Les seules personnes qui répondirent à la provocation d'Enoki furent les autres membres du trio, prêt à venger la mort de leur amis. Seulement tous les occupants de la chambre furent interrompu par un jeune homme avec un bonnet blanc. Celui ci affirmait qu'avant de se battrent il serait mieux de comprendre ensemble la situation qui leur faisait face. Après l'arrivé d'une nouvelle personne, les occupants de la chambre commencèrent à raconter chacun à leur tour leur mort.

Plutôt étrange de raconter sa mort alors que l'on est vivant, mais Enoki s'en souvenait très bien lui aussi. Il avait été fusillé par le chef d'une bande de voyou, pourtant il était encore là en chair et en os. Mais cela l'importait peu, tout ce qu'il avait remarqué c'était que la femme du grand militaire affirmait qu'un mur invisible empêchait tout contact avec la baie vitrée.

* T'a juste pas assez de force ma p'tite ! * Pensa t-il en regardant les 2 femmes de son âge qui étaient présente dans la chambre * Je vais vous en mettre plein la vue mes jolies ... Vous n'allez plus me lâcher une fois qu'on sera partit d'ici grâce à moi ! *

Enoki laissa couler une larme sur sa joue en s'imaginant une scène érotique complétement stupide en compagnie des 2 femmes. Comme si une démonstration de puissance allait le mener là. Le jeune blond était vraiment quelqu'un d'enfantin qui avait encore des choses à apprendre ... Persuadé que la force lui permettrait d'atteindre une des vitres, et de la briser par la même occasion, Enoki s'élança à toute vitesse en direction de la baie vitrée. Une fois assez proche il sauta le pied gauche en avant mais au contact du mur invisible il y eu un effet de rebond qui le projeta au sol. Les occupants de la chambre eurent donc droit à un spectacle bien navrant.

" Aïe ! " Ce fut le seul mot qui sortit de la bouche du grand blond suite à son échec total.

Bon, l'inconnue reprenait tout doucement possession de ses moyens. Bien... Seulement, la réponse qu'elle fournit n'aidait pas à vérifier les choses, car elle ne se souvenait que d'avoir conduit. Cependant, en réfléchissant, Fukuda ne se rappelait que de la vitre qui tombait à toute vitesse sur lui. Dans le cas d'un accident violent, peut-être n'avait-elle même pas eut le temps de voir quoique ce soit. Ah, réfléchir aussi intensément prenait du temps. Ne pas perdre le fil... ne pas perdre le fil !
Ouf ! Le grand militaire baraqué s'exprima. Il réquisitionna l'attention de tous grâce à sa voix autoritaire, et se présenta, lui et... sa femme. Fukuda reporta son regard sur ces deux-là.

* Drôle de couple ! *

Tetsuo et Yoko. Pas trop difficile à retenir. Enfin, les présentations étaient lancées, bien que ça semblait vraiment inapproprié dans une situation si bizarre, au sein d'une chambre qui l'est tout autant - avec un cadavre en prime, faisant office de décoration folklore.
Une jeune fille à l'air sévère, Yuya, ne manqua pas de souligner ça d'une façon un peu abrupte, tout en mentionnant clairement son expérience de mort : une chute d'un toit. Ca se précisait.
Ensuite, l'autre fille, apparemment lycéenne, décida de murmurer son prénom à l'oreille de Fukuda, qui interpréta ça comme de la timidité. Il la salua instinctivement d'un signe de tête.
Ce fut au tour des jeunots, mais seul le blondinet prit la parole, Usui. Le dénommé Fujimaki, le gamin à la batte, semblait sur les nerfs. Pendant ce temps, l'autre détenteur de batte - le décoloré, prenait un peu d'élan. Le grassouillet blessé se présenta alors, mentionnant qu'il était un "camarade" du duo. Beaucoup de lycéens, donc.

* Est-ce qu'il y a un lien... ? Un réseau de vente d'être humains, quelque chose comme ça ? *

Cette théorie sordide ne trouvait aucune explication, du fait de leur simple apparition utilisant une technologie dotée d'un niveau de sophistication encore jamais vu. La téléportation. Bien que ce n'était pas instantané comme dans les films de science-fiction, il semblait que c'était bien ce phénomène dont il était question... et ce grâce à cette sombre Sphère, source de tous les mystères. En reportant un moment son intention dessus, Fukuda pressentit qu'elle détenait toutes les réponses. Cela apparaissait comme une évidence.
C'est à ce moment que le décoloré choisit de se rétamer au sol après avoir... subtilement tenté de défoncer la baie vitrée. Une manoeuvre vaine, qui rendait l'arrivée du mangaka - quoique légèrement passée inaperçue, moins ridicule. Les yeux plissés et un peu dépité, le Fukuda observait le jeune abruti à terre.

* Mais quel con... *

C'était clairement le genre de personnages improbables qu'il faisait apparaître dans sa série. Sauf que dans sa série, il aurait été capable de péter la baie vitrée et de tous les sortir de ce bourbier. Ici, le gus avait lamentablement échoué. Il y eut un moment de silence gênant, comblé par la voix rauque du type au fusil. Fukuda ne réalisa qu'à cet instant la dimension incroyable des sourcils du concerné.

* OH PUTAIN ! UN HIBOUX !! *

Ses yeux s'écarquillèrent à l'image du regard du volatile qu'il attribuait au chasseur. Il en avait zappé son nom. Il se rendit alors compte que, il avait déjà oublié la plupart d'entre eux.

* Putain de mémoire... *



Avant qu'un nouveau transfert n'ait lieu, Fukuda se mit à imaginer quel surnom il pouvait donner à chacun. Ce ne serait pas bien vu de leur attribuer un sobriquet, mais il n'allait pas les faire répéter non plus. Récapitulation : Tetsuo, le grand militaire baraqué, et sa femme... Yoko ? Eux, ça allait. Ensuite, Yuka ? Non, Yuya. La ténébreuse. Ensuite, cette fille... merde ! C'était quoi ? Osaka ? Non, c'est le nom d'une ville ça, andouille. Oquelquechose. Bref, la discrète. Puis, Usui et Machin, le blond et le brun, le calme et l'énervé. Après ? Au sol, l'décoloré, ou l'abruti. Et Gros Sourcils. Ah ! Et Komitruc, ou Onigiri. Ouais, Onigiri sonnait bien. Il se rendit alors compte qu'il devait logiquement se présenter, mais une nouvelle arrivée l'interrompit.
Encore une fois choqué par ce phénomène extrêmement glauque, il resta bouche-bée en découvrant la personne en question. Une fille chic, très belle, qui partit derechef se réfugier dans le couloir en découvrant le cadavre.
Ah... Monsieur Cadavre. L'enchaînement de trop. Une fois encore, nausée. Cette fois, marre de la main, manche devant la bouche.

* Fait chier... j'avais jamais vu de cadavres ou de corps humain fraîchement composé devant moi... bordel. *

Deux problèmes immédiats se posaient alors : combien allaient encore arriver dans cette terrible chambre, et qu'est-ce qui était le mieux vis à vis de la dépouille ? Fukuda eut bien l'idée de la recouvrir avec sa veste, mais un cadavre restait un cadavre, même caché. Mais tout bien réfléchi, ce serait toujours moins traumatisant que de voir quelque chose d'aussi gore d'entrée de jeu. Carrément même. Et, il devait toujours se présenter. Il prit de ce fait la parole, essayant de garder son calme en s'approchant pas à pas du pauvre garçon décédé. Mais sa voix tremblait.

" O... Ok tout le monde, enchanté. Et désolé... " dit-il en ôtant gauchement sa veste noire et en recouvrant soigneusement la dépouille, non sans déglutir.

Un peu fébrile, il se releva et regarda l'ensemble du groupe.

" Shinta Fukuda, je crois qu'une énorme vitre m'est tombé dessus devant un chantier... et que j'ai été écrasé. "

Comme une merde. Enfin, son histoire venait corroborer celles de ceux qui avaient évoqué leur mort, comme la ténébreuse et Onigiri, pour l'instant. Le mangaka enchaîna, tentant de donner de la suite dans les idées de chacun, lui le premier.

" Ceci dit, je crois pas que l'on soit morts. Je respire, j'ai mal au crâne, j'ai envie de vomir et... je sens mon coeur qui bat. " affirma-t-il en posant sa main sur son torse.

Peut-être que certains se sentiraient mieux en réalisant qu'ils avaient encore toutes les sensations de la vie, qu'ils en seraient rassuré. Dans tous les cas, la nana qui était partie dans le couloir aurait sans doute besoin de l'être également. Pas opportuniste, Fukuda entreprit seulement d'aller la chercher, pour qu'elle puisse elle aussi bénéficier des quelques maigres explications qu'ils détenaient et partageaient miette par miette. Il dépassa tout ce beau monde pour s'arrêter à l'entrée du couloir dans lequel elle s'était aventurée. Aller à sa rencontre physiquement pourrait l'effrayer davantage, l'inverse aussi. Fukuda éleva la voix, pensant que garder ses distances et la prévenir oralement était préférable.

" Oï ! C'est bon, tu peux revenir ! J'ai couvert le corps... "
* Putain qu'c'est sordide. *
" On te fera aucun mal, on est aussi perdu et choqué que toi ! Alors reviens, okay ? "

La réaction de la belle femme avait été assez remarquée, compte tenu de sa beauté qui avait attiré les regards, mais aussi la vitesse à laquelle elle s'en était allée dans le couloir. Mais quand Fukuda prit l'initiative d'essayer d'aider la jeune femme, les trois lycéens regrettèrent de ne point avoir agi. Un peu jaloux, ils assistèrent impuissants au "sauvetage" du mangaka. Elle mit du temps à répondre, mais le dessinateur, de là où il était, pouvait l'entendre sécher ses larmes et murmurer des paroles pour elle-même.

"Iago... Pourquoi tu m'as fait ça?"

Après ça, on put entendre le bruit de ses talons sur le sol, signifiant qu'elle s'était relevée, puis sans répondre, elle se dirigea vers l'entrée de la chambre, les yeux encore rougis. Mais la raison pour laquelle elle n'avait pas parlé, c'était parce qu'elle avait entraperçu la silhouette du loup à travers la seconde ouverture... Aussi, elle avait coupé sa respiration avant de dépasser Fukuda, sans lui adresser un regard, puis s'adossant contre le mur gauche face à l'ouverture, entre les deux entrées.
Elle ne parla pas. Elle se contenta de croiser les bras après avoir jeté un rapide regard vers le cadavre recouvert. Puis elle se mit à fixer les Tours en spirale de Nagoya. Sans poser plus de question. Encore une silence, qui fit brisé par la petite Ogawa.

"Bon... On fait quoi alors?"


Une silhouette grande courbée fit son apparition, comme si cette personne était penchée sur une balustrade. Mais elle était un peu endormie... Enfin, "un peu" était un grand mot: elle était clairement en train de dormir, ce qui la fit tomber en avant, face contre le plancher ensanglanté. Évidemment, la chose réussit à le réveiller, sans que pourtant, il ne soit vraiment "étonné". Il se réveilla comme d'un sommeil profond, marmonnant quelques mots incompréhensibles. Puis enfin, il sortit quelques mots.

"Oh... J'dois être encore en train d'rêver... Allez, réveille, réveille..."

Le tube d'aspirine ambulant (car il était incroyablement pâle) répéta ce dernier mot une bonne dizaine de fois avant de se rendormir, n'ayant pas même quitté la tête du plancher.

Yuya. Alors elle, elle avait du perdre quelques neurones dans sa chute pour oser s’adresser à Tetsuo de cette façon. Je lui jette un regard à la fois sombre et perplexe, mais vu la situation je ne dirai rien, mettant sa réaction sur le compte de la panique ou de l’incompréhension. Mon attention est alors attirée par une … fusée blonde, qui s’étale lamentablement la seconde suivante. Comprenant ce qu’il avait voulu faire, je lui dit gentiment mais non sans une pointe d’ironie :

"Jolie cascade. Mauvaise idée, mais très jolie cascade."

Tout le monde se présente, Tetsuo m’a évité la corvée, je lui en suis reconnaissante, les "enchantée, moi c’est Yoko" c’est pas mon truc. Donc, Yuya, Usui, Fujimaki, Komiyama et Saehara, ok. Suffit de se souvenir qui est qui. Pas évident. J’en suis a mémoriser ces infos quand commence à apparaître une autre femme.

*Décidément, combien vont encore arriver comme ça?*

Une femme donc, une belle femme même, très chic, très … choquée. Elle se refugie presque automatiquement dans le couloir, suis-je la seule à y voir là un gros danger pour elle? Tetsuo pense certainement comme moi : le loup. Apparemment non, je ne suis pas la seule, Shinta le dernier à s’être présenter, part la chercher, s’arrêtant à l’entrée du couloir son petit discours pour elle est un succès puisqu’elle revient, ouf, j’ai envie de dire. Un cadavre pour le moment est suffisant.

"Tetsuo et moi sommes morts dans une explosion, même si moi aussi je nous trouve bien vivants pour des morts."

Sur ce ENCORE une jolie téléportations par tranches, le mec se ramasse direct dans le sang, se relève, marmonne quelque chose, et s’écroule à nouveau. Je crois que je vais attendre, histoire de savoir combien vont encore débarquer …
Le loup pouvant revenir à tout moment comme une furie m'inquiète tout de même.

La petite effrontée qui me tutoie sans vergogne ne se rend pas compte de notre situation à tous. Je lui voue mon regard le plus sévère et ne lui réponds pas. On est en plein dans l’inconnu, et tout ce qu’on sait, c’est qu’on est censés être morts, et pourtant, on est bien en vie. En tout cas, personne ne s’adresse à moi aussi vertement, parce qu’en principe les gens ont souvent la crainte que parce que je suis solidement bâti, je n’ai aucune cervelle et ainsi, je pourrais leur écraser la tête d’une seule main. Pour la capacité à tuer, ils n’ont pas tort mais si je suis de nature autoritaire et violente, ce n’est pas à tort et à travers. On ne fait pas carrière dans l’armée en frappant tout ce qui vous regarde de travers. Si j’étais une telle brute, j’aurais davantage ma place chez les yakuzas, et même eux doivent être civilisés un minimum, au moins en apparence. Non, cette jeune femme est stupide pour me parler ainsi, dans le sens où ce n’est pas dans l’instant qu’elle court un risque pour sa petite personne, mais plus tard, à un moment où elle pourrait avoir besoin de moi, et à ce moment-là, je pourrais lui rappeler son insolence. Que ce soit du au choc de son arrivée ici, la peur de l’inconnu, ça m’est égal, chaque mot prononcé contre moi sera payé au centuple le moment venu. Autant dire que la suicidaire vient de se faire un ennemi, voire deux avec Yoko, laquelle garde aussi son sang-froid. Tout se paie, comme pour un certain soldat qui nous a piégés de telle sorte qu’on ne puisse pas échapper à la mort. Il ne se doute pas que quelque chose nous a ramené à la vie. Si je peux sortir de cet endroit, j’irai lui dire deux mots, ou un seul en fait, avant de lui briser chaque os du corps, le tuant très lentement et en toute impunité. Je ferai en sorte que cette vengeance reste impunie, bien entendue.

Non mais.

Ainsi, j’exprime mon autorité. Ainsi, j’exprime ma violence. Ainsi, j’avance vers ma nature divine, mû par ma personnalité implacable. On est avec moi ou on est contre moi. Pas de compromis. Bien sur, comme tout mortel, je pouvais décéder avant de m’être éveillé à ma nature divine, c’était un risque dont j’avais toujours eu conscience sans que ça me fasse peur. Vivre c’est risquer. Néanmoins, j’ai de plus en plus le sentiment que ce retour à la vie pourrait bien être un signe du destin. Par le passé, les dieux se sont manifestés aux hommes, avant que la perte de foi de ces derniers les renvoie dans les abysses de l’oubli. L’oubli est l’arme qui affecte le plus les dieux. Sans la foi des hommes, les dieux disparaissent peu à peu. Or, cette sphère noire nous a amené ici et nous y retient avec un pouvoir pour ainsi dire divin. Serait-elle un Dieu ? Cette chose utilise une technologie inconnue des humains, une technologie largement supérieure, ça j’en suis certain. Il se pourrait que ce soit là la magie divine depuis la nuit des temps. Des boules de feu des légendes viendraient de lance-flammes, des éclairs de générateurs d’énergie, l’invincibilité des dieux de champs de force. C’est tout à fait possible. Il suffit de garder secrète cette technologie pour devenir un dieu aux yeux du commun des mortels.

Tout à fait possible.

Certains se présentent, d’autres non. Je mémorise les noms et réfléchis rapidement à la situation. Je ne sais pas ce qu’on fait là, je me doute néanmoins que ce qui nous a ramenés à la vie et isolés ici ne l’a pas fait pour rien. Cette chose potentiellement divine de par sa supériorité a peut-être besoin de parler à des témoins issus de milieux différents, même si ça n’explique pas la présence du loup, ou alors cette chose désire-t-elle qu’on lui sacrifie cet animal sauvage. Ca, ce serait de suite cohérent, et il y a eu de tels précédents dans les croyances, qu’elles soient orientales ou occidentales. A moins que nous soyons des Elus et que cette chose nous donne une partie de sa puissance, faisant de nous comme des demi dieux. Dieu, demi dieu ? En fait, je ne sais pas, c’est toujours une nature divine. En fait, Demi dieu serait plus approprié pour une personne de naissance humaine, mais qui dit que les dieux soient différents, qu’ils soient humains ou originaires d’un autre monde. Tout ça n’a aucune importance, la seule chose qui compte, c’est que je puisse acquérir et exprimer mon Poing Divin.

Et puis il y a Yoko.

Je suis à nouveau en vie, Yoko aussi, c’est tout de même une satisfaction même si je ne suis pas de nature exubérante, à sauter de joie à la moindre occasion de satisfecit. Ainsi, alors que le dénommé Shinta Fukuda a la bonne idée de recouvrir le corps du mort, alors que Yoko résume notre décès à tous deux, je pose une main sur son épaule et lui voue un regard bienveillant. La petite Ogawa a bien demandé ce qu’on faisait. Puisque personne n’agit en ce sens, j’ouvre la voie :

"D’abord, réjouissons nous d’être en vie, de pouvoir revoir les êtres qui nous sont chers. Ce sera votre cas à tous quand nous pourrons quitter cet endroit."

Un chef se doit d’être aussi humain, après tout, avec modération. Ceci dit, je les regarde tous de façon plus dure, et continue :

"Nous avons une deuxième vie, mais rien n’est gratuit, pas même un don divin, s’il s’agit de ça. On va sûrement nous demander quelque chose en retour. Vous avez vu la façon dont nous avons été amenés ici, vous avez vu le champ de force à l’œuvre. Ce qui est responsable de tout ça va certainement entrer en contact avec nous, et là, nous aviserons. D’ici là, je recommande la patience. Restons tout de même sur nos gardes."

Je marque une pause, avant de poursuivre :

"Ceci dit, ce qui nous a amené ici attend peut-être quelque chose de nous. Ce loup n’est peut-être pas parmi nous par hasard. On attend peut-être de nous une réaction, comme sacrifier l’animal sur l’autel de cette sphère noire. Comme il a tué l’un des notre, il n’en sera que plus justifié d’abattre la bête sauvage enragée. Avec l’accord de ses amis, nous pouvons par exemple utiliser le cadavre comme bouclier pour approcher une bête féroce qu’il convient de ne pas sous-estimer. Yoko et moi sommes habitués à nous battre et nous savons quel risque encourir et quel bouclier utiliser pour vaincre plus sûrement. Une fois l’animal à découvert, je pourrais le tuer, à moins que Saehara l’élimine d’une balle, ce qui serait une mort plus rapide et moins douloureuse pour cet animal qui a peut-être agi par instinct de survie mais qui peut recommencer à tuer à tout moment."

Je croise les bras, me tenant toujours aussi droit sans avoir l’air rigide, et conclue :

"On peut aussi ne rien faire et attendre une prise de contact. Vous n’êtes pas sous mes ordres, à vous de voir."

Pas mécontent que miss aristocrate sorte du couloir après avoir marmonné quelque chose, Fukuda comprit vite que cette décision n'avait pas été influencée par ses propos mais à cause de l'accès du couloir à la cuisine, refuge du loup sauvage. L'idée que la bestiole jaillisse en trombe de sa tanière et tape un sprint avec ses putains de babines couvertes de sang pour l'égorger ne l'enchantant guère, il jugea bon de fermer la porte du couloir, bloquant définitivement l'animal.

* Juste par précaution ! *

Un autre transfert commença, faisant apparaître un type normal. Fukuda ne s'y faisait toujours pas, cela dit. Le gars en question pour sa part, au lieu de fuir le sang à l'instar de certains, s'y plongea pour s'y endormir.

" Ben merde... "

Il y eut un blanc, puis Tetsuo prit la parole en réponse à l'interrogation d'Oquelquechose, la discrète. Ce Tetsuo avait du charisme, bien plus que le mangaka, qui était soulagé que quelqu'un se charge du reste. Il pouvait écouter et penser un peu moins, ou se concentrer sur sa saloperie de bosse qui le lançait et lui donnait l'impression que sa tête allait exploser. Il s'était peut-être fendu la coque... Quelle merde.
Le grand militaire s'exprima clairement mais allait un peu vite en besogne dans son discours. Si Fukuda approuvait la patience, les autres points évoqués le dérangeaient. Qui leur disait qu'ils pourraient bien rentrer chez eux ? Qu'ils étaient bien MORTS, aussi ? Car alors, il faudrait expliquer comment ils étaient désormais en vie... Il garda ça pour lui, laissant le colosse poursuivre. Ce dernier suggéra contre toute attente de sacrifier l'animal, ce qui lui paraissait aussi hâtif que dangereux malgré l'assurance dont il faisait preuve - en même temps vu sa carrure, il y avait de quoi péter plus haut que la nuque. C'était aussi prendre cette boule pour un autel, selon ses propres mots, et donc la lier à une sorte de divinité. Et contrairement aux apparences, même si Fukuda portait un crucifix en pendentif, il était athée. En fait, il trouvait que tout ce manège surréaliste n'avait rien de comparable à l'au-delà, en se rappelant les quelques témoignages qu'il avait lu de temps en temps sur les expériences de mort subite, ce genre de choses dont raffolent les ufologues et compagnie... Ni lumière blanche au bout d'un tunnel, ni voyage astral... Juste une chambre, un cadavre, un loup et une migraine épouvantable. Autre point de désaccord, utiliser ce cadavre pour attirer la bête. Il trouvait ça immoral et inconcevable, par simple respect pour le décédé. C'est vrai quoi, de son vivant il ne signerait pas pour servir de garde-manger à un loup enragé ou une autre bête dès qu'il aurait rendu l'âme. Adossé contre la porte et bras croisés, il s'exprima à son tour dès que le militaire eut terminé.

" Hey, Tetsuo. Je pense qu'tu sautes les étapes. On ne sait rien de cet endroit, alors le lier au à une quelconque divinité... et sacrifier ce loup, en plus en utilisant un défunt... Non, ça craint. "

S'il tutoyait, c'était simplement parce que c'était dans sa façon d'être de parler ainsi, à n'importe qui. Il ne se gênait pas devant un caissier, encore moins devant un policier, ni même un politicien ou son propre responsable éditorial, alors il n'allait pas prendre des pincettes pour des inconnus dans la même situation que lui. Pour autant, il respectait toutes les personnes présentes en tant qu'êtres humains, ce que certains saisiraient sans doute en fonction du timbre sa voix, qui répondait simplement à son interlocuteur sans chercher à monter le ton. Un parler de voyou sans l'intonation exacte.

" Ce qui m'trouble moi, c'est notre état de "mort-vivant". Je pense pas qu'on soit mort, ça induirait une résurrection... J'ai plutôt l'impression d'être un cobaye. R'gardez comment on arrive un par un, grâce à une prouesse scientifique ; et cet appartement ! Ca m'fait penser à un jeu vidéo ou de télé-réalité... " déclara-t-il en observant les coins de la pièce, à la recherche de caméras.

Mais à ce niveau de sophistication, il s'agissait sans aucun doute de nano-caméras. Peut-être même SUR eux ? Fukuda n'était pas un fana des théories conspirationnistes, mais ça puait franchement le projet gouvernemental plus que le divertissement... Car une caméra cachée de cette ampleur ne présente aucun intérêt, même dans l'éventualité où des belettes dressées débouleraient en fanfare des autres portes.

" Vous avez aucune information sur un projet top secret du genre, vous les militaires ? "

Ca ne risquait pas, mais qui n'essaie rien...

Enoki resta un certain temps allongé sur le sol, les bras écartés formant un signe de croix. Son action l'avait certainement rendu stupide et puérile aux yeux des autres occupants de la chambre. Bien sur il se moquait totalement de ce que les autres pensaient de lui, pour tout dire il n'y pensa pas une seule seconde. En fait il avait juste honte de lui même ... vaincu par une vitre ! Le grand blond se releva donc juste après l'arrivé d'une énième femme qui avait sut attiré son attention, temps par son physique que sa façon de s'habiller.

En effet après réflexion (oui cela arrive qu'Enoki réfléchisse) il avait comprit que cette femme devait appartenir à une famille riche. La richesse et la beauté, ces 2 choses réunit en une seule personne. Pas d'hésitation possible pour Enoki, il fallait agir et conquérir le coeur de cette jeune et innocente personne. Seulement celle ci prit ses jambes à son coup et partit se réfugier dans le couloir à la vu du cadavre. Elle ne revint dans la salle qu'une fois que le jeune garçon au bonnet blanc est discuté avec elle.

* Hey mais ?! Il me pique ma gonzesse lui ! * Hurla intérieurement Enoki en serrant ses poings.

Il y eu ensuite une nouvelle personne qui arriva puis après une petite discussion de la part des occupants de la chambre le grand militaire prit la parole. Enoki n'écouta rien de son discourt, trop occupé à reluquer la paire de fesses de sa femme et de la jeune riche ! Contrairement à certains qui se posaient une multitude de questions sur ce qui leur arrivait, Onizo lui ne semblait pas s'en préoccupé. En fait il ne préférait pas y penser, persuadé que c'était un coup monté des voyous qui l'avaient agressés. Finalement le jeune blond décida de se joindre aux autres en faisant part de ce qui lui était arrivé.

" Je m'appelle John ... John Smith ! Johnny pour les intimes. J'ai été fusillé par des mafieux dans un casino à Las Vegas. "

Stupide et complétement débile ! Voilà ce qu'était l'histoire que venait de s'inventer le jeune blond. Comme si une personne importante lié à la mafia se baladait en débardeur dans un casino de Las Vegas ! Il était fort probable que personne ne le croient, au mieux ils auraient quelques doutes. Seulement voilà, Enoki n'était pas capable de prévoir un tel raisonnement...

* Putain ça en jète trop comme histoire ! Je vais trop passer pour un beau goss ! Héhé ! Bon c'est pas tout mais je dois aller pisser moi ... * Pensa le jeune homme suite à sa réponse assez ... surprenante, mais dont il était très fier.

Sur ses pensées Enoki se dirigea au fond de la pièce juste derrière la sphère et se mit à uriner contre le mur en s'exclamant à voix basse:

" Wahh ! Comme ça fait du bien ! "

( Messages postés en simultané vue la gravité de la situation^^ )

Je le sens, comme une tension dans le cou, comme une démangeaison dans mes poings, jusqu’au bout de mes doigts. Je sens le combat survenir, inéluctable, implacable, et ça me va. Dès que la question militaire arrive sur le tapis, je sens le vent tourner contre Yoko et moi et me tasse pour m’élancer sur l’ennemi le plus dangereux, à savoir le chasseur. Le combat sera fort bref, dans un sens comme dans l’autre. Le défi est de taille pour les non initiés, il y a plusieurs mètres à effacer en une seconde contre un adversaire potentiellement expérimenté, peut-être deux avec l’effet de surprise mais pour moi c’est largement faisable. On me sous-estime toujours vis-à-vis de ma taille, de mon poids, même les combattants les plus valeureux, surtout que le chasseur n’a pas assisté à mon premier rush. Contrairement aux apparences, je peux être extrêmement rapide et de surcroît, je peux anticiper la menace ennemie qui nous tombe dessus, avec plus de quinze ans de métier derrière moi. Les adolescents nous insultent, je les laisse à Yoko. Le tireur change de position, se place de biais, entre le loup et moi. Son intention m’apparaît clairement, cette ambivalence va tout changer en ma faveur. Je me propulse vers lui de toute la puissance de mes jambes alors qu’il pointe son fusil vers le loup, le vise, puis, deux secondes, peut-être trois secondes plus tard, il lève un revolver dans notre direction. La question franchit ses lèvres mais l’information de mon attaque atteint certainement à peine son cerveau que je suis déjà sur lui et l’attaque. Je ne sous-estime pas l’ennemi, je profite juste de l’effet de surprise. La meilleure défense c’est l’attaque. Quand les mots sont inutiles, les poings fusent ! Ils sont aveuglés par leurs clichés, place à la diplomatie musclée ! Ces gens ne voient pas le miracle technologique de ce lieu mais même sans arme à feu, j’ai ma chance et si nous mourrons, Yoko et moi, ce sera en combattant cette fois-ci, et non piégés par un traître dans ce qui n’était pas un vrai combat dans cette maison mais un défi amical.

L’effrontée au cran d’arrêt m’attaquera certainement dès qu’elle aura compris la situation, mais je suis prêt à les prendre tous ensemble, et à tous les neutraliser. En évitant d’utiliser la frappe ondulatoire, je me démontre que je ne cherche pas à les tuer mais je ne fais pas dans la demi mesure, à chaque attaque, je mets quasiment toute ma force. Même sans l’aspect du Yoseikan budo, ce sont des frappes redoutables.

[Action : attaque Saehara]

Mon Dieu me regarde avec bienveillance, pose une main affectueuse sur mon épaule que je saisis d’une main, regardant son regard. Ensuite, il redevient sérieux et s’adresse poliment aux autres occupants de la salle. Je fais de même, je reprends mon sérieux, il le faut bien. Je loue par ailleurs la diplomatie de mon Dieu, qui propose de protéger ces gens et de venger cette mort. C’est mon Dieu ! Et puis, je sens qu’il y de la baston dans l’air en voyant que Tetsuo se prépare à se battre, bien avant que le blond aille uriner derrière la boule noire. Je vois son expression se concentrer alors que le gus au bonnet se met à accuser les militaires, et donc nous.

Je fais de même.

C’est bien ça, il va y avoir de la baston contre ses insolents qui osent se dresser contre nous. Je sens que Tetsuo se prépare à attaquer, sa gestuelle ne me trompe pas après plusieurs années à le seconder. Il regarde le chasseur, il va l’attaquer. Je me tasse, je sens l’adrénaline affluer en moi et pile au moment où les rangers de mon Dieu crissent sur le sol, je détends mes jambes d’un coup, comme un sprinter de cent mètres mais en plus rapide encore, via mon entraînement et ma capacité à accomplir ce que des non initiés appelleraient un exploit. Bonzaï ! Je fonce à toute allure sur l’adolescent qui tient la batte, misant sur l’effet de surprise pour lui coller mon ranger dans le ventre via ma technique d’Ouverture du Faucon. Ca va se jouer à pas grand-chose, du coin de l’œil, je vois le chasseur lever un revolver dans ma direction mais avec ma technique en pas chassé d’une vélocité inouïe, ma vitesse est telle qu’il y a de fortes chances que son œil ne voit que l’emplacement où je me trouvais une à deux secondes avant. Même s’il est un tireur aguerri, il peut être surpris et surtout inquiété par Tetsuo qui lui fonce dessus comme un obus humain, comme un bulldozer, comme une machine à tuer, autant le dire simplement, comme un Dieu ! Je suis sur mon ennemi, prête à lui défoncer le ventre, à le terminer et à enchaîner avec son complice, si j’en ai la possibilité. Je me bats contre l’adversité, je me bats pour mon Dieu, sans peur de la mort ! Le Destin m’en soit témoin ! Néanmoins, je ne cherche pas à tuer ces abrutis, juste à les mettre hors d’état de nuire. Ceci pensé, c’est quand même difficile de contrôler ma puissance de frappe dans cette situation périlleuse !

[Action : attaque Fujimaka]

"Vous tous, vous attendiez un prétexte. Simple précaution. Vous ne tirez pas, je ne tire pas."

Dis-je en me baissant souplement, ramassant le fusil qui traînait sur le sol, puis je recule sans tourner le dos au chasseur, tout en surveillant le blond du coin de l’œil. C'est un peu la guerre froide, à petite échelle. Je ne donne pas de consigne à Yoko, à elle de voir si elle désire faire manger ses dents à l’adolescent qui ne comprend vraiment pas à qui il a affaire. Au demeurant, aucun d’eux ne comprend. Ils ne comprennent rien à rien. Ils ne comprennent pas que tout ceci nous dépasse. Ils ne comprennent pas que si j’étais dans le secret d’un éventuel complot, je serais armé et entouré d’une escouade, et eux à terre, les bras sur la tête. Ils ne comprennent pas que nous ne sommes pas en Amérique. Il n’y a pas d’organisation secrète au Japon, seulement dans leur cerveau malade. L’armée d’autodéfense n’est pas une véritable armée, en accord avec le partenariat américain qui nous financent en partie pour nous limiter en retour. Pourquoi pas après tout, c’est toujours un progrès. En tout cas, à quoi bon discuter avec eux, ce sont nos ennemis, il n’y a pas à voir plus loin. Pour l’instant, c’est un match nul, mais si l’attente perdure encore, le combat reprendra à coup sur et cette fois-ci, le sang coulera. Ca ne me fait pas peur, j’aimerais juste savoir ce qui se passe ici, qu’on nous contacte, qu’on nous dise quelque chose. C’est peut-être un test, une mise à l’épreuve. Nous devons faire preuve de patience. Ca ne devrait pas être dur, puisqu’on n’a plus à protéger ces gens qui sont contre nous, et donc plus à tuer le loup tant qu’il ne nous agresse pas. Il n’a qu’à manger les autres, s’il a tant faim que ça. Pour ma part, je ne bougerais pas le petit doigt tant qu’il ne nous menacerait pas, Yoko et moi. Je m’adosse au mur le plus éloigné de l’endroit ou le blond a uriné, non que j’ai l’odorat précieux, mais puisque j’ai le choix. Je garde le fusil en main, le long du corps, prêt à le brandir à tout instant. Ainsi, j’ai un œil sur tous et je pourrai attaquer au premier signe hostile. Ce n'est pas une trêve, c'est encore moins la paix. Ces dégénérés nous ont insulté et accusé du haut de leur bêtise sans limite, surtout les deux adolescents et le chasseur qui a osé braquer son arme sur nous. Si je le peux, je les tuerai.

Fukuda avait assisté complètement impuissant à une rébellion qu'il avait involontairement engendré. Le mangaka observa avec dépit l'imbécilité de l'être humain. Son agressivité barbare. Ce côté bestial, dirigé par un instinct de survie immuable qui l'amenait quasiment toujours à la violence. Il se sentit... décontenancé. La tête baissée, il serrait ses poings si forts que ses ongles commençaient à pénétrer sa peau. Ses dents grinçaient, et ses muscles tremblaient de façon marquée.

" PUTAIN !!! " explosa-t-il violemment.

Son poing droit claqua avec force en même temps contre la porte du couloir sur laquelle il s'était jusque là adossé. S'il n'avait pas une carrure impressionnante, un corps extraordinaire comme Tetsuo ou l'agilité de sa femme, il avait à cet instant toute sa force dans son regard et sa voix, façonnée de colère. Il s'adressa à chacun.

" Abrutis ! Vous vous rendez compte de votre comportement ?! Vous êtes encore plus primitifs que ce loup !! "

Il avala bruyamment sa salive, fixant tous les intervenants de ce triste spectacle, en particulier les personnes "normales", les civils. Et plus particulièrement les adolescents, qui avaient vraisemblablement besoin de claques dans la gueule.

" Vous accusez et menacez ces types sans leur laisser le temps de s'exprimer !!! Je n'ai fais que leur poser une PUTAIN de question !!! "

Mais ces militaires étaient loin d'être innocents. Des tarés, désinhibés, violents et sans doute inhumains. Formés pour tuer, vivant pour tuer. Comme ce chasseur. Des individus dangereux étaient présents dans cette pièce. Ils pouvaient décider de lui faire sauter la tête à tout moment, mais cette pensée ne l'inquiéta pas, car elle ne lui effleura jamais l'esprit. Il était trop énervé par le comportement excessif des personnes de cette chambre. Il reprit le dessus et souffla un grand coup, sans quoi il aurait poursuivi et la situation aurait risqué de devenir incontrôlable. Il reprit de façon plus calme.

" Et ce n'est pas en attaquant quiconque que vous vous rendrez crédibles... Chier, vous êtes des militaires, quoi... "

Il posa une main sur son front, reprenant son souffle. Ca craignait. Il n'aimait pas ça. Il fallait un autre temps mort. Un autre PUTAIN de temps mort.

" Ok, on va s'calmer. On est tous dans l'inconnu... on est tous effrayés par ça... et il y a de quoi... C'pas une raison pour s'entretuer pour un pet d'travers, okay ? Parce que le vrai suspect ici... c'est ce truc ! "

Et il pointa la Sphère Noire du doigt. Tel un détective. Tel... Professeur Layton... Et le Mystère de la Boule Noire !!!

Plutôt que d’attendre des réponses que nous allions forcément avoir, il a fallu qu’ils cherchent un coupable, évidemment. Réaction de paumés et de lâches, tous contre un, ou deux pour l‘occasion. Seulement lorsque le paumé m’accuse, qui plus est en me menaçant, je réagis. Action, réaction. Nous sommes ici pour une raison, c’est plus que certain et j’attends de la connaître comme tout le monde dans cette foutue pièce. J’aimerais seulement savoir depuis quand une tenue militaire donne réponse à tout, bande d’abrutis, j’étais prête à buter Croc - Blanc pour protéger chacun d’entre eux, mais finalement c’est peut-être l’être le plus censé ici, en dehors de Tetsuo et moi.
Mon coup n'avait pas atteint sa cible, dommage pour le petit gros qui m'avait l'air plutôt innocent finalement comparé à ses deux comparses. Je n'ai jamais supporté ces petits prétentieux qui se prennent pour des caïds, se croyant plus forts que tout et qui finalement ne valent pas mieux que ces pauvres gars ou filles qu'ils harcèlent, et c'était bien le genre de ces deux là.

Salope.

Ce mot ne restera pas impuni. Ce petit lâche s’était servi de son voisin comme bouclier, ça non plus ça ne passera pas. Et il continuait a me provoquer, mauvaise idée, vraiment. Je n'allais pas le tuer, en tous cas pas tant qu'il ne tente rien dans ce sens à cet instant, que ce soit contre moi, ou contre mon Dieu. Par conte, il méritait une leçon, on ne s'adresse pas à moi comme ça. Jamais.

"Dis-moi, au lieu de jouer la grande gueule comme tu le fais, en te servant de tes copains comme protection, pourquoi ne pas tester ta chance, hein? Sans l'aide de personne d'autre ici. Juste toi ... et moi."

Ceci dit, j’accompagne mes paroles d’un simple geste de la main, un geste de provocation, puis ajoute :

"Merdeux."

Il n'était pas en garde, moi oui, je le défiais en combat singulier, qu'il réponde par l'affirmative ou pas, je m'en foutais, il paierait tôt ou tard, si ce n'était maintenant, j'allais surement avoir une autre occasion. Il y perdra quelques dents ou plus, y a pas à en douter.

Je suis interrompue. Ce sera donc pour plus tard. Shinta, le mec au bonnet blanc, nous pète un câble, il est maladroit dans ses paroles, ne jaugeant pas forcément l'impact qu'elles pourraient avoir, comme juste avant ce bordel. Je l'écoute, sans y adresser le moindre regard, préférant surveiller l'ado en face de moi, des fois que. Il a raison sur un point, la chose la plus dérangeante ici, en dehors des transferts est cette sphère noire. Avant toute autre accusation ou question pour les militaires, j'anticipe :

"Sachez que "ce truc", nous ne savons pas plus que vous ce que c'est, libre à vous de me croire, Tetsuo et moi n'avons rien à vous prouver."

La tension descend encore d’un cran. Yoko provoque le débile à la batte mais ce dernier a très certainement trop peur pour tomber dans le panneau, ce qui le sauve en fait. Elle sait mutiler ce genre de cons, elle l'a déjà fait en toute légalité. Ca s'appelle la légitime défense, surtout quand un crétin braque une arme à feu. Dans ce cas, la loi est très claire, on peut riposter par tous les moyens. Pour ma part, j’entends d’une oreille distraite les demeurés avec qui nous devons partager cet espace restreint, j'espère le moins longtemps possible. De toute évidence, chacun voit midi à sa pendule. Il ne sert à rien de polémiquer sur tout ça. Il y a forcément une raison à la présence de tels arriérés congénitaux parmi nous. C’est certainement un test. Peut-être devrions nous les tuer parce qu’ils sont de toute évidence le degré zéro de l’humanité. Peut-être devons nous maintenir ce statut quo jusqu’à nouvel ordre. J’attends quelque chose, sans savoir quoi exactement. Nous sommes isolés du monde, avec une sphère noire qui a utilisé une technologie inconnue pour nous ramener à la vie. Peut-être que d’autres vont encore arriver, peut-être que non. Je pense qu’il est possible qu’on soit amenés à nous entretuer. Ce n’est pas une éventualité gênante en soi. En tout cas, on ne peut pas nous forcer à coopérer avec ces minables inconscients de leur médiocrité. Tous leurs actes sont le reflet de leur inutilité, de leur démarche suicidaire. Un soldat doit protéger tout civil, sans distinction de race, de milieu social ou d’absence de neurones. Il y a quand même des heures de service. Yoko et moi, on était de repos avant d’être transférés ici et on n’a pas reçu l’ordre de protéger ces déchets organiques. Si ce lieu nous soumet aux lois humaines, dans un cadre supposé coopératif, j’ignorerais ces vermines tant qu’elles n’auraient pas de geste hostile contre nous. Néanmoins, je pense de plus en plus que cet endroit échappe aux lois humaines, je ressens le coté extraordinaire de ce qui nous isole ici. Dans ce cas, le futur proche serait un carnage. Je n’ai ni peur de mourir, ni peur de tuer. Je demeure donc impassible, attendant patiemment la suite des événements, indifférent à leur existence pathétique. Je donne volontairement l’impression de ne regarder personne, de me reposer mais je suis sur mes gardes même si je pense que le chasseur n’attaquera pas. Nous avons pour ainsi dire tous des opinions, des pensées, des états d’esprit différents mais nous avons tous un point commun : nous attendons quelque chose. Je me demande néanmoins lequel de ces cloportes putrides ne supportera plus cette attente le premier et va redevenir violent. Ils peuvent s’entretuer, ça ne me dérangerait évidemment pas, tout comme je tuerais sans hésiter pour me défendre. De son coté, le loup semble calmé alors qu’il aurait pu attaquer pendant l’amorce de combat. Ca ne signifie pas qu’il ne le fera plus. Quand même, je me demande ce qui va se passer, quelle force supérieure nous contient avec une telle aisance. Je reste calme pour ne pas inquiéter davantage Yoko. Elle aussi doit percevoir le coté surréaliste de notre situation, au-delà des clivages provoqués par ce bétail qui ne peut pas attaquer quand il est menacé, parce qu’il n’en a pas la capacité. Tantôt des bovins à l’œil flasque et morne, tantôt des roquets qui ne savent qu’aboyer et en cas de péril, ils implorent de l’aide à des combattants dont ils jalousent la puissance. C’est ainsi, Yoko et moi sommes jalousés par le bétail mais en temps normal, nous n’avons pas à le côtoyer. On n’évolue pas dans les mêmes sphères, on vit sur la même planète mais pas dans le même monde. Vraiment, je ressens de plus en plus tout ceci comme une épreuve divine.

Son discours avait porté ses fruits. ENFIN ! Dieu merci... Tout le monde s'était calmé, et il crut même entendre l'Aristo approuver sa prise de parole. La catastrophe avait avortée, de quoi danser "Yatta!"... Plongés dans un silence désormais pesant, complété par l'odeur de la pisse, du sang et de la transpiration, le climat était oppressant. Au moment où Fukuda remarqua qu'il n'y avait plus eu de transfert dégueulasse depuis l'autre endormi, une musique explosa dans la chambre, faisant bondir le mangaka en arrière.

" Hachié !! "

Son coeur avait sans doute raté un battement. Une mélodie étrange, absolument sinistre, résonnait dans la pièce. Le son semblait provenir de tous les côtés et d'un même point : la sphère. La réponse directe et en musique du coupable qu'il avait pointé du doigt...
Avalant sa salive, Fukuda passa plusieurs secondes à écouter cet espèce de violon mécanique détraquer jouer. Cette musique là, elle lui colla des frissons dans tout le dos, du bas du cul jusqu'à la nuque. On aurait dit... un putain de carrousel enregistré sur un disque dur rayé, au dessus duquel tourneraient des chevaux robotisés ou un truc tout aussi glauque. Dans l'imagination de Fukuda en tout cas, c'était l'image qui lui sautait à la tronche. La bosse y était peut-être pour quelque chose...

" Mais c'est quoi... ce bordel... "

Peu rassuré, il fit quelques pas pour se retrouver devant l'orbe sombre, omettant de contourner la flaque de sang. Il cogna même l'endormi du pied, mais il ne s'arrêta pas. Arrivant devant la sphère noire qui continuait de diffuser cette symphonie infernale, il s'agenouilla finalement et se tourna ensuite vers le blond, celui-même qui l'avait insulté et avait tourné en ridicule sa théorie du "jeu vidéo/télé réalité".

" Alors, tu trouves pas ça assez dérisoire et morbide pour ressembler à un putain jeu dont on serait prisonniers, blondin... ? "

Fukuda restait persuadé d'être filmé. Il se mit à observer la sphère sous toutes ses coutures depuis sa position, cherchant une faille, un orifice, une rayure. Rien de ce côté. Elle était parfaite, inamovible, surnaturelle...

" Si cette boule de merde peut jouer de la musique... humf... elle peut aussi bien enregistrer des images, nous filmer... "

Il me semble que Yoko est sur le point d’envoyer son pied dans la figure de l’adolescent stupide qui se croit à l’abri avec sa brindille, lorsqu’une mélopée envahit la salle. Ca provient de la sphère noire. J’avais beau m’attendre à une prise de contact, je sursaute légèrement en entendant un signe si surprenant, fronce les sourcils et observe la sphère noire. Heureusement que je n’avais pas le doigt sur la gâchette sur fusil, le coup aurait pu partir tout seul, malgré mon expérience en la matière. Je regarde donc vers la source de ce son inhabituel. Si la sphère noire désirait attirer notre attention, c’est réussi. Qu’importent ses choix sonores en fait, ce n’est que l’égal du clairon du militaire. C’est le signal d’un rassemblement avant de communiquer avec nous. La sphère va-t-elle nous parler, va-t-elle utiliser l’écrit pour dialoguer, va-t-elle dialoguer en fait ou est-ce que ce sera uniquement un monologue ? Va-t-elle nous imposer quelque chose, voire nous condamner ? Je ne sais pas mais je pense que nous serons tous fixés rapidement, maintenant. Je demeure donc dans l’attente, tout en étant vigilant aux actes des autres, toujours alerte face à une éventuelle attaque de nos ennemis. Mes griefs contre eux n’ont pas disparu comme par enchantement et ne disparaîtront que lorsque j’aurais vu leur sang couler, la vie quitter leur corps pathétique, reflet fidèle de leur existence insipide. Quoiqu’il arrive, je ne compterai que sur Yoko et réciproquement, à n’en pas douter, tout comme elle ne douterait pas de moi. Avec son adoration pour moi, je pourrais traiter Yoko comme une servante mais elle est mon égale, n’ayant pas conscience de sa propre nature divine mais ça viendra. Notre divinité une fois éveillée écrasera tout sur son chemin, et si nous devions tomber face à d’autres êtres divins, au moins serions-nous confrontés à un choc des titans des plus plaisants. Voila c que j’espère de cette sphère noire, un éveil de ma divinité, un choc des titans. L’avenir me dira si j’ai eu tort de nourrir un tel espoir que j’ai cherché à concrétiser toute ma vie. J’approchais de mon apogée au moment de mon décès, cette mort serait-elle le début d’une deuxième vie gratifiante, emplie de combats délectables ? Je garde mon calme mais j’ai la sensation que le sang commence à bouillir dans mes veines, je sens qu’il va se passer quelque chose qui va me plaire. Ca me rappelle ma révélation, sur le tatami, il y a des années de cela. Est-ce à nouveau une révélation ? Je ne sais pas encore, mais en tout cas, ça y ressemble.

Fukuda leva un sourcil en se tournant vers la Discrète.

" Mignonne ? Sérieusement... ? "

Puis Onigiri parla du film d'horreur américain Saw. En guise de réponse, le mangaka haussa seulement les épaules. Vu comment les choses évoluaient, il aurait plutôt fait la comparaison avec Battle Royale. Avec les protagonistes actuels... pourquoi pas. Enfin, la musique cessa, mais un texte lui succéda. En vert, typographie bizarre, le message s'afficha sur la Sphère.

" Qu'est-ce que c'est que ce bordel... " murmura-t-il.

En lisant ces quelques mots, Fukuda se sentit contrarié et mal à l'aise. Il était énervé qu'on traite sa vie de cette façon et trouvait en même temps le sens de ces phrases lourdes de sens, bien qu'abstraites à la première lecture.

* Nouvelle vie ? *

Qui était derrière ce message ? L'emploi du singulier suggérait une seule personne, qui manifestement se prenait pour Dieu. Mais ce message appelait une suite. Durant ce moment d'attente, Fukuda sentit son estomac se nouer. Il avait mal au ventre et se sentait oppressé. Il n'aimait vraiment pas ça. Et la suite fut surprenante. Un portrait d'un homme ressemblant à un loup-garou apparut, accompagné d'informations foncièrement inutiles et déstabilisantes.

" Martien Ookami ? Okay, là c'est n'importe quoi... "

Cette Sphère, ou la personne derrière elle, exigeait apparemment la tête de cette créature fantastique n'existant que dans les livres et l'imagination. C'était... de la pure folie. Là, ça ressemblait vraiment à un rêve - plutôt un cauchemar. Ca n'avait aucun sens, et laissa Fukuda bouche-bée.