Tandis que les inspecteurs Kogoro et Kanzo étaient resté à l'hôpital afin d'interroger le directeur de l'hôpital, Monsieur Akito, le duo Sendô/Fujima s'était rendu à Shibuya, rejoignant les enquêteurs Aizawa Shuichi et Arisugawa Sorata sur le terrain.


" Je te préviens, si tu dis "salut les AS2", je te jette moi-même du toit. " déclara à l'avance l'inspecteur Aizawa à son plus jeune collègue.
Fujima la ferma donc, l'air déçu.

" Arisugawa, Aizawa, bilan. "
" Oui. Manifestement, l'incident a débuté à 23 heures 30, au niveau des dégâts matériels seulement. "

Le jeune inspecteur pointa du doigt le tas de cadavres décapités, empilés de façon morbide au milieu du terrain, lui même en piteux état.

" Les victimes, selon les premières analyses des médecins légistes, sont décédées aux alentours de 23 heures. Les autopsies demanderont du temps, pour l'identification comme pour déterminer la cause du décès, à savoir si elle est commune ou distincte. Il semblerait cependant que chacun des joueurs ait bel et bien été regroupé puis décapité au centre du terrain. "
" C'est horrible... " déglutit Fujima.

" Et à propos des têtes manquantes, aucun indice à l'horizon. Elles ont comme été emportées. La recherche s'est étendue à plus d'un kilomètre autour de la scène. Toujours rien. "

Nerveusement, Sendô alluma une cigarette.

" Oui. Il y a au total 20 cadavres recensés. On compte également 3 victimes sur le trottoir, une femme et son enfant, ainsi qu'un jeune homme. Ce dernier a été broyé par la cage du toit qui a "heureusement" atterri au milieu de la route. Il était le seul à traverser. "
" Il faut toujours attendre que le feu soit vert... " déplora Fujima.
" ... "
" ... "
" ...Bref. Quant à la mère et sa fille, elles ont été... écrasées par un projectile massif non-identifié, car non retrouvé. Il a en tout cas formé un cratère spectaculaire. "

" Aucune mort n'a été filmée par le scoop de l'E-MISSION. L'enregistrement qui circule depuis minuit ne montre effectivement que le début de la catastrophe à partir de la dégradation progressive du Runfast. "

Sendô était au moins soulagé d'apprendre ce fait. Il tira une grande bouffée de nicotine et se mit à réfléchir aux différentes connexions tandis que ses collègues poursuivaient.

" Autre chose concernant les dégâts collatéraux observés, principalement sur les parois de la cage qui entourait le terrain : le grillage a été aléatoirement explosé ou proprement découpé. Mais là encore, aucune trace des possibles armes impliquées. "
" En ce sens, le film constitue une preuve solide, car tout concorde à la réalité des faits exposés présentement. Hiroshi travaille dessus depuis sa diffusion. "

Penser que le reportage de ce maudit Ken Akimaru était une aubaine répugnait l'inspecteur Osagawa, mais il fallait l'admettre...

" La scène fait vraiment penser à un combat se déroulant à l'intérieur de la cage, orchestré par un bataillon invisible. L'armée serait-elle impliquée là-dedans ? "
" Pas s'il y a des civils. " rétorqua immédiatement Sendo.
" Peut-être que les footballers sont en fait des prisonniers servant de cobayes ? "

Un blanc, comblé par un appel cellulaire de l'inspecteur Shuichi.

" Excusez-moi. "
Il décrocha et écouta l'espace de quelques secondes, puis raccrocha et se tourna vers les autres, avec un air à la fois sérieux et étrangement excité.
" Hiroshi... Il a découvert quelque chose. "

Le début d'une véritable piste...

Alors que les quatre inspecteurs quittaient la scène précipitamment, un homme consciencieux poursuivait son travail de recherche.

Allongé sur le sol, le concerné tendait la main vers les restes d'un objet métallique.
Il dénicha une partie de recharge, dans un état méconnaissable. Une belle preuve à conviction... qu'il faudrait joindre au crosse, au canon, à la gâchette ; etc... les vestiges d'une arme.
De sa main gantée, il plongea discrètement le morceau trouvé dans un sachet plastique regroupant l'ensemble des parties retrouvées. Il examina à nouveau son butin.
Selon l'oeil expert de l'homme, il s'agissait d'un Luger.

" Rien ici ! " déclara-t-il de dos, haut et fort à l'intention des autres enquêteurs encore présents aux quatre coins du terrain.

Comment cette arme s'était-elle retrouvée là, sous cet énorme ventilateur vrombissant d'un air grave ?
Le mystérieux personnage avait également pris soin de ranger les douilles retrouvées dans l'herbe - premier sur les lieux, premier servi. Cela voulait donc dire que son propriétaire avait fait usage de son pistolet.
Il n'était cependant plus de son ressort de deviner pourquoi.

En rangeant le précieux sachet, il en profita pour prendre quelques derniers clichés rapides avec son appareil photo d'expert, puis se releva en portant une main à son oreille gauche.

" J'ai ce dont on a besoin... "

Et lui aussi, il partit sans que personne ne le remarque.