" Un, Deux, je vais te couper en deux... "
" Trois, Quatre, tu deviendras violâtre... "
" Cinq, Six... vous êtes mort ! la suite ne vient pas encore... Hi hi... "

* Mais d’où est-ce que cette chose sort ?! … *

La voix glaciale du martien Stoned résonnait jusqu’à en pénétrer la chair, jusqu’à en faire frémir la demoiselle qui se tenait là, debout après s’être extirpée du nuage de gaz. Son apparence même allait jusqu’à vous en remuez les tripes. Saki fut submergée par une étrange sensation face à cette chose d’une ignominie sans nom. Plus que de la peur, cet humanoïde avait suscité chez elle quelque chose à laquelle elle ne s’attendait pas.


" Un, Deux, je vais te couper en deux... "
" Trois, Quatre, tu deviendras violâtre... "
" Cinq, Six... vous êtes mort ! la suite ne vient pas encore... Hi hi... "

Quelle étrange sensation était-ce de sentir son corps se re-matérialiser, en cette occasion, c’était plutôt agréable et confortant. Saki se retrouva de nouveau dans cette pièce que l’on aimait à revoir après un retour de mission. La fin de cette dernière s’avérait d’ailleurs un peu floue pour elle. Tout ce dont celle se souvenait, c’était du Martien Stoned poussant la chansonnette. Une atypique sensation de vide s’emparait de son esprit … Qui avait donc bien pu abattre la bête ? Antonio ? L’aveugle peut-être ? Une question dont elle serait curieuse de connaître la réponse …

La premier visage que vu Saki fut celui de son compagnon de route Sakyo, hâtive, elle s’empressa de l’assener de question sans même faire attention au monde qui l’entourait.

«  Home Sweet Home. J’pensais sérieusement pas être aussi ravie de retrouver cette chambre après le bad trip avec le Stoned. D’ailleurs … Ca m’embête mais c’est un peu flou pour moi tout ça … »

Un tour d’horizon avait suffit pour semer le trouble dans son esprit. Hormis Sakyo, ne se trouvait autour d’elle que des visages inconnus. Elle s’arrêta net, alors que son cœur lui, frappa fort dans sa poitrine. Une montée d’adrénaline et une boule au ventre, tout ça à la fois. Avec une voix imprégnée par l’angoisse, elle balbutia.

«  Sa-Sakyo. C’est quoi ce bordel ?! C’est qui ces gens ? Où sont l’aveugle, Antonio, les autres ?  »

Elle dévisagea chacune des personnes ici présentes, mais aucune ne lui paraissait familière. Comment était-ce possible ? C’était un mauvais cauchemar … Où alors encore une hallucination due au gaz du Stoned … Où bien … Une autre alternative lui vint à l’esprit. Une alternative qui lui plaisait bien moins. Plus elle réalisait combien cette alternative était plausible, plus la Yankee se sentait sonnée.

Les paroles de Sakyo avait fait l’effet d’un électrochoc à la yankee. C’était trop d’informations incohérentes d’un coup, pour elle du moins. D’après lui, on était en cette nuit le 28 Octobre, et pour la jeune japonaise, il était dur de concevoir que ne serait-ce qu’un mois entier s’était écoulé alors qu’il lui semblait encore être le 24 Septembre. Saki porta sa main sur son front, la tête baissée, essayant tant bien que mal de rassembler ses esprits et d’accepter la situation. Ladite situation pouvait se résumer très facilement, comme l’avait lui-même dit la tête de linotte. Comme elle le craignait, elle avait bien était tué lors de la mission contre le Stoned. Elle aurait pu s’attarder davantage sur la présumée disparition de Kyou et Reika, mais c’était déjà trop de question simultanées pour elle. Tous avaient également péris. Y compris Antonio. Cette dernière information était peut-être la seconde nouvelle la plus difficile à concevoir après sa propre mort. Mais ce n’était pas le moment ni l’endroit pour s’accabler là-dessus. Là, elle était entourée d’inconnus qui la dévisageaient tous en même temps, ce qui était fort dérangeant. Elle remarqua rapidement une jeune femme adossée au mur assez charismatique, un vieux et bedonnant moustachu, un autre binoclard, mais ne fit pas attention aux autres. C’était déjà assez dérangeant comme ça …

Une fois que tout semblait enfin s’ordonner, les questions les plus pertinentes venaient enfin. Elle prenait petit à petit conscience qu’elle venait de se faire ressusciter. Mais pour ce-faire, il fallait bien acquérir cents points. Et ce n’était pas le seul choix possible. Un nom fut prononcé. « Takeshi ». Apparemment c’était lui qui l’avait fait revenir à la vie. Lui qui avait obtenu les cent points. Sakyo lui fit signe de la tête pour lui montrer de qu’il s’agissait. Saki le dévisagea longuement. C’était un jeune homme assez charmant, son regard révélait une certaine humilité chez lui, il avait atteint les cent points. Rien dans ses yeux ni sur son visage ne dévoilait une quelconque expression. C’était sans doute quelqu’un de bien, mais là n’était pas le problème pour la jeune fille. Car oui, il y avait un problème. Une chose était certaine, ce n’était pas ce type qui avait commanditer sa résurrection. Et il n’y avait qu’une réponse possible : Sakyo. A cette idée, la première chose que ressentie la demoiselle, c’était de la colère. Aussi spontanément que l’étaient ses sentiments, Saki s’approcha de Sakyo et laissa claquer sa main contre sa joue sans retenue.

«  Ah ouais ?! «  C’est Takeshi qui t’as ramené » Pfff ! C’est des conneries tout ça et tu le sais très bien Sakyo. Je pige presque rien de ce qu’il se passe, mais j’suis pas crédule à ce point. Je sais pas comment tu t’es débrouillé et honnêtement j’m’en fiche. Celui qui m’a ramené c’est toi, et pas un autre. »

L’expression qu’arborait la jeune japonaise n’était en effet pas des plus tendres, et comme à son habitude ses paroles étaient toujours aussi crues …

«  Et pourquoi tu m’as ramenée à la vie, hein ? Pourquoi moi ? Imagine un instant que je n’avais pas envie de revenir dans cette chambre ? Non mais je suis censée le prendre comment franchement ? Je suis morte deux fois Sakyo, et maintenant je respire encore. Et c’est pas une putain d’boule qui m’a ramenée, c’est toi. J’espère que t’en es bien conscient et que tu vas finir par l’assumer. »


C’était vrai qu’elle le ressentait différemment, cette fois-ci. Ce n’était pas Gantz qui l’avait ressuscité. Et c’était péniblement difficile à avaler pour elle et son ego. Voilà que Sakyo lui offrait une Troisième chance. Avoir alors une dette naturelle envers lui n’était pas ce qui la dérangeait véritablement, mais surtout d’avoir été repêchée. Comme si mourir une seconde fois n’était pas suffisamment humiliant. Mais quelque part, elle avait là son opportunité de reprendre sa revanche, ce qui n’était pas donné à tout le monde. A cette pensée, la yankee se calma un peu, réduisant en même temps le volume sonore. Elle respira longuement avant de reprendre son sang-froid.

« Bon je crois que les présentations sont inutiles. J’sais pas trop quoi vous dire non plus, j’ai malheureusement pas l’habitude de ressusciter au milieu d’individus en latex tous les jours. Enfin, maintenant je pourrais m’vanter d’être la seule à l’avoir fait. »

Un autre exploit remarquable était à noté, car parvenir à insérer une touche d’humour - certes avec un ton qui laisse à désirer - après être entrée dans une colère noire, c’est vraiment pas une chose aisée, surtout pour la demoiselle.

« Enfin … * dit elle d’un ton plus doux et poli à l’attention de Takeshi *Je ne vais pas être pour autant être ingrate avec vous. Je pense donc que vous reviens toute ma gratitude. »

Elle inclina la tête en gage de remerciement au dénommé Takeshi, le seul pour qui elle pouvait poser un prénom sur un visage.Nerveusement, elle passa la main dans ses longs cheveux, soupirant à maintes reprises. Soupirant, mais respirant, voilà sur quoi elle devait dorénavant repartir.

A présent c’ était la nervosité qui s’en prenait à la jeune yankee. Elle s’était calmée, certes, et se retrouvait peut être plus en phase avec elle-même, allant même jusqu’à penser qu’elle avait agit de manière excessive, mais difficile de rivaliser avec une confusion de cette envergure. Saki avait besoin de temps pour vraiment se faire à cette situation et retrouvait la personne qu’elle était, et non celle qui tenait ce discours, certes pertinent, mais qui ne lui ressemblait pas tant que cela. Aussi, elle avait entendu la réponse de Sakyo, ce qui résonnait dans sa tête tel un écho. Bien sûr qu’elle s’avait qu’il souhaitait bien faire, mais tout était sorti tout seul et de façon si spontanée. Car il faut être honnête, Saki était très contente de revenir à la vie, bien que cela lui en coûte dans sa propre estime, mais c’était le deal. Ce qui lui avait autant déplu, c’était la façon dont il s’était déchargé toute responsabilité dans sa résurrection.

La jeune femme qui était adossée au mur pris l’initiative de présenter. Elle avait une tête qui revenait à la yankee. Akane Ueno, armée d’auto-défense. Voilà qui était intéressant et qui attirait même l’attention de l’adolescente. Elle lui répondit en inclinant légèrement la tête en guise de salutation, l’agrémentant d’un sourire amusé. Une autre représentante de la gent féminine, militaire de surcroît. Saki vit aussitôt en elle une rivale naturelle, mais pas dans le mauvais sens. Cette Ueno semblait avoir beaucoup de ressource, de quoi pousser la demoiselle à se surpasser, elle qui aime dépasser ses propres limites.

Elle put enfin se changer les idées en regardant le tableau des scores. Il semblerait que Sakyo avait fait du chemin durant son absence. Il n’avait pas obtenu un énorme score, mais il en révélait tant sur la progression de ce dernier. Quelque part, elle était un peu fière de lui, même s’il avait encore beaucoup de chemin à faire. Puis ce fut au tour de la militaire, qui n’avait pas fait un si mauvais score que cela, au contraire. Cela démontra bien combien elle détenait du potentiel qui serait favorable pour le groupe. Vint ensuite le score du vieux moustachu tout bedonnant, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, il semblait en avoir autant dans la tenue latex que dans la moustache. Lui aussi s’était présentait à elle, et comme l’on pouvait le relire, il se nommait Vargas Von Castern et cela lui rappelait fortement quelque chose …

* Von Castern … Von Castern … Ah mais oui, ce type un peu bizarre, Vardec Von Castern *

«  Von Castern ? Comme Vardec Von Castern ? » lui demanda-t-elle l’air perplexe.

Était-ce un hasard ? Quoi qu’il en soit, Gantz ne faisait aucune discrimination avec les étrangers. Heureusement encore, ils semblaient pouvoir parler japonais. De brefs souvenir de l’allemand étrange lui revinrent en tête ce qui ne la ravissait pas pour autant. Puis ce fut au tour du binoclard, qui ne semblait pas en être à sa première mission lui non plus, quittant la salle de toute évidence excédé par le score qu‘il venait de faire. Yarashin Zurui. Soit, il n’était pas certain qu’elle se souvienne de tous, mais c’était déjà ça de pouvoir glaner quelques informations sur ses futurs équipiers. Il en manquait encore, apparemment, et en attendant que la sphère daigne bien enchaîné, elle jeta un bref coup d’œil en direction de Sakyo qui semblait encore un peu sonné par le discours qu’elle lui avait tenue. Bien que tout n’était pas vrai, elle n’avait pas autant de remords. Ce dernier semblait un peu fonctionner comme cela. Au final, c’était un mal pour un bien, le tout à présent était qu’il le comprenne. La militaire n’avait pas tort dans ses paroles lorsqu’elle disait qu’il devait assumer ses choix. De toutes évidences, Sakyo semblait être assez apprécié par un grand nombre de personne dans la chambre. Il avait vraiment du faire du chemin depuis ce soit disant temps, qui ne remontait pas à si loin. C’était assez étrange de voir combien il pouvait être différent de celui qu’elle avait vu un peu plus tôt dans sa dernière nuit à elle …

Le décompte des points repris son cours et permis à la demoiselle d’en apprendre un peu plus sur ses futurs Co-équipiers, car oui, c’est comme cela qu’elle serait forcée de les considérer. La jeune yankee était d’une nature solitaire, mais elle avait compris que dans un environnement tel que celui là, l’esprit d’équipe était une chose indispensable. L’union fait la force. Un dicton que l’on ne pouvait pas démentir dans des circonstances pareilles. Saki avait donc beaucoup d’effort à fournir à ce niveau là.
Elle apprit donc que le jeune homme qu’elle avait rapidement aperçu se débrouillait plutôt pas mal, vu le nombre de point qu’il avait obtenu. Le seul inconvénient, c’est qu’elle n’en savait guère plus sur son identité, Gantz octroyant des surnoms à tout le monde. Enfin, de toutes les manières, ce n’était pas certain qu’elle s’en souvienne. Puis vint le tour d’un autre représentant de la gent masculine, plus âgé cependant. Plus âge, certes, mais pas pour autant plus efficace comme le révélait le score qu’il avait obtenu. Comme quoi les apparences étaient trompeuses et qu’il ne fallait pas se faire d’à priori. En effet, l’environnement offert par Gantz donnait l’opportunité de révéler des capacités dont on ne se soupçonnait pas soi-même. Une sorte d’école de la vie. Bien que ce soit un terme qui ne soit pas tellement d’usage en l’occurrence.

Saki resta silencieuse et un peu en retrait quant à la suite des évènements, elle avait déjà trop attirée l’attention et ce n’était pas trop son genre. Sakyo entreprit une manipulation dont elle ne comprenait pas vraiment l’intérêt. Après tout, même après deux missions, elle ignorait encore beaucoup de chose sur Gantz. Apparemment, c’était censé afficher le «  tableau mortuaire », là où elle avait du figurer lors des missions précédentes. Ainsi, ils verraient tous les Gantzers morts sur le terrain … Elle pensa alors à Kyou et Reika et comprit là où Sakyo voulait en venir, car lui aussi portait de l’intérêt pour la paire de gantzer. Il était comme ça, c'est vrai, toujours à se soucier de tout le monde. La demoiselle savait qu'il n'y avait nulle mauvaises intentions chez ce jeune homme bien au contraire. Comment pouvait-on lui en vouloir ? C'était bien la question. Sur le coup, Saki se sentit à la fois un peu mal et en colère à la fois. En voyant son partenaire si concerné, elle pensa alors qu’elle était allée un peu trop fort avec lui. D’autant plus que maintenant que la confusion s’estompait petit à petit, elle se rendait compte que le discours qu’elle avait elle-même tenue au romancier n’était pas vraiment représentatif de ce qu’elle ressentait véritablement, ni de ce qu’elle pensait d’ailleurs. Peut-être était-ce sous l’effet de cette étrange sensation de se retrouver dans la situation dans laquelle elle était qui l’avait poussé à réagir de la sorte. En effet, elle était prise d’un élan d’impulsivité qui ne collait pas avec sa personnalité. Quoi qu’il en soit, une discussion s’imposait avec son acolyte.

Saki resta pensive tout en regardant les visages d’anciens Co-équipiers y figuraient aussi, ce qui raviva des souvenirs encore trop frais à son goût.

* Alors toi aussi t’es mort Jiji … *

L’attention s’étant rapidement tournée vers ce qu’affichait la boule que le vieil homme n’eut pas le temps de lui répondre. Mais ce ne fut de toute évidence pas utile, la réaction qui fut sienne lui suffit à comprendre ce qu’il en était. Le dénommé Vargas, qui semblait auparavant très calmé entra dans une colère telle que c’en était bouleversant, tant bien même qu’elle n’avait échangé que quelques mots avec lui. Saki ne fut pas indifférente au ressentiment du vieillard, et pour cause. Vardec, était son fils, et de toute évidence il ne savait jusqu’à présent pas qu’il avait été lui-même dans la chambre … Quelque part, l’adolescente ressentit de la gêne à son égard, elle qui avait fustigé Sakyo de l’avoir ressuscité. Bien que son discours n’était pas réellement en adéquation avec ses vrais sentiments, il n’en demeurait pas moins qu’elle avait dites ces choses, et que ce n’était que ces choses là que l’on retenait vraiment. Peut-être que Vardec lui, n’aurait pas exprimé les mêmes choses, qu’il n’aurait pas réagit comme elle l’avait fait, aussi déboussolée qu’elle était. En dépit de cela, la jeune fille, bien que navrée et compatissante jugea bon de ne rien dire. Elle était très certainement la moins bien placée pour faire quoi que ce soit pour cet homme.

Immobile, elle resta là, paralysée par ses pensées et ses remords. Jusqu’à ce qu’une voix féminine vint la troubler dans ses songes. C’était la militaire qui exprimait un souhait bien particulier mais compréhensible. La jeune yankee laissa échapper un rire nerveux. Si elle n’avait pas été tant absorbée par ce qu’il se passait autour d’elle, elle aurait peut-être réagit compte tenu l’intérêt potentiel qu’elle pourrait porter à son homologue féminine, mais ce n’était décidemment pas le moment pour. Saki regarda le dénommé Takeshi oser s’approcher du vieux Vargas. Il n’y avait nul doute sur son compte, c’était un homme grand comme il n’en existait plus aujourd’hui. Un homme qu’elle suivrait les yeux fermés tant il semblait sage et humain, dans le bon sens du terme. C’était rassurant de voir un élément comme lui dans l’équipe qu’elle allait dorénavant intégrer. Du moins c’est ce qu’elle pensa avant que Gantz ne décide de faire un énième caprice auquel elle ne s’attendait pas, et surtout, qu’elle ne comprenait pas.
La surprise fut elle suite au message de Gantz que Saki n’eut même pas le temps de penser avant de dire quoi que ce soit, qu’elle s’élança vers le concerné en posant sa main sur son avant bras tout en s’exprimant aussitôt d’un ton inquiet et visiblement choqué au point qu’elle n’entendit même pas l’approche de la militaire, qui s’avérait pourtant être une très bonne ouverture pour un premier contact.

«  Comment ça ? Pourquoi ? Pourquoi à Osaka ? »

L’inquiétude de la jeune yankee était justifié. Elle avait une dette envers cet homme, et elle ne s’attendait pas à ce coup de théâtre …