la renommée.
Du moins c'était ce qui revenait le plus souvent quand il cherchait une excuse à son travail médiocre.
La journée fila donc sans qu'il ne cherche à en tirer quoi que ce soit.
La fin des cours lui arracha un sourire, non pour les raisons évidentes, mais parce que c'était ce moment là que son portable avait choisit pour afficher l'alerte "analyse terminée".
Cela signifiait que le programme qu'il avait pompeusement nommé "cloche de Babel" avait enfin fini de fusionner les pages.
Il se dirigea donc vers la salle du club d'informatique réservé à la main.
Il entra finalement dans le "saint des 5" guère plus grand qu'un cagibi, et aussi mal aéré.
Les autres n'étaient pas là.
Tant mieux.
Il préférait que les autres ne regardent pas de trop près son hobby.
Il utilisait une version trafiquée d'un logiciel de reconnaissance d'entités de sens pris au Gonganbu afin de lier des documents web.
Le résultat, contre toute attente, avait un sens, comme si les biais par lesquelles passait la vision du japonais influaient sur le programme.
Un examen de l'algorithme de collecte, produit de l'informaticien, suffisait toutefois à expliquer le phénomène.

C'est donc un document unique correspondant à ses attentes que Yarashin récupéra à travers la douzaine de tunnels qui constituait son protocole d'accès au réseau Seele.
Il le chargea sur son ultraportable, décidé à le lire chez lui.
Pendant le chargement, Yarashin s'occupa des traces laissées sur le protocole.
Il s'assurait à chaque fois que rien ne le relie au réseau.
Seule la backup du réseau, dont il ignorait l'existence, gardait trace de ses bricolages.

Le chargement était fini, Yarashin modifia les logs et éteint les ordinateurs.
Il remballa son portable et sortit.