Depuis le début de cette mission, Sakyo ne s'était jamais vraiment montré efficace dans l'attaque. Il lui fallait encaisser les coups avant de finalement en porter un qui soit assez utile. Même face au martien smoker, s'étant transformé en massue humaine, il avait su tout de même rester utile un certain instant en permettant une ouverture à Antonio. En vérité, là où il semblait exceller, c'était dans la course. Car oui, depuis le début, c'était dans les charges que Sakyo concentrait ses offensives. Il avait ainsi permis de tuer deux martiens skulls, avait déconcentré un smoker et avait su éviter les bras du stoned. Mais cette charge ultime allait finalement être inefficace. Cependant, l'écrivain ne pourrait jamais vraiment savoir comment. Seulement, une lance s'était mise en travers de son chemin stoppant immédiatement sa course de façon très violente, le romancier s'étant fortement engagé. Il se fracassa la tête contre le manche, restant sonné un petit moment.

Aucun moyen de comprendre ce qu'il se passait. Il voyait seulement vaguement un buste balancé en arrière... et finalement une ouverture involontaire, mais chez les opposants. Le romancier n'eut même pas le temps de passer entre les jambes du monstre, de par une glissade, qu'il sentit une emprise qu'il avait déjà subie auparavant. Pris par la pied, en une petite seconde, Sakyo se retrouva dans les airs, les sens dans un véritable bazar. Il n'était plus au sol, mais il ne savait plus comment s'orienter, tant la seule vue du ciel étoilé le désorientait. Mais il n'eut pas la possibilité de comprendre à temps ce qu'il lui arrivait qu'il sentit une étrange dureté sur le dessus de son crâne. Il comprit que ce n'était pas le béton, mais le corps d'Antonio. Un mélange de "confort" et de "dureté" dans l'action, à cause de cette combinaison. Et sans avoir pu atterrir et reprendre ses esprits, une violente rupture se fit dans la vision du romancier...

La vision des étoiles changea en une seconde pour laisser place à un endroit plus serein. Enfin, plus serein ou non... La rue n'était plus là. Aucun cadavre aux environs. Seulement cet appartement et cette lugubre sphère noire... Que s'était-il vraiment passé? Ce qu'il s'était passé n'était pas un rêve, c'était clair. Il se souvenait des combats, il portait encore sa combinaison, son contrôleur, un Y-Gun dans la main droite, le X-Gun dans la gauche... Non, ce n'était clairement pas un rêve. Il avait vécu tout cela. Et il n'était pas mort comme il le pensait au début. Il respirait, haletait même, violemment, presque comme un animal. Tout semblait fini... mais il venait de vivre tant de choses qu'il ne pouvait pas se résigner à rester sur ses premières impressions. Brandissant ses armes, il se jeta dans le couloir de la porte d'entrée, là où il s'était changé. Mais la poignée de la porte resta intouchable, comme l'autre fois. Alors il se rabattit sur les fenêtre, impossibles à atteindre, encore une fois.

Non... Non! Non! Non! Laisse moi sortir! Je ne veux pas me battre encore une fois!

Il se jeta alors aux pieds de la sphère. Étrangement, dans son désespoir, il ne pensa pas à tirer sur celle-ci, mais préféra la frapper de son poing droit à plusieurs reprises, sans vraiment utiliser sa force. Oui, vraiment, il avait encore peur. Plusieurs fois, il avait frôlée la mort. Et maintenant, il se trouvait seul dans cet appartement... Où était Antonio? Et puis, les groupes s'étaient divisés... Cela ne pouvait pas être possible! Était-il le seul survivant? Comment lui, médiocre écrivain, modeste sportif pouvait-il être encore en vie alors que les autres étaient morts...? Et puis, cet européen si incroyable, que lui était-il arrivé? Cinq secondes avaient-elles suffit à prendre sa vie?

Non... Non! Je ne peux pas être tout seul! Gantz! Ramenez les! Vous savez que je ne pourrais jamais m'en sortir par moi-même!

Ce n'était pas difficile à admettre pour un homme qui se dévalorise autant. Il avait tout de même su se battre quelques fois, mais il n'avait pas su sauver la vie de Mariko. Ni même celle de Saki, ou encore celle de cet homme intrigant: l'aveugle. Depuis le début, il comptait s'affirmer comme étant capable de survivre pour écrire et sauver d'autres personnes de la mort. Au final, il n'avait plus qu'une seule capacité: l'écriture. Il venait de vivre une chose incroyable. Et s'il ne pouvait pas sauver des personnes, alors il mettrait par écrit ce qu'il venait de vivre. Par littéralement, non, il lui fallait garder une propriété sur cette histoire. Il parlerait seulement de cette atmosphère, de ce manque d'humanité. Une espèce de métaphore de ce qu'il venait de traverser. Mais voilà qu'il fut soulagé. Il n'était finalement pas seul: un laser jaillissait de la sphère pour laisser apparaître un dessus de crâne. Et ces cheveux blonds ne pouvaient désigner qu'une seule personne. Certainement la plus compétente de toutes.

Soudain, le rayon lumineux de la lugubre Sphère s'active une cinquième fois.
Le bout du laser était dirigé vers le centre de la pièce, commençant à dessiner rapidement et avec réalisme des cheveux châtains.
L'espoir naquit un instant, tous ayant certainement des espérances radicalement différentes quant aux personnes qu'ils désiraient le plus revoir.

Dans les airs, ce fut la silhouette de l'adolescent pervers en pyjama qui fut matérialisée.
Son corps, abandonnant toutes les règles gravitationnelles, flottait étrangement pendant que le schéma se terminait.
Bras croisés devant son visage, yeux clos, X-Gun en mains, le jeune nippon était visiblement en train de s'élancer quelque part, se protégeant d'un quelconque obstacle.

Lorsque le transfert fut terminé, le garçon atterrit brusquement sur le plancher dans un bruit sourd, se réceptionnant gauchement, puis grommelant en pestant contre sa situation. Affalé maladroitement contre le sol, Kyou reprenait possession de ses sens lentement, tentant de retrouver ses repaires. Enfin, sa mémoire lui rappela le danger qui le poursuivait et le fit relever la tête. La tension baissa immédiatement lorsque le seul adversaire qu'il trouva en face de lui fut cette boule noire.

L'air perdu, il ne s'attarda pas un instant sur les survivants, fixant tour à tour son arme et la Sphère, puis il se releva brusquement. Il grogna, et posa le dos de son arme contre son front en jurant à la façon des résidents d'Osaka.

Une fois encore, il rentrait sain et sauf, mais ne se souvenait de pratiquement rien. La fin manquait, comme la dernière fois.
Pourquoi ça ne lui arrivait qu'à lui ?!

* Tsss ! Fais chier !! Ok, j'suis en vie... c'est déjà ça... Mais qu'est-ce qui s'est passé ?! *

Oui c'était bien Antonio. Mais si le soulagement avait su être vite remplacé par l'inquiétude. Car ce fut un juron accompagné d'un coup violent sur l'un des murs de la pièce qui conclut le transfert. Puis il le répéta encore, trois fois, frappant encore et toujours l'appartement. La seule sonorité des coups provoqua un frisson violent dans l'échine de l'écrivain qui mit bien plus de temps à comprendre cette colère. Après tout, ils étaient tous les deux en vie. Alors pourquoi être aussi irascible? Certes, le monstre était clairement en vie, mais cette vie encore présente offrait de nombreux avantages pour la suite des évènements. Car même si Sakyo ne connaissait rien à cet univers, il se doutait bien qu'il en ressortirait quelque chose. Et cette chose serait une nouvelle mission. De nouveaux risques de périr dans d'atroces souffrances...

Et ces souffrances, il aurait aimé les oublier. L'idée de revivre cela à nouveau lui fit penser à la mission mais aussi, et surtout, à cette illusion dont il fut victime. Illusion où il mourrait trois fois, toutes de façons plus humiliantes les unes que les autres. Et le pire, c'était que tout cela, il l'avait bel et bien ressenti. Et il en serait marqué à jamais. Il était clair que s'il vivait encore une fois une torture, physique ou mentale, il n'en ressortirait pas aussi indemne qu'il y a une heure. Mais la voix d'Antonio le sortit de son angoisse. Et étrangement, pour la première fois, il se sentit réellement rassuré et même assez puissant.

« Au fait l’écrivain……… Tu t’es bien battu. »

Il y a quelques minutes, Sakyo s'était fait presque insulté pour sa maladresse, même s'il avait eue l'impression d'avoir été utile tout en se mettant en danger. Et là, alors qu'il avait fuit face à la dernière créature, les dernières secondes et le fait d'avoir tué l'autre smoker avait décuplé son honneur, son ambition et il se sentait même beaucoup plus fort. Oui, des ressources inconnues étaient en lui, et cette aventure les avaient fait ressortir. Certainement grâce à Antonio, mais aussi à Saki et l'aveugle. Le romancier leur devait beaucoup, et il leur rendrait honneur par la suite...

Et Dieu merci, ils ne furent pas les deux seuls survivants. Kentaro était apparu, demandant ce qu'il s'était passé. Mais Sakyo ne donna pas de réponse. Car le voir raviva un autre souvenir: ils s'étaient promis tous les deux de sauver Mariko... l'écrivain n'avait pas pu faire quoi que ce soit. Il fallait qu'elle revienne. Autrement, il ne se pardonnerait jamais. Il avait pris un engagement à sauver cette personne deux fois. Première fois il avait échoué. Deuxième fois, il s'était écarté du chemin...
*J'espère vraiment qu'il a réussi à la protéger... Qu'il a pu tenir sa promesse. Moi je ne l'ai pas fait...*

Puis vint le tour de la starlette toute aussi désorientée. Et enfin, il y eut Kyou. Ces deux personnes là, Sakyo ne les avait pas revues depuis le début de la mission. L'androgyne était apparemment passé invisible. Mais pour ce qu'il en était de Reika... Ce fut une mauvaise pensée peut-être, mais le romancier fut d'avis de croire qu'elle avait fuit, tandis que Kyou s'était battu. Après tout, il semblait bien qu'il se protégeait de quelque chose vue sa posture dans son transfert. Mais cela voulait donc dire certainement qu'il y avait une autre créature... Mais cette supposition fut vite coupée par l'intervention d'Antonio, qui donna quelques explications. Funestes...

« Il a eut des combats assez intenses, et la plupart des autres participants sont morts. S’il n’en arrive aucun autre dans les prochaines minutes, cela voudra dire qu’en effet nous sommes les seuls survivants. »

Alors il restait encore un espoir que Mariko soit en vie...

« Bon, qu’il y ait d’autres retours ça ne changera rien au cas présent. La boule devrait lancer un système de scoring sous peu. Avec les points accumulés vous pourrez décider de votre futur. Seulement encore faut-il rester en vie jusqu’à avoir assez de points… »

Encore cette histoire de points. Sakyo s'en souvenait, mais il ne savait pas ce que pourraient apporter ces derniers. Certaines fois, dans des jeux vidéos, on trouvait un système de points offrant des bonus ou des armes supplémentaires. Etant donné l'organisation de ce jeu macabre... il semblait bien qu'il devrait y avoir des choix tels que ceux-ci. Et si c'était le cas, alors il essaierait d'avoir des informations...
Puis Antonio rajouta qu'ils pourraient partir après le don des "points". Et alors le combat reprendrait d'ici plusieurs jours... Mais des questions subsistaient.

"Antonio, est-ce que ça veut dire qu'on pourra vivre comme on veut? Et puis, comment fera-t-on pour savoir quand on sera dans la chambre? On aura besoin de réunir tout le matériel, non?"

A vrai dire, il n'y avait pas que des questions. Sakyo avait une petit idée. Mais cela demanderait de l'organisation... et vu l'orgueil d'Antonio, il semblait bien qu'il ne se proposerait pas vraiment. Et après tout, il avait aussi une vie en dehors de ces missions...

"Et puis... Je pense que l'on devrait parfois s'entraîner ensemble. Pour nous préparer. Nous avons presque tous commencé à nous battre sans vraiment savoir ce que nous faisions. Et Antonio, je pense que tu pourrais nous aider... Ne serait-ce qu'en nous inculquant quelques bases. Parce que si je suis assez bon au tir, il faut que je puisse compenser. J'ai failli mourir trop de fois... Et au moins... je deviendrais réellement utile."

Un rapide coup d'oeil lui permit d'identifier les quatre occupants.
Antonio, ce qui ne le surprit pas ; le type bigleux qui posait toujours des questions et dont il avait oublié le nom ; le jeune à l'air pas bien futé ; et surtout Reika. A cette dernière, il lui adressa un certain sourire.
Les projets qu'il s'était réservé avaient momentanément quittés son esprit.

Kyou se tourna lentement, cherchant du regard un autre survivant, mais aucun nouveau faisceau n'apparut.
Pour briser le silence, la voix grave du gaijin s'éleva. Le Français en révéla suffisamment à l''assemblée pour qu'il n'ait pas à poser des questions futiles.

* Alors tout le monde est... mort ? Même Ushiro ? Ca craint... *

Il n'y avait pas d'équivoque. Ils étaient les derniers... Il n'avait jamais souhaité la mort de tous ces gens, même si ils n'avaient pas d'importance à ses yeux. Il avait souvent vu des gens mourir, proches ou inconnus, mais le fait de fréquenter la mort de plus en plus souvent n'est bon pour personne.

Au départ, ils étaient une bonne poignée, pour la moitié des vétérans même...
Au retour, ils étaient cinq en l'incluant.
Le constat était alarmant. Pour autant, Kyou paraissait indifférent, il se contentait de regarder les deux nouveaux qui semblaient perturbés... Peut-être que comme lui, ils ne se souvenaient de rien ?

Ensuite, ses yeux se teintèrent d'animosité et se fixèrent sur Antonio. Kyou doutait honnêtement de la fiabilité de cet étranger... De ce qu'il avait vu, il était du genre individualiste. Mais ça ne le dérangeait pas sur le fait, car lui aussi servait ses propres intérêts. Ce qui l'énervait, c'était le fait que lui se souvenait. Pourquoi ?
Cette question lui triturait l'esprit.


Le gars qui cause tout le temps, l'espèce d'intellectuel a qui il avait donné quelques informations au début, posa une énième fois ses indénombrables questions. Il le laissa finir sa tirade avant de répliquer, jetant nonchalamment son X-Gun au sol.

" Tu reviendras comme nous cinq dans cette foutue chambre... Tu le sauras tout de suite, quand elle t'appellera, et ça peut être n'importe quand, n'importe comment et ce peu importe ce que tu es en train de faire... "

Les mains dans les poches, Kyou s'approcha sur le flanc droit de la boule en la fixant. Il reprit calmement, sans regarder l'écrivain.

" Le matos est réinitialisé, on dirait... Enfin, seulement en ce qui concerne les armes. "

L'adolescent efféminé soupira en penchant légèrement la tête en arrière, énonçant ses réflexions personnelles à voix-haute.

" Si tu as remarqué, la tenue est faite sur mesure. Ceux qui s'amusent à fabriquer ça ont pas l'air d'avoir envie de la refaire à chaque arrivée, alors n'emmènes jamais ta tenue chez toi... conseil d'un avisé. " dit-il en fixant son pyjama et en pestant intérieurement contre son étourderie, et contre le flic décédé.

Enfin, flic, un bien grand mot.
C'était sans doute le seul dont la mort l'arrangeait réellement, avec les vétérans.

" C'est vraiment la merde, sans combi... "

Une seconde fois, il soupira.
Cette mission, il n'avait presque rien foutu. Pourtant, il en avait tué des aliens. Pas des masses, certes, mais quand même !
Enfin, comparé à Antonio, le score serait certainement risible. Toutefois, revenir vivant d'une telle mission sans combinaison... c'était déjà un exploit qui tenait du miracle, ou des ressources de l'adolescent.
Du bout de ses orteils, il tâtonna "Gantz". Quel nom débile.
Il avait surtout hâte de voir son score, et celui d'Antonio par la même occasion.

D'une voix détachée, sans même adresser un regard à l'Européen il le questionna.

" Cette mission était plus dure que la précédente, non ? "

N'ayant pas croisé Antonio une seule fois depuis la séparation des groupes, il était quelque peu curieux de savoir quelle avait été ses expériences et son ressenti.

Ce ne fut pas Antonio, mais Kyou qui répondit à ses questions. Agacé, certainement beaucoup plus qu'au début, à leur arrivée dans cette chambre. Mais pourtant, Sakyo ne le fit pas remarquer. Certainement que tout le monde était à cran à la fin de cette mission. Malgré tout, les réponses furent claires: Il reviendra sans vraiment savoir quand dans la chambre et il devrait avoir la combinaison avec lui. Quant aux armes, il pensa qu'il devrait les emmener avec lui. Ainsi, cela en laisserait encore un peu plus aux prochains occupants de la chambre. Et puis... peut-être pourrait-il encore s'entraîner avec. Mais alors il devrait se montrer discret, ce qui ne serait pas facile avec une telle puissance destructrice.
Mais la suite vint avec l'européen. Et si, il y avait quelques minutes, Sakyo s'était régalé de cet unique compliment, les petits idéaux qu'il avait érigés à propos d'Antonio s'effondrèrent d'un coup. Car ce dernier se montrait encore une fois condescendant...

« En tout cas pour toi ça ne fait aucun doute. Mais tu t'en es bien tiré. »

L'écrivain ne comprenait vraiment pas. Comment pouvait-il être aussi ironique après ce qu'il s'était passé? Des personnes étaient mortes, certaines semblaient bien le connaître, et il n'avait l'air de rien ressentir... hormis la frustration de n'avoir pu ôter la vie de cette dernière créature... Et ce n'était pas tout...

« Vous entrainer, pas moyen, j’ai pas envie, j’ai pas le temps, et vous êtes inaptes à cela. »

Paroles qui déçurent encore une fois le romancier. Non, il ne sentait pas aussi faible que le combattant le faisait remarquer. Il s'était battu depuis le début et il était resté en vie. Ce qu'il voyait là, ce n'était pas une impossibilité, mais un manque de volonté. Et encore une fois, comme au début de cette mission, l'image d'Antonio le grand combattant capable d'assaillir des colosses à lui seul ne devait plus que celle d'un égoïste. Et Sakyo n'avait pas encore saisi tout le sens du jeu, mais avec le peu de choses qu'il savait, il se faisait une conclusion. Hâtive, certes, mais c'en était une: Cet homme voulait rester plus fort que tous les autres et accumuler les points pour lui seul. Les autres pouvaient toujours crever... Et à la fin, alors qu'il aurait une image de héros, ses alliés seraient morts à sa place. C'était un homme dangereux et l'écrivain ne le réalisait que maintenant. Faire équipe avec lui, c'était se jeter dans la gueule du loup et lui offrir la possibilité de décapiter le prédateur.

« Faites du jogging, digérez le fait que les autres sont morts et gardez vos états d’âmes pour pleurer les bébés phoques, ça sera déjà un bon début. »

Cette ultime réplique ne fit pas se faire effondrer les idéaux mais creusa un gouffre de haine dans le cœur du romancier. Le cynisme, il l'acceptait. Cet égoïsme, il n'en voulait pas, mais il le laissait passer. Mais cela... prendre autant en dérision les morts d'autant de personnes, c'était inadmissible. Elles avaient toutes fait de leur mieux pour rester en vie. Saki, elle même, alors qu'elle ne le connaissait même pas, l'avait sauvé des griffes de la mort et même de la torture mentale. L'aveugle, lui, avait su faire preuve d'une force et d'une volonté incroyable. Force qui avait aussi sauvé Sakyo et même aidé Antonio. Et encore, les groupes étaient divisés, mais le romancier était certain qu'il devait y avoir énormément de bravoure en chacun d'entre eux.

*Toi, je ne t'aiderais plus jamais... Tu ne le mérites pas.*

Dans tous les cas, Sakyo avait lui aussi des projets. Ces prochains jours seraient remplis... mais il allait devoir couper les ponts avec l'université. Ce qu'il ferait ne se résumerait qu'en deux choses: s'entraîner, peut-être en s'inscrivant à quelques cours d'arts martiaux... Et le reste du temps, il écrirait. Il devait absolument mettre sur papier ce qu'il lui était arrivé. Ainsi, peut-être qu'il pourrait aider les prochains occupants à travers un roman, métaphore de son aventure. Car s'il mourait, et avec le peu de force qu'il avait, il savait que cela pouvait lui arriver, il devrait laisser quelque chose derrière lui. Et ce roman, ou bien cette nouvelle, elle aiderait peut-être les prochains combattants mais elle le rendrait aussi éternel, comme il le voulait depuis toutes ces années. Enfin, il tenait quelque chose à écrire. Il ne pouvait gâcher cette chance.

Sur ces pensées, il n'avait pas encore attendu le "décompte des points". N'ayant pas apprécié les paroles d'Antonio, et sachant que dire ce qu'il pensait n'aurait rien changé, il était parti évacuer sa colère dans le couloir, préférant rester seul. Il en profita alors pour récupérer ses chaussures qu'il avait laissées dans la valise. Il y avait aussi, d'ailleurs, celles de Kentaro et de Mariko. Mais il se rendit compte qu'il y en avait encore une autre. Et celle-ci était bien pleine. Alors, puisqu'elle était aussi la seule autre du couloir, il y jeta un oeil...

*Poulet rôti...?*

Sakyo ne se souvenait pas d'un quelconque occupant possédant un tel surnom. Mais il ouvrit quand même la dite valise. A l'intérieur: une enveloppe. Chose étonnante, car jusqu'ici, il pensait que cette "aventure" ne se résumait qu'à des combats. Et en effet, lorsqu'il prit le dossier à l'intérieur, il tomba sur quelque chose d'intéressant...



Tel était le début de l'impression sur une feuille A4. Et vu l'interface, il semblait que cela venait d'un site. Et en effet, en dessous était indiqué un lien. Sur d'autres feuilles, il y avait les images d'autres liens. D'abord des photos d'armes: celles qu'il avait maniées... Puis celles de cadavre... Images répugnantes qui lui fit fermer le dossier. Mais malgré tout, il déchira le bas d'une des feuilles pour conserver le lien avant de le mettre dans la poche du manteau qu'il avait toujours gardé sur lui. Après avoir pris ses chaussures, les gardant nouées par les lacets, il se dirigea vers le centre de la chambre, agitant le dossier.

"J'ai trouvé ça dans une des valises. Ça devrait vous intéresser."

Le temps passé et personne de son groupe n’était revenue, il ne savait plus quoi dire, il avait promis de la protéger mais il en avait été incapable.

« Il a eut des combats assez intenses, et la plupart des autres participants sont morts. S’il n’en arrive aucun autre dans les prochaines minutes, cela voudra dire qu’en effet nous sommes les seuls survivants. »

Il se mordit violemment la lèvre, il ne savait absolument pas ce qui c’était passé et il devait se contenter d’imaginer la suite.
Entouré par ces 5 personnes, il n’en connaissait aucune qui aurait put lui dire ce qu’il c’était passé. Il préférai ce taire plutôt que de demandai d’un air niais ce qui c’était passé après qu’il soi « tombé dans les pommes », c’était sans doute la version la plus proche de ce qui c’était passé, mais sans doute était-ce la moins flatteuse pour lui pendant qu’ils faisaient face a ce qu’il n’avait pas eu le loisir de voir.

A présent ils trouvaient les moyens de se monter les uns contre les autres, la pression d’après coup les rendait tous nerveux, instable et donc dangereux. Bien qu’il ne veuille plus parler, il n’avait pas envie de laisser la situation se détériorer sans rien faire. Mais bien sur avant qu’il ne puisse intervenir, le plus curieux et celui qui parlait trop au gout des autres venait de trouver des documents dans une mallette, au moins cela pourrait l’occuper un peu, peut-être le temps que la pression descende un peu…

Il n’avait aucune idée de pourquoi cette sphère mettez tant de temps il espérer tout du moins que cette chose n’allait pas remettre immédiatement une autre cible quand d’éventuelle survivant reviendrait. Même si il essaye de ne pas y penser, l’idée qu’il n’y est pas d’autre survivant faisait son chemin et le déstabilisait.
Il vit quand même que la personne qui était la plus choqué qui n’était autre que Reika, bien qu’il ne sache pas quoi faire il s’approcha et s’assis devant elle.
Ses yeux montré sa détresse mais les autres était sans doute trop occupé pour l’avoir remarqué.

- Prend ton temps et essaye de te calmer même si c’est dur…

Il espérait pouvoir la détourner de ce qui la préoccuper même si il ne savait absolument pas si cette simple parole l’aiderai. Même si il ne se sentait pas à même de pouvoir aider quelqu’un.
Il finit par aller s’asseoir près d’un mur, si elle voulait de l’aide il lui suffirait de demander. De toute manière pour les personnes dans cette pièce il n’était qu’un parfait inconnu trop jeune et donc trop stupide pour qu’il puisse être traité d’égal avec eux, quoiqu’il fasse se serait toujours ainsi les plus vieux se prenant pour les plus intelligent et même si il leur démontrer le contraire il se retrouverait quand même a être dénigrer. Le temps aurait raison de son raisonnement car d’ici peu il pourrait être mort.

Les propos d'Antonio ne l'étonnèrent pas.
Au bout d'un moment, il avait cerné le personnage. Nul besoin d'en dire plus sur l'Européen qui ne voyait que les points.
En définitive, c'était bien tout ce qui importait, car ils n'étaient vraisemblablement pas là pour faire connaissance et prendre le thé avec les extraterrestres...

Cependant, Kyou ne pouvait s'empêcher d'avoir une pensée amère à l'égard des trois survivants. Reika, le bigleux et même le jeunot. Les pauvres avaient été lâchés dans la nature et laissés dans la mouise, et leur état émotionnel laissait transparaître le vécu de cette mission particulièrement dévastatrice.
Même si le gringalet était exaspérant avec toutes ses questions, il avait soulevé un point important dont Antonio s'était moqué.
L'adolescent eut le temps d'y réfléchir, et après avoir regardé tour à tour les trois rescapés, il soupira.
Le bigleux réapparut en agitant un dossier, prétendant que ça pouvait les intéresser.
En haussant les sourcils, l'androgyne s'approcha et s'en empara, le feuilletant vivement en affichant diverses émotions contradictoires.

" C'était au poulet, ça... Qu'est-ce qu'il cherchait ? "

Intrigué par la lecture, il se rappela soudain. Il leva alors ses yeux vers l'écrivain, et s'exprima.

" Tu t'es bien débrouillé... Je suis franchement étonné que tu sois encore vivant, étant donné que tous les gars expérimentés, ou presque, se sont fait tuer... "

A la suite, son regard se posa sur le jeunot et sur l'idole.
Ces trois-là avaient survécus.
Il n'allait pas les prendre en charge, mais les empêcherait de devenir des boulets.

" Si vous y tenez, je vous filerai un coup de main. "

En hochant la tête brièvement à leur attention, il se retourna vers Gantz et jeta un nouveau coup d'oeil au dossier.

Si Antonio avait froissé l'assemblée, il s'en moquait éperdument, la réalité ne faisait pas de cadeaux. Gantz se foutait royalement du sort de ses petits soldats, tant et si bien que seuls les plus forts surviraient, si toutefois ils avaient l'intelligence nécessaire pour... L'écrivain était partit en pétard dans le couloir pour calmer sa colère à l’égard de l’européen, à défaut d'avoir quoi que ce soit à répondre. Le français commençait à se maudire lui-même d'être tombé avec une telle équipe...

Après avoir répondu négativement à la requête du japonais, Kyou proposa son aide à ce dernier.
« Si vous y tenez, je vous filerai un coup de main. »

Les mots suffirent au français pour le pousser à parler de nouveau. Il alla s'asseoir sur le devant de la boule, les scores n'étant pas encore apparus elle pouvait faire office de siège...
« Alors c'est ça votre délire, vous tenir la main et attendre que la tempête daigne passer... »

Il balaya du regard chacun des individus présents.
« Mais vous pensez que vous avez mis les pieds où ? Hein ?! ... Ici c'est une chasse à l'homme, ce ne sont pas eux les proies mais bien nous. Cette soirée l'a encore prouvé... Et si vous n'êtes pas plus fort et impitoyables que ces créatures qui nous attendent au tournant vous ne pouvez pas espérer rentrer chez vous. »

Il s'adressa tout alors particulièrement à l'écrivain.
« Tu veux savoir pourquoi je ne veux pas vous aider dans votre simulacre d'entrainement ? Tu crois que trois heures de cours de pugilat ça suffit à faire la différence ?!... J'ai passé la moitié de ma vie à m'entrainer pour atteindre ce niveau. »

Puis ses mots s’élargirent à nouveau à l’ensemble de la salle.
« Il vous faudrait six mois d’entrainement intensif pour espérer éventuellement être prêt à attaquer les bases. »

« C’est bien joli d’avoir de belles pensées pleines de mélancolie… Mais faut arrêter de se voiler la face. La seule chose qui peut vous sauver à l’heure actuelle c’est de dévoiler un peu de hargne et de mettre au passé tous ce qui vous ralentis et bride votre instinct combatif… »

« Ce n’est pas en jouant aux victimes et s’apitoyant sur les morts que vous puiserez la force mentale nécessaire à votre survie. Sang-froid, calcul, contrôle de sa peur. Gardez ça à l’esprit et vous aurez la maitrise tactique de vos combats. »

« Le reste… A votre niveau c’est du jogging. Et pas besoin de moi pour aller travailler votre cardio… Comme je le disais j’ai pas que ça à faire. »

Antonio voulait délibérément provoquer les autres gantzers. Ils ne lui arriveraient jamais à la cheville sur le plan physique, mais il était nécessaire qu’ils deviennent plus mordant. Car faibles comme ils apparaissaient pour le moment ; ils n’étaient pas viables en temps que réel soutient, et n’avaient pas non plus une espérance de vie très longue dans cette course à la survie.

« J’ai dis tout ce que j’avais à dire, gardez votre mépris pour vous si vous en éprouvez, moi j’en ai rien à secouer… »

Puis il toca entre ses jambes sur la surface lisse de la boule noire.
« Bon la boule, ça serait bien que tu nous garde pas là toute la soirée. »

Depuis le début, Sakyo avait bien l'impression que l'on appréciait pas toutes ses questions, aussi importantes étaient-elles pour les nouveaux venus. Mais il savait bien qu'il avait aussi soulevé des points importants. Et peut-être que la découverte de ce dossier lui donnerait un peu plus de crédit. Et en effet, Kyou avait porté pas mal d'attention à la chose. Il semblait selon lui que le document appartenait au policier, Akira Muto. Personnage que l'écrivain avait totalement oublié et dont il n'avait pas saisi le sens du surnom sur le coup.
Et bien heureusement pour lui, il semblait que l'enveloppe avait réveillé un tout autre intérêt chez l'androgyne qui se tournait désormais vers les nouveaux occupants de la chambre. Il complimenta alors Sakyo. Drôle de compliment puisque cela marquait plus un étonnement, mais le romancier s'en régala tout de même. Les deux seuls vétérans encore en vie semblaient d'accord pour admettre qu'il était suffisamment fort... Alors, quand Kyou conclut en disant qu'il leur donnerait un coup de main, cela eut réjouit définitivement le jeune étudiant. Mais il n'eut même pas le temps de le remercier, car sa réjouissance fut éphémère, vite décapitée par les paroles de l'européen.

« Alors c'est ça votre délire, vous tenir la main et attendre que la tempête daigne passer... »

« Mais vous pensez que vous avez mis les pieds où ? Hein ?! ... Ici c'est une chasse à l'homme, ce ne sont pas eux les proies mais bien nous. Cette soirée l'a encore prouvé... Et si vous n'êtes pas plus fort et impitoyables que ces créatures qui nous attendent au tournant vous ne pouvez pas espérer rentrer chez vous. »

Antonio les blâmait cette fois-ci tous les trois. Et étrangement, cela sonnait comme une apologie de l'individualisme. Sakyo ne comprit absolument pas. Depuis le début, la mission s'était résumé à un travail d'équipe. A chaque fois, il avait dû se battre en compagnie des autres, en comptant sur eux. Même Antonio avait établit une stratégie (quoique maladroite) envers le dernier boss. Cela sonnait définitivement faux. Et si tout à l'heure, c'était de la condescendance et de l'égoïsme, la suite vint avec des formes de justifications.

« Tu veux savoir pourquoi je ne veux pas vous aider dans votre simulacre d'entrainement ? Tu crois que trois heures de cours de pugilat ça suffit à faire la différence ?!... J'ai passé la moitié de ma vie à m'entrainer pour atteindre ce niveau. »

Certes, Sakyo l'avait compris, il ne pourrait pas se battre comme son aîné aussi vite. Cependant, grâce à la combinaison qui l'avait rendu plus fort, plus rapide et même, semblait-il, plus souple, il s'était senti capable de pratiquer une base d'arts martiaux. Enfin... il ne voulait pas, tant pis, il pourrait faire sans. Sakyo n'appréciait pas son égoïsme, mais il ne pouvait que l'accepter.
Mais c'était définitivement ce dédain envers les morts qui le frappait au ventre. Antonio ne voyait que la victoire dans ces mission. Et certainement la récolte des points. En se battant ici, il avait perdu son humanisme, se fichant éperdument des autres. Il était devenu un monstre de contradiction. Il avait eut l'aide des autres dans cette mission, mais il voulait en recevoir la totalité des mérites. Et le fait de se moquer de ceux qui avaient besoin d'aide montrait bel et bien qu'il préférait que chacun agisse de son côté. Mais cela ne fonctionnait pas ainsi. C'était certain.

"Je me fiche que tu ne veuilles pas nous aider. Et cela, même si je pense que ces missions s'effectuent dans le travail d'équipe et qu'on devrait donc tous nous entraîner et nous entraider. Mais je n'accepte pas ton dédain envers tes coéquipiers."

Avant même d'avoir dit ce qu'il voulait, Sakyo serra les points. Si la combinaison n'était pas là, sans doute qu'il se serait enfoncé les ongles dans la paume, jusqu'au sang. Mais à défaut de ne pouvoir se blesser lui même, ses poings, ses bras et ses épaules avaient augmenté de volume. Même sa voix avait commencé à trembler, tout en prenant un ton très grave. On pouvait clairement voir sa colère.

"Saki et l'aveugle? Ils sont morts pour rien? Tu vas les oublier aussi? Comme ça? Alors qu'ils t'ont accompagné tout au long de cette mission? Qu'il t'ont peut-être même sauvée la vie? Il n'y a aucun honneur à oublier les morts de cette façon. Je préfère rester faible selon toi, si ça me permet de garder un semblant d'humanité. Tu peux faire comme tu veux en ce qui concerne les méthodes de combat, mais je t'interdis de nous blâmer parce qu'on garde nos morts en mémoire. Ce n'est pas ça qui nous rend faible. Au contraire, je sais que penser à eux me donnera d'autant plus d'ambition. Je vise plus haut que ces points pour rester en vie."

Depuis quelques minutes, les transferts s'étaient arrêtés... Et ces paroles avaient ravivé un souvenir chez l'écrivain... Celui de Mariko... Il avait juré de la protéger. Et maintenant, pour la seconde fois, il semblait bien qu'elle soit morte... Comme tous les autres. Ces mots et ces souvenirs avaient alors faire monter des larmes aux yeux du romancier, sans les faire couler. Les yeux brillants, il commença alors à se calmer, sans vraiment insister plus. Il avait ses convictions mais il ne pourrait pas ouvrir les yeux à l'européen, cela semblait clair... Alors il se contenta de passer ses mains sur son visage, le temps d'expirer, de se calmer, avant de s'assoir sur le sol de la chambre, une main posée sur son front, montrant tout son désarroi. Il n'avait que jeté un coup d'oeil, histoire de voir les expressions des autres occupants. Puis il se résigna à regarder fixement le sol... Au moins, Kyou semblait être quelqu'un d'assez bon pour se soucier d'eux... Puisse cela compenser les choses...

Comme l'heure était à la parole, Kyou écouta d'une oreille discrète les propos d'Antonio et de Sakyo.
Il n'eut pas besoin de se concentrer ou de les regarder l'un et l'autre pour comprendre le sens de leurs phrases, ou l'animosité que chacun avait développé. Une sorte d'adversité qui serait trop compromettante.

Une fois les discours terminés, Kyou reprit la parole calmement.
Il n'était pas énervé, car il savait ce qu'il valait, il l'avait prouvé ce soir en survivant sans combinaison, et en sauvant une personne. Il s'attarda une dernière fois sur Reika, et pour Kyou le joueur, ce fut la fin.

" Antonio a raison sur un point... on ne peut pas l'égaler, parce qu'il est meilleur que nous... en combat, seulement. "

Il sourit sans aucun ressentiment et se tourna vers son principal interlocuteur, Sakyo.
Son nom lui était revenu d'un coup lorsqu'il avait énoncé Saki. Il avait vite fait le rapprochement.

" Mais Antonio a tord sur tout le reste. Gagner des points est ce qui importe, mais pour voir son score il faut rester en vie... jouer les solitaires imbus de leur personne, ça n'avancera à rien. "

Lui aussi, il fixa une à une chaque personne dans la pièce, s'attardant sur les survivants de la dernière heure.

" Personne ici ne prétend pouvoir arriver à endosser le costume de Bruce Lee, Jackie Chan, etc... Mais vous êtes pas tous des nuls, votre retour le prouve... enfin j'espère ! "

Sur cette pointe d'humour, il redevint sérieux en croisant les bras.
Il ne comptait pas rester là à triturer le fond de sa pensée. Désormais, il s'imposerait comme un Leader pour ceux qui le désirent. La mort de Saki ne l'avait pas bouleversé, mais il se rendit bien compte que c'était une vie, une personne, qui était morte, pas un avatar de personnage ou quelque chose du genre.

" Et je préfère de loin avoir derrière moi des gars un minimum compétents, pour qu'on se couvre mutuellement, et pas des boulets, même si ils sont pas capables de reproduire les combos de Tekken. "

Encore une fois, malgré son sérieux, sa culture geek s'imposait et c'est avec un humour certain qu'il se plaisait à l'introduire.

" Antonio se porte très bien comme il est, le loup solitaire, tout ça... Alors, faites de même et occupez-vous de vos fesses. Moi, je vais vous entraîner, avec ce que je sais, et on va vous trouver une utilité sur le terrain, bande de bras-cassés ! "

Sur ses dernières paroles, Gantz sembla s'illuminer... le score allait arriver.

Oui, Sakyo s'était libéré d'un fardeau de pensées en lâchant sa colère sur Antonio, même s'il savait qu'il ne devait pas l'écouter. Mais fort heureusement, il comprit bien vite qu'il n'était pas le seul à penser ainsi. Kyou avait reprit la parole tel un leader. Et si de toute évidence, il n'avait pas l'air de s'en être spécialement bien sorti selon les propos qui avaient coulé depuis son retour dans la chambre, il venait de prendre un charisme capable de surplomber l'européen, qui s'était pourtant montré comme étant le plus fort.
L'androgyne n'avait pas reprit la défense des morts de cette mission (peut-être valait-il mieux), mais il avait clairement montré son ambition quant à l'entraînement des nouveaux occupants. Oui, Antonio était extrêmement puissant. Bien plus que tous les autres réunis, certainement. Mais il n'agirait que dans la solitude. Et ainsi, il allait courir à sa perte. Gantz lui même devait avoir compris que ses missions nécessitaient un travail d'équipe après tout. Cette stratégie, il ne fallait pas la nier.

" Antonio se porte très bien comme il est, le loup solitaire, tout ça... Alors, faites de même et occupez-vous de vos fesses. Moi, je vais vous entraîner, avec ce que je sais, et on va vous trouver une utilité sur le terrain, bande de bras-cassés ! "

Oh, ce n'était pas particulièrement honorable comme terme. Et aussi, l'humour était étrangement placé suite à une telle aventure. Mais pourtant, sans qu'il puisse s'expliquer pourquoi, l'écrivain ria. Cet homme là était digne de confiance, même s'il ne le connaissait que depuis une heure. Antonio lui, n'avait que sa force. Kyou, lui, était assez humble pour montrer aux autres qu'ils étaient forts et que malgré tout, il tenterait de les aider. A ce moment là, le romancier sentit ses capacités de survie gonfler de plus belle. Il n'était pas fort. Il était même assez en dessous des capacités physiques d'un étudiant normal (sauf en ce qui concernait la force de ses jambes, certainement). Mais malgré tout, il était en vie. Et cela seul le rendait particulier.

C'est alors que la sphère s'illumina, comme pour conclure les paroles du jeune homme. Et là, ce fut une grande surprise pour Sakyo, qui ne s'attendait absolument pas à ce qui allait s'afficher. Certes, il y avait les points... mais cette photo et surtout... ce pseudonyme!

"Qu...quoi? Homme-masse? Mais pourquoi?"

Sakyo n'avait définitivement pas saisi le sens de cette blague. Peut-être était-ce sa course dans le martien skull qui emprisonnait Saki. Dans tous les cas, ne connaissant pas le barème des points, il ne se sentit félicité non pas par le score, mais par le "commentaire" de la boule. "Une franchise à exploiter, sans doute." Alors même cette boule le considérait comme étant quelqu'un de fort? De respectable? Ce terme le déshumanisait quelque peu, certes, mais étrangement, il se félicita intérieurement. A moins que sa "franchise" aie été un terme pour désigner le fait qu'il dise toujours ce qu'il pense... Quoiqu'il en soit, il semblait que ce soit un compliment. Et venant de la boule qui les avait envoyés se battre contre la personnalisation de la mort elle même, cela ne pouvait être que bien vu.

Et puis vint la photo d'Antonio. Pas de commentaire, mais un pseudonyme tout aussi idiot. Mais là, Sakyo s'exclama intérieurement, encore une fois. Ce n'était pas le pseudonyme. Cette fois-ci, c'était le score!

*Nom de dieu! J'ai plus de points que le type le plus puissant de l'équipe! C'est pas croyable!*

Un grand sourire de satisfaction s'était dessiné sur les lèvres du romancier. Sourire qu'il eut vite fait de s'efforcer à faire disparaître, connaissant le mauvais caractère du français. Il espérait vivement ne pas être vu.
Vinrent ensuite le tour de Kentaro... surnommé "barricade". "C'est du solide!" Sakyo n'en voyait pas la référence, encore une fois... Après tout, il ne l'avait pas accompagné dans la mission. Peut-être avait-il effectué quelque chose qui lui avait valu ce surnom. Enfin, toujours était-il que ces sept points gonflaient encore l'estime de l'étudiant en lui même.
Et ce fut la même chose pour Reika. Le même nombre de points, un commentaire par rapport à son statut de star, pas de pseudonyme particulier, cependant. En fait, l'étonnement ne se marqua réellement qu'une fois que Kyou apparut à l'image.

Un changement dans le nom pour transformer le personnage en véritable combattant: Kyo. Un commentaire tout aussi amusant par rapport à sa tenue. Et surtout, un score impressionnant de 28 points. Le seul occupant de la chambre à dépasser Sakyo. Et pourtant, cet homme là n'avait même pas de combinaison. Même Antonio avait un compte plus bas que celui-ci. La bouche de l'écrivain prit la forme d'un O, tant il était impressionné par la performance. Il restait à voir comment ce jeune homme, à l'apparence si frêle dans son pyjama, pouvait se retrouver en endossant fièrement sa combinaison.

"Je ne connais pas le barème, mais je crois avoir compris que ça, c'est VRAIMENT impressionnant..."

Un temps de pause se marqua cependant. Certes, il y avait ce décompte, mais il y avait aussi les points restants. Et le "et c'est fini". Que se passait-il seulement après? La boule semblait avoir décidé d'afficher les scores une fois qu'Antonio lui avait demandé de le faire. Peut-être écoutait-elle ce qu'ils disaient? Il pensa un instant demander à Gantz lui même de lui montrer ce qu'il y aurait après les cent points. Puis après réflexion, il pensa à Gray, le militaire. En arrivant dans la chambre, il lui avait bien expliqué. Après cent points, il y avait trois choix: l'arme plus puissante, la résurrection d'une personne ayant fait partie de la chambre et enfin, la liberté et l'oubli des souvenirs relatifs à la chambre... Ce score était encore loin, mais Sakyo s'était déjà fait une raison. S'il ressuscitait Mariko (son premier choix, puisqu'il était responsable de sa mort), il la mettait encore une fois en danger... Aussi chaque résurrection pouvait être gâchée... Cependant, ce n'était pas une option à mettre de côté. Car il n'avait plus d'autre choix. S'il devait être libre, il oublierait tout... et alors il tenterait encore une fois de se suicider, comme avant. Il était perdu s'il devait oublier tout cela. L'écrivain n'avait ne pouvait que vivre cette aventure jusqu'à laisser une trace suffisamment importante pour qu'il reste en vie. Il devait écrire. Et une fois que son oeuvre serait publiée, alors seulement, il pourrait vivre normalement. Mais actuellement, il n'avait que le choix de l'arme plus puissante. S'il devait plus fort, avec un meilleur équipement, cela signifiait qu'il pouvait protéger les autres. Alors à ce moment là, il essaierait des ressusciter les autres. Et enfin, quand il en aurait fait assez, il partirait pour de bon...

Mais c'était trop s'avancer! Sakyo rêvait beaucoup trop pour seulement 22 points sur cent. Mais il restait encore impressionné par son propre score suite à l'exposition de la boule. Aussi, en abandonnant l'idée de son évolution au sein de Gantz, il repensa à Kyou. Cet homme s'était montré comme était le plus fort à cet instant. Et ce serait celui-ci qui les entraînerait... Et cela valait bien des grandes félicitations.

"Je te félicite, Kyou. Et vraiment, je suis fier de savoir que c'est toi qui va nous entraîner."

Le score fut annoncé. Et les mieux notés furent l'écrivain et Kyou. Antonio fut tout d'abord étonné de voir une moyenne aussi élevée. Mais l'amertume ne le gagna pas... Il avait déjà donné en s'énervant vis à vis de son impossibilité de mener le combat final à terme. Et la boule provocatrice s'était gardée de tout commentaire irritant.

Cette soirée n'avait pas été dédiée au scoring, mais au test. Il n'avait pas cherché à trouver le plus d'adversaires, mais à se tester lui-même face à présumé plus puissant que lui en duel.

Il avait eut l'occasion de se rapprocher de ses limites en affrontant à mains nues le martien masqué. Le combat avait été en partie biaisé par l'intervention de l'aveugle et de Sakyo, ce qui empêchait le français de pouvoir tirer de réelles conclusions de celui-ci. Mais il s'était exposé au danger, avec cela il avait pu mesurer le potentiel de la combinaison et à la fois la garder fonctionnelle, et n'avait rien perdu de l'époque où il s'entrainait contre son maître. Maintenant il devait passer un nouveau pallier, pour s'assurer de ne plus avoir à faire face à l'imprévu. Alors que le matériel était enfin maitrisé, il fallait maintenant contrôler son propre champ de bataille, arriver à un état d'éveil et de préparation supérieur.

Il ne s'était pas levé de la boule et avait regardé le score entre ses jambes. Une fois que cela fut terminé il se redressa.
" Alors c'est bien cela... Le points sanctionnent les coups de grâce... Intéressant... "

Il avait pu constater cela en comparant son investissement aux scores des deux missions qu'il avait mené, mais c'était tout pour ce soir. Il était temps de partir ; aussi alla t'il récupérer son sac.
" Cependant attention Kyou, surveille tes paroles. Si je tolère l'humour, je ne tolère pas les insultes ou les insinuations. "

" Et pour ta gouverne écrivain. En effet la mort de l'aveugle et Saki m'importe peu à l'heure qu'il est. Le premier a bêtement négligé les conseils prodigués par les participants plus expérimentés, et se croyant invincible il en est mort. Il n'a même pas sortit la combinaison de sa valise... La seconde s'est naïvement approchée trop prêt du danger, croyant qu'elle serait à l'abri grâce à sa bonne volonté... Non ils sont responsables de leur sort, je n'ai pas à les prendre en pitié. "

Il posa son sac, et retira sa combinaison jusqu'à se retrouver un caleçon. Sans même regarder il lança machinalement...
" Et voilà que je rejette ta requête et que tu te tourne aussitôt vers un autre sauveur providentiel... C'est marrant que pour quelqu'un qui se soit-juré de protéger une gamine... Elle soit morte une deuxième fois... Et juste après, ça demande à quelqu'un d'autre de se porter garant de sa propre survie... Entre autre, un protecteur, un responsable... Tu n'as aucune maitrise de tes ambitions et de ta volonté... { Aide toi toi-même avant d'aider autrui }... Tu n'es pas capable de le faire... "

Il avait enfilé en vitesse des vêtements de ville et reposé la combinaison dans sa valise. Il était pressé, il était encore relativement tôt et cela lui permettrait de mettre dés maintenant la machine en marche... Antonio remit alors la valise dans le râtelier de Gantz.
" Je te rends ça bouboule. Car sinon elle ne sera plus à ma taille quand nous nous reverrons... "

En se dirigeant vers le couloir il envoya la carte d'un bar sur laquelle son numéro de portable avait été écrit au stylo BIC.
" Si jamais vous voulez me contacter. Mais encore faut-il que ça soit intéressant. "

Puis il sortit tranquillement de l'appartement.

Arrivé en bas des escaliers il appela un central de taxi. Et attendit sur le trottoir...
Le français avait déjà prévu la suite de son programme, aussi appela t'il un autre numéro...

La tonalité retenti deux fois puis une voix masculine répondit.
" Antonio mon ami !!! Je savais que tu rappellerait tôt ou tard ! Ça fait déjà un sacré moment... Alors tu as enfin décidé de réfléchir sérieusement à ce que je t'avais proposé ?! "

Le français sourit. Son interlocuteur avait décroché, la soirée allait être constructive...
" On peut dire ça en effet. Peut-on en discuter dés ce soir ? "

" Génial ! Écoute passe tout de suite à mon hostess-club de Shinjuku. Je suis en train d'y passer le temps, on sera tranquille pour bavarder. Je t'y attends ; à toute à l'heure ! "

" OK à toute. "
Il referma la clapet de son mobile et se remit à attendre le taxi qui n'allait plus tarder...

Les paroles de Sakyo avaient été suivies par celles d'Antonio. Une conclusion qui apporta un petit détail qui avait toute son importance. Ainsi donc, les points étaient décomptés selon les coups de grâce. Cela expliquait les points accumulés par l'écrivain. Il avait tué un des colosses et avait aussi pulvérisé un autre de ces "chamans". Il y en avait bien un deuxième aussi, qu'il avait chargé de toutes ses forces en portant secours à Saki. Mais ce dernier avait été déjà blessé dans tous les cas. Peut-être avait-il succombé à ses blessures avant d'exploser... Peut-être aussi que les points étaient différents selon les créatures. Mais les questions s'arrêtèrent là. Car l'européen s'était adressé à lui, le sortant encore une fois de toutes ses pensées et ses théories.

" Et pour ta gouverne écrivain. En effet la mort de l'aveugle et Saki m'importe peu à l'heure qu'il est. Le premier a bêtement négligé les conseils prodigués par les participants plus expérimentés, et se croyant invincible il en est mort. Il n'a même pas sortit la combinaison de sa valise... La seconde s'est naïvement approchée trop prêt du danger, croyant qu'elle serait à l'abri grâce à sa bonne volonté... Non ils sont responsables de leur sort, je n'ai pas à les prendre en pitié. "

Inacceptable. C'était absolument inacceptable. Sakyo ne pouvait plus le supporter. Mais malgré tout, il se retint. Oui, il se retint de sortir de ses gonds et de lui décrocher un coup de poing (qui aurait certainement été vain) en pleine figure. Ternir la mémoire de deux personnes admirables. Des personnes qui avaient su se battre pour le groupe. Des personnes qui lui avaient sauvé la vie. Encore une fois, la colère fut telle que le romancier prit un teint rougi accompagné d'un volume décuplé, de par ses muscles contractés, prêts à déchaîner leur force sur le monstre qui était en face de lui. Et pourtant, il n'en fit rien. Pendant des années, il s'était tut devant ce qui le révoltait. Étrangement, depuis sa mort, il avait acquis la force de montrer toutes ses indignations. Mais ce n'était que verbal. Peut-être qu'un jour, plus tard, il en viendrait aux poings...

" Et voilà que je rejette ta requête et que tu te tourne aussitôt vers un autre sauveur providentiel... C'est marrant que pour quelqu'un qui se soit-juré de protéger une gamine... Elle soit morte une deuxième fois... Et juste après, ça demande à quelqu'un d'autre de se porter garant de sa propre survie... Entre autre, un protecteur, un responsable... Tu n'as aucune maitrise de tes ambitions et de ta volonté... { Aide toi toi-même avant d'aider autrui }... Tu n'es pas capable de le faire... "

Il le savait. Il était responsable deux fois de la mort de Mariko. Il se l'était déjà fait remarquer à lui même. Il aurait voulu l'accompagner, la sauver. Mais tout simplement, les choses avaient été faites de telle façon qu'il s'était retrouvé séparé du groupe. Simplement, il avait trébuché sur Saki et avait perdu ses lunettes. Rien de grave, seulement cela les avait séparés. Si seulement il n'avait pas fait cette erreur, ils auraient pu tous rester ensemble, certainement. Enfin, peut-être, oui. Tous ces "et si" qui auraient pu changer les choses. Mais oui, il en était responsable. Cependant, ces mots là n'avait pas calmé le romancier. Bien au contraire, sa colère se décupla. Vraiment, s'il avait été plus bestial, il l'aurait frappé au visage.
Mais encore une fois, il se retint. Car malgré cet air inhumain, cette condescendance, il avait raison. Si Sakyo voulait tant cet entraînement, c'était pour survivre, pour qu'il y ait quelqu'un qui puisse l'aider. Pour qu'il ne soit pas seul. Pas comme Mariko... Et c'était vrai aussi qu'il n'avait pas la maîtrise de ses ambitions. Il voulait tant éditer son premier livre... et pourtant son incapacité à écrire l'avait poussé au suicide. Et même si au début de la mission, il s'était montré entreprenant, il avait bien fuit comme cette créature aux tentacules. Mais il resta là, droit devant Antonio et la boule, le corps toujours aussi gros de ses muscles. Et même si l'européen se dirigeait vers le couloir, il n'avait pas détourné de le regard, toujours le torse bombé, le poing serré. Ce n'est que lorsqu'il entendit la porte claquer qu'il frappa de toutes ses forces le sol de la chambre.

"ENFLURE!"

Et encore il frappa, à trois reprises, avant de reprendre sa forme normale. Les coups avaient été particulièrement violents et sonores. Des coups bien plus puissants que ceux qu'avait produit Antonio en arrivant dans la chambre. Rares avaient été les fois où Sakyo s'était trouvé dans une telle colère. Depuis la mission, pourtant, il y en avait eu plusieurs: le moment où il était sorti de son illusion et celui où il avait commencé à se résigner à charger le "boss". Si un alien avait été en face de lui, à cet instant, peut-être même qu'il aurait pu s'en occuper aussi bien que le combattant. Voire mieux. Oui, sa colère était certainement sa plus grande arme. S'il apprenait à la maîtriser, peut-être pourrait-il en faire quelque chose... Mais là n'était pas le moment de la réflexion. Il était emplit de haine, et il le faisait savoir à tous.

"C'est inacceptable! Inacceptable! Je ne veux plus jamais l'aider! JAMAIS! Pas tant qu'il ne se sera pas excusé pour avoir dit tout cela! Pour s'être foutu de Mariko, de Saki, de cet aveugle et de tous les autres!"

Enfin, il put reprendre son calme. Mais il allait toujours mal. Et après ce que cet homme avait dit, il se sentait l'obligation de se justifier...

"La première fois, elle est morte par ma faute. Nous étions passés par un chantier à l'abandon et avions été pris en embuscade par des yakuzas... La seconde, je voulais l'aider, mais ce n'était qu'un concours de circonstances... et nous nous sommes tous séparés..."

"Je vais atteindre les 100 points... Plusieurs fois s'il le faut. J'aurais de meilleures armes, je serais plus fort. Et alors là, je la ressusciterais. Et je pourrais la protéger... Elle et tous les autres. Parce que moi, je suis toujours plus humain que ce type là..."

Une fois de plus, il s'était bien marré avec les quelques commentaires de Gantz. Souvent cinglants et cyniques, même si il avait du mal à en comprendre certains.

Son tour arriva rapidement et l'étonnement général le fit sourciller.
Pourquoi autant de points, pour si peu de monstres ? Il n'avait toujours pas bien assimiler le système de remise des résultats, même s'il commençait petit à petit à y voir plus clair.
Cette chambre avait la même dimension qu'un jeu, qui ne disposait apparemment d'aucune sauvegarde gratuite.
Son regard se posa sceptiquement sur le dossier de l'agent Poulet. Toutes ces notes, il devrait les feuilleter sérieusement.

Les autres s'extasièrent un peu et Sakyo semblait euphorique tout d'un coup.
Sans trop avoir écouté les félicitations qui lui étaient destinées, il adressa un sourire amical au bigleux avant de jeter un coup d'oeil vers Reika, le temps que les deux ennemis de la chambre se jettent à la gorge une énième fois.

Kyou n'y prêta aucune oreille, concentré ailleurs.
Aussi, l'avertissement d'Antonio à son égard s'évanouit dans le vide.

Après le départ de l'étranger et la crise du nerf de Lunettes, l'adolescent inspira profondément en dévisageant une dernière fois les trois occupants.
Le plus jeune semblait paumé, alors il s'attarda sur les deux personnes les plus conscientes, en particulier Sakyo.

" Tout ce que j'peux te dire, Bigle... Sakyo, c'est que ça sert à rien de te ronger les ongles sur des événements passés. "

Son regard se balança aléatoirement sur Reika et Sakyo.

" A partir d'aujourd'hui, vous allez ‘renaître’. Il va falloir être vigilant et prudent, notamment avec la combinaison. Si vous l’oubliez, elle ne vous attendra pas. "

Il le répétait, parce qu’aujourd’hui justement, il en avait fait les frais.
Kyou fixa la baie vitrée pour observer la nuit animée de Tokyo. Il y avait une grande agitation.
La Police, les Urgences, encore. Avec tout ce qui s’était passé cette nuit... Les médias allaient encore parler d’eux sans le savoir. Peut-être même qu’un autre aveugle taré viendrait lui rendre visible.
Cette idée lui donna la chair de poule.

Il n’avait pas la notion du temps et s’en fichait, alors il proposa à tous, dans l’immédiat, de venir chez lui, au moins pour savoir à l’avenir où se retrouver, comment se joindre.

" Même si vous avez tous autre chose à foutre... Vous devriez venir avec moi jusqu’à ma maison, à titre informatif. "

Du côté de Reika, ça aurait pu être bien plus qu’informatif, mais elle était certainement casée et s’enverrait en l’air avec son copain, ce soir. En plus, avec ses soeurs, il serait embêté... La perspective d’une aventure était compromise. Mais au moins, il aurait une petite troupe lors de la prochaine mission, ce qui n’était pas mal.